Turcophobie : Quand Patrick Devedjian travestit l’histoire de la France et de la Turquie
Invité de l’émission « Mots croisés », le 13 janvier, Patrick Devedjian a déclaré :
« Les gens oublient toujours que le génocide arménien a eu lieu sur un territoire, en Turquie, qui était maitrisé par l’armée française. C’est le retrait de l’armée française qui a amené, qui a permis une grande partie du génocide. Ca n’est pas enseigné non plus dans les livres d’histoire. »
L’affirmation n’est pas nouvelle. Pour s’en tenir à un exemple assez récent, Séta Papazian, président du très virulent Collectif VAN a pu écrire, en novembre 2011 :
« Puissance mandataire en Cilicie, la France se retirait de Turquie, abandonnant aux mains de l’armée kémaliste, la population arménienne rescapée du génocide de 1915, et qu’elle avait incité à réintégrer ses foyers. Ce fut une boucherie, suivie d’un nouvel exode pour des dizaines de milliers d’Arméniens [1]. »
Ancien militant du groupuscule d’extrême droite Occident, devenu avocat, Patrick Devedjian a défendu, de 1981 à 1984, des terroristes de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA, raciste, antisémite et francophobe) et des Commandos des justiciers du génocide arménien (CJGA, branche de la Fédération révolutionnaire arménienne, national-socialiste), pour dire combien leurs crimes étaient justifiables, utiles même, et il déclarait encore, en 1985, dans l’Armenian Reporter, tout le bien qu’il pensait de l’ASALA (plus d’un an après l’attentat d’Orly). Le collectif VAN n’hésite pas à reproduire sur son site des propos à la gloire de l’ASALA [2], et quand une tribune parue sur le site Rue89 a eu le malheur de rappeler l’attentat d’Orly, le collectif VAN, très en colère, une fois de plus, a parlé de « terrorisme » entre guillemets [3], ce qui éclaire d’un jour fort intéressant sa vision de l’attentat d’Orly. Il n’est pas difficile de voir d’où vient cette accusation de « massacre » et de « génocide » qui aurait été commis à cause de l’armée française.
Première remarque : en affirmant « que le génocide arménien a eu lieu sur un territoire, en Turquie, qui était maitrisé par l’armée française », M. Devedjian contredit la « loi » inconstitutionnelle de janvier 2001, qu’il a défendue si ardemment depuis treize ans, puisque ce texte évoque la seule année 1915. L’ancien militant d’Occident évoque l’occupation, par l’armée française, de la Cilicie (la plaine de Çukurova et ses environs, c’est-à-dire la région d’Adana) et des « confins militaires » (région de Gaziantep), à partir de la fin de 1918 et jusqu’au début de l’hiver 1921-1922. Il fait aussi allusion au retrait de l’armée française, entre novembre 1921 et janvier 1922, retrait qui aurait « amené et a permis une grande partie du génocide » arménien. Il ne sera pas question ici de la qualification de « génocide » pour les évènements de 1915, puisque cette année n’est pas au cœur des propos de M. Devedjian. De toute façon, j’en ai déjà parlé, d’ailleurs à plusieurs reprises, et ce site a fourni à ses lecteurs une traduction française d’articles très importants écrits par Guenter Lewy et Edward J. Erickson.
Que s’est-il réellement passé lors du retrait français de Cilicie ?
Ce que prétend M. Devedjian — comme avant lui Mme Papazian — sur le retrait français de Cilicie est absolument, intégralement, radicalement faux. La première source à consulter est le Rapport d’ensemble de la commission française d’évacuation — mais M. Devedjian et Mme Papazian connaissent-ils seulement l’existence de ce document ?
