ATATÜRK par Ayten AKGÜRBÜZ

Regard sur

Réponse à Daniel Clairvaux

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Nous publions ci-dessous la réponse que Monsieur Maxime Gauin a faite à Monsieur Daniel Clairvaux suite à son article défendant la qualification de « génocide » pour le cas arménien.


« Ce qui, probablement, fausse tout dans la vie, c’est qu’on est convaincu de dire la vérité parce qu’on dit ce qu’on pense. »
Sacha Guitry.

Au lieu de poursuivre l’évolution amorcée suite au droit de réponse que vous a envoyé Turquie news, vous êtes revenu à des positions dogmatiques autant qu’étrangères à votre domaine de compétence. Ne serait-ce que parce que mon silence donnerait lieu à des interprétations malveillantes, de la part de ceux qui ressentent encore la douleur du procès Nissanian, je vous réponds encore une fois.

Indignation sélective

Comme le dit Guenter Lewy dans la Slavic Review à propos du dernier — et très mauvais — livre dirigé par Richard G. Hovannisian, le lecteur familier avec l’histoire ottomane éprouve à la lecture de votre texte une impression d’irréalité. Nulle part, il n’y est question des attentats terroristes et des opérations de guérilla organisés par les groupes, les sociétés secrètes, puis les partis révolutionnaires arméniens, à partir de 1862, plus encore de 1878, et de façon récurrente à partir de 1890 [1], ni du rôle de cinquième colonne joué par les révolutionnaires arméniens pendant la guerre [2]. Même les aveux cyniques et les remords tardifs de certains dirigeants nationalistes arméniens n’ont pas droit à votre considération. Aram Turabian, responsable du recrutement des volontaires arméniens dans la Légion étrangère, écrivait pourtant dans Le Soleil du Midi du 9 février 1916 :

« Les Arméniens sont les victimes volontaires de leur sympathie envers les Alliés ; en refusant le pacte des Jeunes-Turcs, et connaissant à fond le caractère sanguinaire des janissaires [sic] turcs, ils savaient très bien à quoi ils exposaient les habitants inoffensifs des régions de l’Arménie sous domination turque, mais dans l’histoire d’un peuple, il y a des moments où il est impossible de s’arrêter à mi-chemin, où il devient nécessaire de sacrifier, au besoin, une partie de la génération actuelle [souligné par moi] pour la sauvegarde de l’avenir de la race. » (repris dans Les Volontaires arméniens sous les drapeaux français, Marseille, Imprimerie nouvelle, 1917, pp. 41-42.)

Garéguine Pasdermadjian, l’un des plus importants dirigeants de la Fédération révolutionnaire arménienne, écrivait lui en 1918 :
« Imaginons que les Arméniens aient adopté une attitude exactement opposée à celle fut alors la leur ; en d’autres termes, imaginons qu’ils aient pris, en 1914, fait et cause pour les Allemands et les Turcs, exactement comme firent les Bulgares en 1915. Quel cours auraient pris les évènements au Proche Orient ? [...]

D’abord, ces horribles massacres d’Arméniens n’auraient pas eu lieu. Tout au contraire, les Allemands et les Turcs auraient tenté de gagner les sympathies des Arméniens par tous les moyens, jusqu’à la fin de la guerre. » (Why Armenia Should Be Free, Boston, Hairenik Press, 1918, p. 43.)

Hovhannès Katchaznouni, autre dirigeant de la FRA et Premier ministre de la République d’Arménie en 1918-1919, reconnut, dans son discours prononcé en 1923, que son parti a formé des régiments de volontaires pour l’armée russe dès 1914, et que c’était une erreur [3] ; Kapriel Serope Papazian, dirigeant du parti Ramkavar, confirma et déplora cette initiative plus qu’imprudente [4].

Il n’y a pas de place non plus pour les massacres et les destructions commis, dès avant la mise en œuvre des décrets de déplacement forcé, par les insurgés et les volontaires arméniens de l’armée russe : des adultes tués à coups de baïonnettes dans les yeux, découpés en morceaux ou castrés, des bébés jetés vivants dans des fours à pain, des femmes violées et battues jusqu’à ce que mort s’en suive, des femmes enceintes éventrées [5] — des crimes qui se sont poursuivis bien après [6]. Vous illustrez ainsi ce que l’historien canadien Gwynne Dyer a qualifié d’« approche déplaisamment dualiste des massacres : les massacres de chrétiens commis par des musulmans sont des actes haineux et inexcusables ; les massacres de musulmans par des chrétiens sont compréhensibles et bons pour l’oubli [7]. »

Accusations erronées

Contrairement à ce que vous laissez entendre, le désarmement de soldats arméniens ottomans ne fut pas général ; il y eut des Arméniens dans l’armée ottomane jusqu’à la fin de la guerre, y compris dans des unités combattantes [8], et même dans le détachement Stange, aux côtés de (sinon dans) l’Organisation spéciale [9]. Une partie de ceux qui furent envoyés en bataillon de travail furent assassinés, ou moururent de maladie, mais ni les massacres ni les brutalités ne furent généralisés [10].

De même, les 235 intellectuels arrêtés le 24 avril 1915 étaient loin de former l’ensemble de l’intelligentsia arménienne stambouliote, et tous ceux qui ont été arrêtés n’ont pas été mis à mort par la suite. Cinquante-sept ont été relâchés, cinquante-cinq ont été expulsés, d’autres ont passé la guerre sous les verrous, ou en résidence surveillée. Ils ont été arrêtés parce qu’ils étaient soupçonnés — à raison, au moins pour certains — d’appartenir à des organisations révolutionnaires agissant comme une cinquième colonne en pleine guerre. Selon les estimations de Boghos Nubar, coprésident de la délégation arménienne à la conférence de la paix, le nombre d’Arméniens déplacés de force par l’armée ottomane ne fut pas 870 000 mais entre 600 et 700 000 [11]. La plupart des Arméniens d’Istanbul (160 000), d’Edirne (33 000), d’Izmir (13 000), de Kastamonu (13 600), d’Antalya (500), de Kütahya, des provinces arabes (25 000 dans la seule ville d’Alep, plusieurs milliers ailleurs), ainsi qu’une partie des Arméniens d’Adana, des Arméniens catholiques, fonctionnaires, artisans, des familles de soldats, furent exemptés de déplacement forcé, cependant que des milliers d’Arméniens d’Urfa purent revenir chez eux dès 1917 [12]. Hitler a-t-il exempté les Juifs de Berlin, Munich, Cologne, Ulm et Hambourg de la Solution finale ? L’argument selon lequel les Arméniens d’Istanbul auraient été épargnés à cause d’éventuelles protestations des diplomates occidentaux est une aberration logique : cette exemption n’a en rien amélioré l’image de l’Empire ottoman, et les observateurs occidentaux (consuls, diplomates) ne manquaient pas dans l’est anatolien ; cet argument oublie aussi l’exemption pour des Arméniens qui habitaient à des kilomètres du plus proche diplomate occidental, par exemple ceux de Kastamonu.

