Une grande victoire pour la liberté d’expression
Traité de « négationniste » et accusé d’être payé par le gouvernement turc, l’historien américain Guenter Lewy vient d’obtenir gain de cause contre ceux qui l’avaient diffamé.
L’historien Guenter Lewy vainqueur contre la calomnie

Nous apprenons, d’une source de première main, que l’historien américainGuenter Lewy, diffamé en 2008 par le Southern Powerty Law Center (SPLC), vient de laver son honneur.
Rappel des faits
En 2005, l’historien Guenter Lewy, professeur honoraire à l’université du Massachusetts-Amherts, publiait The Armenian Massacres in Ottoman Turkey aux Presses de l’université de l’Utah ; douze éditeurs, y compris l’éditeur habituel de M. Lewy (l’antenne new-yorkaise des Presses de l’université d’Oxford) avaient refusé le manuscrit, suite aux pressions et aux menaces de nationalistes arméniens, notamment les tristement célèbre Peter Balakian et Richard G. Hovannisian — ce dernier s’étant illustré dans les années 1970 et 1980 en appelant publiquement à la violence physique contre son propre collègue d’histoire turque à l’université de Californie-Los Angeles, Stanford J. Shaw, qui fut victime d’une tentative d’assassinat par l’ASALA, en octobre 1977, puis dut interrompre ses cours pendant plusieurs années, et déménager hors du campus, à cause de plusieurs agressions et menaces.
The Armenian Massacres in Ottoman Turkey est l’une des études les plus minutieuses sur le sort des Arméniens ottomans pendant la Première Guerre mondiale, fondée sur des recherches aux archives américaines, britanniques et allemandes, sur d’importants recueils de documents français, austro-hongrois et ottomans, ainsi que sur une énorme bibliographie. L’ouvrage conclut que la qualification de « génocide » ne repose sur aucune preuve et n’est pas pertinente. Parmi ses principaux apports, citons :
— L’analyse dévastatrice des accusations portées contre l’Organisation spéciale par certains auteurs arméniens et proarméniens ;
— La démonstration implacable que les cours martiales ottomanes de 1919-1920 (à ne pas confondre avec celles de 1915-1918) ne rendirent qu’une parodie de justice, bafouant les droits élémentaires de la défense ;
— La mise en évidence que le sort des Arméniens déplacés fut extrêmement variable, selon les circonstances locales : géographie, climat, présence ou non d’une forte population kurde, attitude des autorités ; sur ce dernier point, Guenter Lewy a bien souligné la politique protectrice de Djémal Pacha, numéro 3 du régime jeune-turc.
L’ouvrage a été traduit en italien, en allemand et en espagnol. Il a été salué par plusieurs grands historiens, notamment Eberhard Jäckel, professeur émérite à l’université de Munich, Gwynne Dyer, docteur en histoire ottomane, Edward J. Erickson, chercheur à l’université de Birmingham, Michael M. Gunter, professeur à l’université technologique du Tennessee, Alex van Oss, spécialiste du Caucase au Foreign Service Institute (l’école de formation des diplomates américains), et Norman Stone, ancien professeur à l’université d’Oxford, actuellement professeur à l’université Bilkent d’Ankara.
M. Lewy a outre publié plusieurs articles sur ce sujet, dans la revue académique The Middle East Quarterly, dans la revue intellectuelle Commentary, dans le Jerusalem Post et dans la revue universitaire Slavic Review. Il a prononcé plusieurs conférences sur la question arménienne, notamment à l’université de l’Utah (2006), à l’université de Harvard (2007), au Stevens Institute of Technology (conférence co-organisée par l’Institute of Turkish Studies de l’université Georgetown) et à la bibliothèque Springfield (2008). Il a eu l’occasion de défendre ses thèses contre ses contradicteurs arméniens dans les colonnes de Commentary en février 2006, suite à son article publié deux mois plus tôt, et aux lettres reçues par Commentary.
Quoique vipérines et de mauvaise foi, les principales attaques contre M. Lewy restaient, en général, en-deçà de la limite de la diffamation. Mais à l’été 2008, le Southern Poverty Law Center (SPLC), une association qui n’a pas la moindre compétence en histoire turque et ottomane, publia un rapport extrêmement tendancieux, accusant M. Lewy d’être un agent de la Turquie, et d’avoir des méthodes assimilables à celles de Robert Faurisson. L’attaque, de toute évidence inspirée par l’une ou l’autre des grandes structures arméno-américaines (Armenian National Committee of America ; Armenian Assembly of America), était misérable. M. Lewy est né en 1923 dans une famille juive d’Allemagne ; roué de coups par des nervis du régime nazi pendant la Nuit de Cristal (1938), il s’est enfui en Palestine avec sa famille, au début de 1939. Combattant volontaire dans la brigade juive de l’armée britannique à partir de 1942, il a émigré aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale.
En décembre 2008, défendu par les avocats du Turkish American Legal Defense Fund (Bruce Fein et David Saltzman), M. Lewy déposait une plainte auprès du tribunal de Washington (district fédéral).
La victoire
M. Lewy vient enfin d’obtenir, ce 28 septembre, gain de cause. Effrayé par la perspective d’une lourde condamnation, le SPLC a demandé un arrangement qui mettrait fin aux poursuites. M. Lewy et ses avocats ont accepté : le SPLC fera des excuses publiques, revenant sur l’ensemble des accusations portées ; il versera à M. Lewy une indemnité pour le préjudice moral subi depuis deux ans. Turquie news informera plus en détail ses lecteurs dès que possible.
Après le blâme infligé début octobre 2009 par la commission électorale de l’Ohio à David Krikorian, pour avoir calomnié la députée Jean Schmidt, et la condamnation de Movsès Nissanian par le tribunal correctionnel de Lyon, c’est une troisième victoire, en un an, de la liberté d’expression contre le nationalisme arménien. Ces trois victoires montrent l’efficacité des procédures judiciaires contre les ultranationalistes arméniens et leurs partisans, pour peu que la base juridique soit solide, et que la partie civile n’hésite pas à argumenter sur l’histoire, de façon précise et détaillée. Nous rappelons également à nos lecteurs que Mme Schmidt a elle aussi déposé une plainte au civil contre M. Krikorian.
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