Voici que rapportaient les représentants français, chargés de l’évacuation, au gouvernement :
« Cette substitution des troupes turques aux troupes françaises n’a été nulle part marquée par aucun incident. […]
La remise de l’administration de la Cilicie entre les mains des autorités turques avait précédé le départ des troupes. Elle avait eu lieu dès le 1er décembre, selon un programme que l’on trouvera ci-annexé (pièce n° 4). Cette date du 1er décembre avait [été] choisie de manière à conserver encore, pendant plus d’un mois, sinon le contrôle, du moins la surveillance sur les premiers actes de l’administration turque, pendant cette période des débuts, si délicate, et si importante par les répercussion qu’elle ne pouvait manquer d’avoir dans l’esprit de la population.
Il fut fait cependant exception pour Deurtyol [Dörtyol], en raison de l’état d’esprit des habitants de ce centre exclusivement arménien. Des troubles étaient à craindre au moment de l’arrivée des autorités turques. […]
L’événement a montré la sagesse de ces précautions. Aucun incident ne se produisit à Deurtyol.
À Adana, à Mersine [Mersin] et à Tarsous [Tarsus], notre présence permit de couper court à des manifestations qui auraient dépassé la mesure au moment de l’entrée des nouvelles autorités. Le vali [préfet] d’Adana, Hilmy Bey, qui s’était prêté à ces manifestations, et dont les premiers actes n’avaient pas montré toute la modération désirable, fut, à la demande de M. Franklin-Bouillon [négociateur en chef côté français], destitué [souligné dans le texte] par Angora [Ankara]. Hamid Bey le remplaça, et cet exemple fut des plus salutaires.
En dehors de ces incidents, arrêtés nets, et dont il faut plutôt même se féliciter rétrospectivement, puisqu’ils montrèrent d’une manière indubitable la volonté du gouvernement d’Angora de ne tolérer aucun écart de la part de ses nouveaux fonctionnaires, la passation des services se fit d’une façon normale [4]. »
En février 1922, Julian Gillepsie, attaché adjoint pour les affaires commerciales au haut-commissariat [5] américain à Istanbul, voyagea dans la province d’Adana. Il l’a trouvée
« très tranquille. Le commandant militaire, Mouheddine Pacha, et le préfet Hamid Bey sont, l’un comme l’autre, des hommes d’une force peu commune, et ils administrent le pays avec énergie. Ils ont nettoyé la province, pour la grande satisfaction des membres de l’Assistance au Proche-Orient (Near East Relief), des représentants du Bureau américain pour les missions à l’étranger (American Foreign Mission Board), l’Association chrétienne des jeunes gens (Young Men’s Christian Association) et de l’Association chrétienne des jeunes filles (Young Women’s Christian Association). […] Le calme et la tranquillité règnent, et on ne voit pas ou peu d’effets de la guerre qui a eu lieu ici pendant deux ans [6]. »
Un auteur aussi résolument turcophobe et antikémaliste que Michel Paillarès, directeur du journal Le Bosphore (pro-grec) dans l’İstanbul occupée durant la guerre d’indépendance turque, n’évoque pas le moindre « massacre » durant le retrait français. Il écrit même que « Les kémalistes ne s’attendaient guère à ce grand mouvement d’émigration. Ils se sont incontinent ingéniés à l’arrêter. » Il rapporte plus loin les propos du catholicos de Cilicie, c’est-à-dire le chef de l’Église grégorienne pour la région, à propos du préfet d’Adana : un homme « loyal et bon », que le catholicos connaissait « personnellement » ; « tant qu’il fut gouverneur de Diarbékir [Diyarbakır], il n’y eut ni massacres ni déportations dans cette région [7] ». Le consul de France à Adana, Osmin Laporte, qui avait précédemment été en poste à İzmir, considérait le préfet d’Adana comme « un honnête homme, foncièrement démocrate » et francophile [8].