Contrairement à ce que vous affirmez, sans preuve une fois de plus, le sort des déportés fut extrêmement variable, selon la qualité des forces armées qui les accompagnaient, les conditions locales, tant sur le chemin du déplacement qu’à l’arrivée (état sanitaire, présence ou non d’une voie ferrée qui permet d’éviter un long et dangereux voyage à pied) [13]. L’historien proarménien Hilmar Kaiser reconnaît volontiers que Cemal Paşa (Djémal Pacha), numéro 3 du régime jeune-turc, a sauvé plus d’Arméniens qui quiconque durant la Première Guerre mondiale [14]. Un Arménien ottoman déplacé de force dans la ville d’Alep avec sa famille a décrit, dans ses Mémoires, Cemal comme « un grand homme », qui « sauva 500 000 Arméniens [15] ». D’autres l’avaient surnommé « le pacha de l’Arménie [16] ». De nombreux documents ottomans établissent que la politique de Cemal n’était pas une politique personnelle, mais la stricte application des directives de Talat Paşa, numéro 1 du régime jeune-turc, ministre de l’Intérieur (1913-1917) puis chef en titre du gouvernement (1917-1918) [17]. L’exemple le plus évident est l’arrestation, le procès et la condamnation de Cerkez Ahmet et Galati Halil, pendus pour avoir, entre autres crimes, assassiné deux députés arméniens [18]. C’est Talat en personne, par un télégramme du 9 septembre 1915, qui était intervenu pour que Cemal s’occupe de ces deux sinistres personnages :

« Ministère de l’Intérieur — Direction générale de la sécurité

Secret

Message au gouverneur de Konya

Ahmed de Siroz et son ami Halil ont été transférés à Konya aujourd’hui, afin d’être jugés devant une cour martiale de la 4e armée, pour avoir assassiné des Arméniens et dérobé leurs biens. Il faut veiller à ce qu’ils ne s’échappent pas, à ce qu’ils soient mis sous bonne garde, jusqu’à réception des instructions de Djémal Pacha à leur égard.

Le ministre [Talat Pacha] [19]. »

À ce sujet, l’intervention, sur votre blog, d’Ara Toranian, qui ose parler de « quelques sanctions prises contre des soldats turcs » est particulièrement ridicule. Rien que du 12 mars au 22 mai 1916, 1 673 musulmans — pas seulement des soldats, mais aussi des civils, de diverses ethnies — ont été jugés par une cour martiale pour avoir tué, violé ou détroussé des Arméniens (les trois charges n’étant pas toujours exclusives), suite à une enquête menée par les commissions en septembre 1915 par le conseil des ministres ottomans, à l’initiative de Talat. Soixante-sept ont été condamnés à mort et pendus, 524 condamnés à une peine de prison, soixante-huit à d’autres peines, dont les travaux forcés [20].

Je me suis longuement expliqué sur le nombre de morts dans les conclusions écrites déposées pour le procès Nissanian ; l’avocat de M. Nissanian n’a pas esquissé la moindre contre-argumentation à ce sujet, pas plus qu’il n’avait écrit une seule ligne pour justifier son estimation du nombre de victimes arméniennes ottomanes (1 500 000). Voici donc une version légèrement modifiée de mon argumentation sur le nombre réel de morts.

Selon Charles J. F. Dowsett, ancien professeur d’études arméniennes à l’université d’Oxford, où il fut le premier titulaire de la chaire Calouste-Gulbenkian, la population arménienne ottomane s’élevait au total, en 1914, à 1 750 000 individus (Encyclopædia Britannica, 1967, article « Armenia », volume II, p. 421), un chiffre repris et précisé par Malcolm E. Yapp, professeur d’histoire du Proche-Orient à l’université de Londres : 1 500 000 en Anatolie, 250 000 dans le reste de l’Empire (Istanbul, Thrace, provinces arabes).

Acceptant ces chiffres, et établissant une moyenne de différentes estimations arméniennes et occidentales des survivants en 1919, Guenter Lewy arrive au chiffre d’1 108 000, soit une perte nette de 642 000 individus, ou 37 % de la population d’avant-guerre [21] ce qui est beaucoup, mais nettement moins que « les deux tiers ».

Une estimation très proche peut être trouvée en additionnant, principalement, des sources arméniennes et proarméniennes :

— Dans son estimation révisée de 1921, Johannes Lepsius, ouvertement proarménien et antiturc, compte 650 000 Arméniens ottomans réfugiés dans le Caucase, ou restés sur le territoire turc (« Die Überlebenden », Der Orient, n° 9-10, 1921, p. 131) ;

— en 1920, 10 000 se trouvaient en Palestine (Victor Azarya, The Armenian Quarter of Jerusalem, Berkeley-Los Angeles, University of California Press, 1984, p. 74) ;

— 200 000 à 300 000 dans les territoires arabes sous administration française et britannique (Richard G. Hovannisian, « The Ebb and Flow of the Armenian Minority in the Arab Middle East », Middle East Journal, XXVIII, 1974, p. 20 ; Report of the Near East Relief for the Year Ending, 31 December 1921, Washington, Government Printing Office, 1922, p. 4) ;

— 30 000 en France et 100 000 aux États-Unis (Sarkis Karajian, « An Inquiry into Statistics of the Turkish Genocide of the Armenians », Armenian Review, hiver 1972, pp. 22-23) ;

— 50 000 en Iran et 2 500 à Chypre.

650 000 + 10 000 + 250 000 + 30 000 + 100 000 + 50 000 + 2 500 = 1 092 500.

Un rapport envoyé par la diplomatie britannique au Département d’État américain compte au total 1 098 873 Arméniens ottomans encore en vie en novembre 1922, sans compter les convertis à l’islam [22].

Le chiffre de deux millions d’Arméniens ottomans ne repose sur aucun document. Le chiffre de 2 100 000 est attribué à tort au patriarcat arménien, qui comptait environ 1 900 000 Arméniens en 1913 [23]. Si l’on veut être logique, il faut aussi utiliser l’estimation du nombre de survivants en 1919 par le Comité national arménien, soit 1 250 000 individus [24], les deux estimations étant probablement un peu exagérées, tant l’une que l’autre. Mais la perte démographique ainsi estimée rejoint l’estimation de Guenter Lewy : 1 900 000 - 1 250 000 = 650 000, ou 34 % de la population estimée d’avant-guerre.

Travaillant à partir des archives ottomanes et des statistiques de l’immigration dans les pays occidentaux, Justin McCarthy, professeur d’histoire ottomane à l’université Louisville (Kentucky), spécialiste de démographie, conclut à une perte de l’ordre de 600 000 individus pour la population arménienne ottomane pendant la Première Guerre mondiale et ses lendemains [25].

Sur ces 600 à 650 000 morts, les pertes dues au placement forcé par l’armée ottomane sont de l’ordre de 300 000, selon Boghos Nubar lui-même, qui parlait, fin 1918, d’environ 300 000 disparus. Cette estimation est congruente avec d’autres sources. Sur environ 300 000 Arméniens ottomans déplacés par l’armée russe à travers le Caucase pendant la Première Guerre mondiale, environ 150 000 sont morts de faim et de maladie [26]. Sur 5 000 Arméniens déplacés par l’armée française en Cilicie en 1920, 2 à 3 000 sont morts pour les mêmes raisons [27]. Soit dit en passant, ces chiffres montrent qu’un taux de mortalité de 50 % environ n’a rien d’exceptionnel pour un déplacement de populations dans cette région et à cette époque, ce qui se comprend assez aisément quand on connaît le contexte épidémiologique et sanitaire de l’époque [28], ainsi que la géographie physique. Outre les morts dus aux déplacements par les armées ottomane, russe et française, il faut ajouter l’énorme taux de mortalité parmi les combattants arméniens, ceux qui restèrent fidèles à l’Empire ottoman, ceux qui le trahirent en s’engageant dans l’armée russe, et, probablement plus encore ceux qui formèrent des bandes de partisans à partir 1914.

Vous parlez d’un « génocide planifié » par le gouvernement jeune-turc, sans fournir l’ombre d’une preuve. Dans un commentaire de votre propre note de blog, vous évoquez le réquisitoire contre le procès des dirigeants unionistes, à Istanbul, en 1919. Comme j’ai déjà eu l’occasion de vous l’expliquer, et comme je l’ai démontré pour le procès Nissanian, là encore sans être démenti, les procès organisés sous occupation britannique en 1919-1920, et notamment celui auquel vous vous référez, ne furent, au moins en majorité, qu’une parodie de justice [29]. Ces procès eurent lieu devant des cours martiales. Or, la Constitution ottomane prévoyait que les ministres n’étaient justiciables, pour les actes commis dans l’exercice de leurs fonctions, que devant la Haute Cour. Ces procès étaient donc entachés d’emblée de nullité juridique, en même temps que les véritables intentions des organisateurs apparaissaient comme un règlement de compte politique plutôt qu’une recherche honnête de la vérité.

L’instruction ne fut menée qu’à charge, au point que le gouvernement d’Istanbul lui-même, quoique soumis à l’occupant britannique, s’émut des abus les plus criants ; pendant l’enquête, les avocats de la défense — quand les accusés avaient le droit à un avocat — ne purent jamais porter assistance à leurs clients. Lors de ces procès, les droits de la défense furent réduits, soit à fort de peu de choses, soit tout simplement à néant. Les avocats des accusés ne purent jamais interroger les témoins, ni demander une expertise indépendante des documents fournis. Dans certains cas, les accusés des cours martiales ottomanes de 1919-1920 n’eurent même pas droit à un avocat, le droit le plus basique devant un tribunal. Dans plusieurs cas, notamment le procès tenu du 30 juillet 1919 au 13 janvier 1920, des personnes qui n’étaient pas présentes sur les lieux furent considérées par la cour martiale comme des témoins oculaires.

Pour les verdicts prononcés avant le 23 avril 1920, les condamnés n’étaient pas autorisés à faire appel de leur condamnation. Après que ce droit fut accordé, tous ceux qui purent faire appel se virent relaxés de toutes les charges pesant contre eux.

Il existe au moins un cas avéré d’un président de cour martiale, Nemrut Mustafa Pacha convaincu de corruption le 19 décembre 1920, peu après avoir rendu un verdict sévère.

Intentions imaginaires

Pour tenter d’expliquer le « génocide », vous reprenez le mythe d’un Comité union et progrès animé par des idées pantouranistes, ou panturquistes. Le concept de Turan, forgé, puis finalement abandonné, par Ziya Gökalp, n’est pas politique ; sauf à deux brefs moments (l’automne 1914 et le début de 1918) Gökalp a considéré comme irréalisable, du moins pour sa génération, un grand empire panturc [30]. Quant à Enver Pacha, qui n’était que l’un des principaux dirigeants du CUP, deux interprétations dominent dans l’historiographie sérieuse. Soit il ne s’est converti à l’idée d’un empire panturc qu’après les révolutions russes de 1917 [31], soit il n’a jamais cessé de considérer un tel empire comme illusoire, et le panturquisme comme une coopération à base pragmatique [32]. C’est la deuxième hypothèse qui est à la fois la plus récente et la plus argumentée.