S’agissant de l’émigration des Arméniens de Cilicie, ou plutôt de la majorité d’entre eux, lors du retrait français, je renvoie à mon article paru il y a un an et demi, et qui n’a pas été démenti depuis : j’y démontre, archives françaises à l’appui, qu’hormis la minorité la plus compromise, les Arméniens n’avaient aucune raison valable de quitter le territoire turc, et que cet exode fut provoqué par les comités nationalistes-révolutionnaires arméniens, avec la complicité active du gouvernement grec [9]. Il suffira, ici, de citer à nouveau le rapport de la commission d’évacuation, qui nous dit, p. 6 :
« Les événements qui suivirent ont confirmé qu’il s’agissait bien d’un mot d’ordre venu de l’extérieur, et à l’exécution duquel personne n’osa se soustraire. Le 9 décembre, les chefs de communautés [religieuses : grégoriens, catholiques, protestants] expliquèrent à Monsieur Franklin-Bouillon que même ceux des chrétiens qui étaient disposés à rester se voyaient contraints de fuir, sous peine de voir leur vie menacée. »
Cette affirmation est confirmée par un article du Temps (30 décembre 1921), faisant état des menaces de mort proférées par les révolutionnaires arméniens contre leurs coreligionnaires qui voulaient faire partie des commissions mixtes chargés des biens des émigrants et de rassurer ceux qui restaient.
Par conséquent, l’accusation de « génocide » (Patrick Devedjian) ou de « boucherie » (Séta Papazian) pour la période du retrait français et ses suites n’a pas même une apparence de fondement. Ces accusations ne sont, en fait, que la répétition, sans originalité, de la propagande francophobe de certains journaux arméniens des États-Unis, en 1920 [10].
La période de l’occupation française
Cela étant, et puisque M. Devedjian, comme Mme Papazian avant lui, ont évoqué l’occupation française, je voudrais poursuivre par quelques rappels à ce sujet. Durant les premiers mois, cette occupation fut principalement le fait de la Légion arménienne, elle-même issue de la Légion d’Orient, formée à partir de 1916 par des volontaires arméniens et arabes, pour la plupart de nationalité ottomane. Le général Jules Hamelin, chef des armées françaises au Levant de 1918 à 1919, et l’administrateur Robert de Caix, futur secrétaire général du haut-commissariat français à Beyrouth, s’étaient opposés, en vain, à l’emploi de la Légion arménienne [11]. De fait, au printemps 1918, le principal fait d’armes des légionnaires arméniens fut une mutinerie si violente qu’elle dut être réprimée dans le sang par les officiers français [12].
Ce qu’avaient craint Hamelin et de Caix arriva. Dans une lettre du 24 février 1919 pour le haut-commissaire français à İstanbul, le colonel Édouard Brémond, administrateur français de la Cilicie et ardent arménophile, reproduisait une liste de près de trente vols à main armée ou cas de pillage pur et simple, tous commis par des légionnaires arméniens, auxquels s’ajoutaient deux affaires d’agressions qui n’avaient pas pour but le vol et une affaire de menaces de mort contre les habitants d’un quartier entier, également par des légionnaires arméniens, et un quadruple meurtre crapuleux, qui semble avoir été commis par deux civils arméniens. Tous ces faits s’étaient produits entre le 28 décembre 1918 et le 15 février 1919, donc en un mois et demi seulement [13]. La liste n’était d’ailleurs pas exhaustive : pour ne citer que lui, l’officier français Gustave Gautherot, qui fut le chef du bureau des opérations au Levant, rapporte dans son livre des cas d’assassinats et de désertions qui ne figurent pas dans la lettre de Brémond [14].