Enver Pacha
Enver Pacha


Enver Pacha

Je ne sais pas où vous avez pêché que les Jeunes-Turcs auraient « exterminé les Grecs et les Juifs ». Les seuls Juifs massacrés ou violentés en Anatolie furent victimes de nationalistes arméniens [33], qui, à l’instar des nationalistes révolutionnaires bulgares [34], mêlaient au racisme antiturc [35] un antisémitisme fanatique. La Fédération révolutionnaire arménienne s’est d’ailleurs alliée aux nazis [36], comme je l’ai montré po ur le procès Nissanian, sans me heurter à un seul contre-argument. Le CUP comptait des Juifs parmi ses membres, notamment Tekin Alp (né Moïse Kohen), passé ensuite au kémalisme. Il n’y eut aucun déplacement forcé de Grecs sur de longues distances avant la proclamation de la République grecque du Pont (sur un territoire où les Turcs étaient très majoritaires), proclamation faite après l’armistice de Moudros et la chute du gouvernement jeune-turc [37]. La pratique courante des forces armées de cette République autoproclamée était de s’en prendre aux civils turcs, de façon qu’après leur passage, les Turcs ressemblaient plus à de la viande de boucherie qu’à des êtres humains [38], à l’instar de ce que firent les troupes helléniques pendant l’invasion et l’occupation de l’Anatolie occidentale (1919-1922) [39], mais une description détaillée nous éloignerait du sujet.

Particulièrement choquante est votre invention d’une « ancestrale haine du musulman turc contre le giaour, l’infidèle chrétien, porteur des héritages iranien, grec, romain puis byzantin, toléré par les conquérants arabes et asiatiques, mais rendu esclave par l’oppression ottomane ». Tout au contraire, l’Empire ottoman a été, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, beaucoup plus tolérant que l’Europe chrétienne, et un lieu d’interpénétration culturelle qui n’a pas beaucoup d’équivalents dans l’histoire [40]. Au XVIe siècle, alors que la Réforme luthérienne et la Contre-Réforme catholique rivalisaient d’antisémitisme, le Juif Joseph Nasi était duc de Naxos et, en pratique, le chef de la diplomatie ottomane. C’est l’Empire ottoman qui a accueilli les Juifs expulsés d’Espagne, du Portugal et de Provence, comme il a accueilli au XIXe siècle des Polonais libéraux, puis à nouveau des Juifs, fuyant cette fois les pogromes de la Russie tzariste. La mise en place des Tanzimat (1839-1878) a même inversé le rapport de force : les non-musulmans n’étaient plus soumis aux restrictions de la charia, mais n’étaient pas non plus contraints au service militaire obligatoire, sauf entre 1909 et 1915.

Mesrob K. Krikorian fait pertinemment remarquer que dans la deuxième moitié du XIXe siècle et dans les premières années du XXe, aucune communauté n’a été autant représentée dans la haute administration ottomane que les Arméniens [41]. Encore en 1909, le CUP a fait élire l’Arménien Bedros Kapamacıyan maire de Van (Anatolie orientale), qui resta en poste jusqu’à son assassinat par des terroristes de la Fédération révolutionnaire arménienne, le 12 décembre 1912 [42] — assassinat qui faisait suite à celui du chef arménien de la police de Bitlis, en 1898, et de bien d’autres, toujours par la FRA, ou bien par un autre parti arménien utilisant le terrorisme, le Hintchak [43]. Talat dirigeait l’aile libérale et progressiste du CUP, la plus favorable, jusques et y compris en 1914 à une bonne entente avec les Arméniens et les autres minorités [44].

Droit et morale

Contrairement à ce que vous affirmez, les Arméniens n’ont pas le droit de réclamer un seul centime à la Turquie. Pour ceux qui habitent en France, au Royaume-Uni, en Grèce, et dans les autres pays signataires du traité de Lausanne, la question est très simple : ce traité inclut une amnistie générale pour les crimes de guerre, et une renonciation à toute demande de réparation. De même, les traités de Gümrü (décembre 1920) et Kars (octobre 1921), signés avec la Russie soviétique et l’Arménie, excluent toute demande de réparations et amnistient tous les faits commis. Pour ceux qui vivent aux États-Unis, c’est à peine moins simple. Pendant une décennie (1924-1934), une commission de l’État fédéral américain reçut et tria les plaintes pour spoliations, émanant de citoyens étasuniens d’origine arménienne ou grecque, ainsi que de sociétés américaines qui avaient des représentations dans l’Empire ottoman. Aucune des requêtes présentées par des Arméno-Américains ne fut jugée recevable par les fonctionnaires des États-Unis [45] ; après négociations, la Turquie accepta de payer 1,3 millions de dollars de l’époque, pour indemniser d’autres plaignants.

Vous écrivez que le traité de Sèvres n’a « jamais été appliqué », en omettant de dire pourquoi : il n’a jamais été ratifié, sauf par la Grèce, qui a signé et ratifié le traité de Lausanne, remplaçant celui de Sèvres. Le traité de Sèvres ne prétendait même pas fixer la frontière entre la Turquie et l’Arménie, mais le confiait à un arbitrage du président Wilson. Wilson a prétendu rendre cet arbitrage en novembre 1920, c’est-à-dire quand la France avait déjà déclaré qu’elle ne ratifierait pas le traité de Sèvres, et alors que la République d’Arménie s’effondrait, à cause de la nullité de ses chefs militaires, et inversement du génie stratégique d’Atatürk.

Autre sélection de preuves avec l’article 301 : il est exact que des personnes ont été poursuivies de manière abusive, mais elles ont été pour la plupart relaxées, en première instance ou en appel, notamment Orhan Pamuk. Plusieurs livres défendant la qualification de « génocide » ont été publiés en Turquie, en langue turque, depuis 1992, sans que ni les auteurs ni les éditeurs ne soient poursuivis. Le fait qu’une loi soit utilisée abusivement ne veut pas dire qu’elle soit liberticide. Il existe en France aussi des cas de procédures qui ne visent qu’à salir, utilisant la loi Pleven du 1er juillet 1972, notamment l’acharnement contre Edgar Morin, Pierre Péan ou Siné — alors que curieusement, Hervé Ryssen, antisémite monomaniaque et très actif, n’a jamais été poursuivi en justice.

Vos critiques contre l’article 301 sonnent d’autant plus faux que vous écrivez par ailleurs : « Le corps diplomatique turc est en première ligne sur la scène internationale pour diffuser la version officielle : c’est la raison pour laquelle beaucoup d’entre eux furent la cible d’attentats conduits par l’Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie (Asala). » Une telle formulation, ajoutée à l’échange fort courtois avec Ara Toranian, ancien porte-parole de l’ASALA [46], qui a appelé, pas plus tard que le 24 avril 2009, à « revenir au militantisme des années 1975-1980 » (une allusion limpide), n’est pas le meilleur moyen de faire croire que vous condamnez le terrorisme arménien. L’ASALA et les CJGA/ARA ont tué des Turcs par pur racisme, choisissant leurs cibles parmi les diplomates, mais aussi les membres de leurs familles, comme Neslihan Özman, assassinée à quatorze ans, et les simples civils, tués au hasard dans des lieux publics (aéroport et gare d’Istanbul 1977, aéroport d’Ankara 1982, bazar d’Istanbul 1983). L’ASALA et les CJGA/ARA ont aussi pratiqué, et tenté de pratiquer, le terrorisme aveugle, faisant des victimes bien au-delà des Turcs (attentat à la voiture piégée à New York, tentative de destruction totale de l’immeuble abritant le consulat turc de Philadelphie, plasticage de l’agence Marmara à Paris, attentat d’Orly).

Et rien ne s’améliore quand vous citez un auteur « turc » (en fait, citoyen allemand et dénué de diplômes en histoire). L’accusation portée par Taner Akçam contre Kemal Atatürk, c’est-à-dire une utilisation massive, pour la guerre d’indépendance et la construction de la République turque, de personnes ayant du sang arménien sur les mains, ne repose sur aucune preuve solide. Hilmar Kaiser, qui est l’un des très rares auteurs proarméniens à posséder un doctorat en histoire ottomane, et qui aussi le plus fin d’entre eux, s’est d’ailleurs inscrit en faux contre cette accusation [47]. De même, la citation qui sert de titre au fort mauvais livre A Shameful Act (en français : Un acte honteux) est un faux grossier, comme il a été établi depuis plus de vingt ans par le professeur Türkkaya Ataöv [48], qui attend toujours la moindre réponse sur ce point. Les écrits de M. Akçam regorgent de demi-vérités, d’erreurs factuelles, de traductions malhonnêtes, d’affirmations gratuites, ou qui prétendent s’appuyer sur des sources disant en fait l’inverse que ce que M. Akçam prétend leur faire dire [49]. M. Akçam a été à bonne école, avec, pour le diriger, le sociologue Vahakn N. Dadrian, affabulateur s’il en est [50], et pour le financer des fondations nationalistes arméniennes [51].

Vous vous trompez encore en affirmant, dans un commentaire, que « le procès des exilés de Malte » a « avorté » « faute de documents établissant la culpabilité personnelle dans les archives américaines et britanniques, au contraire des archives ottomanes ». Les Britanniques ont saisi de nombreux documents ottomans, et ont découvert que, loin d’ordonner des massacres, les ordres du ministère de l’Intérieur interdisaient de tels crimes. W. S. Edmonds, diplomate britannique, commentant ces documents saisis, écrivit : « Il n’y a pas ici assez de preuves pour soutenir l’accusation de massacre. » Son collègue D. G. Osborne ajouta qu’« au contraire, le dernier paragraphe de l’ordre donné par le ministre de l’Intérieur met spécialement en garde contre les mesures susceptibles de déclencher des massacres [52]. »

La clairvoyance n’est pas non plus au rendez-vous quand vous citez en référence les « observateurs étrangers (en particulier dès 1915 par les rapports des diplomates neutres et les témoignages des membres des missions, écoles et hôpitaux situés dans l’empire ottoman) ». Certains diplomates américains (notamment l’ambassadeur Morgenthau et le consul Horton) et certains missionnaires étaient tout sauf « neutres » et objectifs ; d’autres, comme le consul Jackson, quoiqu’intéressants par plusieurs aspects, ont produit des analyses et des commentaires plus inspirés par leurs drogmans arméniens que par l’étude impartiale et dépassionnée des faits [53]. Les rapports du consul Leslie A. Davis sont l’exemple même du danger que représente l’usage excessif d’une source partielle : Davis n’a connu l’Empire ottoman que quelques années (1913-1917), uniquement par la province de Mamuret-ül-Aziz, théâtre d’atrocités commises par des bandes kurdes au cours des années 1915 et 1916, mais qui est devenue un havre de paix pour les Arméniens peu après son départ, après que Talat Pacha eut nommé comme nouveau gouverneur un homme énergique, félicité par le missionnaire Henry Riggs [54]. À l’inverse, les archives de l’amiral Bristol [55], les écrits des missionnaires John Augustin Zahm et Mary L. Graffam (directrice d’école à Sivas) [56], des journalistes George Abel Schreiner [57] et Gustav H. Pravitz, de l’officier de renseignement britannique Edward W. C. Noel [58], pour ne citer qu’eux [59], donnent une vision beaucoup plus nuancée des faits.

Manquant ainsi cruellement d’arguments un tant soit peu convaincants, vous tentez d’impressionner le lecteur avec l’International Association of Genocide Scholars (IAGS). Une fois de plus, je partage totalement l’avis de Guenter Lewy (passage souligné par moi) :

« Je ne suis pas impressionné par le vote unanime de l’International Association of Genocide Scholars, selon lequel le cas arménien “constitue l’un des génocides principaux de l’époque contemporaine”. La plupart de ces experts autoproclamés en histoire ottomane n’ont jamais mis les pieds dans un dépôt d’archives, ou n’ont pas produit une seule étude originale sur le sujet en question. [...]

Des universitaires éminents, spécialistes d’histoire ottomane, tels que Roderic H. Davison, J. C. Hurewitz, Bernard Lewis et Andrew Mango, ont rejeté la pertinence de la notion de génocide dans le cas arménien. Pourtant, ignorant cet impressionnant tableau d’érudits, des Arméniens et leurs partisans affirment avec une superbe arrogance que le génocide arménien est un fait irréfutable, “établi par l’histoire”, ne pouvant être rejeté que par des laquais du gouvernement turc ou des personnages pratiquement obtus [60]. »

Israel Charny, qui fut longtemps président de l’IAGS, notamment à l’époque de la lettre à laquelle vous vous référez, n’est d’ailleurs ni un historien, un anthropologue, ni un politiste, ni même un sociologue, mais un psychologue, spécialiste des divorces.

L’American Historical Association a, pour sa part, toujours refusé de prendre une position sur la qualification adéquate pour le sort des Arméniens ottomans en 1915-1916, précisément parce qu’il n’y a pas d’unanimité en son sein, loin de là.