Toujours en février 1919, le général Hamelin écrivait à Georges Clemenceau :
« Tant au cours de leur séjour en Syrie [ce qui inclut le Liban] que depuis leur arrivée en Cilicie, il n’est pas de jour où je n’aie été saisi par les autorités administratives ou britanniques de plaintes, malheureusement le plus souvent fondées, contre leurs excès de toute nature contre les populations (vols, attaques à main armée, pillages, meurtres, etc.). Je les ai vainement exhortés, personnellement, à plusieurs reprises, à se comporter, en pays occupé, en soldats français [15]. »
Le lendemain même de l’envoi de ce courrier, des dizaines de légionnaires appartenant au 4e bataillon de la Légion arménienne attaquèrent des soldats algériens de l’armée française. Dans le même temps, des dizaines d’autres faisaient régner la terreur dans la population turque de la ville, brûlant, pillant, tuant. La Marine française dut intervenir, et menacer les mutins de ses « canons et mitrailleuses » pour mettre fin aux violences. Encore un jour plus tard, et c’était une nouvelle mutinerie : le chef de poste français « dut tirer » sur des légionnaires arméniens « pour se défendre » ; neuf furent tués, sept grièvement blessés. Le 4e bataillon a été, en conséquence, dissous : une cinquantaine d’hommes furent renvoyés en cour martiale, quatre cents en bataillon disciplinaire, en Égypte, les quatre cents autres, « non suspects », répartis dans différentes unités [16].
Ces évènements n’avaient rien de dérapages isolés. Gustave Gautherot, déjà cité, explique :
« Enfin, chez le légionnaire, l’Arménien l’emporta d’autant plus sur le soldat que des influences extérieures continuèrent à régler sa conduite : l’Union nationale arménienne et ses comités dirigeaient politiquement la légion et certains personnages, religieux ou laïcs, lui transmettaient ou, de leur propre autorité, lui imposaient des mots d’ordre. On vit des gradés inférieurs, voire de simples soldats à la langue exercée, discuter les décisions de nos officiers, et au besoin les contrecarrer. Dans les unités, se tenaient de petits ‟soviets” qui arrivaient à paralyser le commandement et finirent par le discréditer. […] Ils étaient venus à nous moins par amour de la France que par haine du Turc : cette haine inassouvie engendra à notre égard une rancune qui acheva de gâter le fruit de tous nos efforts [17]. »
Ces constats sont confirmés par Roger de Gontaut-Biron, qui était en 1919 un collaborateur du haut-commissaire français à Beyrouth [18], et par le général Hamelin, qui se plaignit auprès de Clemenceau des « excitations à l’indiscipline, et contre la France » dont était responsable l’Union nationale arménienne [19]. Des lettres expédiées par le comité Ramkavar du Caire (maison-mère de l’Union nationale arménienne), puis saisies (en 1919 et 1920) par la censure militaire française, expriment une francophobie particulièrement hargneuse [20].
Toutefois, la preuve la plus éclatante — c’est le cas de le dire — des responsabilités de l’Union nationale arménienne (UNA) fut l’explosion accidentelle, en avril 1920, d’une bombe au domicile de Mouchegh Séropian, ancien archevêque grégorien d’Adana et administrateur de l’UNA. Séropian était absent. Le 23 avril 1920, la cour martiale française d’Adana le condamna, par contumace, à dix ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour pour association de malfaiteurs, préparation de crimes contre la paix publique, dépôt d’armes et de munitions, fabrication d’engins meurtriers, complicité d’homicide par imprudence. Son frère avait, en effet, été tué par l’explosion [21].
Toujours en avril 1920, les officiers français de Cilicie, notamment le principal d’entre eux, le général Dufieux, demandèrent la dissolution pure et simple de la Légion arménienne [22], malgré les vagues d’épuration successives, depuis janvier 1919, qui n’avaient pas suffi. Encore en avril 1920, le général Gouraud, successeur d’Hamelin à la tête des forces françaises au Levant, et qui cumulait ces fonctions avec celles de haut-commissaire à Beyrouth, écrivait au ministre des Affaires étrangères :
« L’attitude des Arméniens ne justifie guère la lettre à laquelle fait allusion votre télégramme 141.
Ils en sont arrivés à mériter des désaveux américains par leurs agissements récents, marqués en particulier par des incendies de villages turcs, par l’occupation, lors des derniers incidents, du collège américain d’Aïntab [Gaziantep], par les fenêtres duquel ils tiraient sur les Turcs, assassinat[s] commis avec usurpation d’uniforme américain.