Il est au mieux grotesque, au pire ignoble, de parler d’« historiens stipendiés ». Guenter Lewy, comme je vous l’ai déjà dit, a obtenu des excuses et une réparation financière contre ceux qui l’ont accusé sans preuve d’être en service commandé et rémunéré. D’autres auraient dû eux aussi porter plainte, en particulier Stanford J. Shaw — qui fut aussi victime d’une tentative d’assassinat, de plusieurs agressions physiques et de menaces de mort —, Justin McCarthy et Gilles Veinstein, qui ont subi le même genre d’accusations calomnieuses.

Et en plus, vous citez le chirurgien Yves Ternon, témoin de la défense pour les procès de terroristes arméniens, notamment ceux de l’ASALA qui avaient attaqué le consulat général turc de Paris, pris des otages, tués un garde et blessé grièvement le consul. Lors de sa déposition, M. Ternon avait utilisé, parmi ses principaux arguments, une citation attribuée à Atatürk ; or James H. Tashjian, fort peu suspect de turcophilie puisqu’il fut le principal intellectuel de la FRA aux États-Unis dans la seconde moitié du XXe siècle, avait démontré, presque deux ans avant le procès, que cette citation était un faux [61]. Soit M. Ternon n’est même pas capable de lire l’Armenian Review et l’Armenian Weekly édités par ses amis dachnaks, hypothèse des plus improbables, soit il a choisi de mentir délibérément pour tromper la bonne foi d’un jury souverain, dans une affaire de terrorisme. Malheureusement pour lui et heureusement pour la vérité, la partie civile avait fait déposer le professeur Türkkaya Ataöv, qui a rectifié [62].

À chacun ses références.

Monsieur Clairvaux, vous prétendez combattre « la tyrannie du politiquement correct » ; pourtant c’est exactement au service d’une telle tyrannie que vous avez mis, temporairement j’espère, votre plume. Vous écriviez : « Laissons les historiens faire leur travail. » Néanmoins, votre note de blog prétend justement faire leur travail à leur place.

« La vérité est en marche ». Mais en l’occurrence, vous n’êtes pas à ses côtés, pour le moment.

Maxime Gauin, vice-président de Confluence France-Turquie.
11-13 novembre 2010.


[1R. des Coursons, La Rébellion arménienne, son origine, son but, Paris, Librairie du service central de presse, 1895 ; Houshamatyan of the Armenian Revolutionary Federation. Album-Atlas, volume I, Heroic Battles. 1890-1914, Los Angeles-Glendale, Next Day Color Printing, 2006 ; William Leonard Langer, The Diplomacy of Imperialism, New York, Alfred A. Knopf, deuxième édition augmentée, 1951, pp. 157-160 et 349-350 ; Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, The Armenian Rebellion at Van, Salt Lake City, University of Utah Press, 2006, pp. 41-129 ; Louise Nalbandian, The Armenian Revolutionary Movement, Berkeley-Los Angeles, University of California Press, 1963 ; İnayetullah Cemal Özkaya, Le Peuple arménien et les tentatives de réduire le peuple turc en servitude, Istanbul, 1971, pp. 69-175 et 199-219 ; Kapriel Serope Papazian, Patriotism Perverted, Boston, Baikar Press, 1934, pp. 13-26.

[2Edward J. Erickson, « The Armenians and Ottoman Military Policy », War in History, XV-2, printemps 2008 ; id., « Captain Larkin and the Turks : The Strategic Impact of the Operations of HMS Doris in Early 1915 », Middle Eastern Studies Journal, XLVI-1, janvier 2010 pp. 151-162 ; Yücel Güçlü, Armenians and the Allies in Cilicia. 1914-1923, Salt Lake City, University of Utah Press, 2010, pp. 51-101 ; Maurice Larcher, La Guerre turque dans la guerre mondiale, Paris, Chiron, 1926, pp. 394-396 ; Guenter Lewy, The Armenian Massacres in Ottoman Turkey, Salt Lake City, University of Utah Press, 2005, pp. 100-109 ; Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, op. cit., pp. 176-232 ; İnayetullah Cemal Özkaya, op. cit., pp. 228-242.

[3The Armenian Revolutionary Federation Has Nothing to Do Anymore, New York, Armenian Information Service, 1955 (1re édition, Vienne, 1923).

[4Kapriel Serope Papazian, op. cit., pp. 37-39.

[5Hüseyin Çelik, « The 1915 Armenian Revolt in Van : Eyewitnesses Testimonies », dans Türkkaya Ataöv (dir.), The Armenians in the Late Ottoman Period, Ankara, TTK/TBMM, 2001, pp. 87-108 ; État-major général turc, Armenian Activities in the Archive Documents, Ankara, ATASE, tome I, 2005, pp. 65-70 ; Guenter Lewy, op. cit., pp. 97 et 116-117 ; Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, op. cit., pp. 233-257 et 279-281 ; Kara Schemsi, Turcs et Arméniens devant l’histoire, Genève, Imprimerie nationale, 1919, pp. 35-51.

[6Congrès national turc, Documents relatifs aux atrocités commises par les Arméniens sur la population musulmane, Istanbul, Société anonyme de papeterie et d’imprimerie, 1919 ; Firuz Kazemzadeh, The Struggle for Transcaucasia, New York-Oxford, Philosophical Library/George Ronald Publisher, 1952, pp. 74-75, 85-86 et 213-214 ; Guenter Lewy, op. cit., pp. 118-121 ; Kara Schemsi, op. cit., pp. 52-105 ; Lieutenant-colonel Vladimir Nikolaevitch Twerdokhleboff, Notes d’un officier supérieur russe sur les atrocités d’Erzurum, Istanbul, 1919 ; Morgan Philips Price, War and Revolution in Asiatic Russia, Londres, George Allen & Unwin, 1918, pp. 140-141.

[7Gwynne Dyer, « Turkish “Falsifiers” and Armenian “Deceivers” : Historiography and the Armenian Massacres », Middle Eastern Studies, XII, février 1976, p. 105.

[8Edward J. Erickson, Ottoman Army Effectiveness in World War I : A Comparative Study, Londres-New York, Routledge, 2007, pp. 129-130.

[9Paul Leverkuehn, Posten auf ewiger Wache : Aus dem abenteuerlichen Leben des Max von Scheubner-Richter, Essen, Essener Verlagsanstalt, 1938, p. 33.

[10Edward J. Erickson, Ordered to Die : A History of Ottoman Army in the First World War, Westport-New York-Londres, Greenwood Press, 2001, p. 104.

[11Archives du ministère des Affaires étrangères, Série Levant, volume 2, folio 47.

[12Yusuf Halaçoğlu, op. cit., pp. 52 et 91 ; Guenter Lewy, op. cit., pp. 186-187, 191 et 202-205.

[13Yusuf Halaçoğlu, op. cit., pp. 44-66 et 71-82 ; Guenter Lewy, op. cit., pp. 159-220 et 251-252.

[15James K. Sutherland, The Adventures of an Armenian Boy, Ann Arbor Press, 1964, p. 146.

[16Guenter Lewy, op. cit., p. 198.

[17Kâmuran Gürün, Le Dossier arménien, Triangle, 1984, pp. 247-260 ; Yusuf Halaçoğlu, ibid. ; Şinasi Orel et Sürreya Yuca, Les « Télégrammes » de Talat Pacha. Fait historique ou fiction ?, Triangle, 1986, pp. 101-134 ; Hikmet Özdemir et Yusuf Sarınay, Turkish-Armenian Conflict Documents, Ankara, TBMM, 2007.

[18Guenter Lewy, op. cit., p. 112 ; Hilmar Kaiser, entretien à l’Armenian Weekly, 8 mars 2008.

[19Hikmet Özdemir et Yusuf Sarınay, op. cit., p. 261.

[20Yusuf Halaçoğlu, op. cit., pp. 82-87.

[21Guenter Lewy, op. cit., p. 239.

[22Archives nationales des États-Unis, 867.4016/816, reproduit en fac-similé dans Yusuf Halaçoğlu, op. cit., appendice 18.

[23Raymond Kévorkian et Paul Paboudjian, Les Arméniens dans l’Empire ottoman à la veille du génocide, Paris, 1992, chapitre IV ; Yusuf Halaçoğlu, op. cit., pp. 26-28.

[24Georges Mesrob, L’Arménie au point de vue géographique, historique, ethnographique, statistique et culturel, Istanbul, 1919, p. 81.

[25Justin McCarthy, Muslims and Minorities. The Population of Ottoman Anatolia and the End of Empire, New York-Londres, New York University Press, 1983, p. 130 ; id., « The Population of Ottoman Armenians », dans Türkkaya Ataöv (dir.), The Armenians in Late Ottoman Period, Ankara, TBMM, 2001, p. 78.

[26Richard G. Hovannisian, Armenia on the Road to Independence, Berkeley-Los Angeles, University of California Press, 1967, p. 67.

[27Georges Boudière, « Notes sur la campagne de Syrie-Cilicie. L’affaire de Maras (janvier-février 1920) », Turcica IX/2-X, 1978, p. 160.

[28Guenter Lewy, op. cit., pp. 55-56, 60, 189-191, 214, 219, 229 ; Justin McCarthy, Muslims and Minorities, op. cit., passim ; Hikmet Özdemir, The Ottoman Army, 1914-1918. Disease and Death on the Battlefield, Salt Lake City, University of Utah Press, 2008.

[29Guenter Lewy, op. cit., pp. 73-82 ; Feridun Ata, İşgal İstanbul’unda Tehcir Yargılamaları (« Les Procès de la réinstallation [des Arméniens] tenus à Istanbul »), Ankara, TTK, 2005, pp. 258-259, 281-283 et passim ; Türkkaya Ataöv, What Happened to the Ottoman Armenians, New York, Okey, 2006, pp. 75-81.

[30Niyazi Berkes, préface à Turkish Nationalism and Western Civilization. Selected Essays of Ziya Gökalp, Londres, George Allen & Unwin, 1959, p. 8 ; Ziya Gökalp, The Principles of Turkism, Leyde, Brill, 1968, traduit du turc ottoman par Robert Devreux ; voir aussi Guenter Lewy, op. cit., pp. 43-47 et 125.

[31David Fromkin, A Peace to End All Peace, New York, Owl Books, 2001, p. 352.

[32Michael Reynolds, « Buffers, not Brethren : Young Turk Military Policy and the Myth of Panturanism », Past and Present, n° 203, mai 2009, pp. 137-179.

[33Kara Schemsi, op. cit., pp. 41 et 63.

[34Justin McCarthy, Death and Exile. The Ethnic Cleansing of Ottoman Muslims, Princeton, Darwin Press, 1996, pp. 86-88.

[35Mikaël Varandian, L’Arménie et la Question arménienne, Laval, Imprimerie moderne, 1917, pp. 23 et sqq.

[36Dashnak Collaboration with the Nazi Regime, New York, Armenian Information Service, 1944 ; Arthur Derounian, « The Armenian Displaced Persons », Armenian Affairs Magazine, n°I-1, hiver 1949-1950.

[37Justin McCarthy, op. cit., pp. 287-289 et 325-326.

[38État-major général turc, Romaic Activities in the Archive Documents, Ankara, ATASE, 2009, tome I.

[39Congrès turc de Lausanne, Le Régime d’occupation hellénique en Turquie. Des documents officiels et des preuves irréfutables, Lausanne, Bovard-Gidey Imprimeur, 1921 ; Justin McCarthy, op. cit., pp. 255-332 ; Arnold J. Toynbee, The Western Question in Greece and Turkey, Londres-Bombay-Sydney, Constable, 1922, pp. 259-319.

[40David Do Paço, « La “demeure la paix” ? Conflits, religions et sociétés dans l’Europe ottomane, 1453-1683 », dans Wolfgang Kaiser (dir.), L’Europe en conflits. Les affrontements religieux et la genèse de l’Europe moderne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, pp. 267-286 ; Avigdor Levy (dir.), Jews, Turks, Ottomans. A Shared History, Fifteenth Through the Twentieth Century, New York, Syracuse University Press, 2002 ; Bernard Lewis, Istanbul et la civilisation ottomane, Paris, Presses Pocket, 1991 ; Stanford J. Shaw, The Jews of the Ottoman Empire and the Turkish Republic, Londres-New York, Macmillan/New York University Press, 1992.

[41Mesrob K. Krikorian, Armenians in the Service of Ottoman Empire. 1860-1908, Londres, Routledge, 1977, p. 107 et passim ; voir aussi Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, op. cit., pp. 269-272 et İnayetullah Cemal Özkaya, op. cit., pp. 100-101.

[42Hasan Oktay, « On the Assassination of Van Mayor Kapamacıyan by the Tashnak Committee », Review of Armenian Studies, I-1, 2002 ; Kapriel Serope Papazian, op. cit., p. 69.

[43Heath Lowry, « Nineteenth and Twentieth Century Armenian Terrorism : “Threads of Continuity” », International Terrorism and the Drug Connection, Ankara University Press, 1984, pp. 71-83 ; Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, op. cit., pp. 90-91, 110-115 et 121, n. 84 ; Kapriel Serope Papazian, op. cit., pp. 16-18 et 68-69 ; « Claim Trust of Murder », The Lake County Time (Chicago), 24 juillet 1907 ; et « Assassin is Put to Death — Armenian Revolutionist Dies for the Murder of Countryman », The Fort Wayne Sentinel, 6 décembre 1909.

[44Feroz Ahmad, « Unionist Relations with the Greek, Jewish and Armenian Communities of the Ottoman Empire, 1908-1914 », dans Benjamin Braude et Bernard Lewis (dir.), Christian and Jews in the Ottoman Empire, New York, Holmes & Meier, 1982, pp. 401-443 ; id., « Young Turks-Armenian Relations During the Second Constitutional Period », dans Metin Ülagü, Şakir Batmaz et Gülbadi Alan (dir.), Armenians in the Ottoman Society, Erciyes University, 2006, tome I, pp. 305-332 (voir surtout p. 317) ; Guenter Lewy, op. cit., p. 65.

[46Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens, Paris, Presses universitaires de France, 2002, pp. 46, 65 et 66 ; Michael M. Gunter, « Pursuing the Just Cause of their People ». A Study of Contemporary Armenian Terrorism, Westport-New York-Londres, Greenwood Press, 1986, p. 35.

[48Türkkaya Ataöv, Une autre falsification : la « déclaration » (1926) faussement attribuée à Atatürk, Ankara, Sistem Ofset, 1986.

[49Erman Şahin, « Review Essay : A Scrutiny of Akçam’s Version of History and the Armenian Genocide », Journal of Muslim Minority Affairs, XVIII-3, été 2008, pp. 303-319 ; id., « Review Essay : The Armenian Question », Middle East Policy, XVII-1, printemps 2010, pp. 144 et sqq.

[50Mary Schaeffer Conroy, « Review of Vahakn N. Dadrian, Warrant for Genocide : Key Elements of Turco-Armenian Conflict », The Social Science Journal, XXXVII-3, juillet 2000, pp. 481-483 ; Clive Foss, « Book Review of Vahakn Dadrian, German Responsabilities in the Armenian Genocide  », The Institute for the Study of Genocide Newsletter, automne 1997, pp. 12-16 ; Michael M. Gunter, « Gunter Response to Dadrian Article », International Journal of Middle Eastern Studies, November 1987, pp. 523-524 ; Hilmar Kaiser, « Germany and the Armenian Genocide, Part II : Reply to Vahakn N. Dadrian’s Response », Journal of the Society for Armenian Studies, IX, 1996, pp. 135-40 ; Guenter Lewy, op. cit., pp. 46-89, 94 et 160-161 ; Malcolm E. Yapp, « Book Review », Middle Eastern Studies, XXXII-4, octobre 1996, pp. 395-397.

[52Archives du Foreign Office, 372/4241/170751 et 2423/5035/A/76, cité dans Salâhi R. Sonyel, « Armenian Deportations : A Re-Appraisal in the Light of New Documents », Belleten, janvier 1972, pp. 59-60.

[53Harry Elmer Barnes, The Genesis of the World War, New York, Alfred A. Knopf, 1926, pp. 241-247 ; Edward Mead Earle, « American Missions in the Near East », Foreign Affairs, avril 1929, p. 417 ; Guenter Lewy, op. cit., pp. 139-144 et passim ; Heath Lowry, Les Dessous des Mémoires de l’ambassadeur Morgenthau, Istanbul, Les éditions Isis, 1991 ; Justin McCarthy, Death and Exile, op. cit., pp. 316-317, n. 63 ; Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, op. cit., pp. 252-253 ; Jeremy Salt, Imperialism, Evangelism and the Ottoman Armenians. 1878-1896, Londres-Portland, Frank Cass, 1993 ; Stanford J. Shaw, The Ottoman Empire in World War I, Ankara, TTK, tome II, 2008, pp. 1113-1142.

[54Guenter Lewy, op. cit., pp. 165-178.

[55Laurence Evans, United States Policy and the Partition of Turkey (1914-1924), Baltimore, John Hopkins University Press, 1965, p. 272 et passim ; Yücel Güçlü, op. cit., pp. 112-114, 124-126 et 146-148 ; Heath Lowry, « American Observers in Anatolia ca. 1920 : The Bristol Papers », dans Armenians in the Ottoman Empire and Modern Turkey (1912-1926), Istanbul, Tavsir Press, 1984, pp. 42-58.

[56John Augustin Zahm, From Berlin to Bagdad and Babylon, New York-Londres, D. Appleton & Co, 1922, pp. 210-213 ; The Treatment of Armenians in the Ottoman Empire, Londres, 1916, rééd. New York, 1990, pp. 306-308 (le rapport de Graffam est l’un des rares documents valables dans ce recueil propagandiste, plein d’erreurs, de mensonges et de demi-vérités).

[57George Abel Schreiner, From Berlin to Baghdad : Behind the Scenes in the Near East, New York, Harper & Brothers, 1918, pp. 183-213 ; The Craft Sinister : A Diplomatic-Political History of the Great War and Its Causes, 1920, pp. XXI, 110-135 et 124-126.

[58Stanford J. Shaw, From Empire to Republic. The Turkish War of National Liberation, 1918-1923, Ankara, TTK, tome II, p. 922.

[59Voir d’autres sources occidentales dans Salâhi R. Sonyel, « How Armenian Propaganda Nurtured a Gullible Christian World in Retaliation with the Deportations and “Massacres” », Belleten, janvier 1977, pp. 157-175.

[60« Genocide ? », Commentary, février 2006.

[61« Letter to the Editor », The Armenian Weekly, 20 mars 1982 ; « On a “Statement” Condemning the Armenian Genocide of 1915-18 Attributed in Error to Mustafa Kemal, Later “The Ataturk” », Armenian Review, XXXV-3, automne 1982, pp. 227-244.

[62Türkkaya Ataöv, Armenian Falsifications, New York, Okey, 2008, p. 48.

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