Il y a donc beaucoup à redouter d’un ‘self-defense’, qui s’exercerait dans ces conditions en toute liberté, et auquel les Arméniens ne sont pas réduits, comme en témoignent les lourds sacrifices de tous ordres que nous nous sommes imposés pour eux [23]. »
Le 20 mai 1920, le ministre de la Guerre écrivit à son collègue des Affaires étrangères, pour souligner la nécessité de licencier la Légion arménienne, « en raison du mauvais esprit manifesté par les légionnaires », mauvais esprit tant de fois constaté depuis 1918. Le 18 juin 1920, le ministre des Affaires étrangères répondit : « Je partage entièrement votre façon de voir » ; et le 12 juillet : « j’ai autorisé le général commandant en chef l’Armée du Levant à procéder au licenciement de la Légion arménienne qu’il m’avait proposé [24]. »
Entretemps, les choses n’avaient fait que s’envenimer à Adana. Le 2 juillet, le directeur adjoint de la police, nommé Tcholakian (un Arménien raisonnable) demandait des exécutions sommaires, en raison de la multiplication des pillages et autres violences de la part d’Arméniens contre des Turcs et autres musulmans [25]. Le 4 juillet, le général Dufieux déclara l’état de siège [26]. Le 7, le colonel Brémond signa le premier ordre autorisant des exécutions sans jugements, et le 8, le premier pillard arménien fut pendu sommairement [27]. L’avertissement ne fut pas écouté : au contraire le 10 éclata un véritable « pogrome [28] » contre la population musulmane, qui fit six morts — un nombre qui aurait pu être beaucoup plus élevé, des centaines de coups de feu ayant été tirés — et provoqua l’exode massif de la population musulmane, terrorisée [29]. Toujours le 10 juillet, Brémond systématisa, en conséquence, la mesure draconienne qu’il avait prise quelques jours plus tôt :
« le colonel Brémond fera pendre sans délai les deux premiers voleurs pris sur le fait qui lui seront amenés, quelle que soit l’importance du vol, et sans admettre aucune excuse d’aucune sorte.
Si cet exemple ne suffit pas, il sera continué jusqu’à ce que les voleurs soient fatigués de se faire pendre.
Tous les individus qui sont compromis dans des vols commis précédemment seront expulsés de Cilicie, dès que les communications seront rétablies, sans aucune exception [30]. »
Après une conversation téléphonique avec le général Dufieux, le 1er août, le colonel Brémond réitéra l’ordre du 10 juillet, en insistant sur l’obligation de « tirer sur tous pillards » si nécessaire ; « il faut absolument en finir avec les pillards [31] ». Au total, dans la ville d’Adana, du 8 juillet au 2 août 1920, cinq Arméniens et un Assyrien furent pendus sans jugement par l’autorité française, et un sixième Arménien fut abattu en tentant de s’enfuir [32]. Je passe sur les procès en cour martiale de dizaines d’Arméniens et autres chrétiens (dont au moins cinq furent condamnés à mort) pour « association de malfaiteurs », « attentat ayant pour but d’exciter la guerre civile », détention illégale d’armes, etc., sur les conclusions d’officiers français (comme Paul Bernard ou le contrôleur général de la police Tommy Martin) concernant la responsabilité du parti Hintchak dans les émeutes de l’été 1920, particulièrement la journée du 10 juillet, et sur les tentatives des comités arméniens de forcer la main aux Français, en septembre, tentatives qui se soldèrent par un échec cuisant, et par l’expulsion de dangereux meneurs. Le but ici n’était pas de faire une histoire de l’occupation française en Cilicie, ni même des crimes des comités arméniens durant cette période — ce n’est pas le lieu —, mais de donner quelques faits précis et référencés.
À propos de l’évacuation française de Cilicie, M. Devedjian, comme Mme Papazian, ont évoqué des faits parfaitement imaginaires. En évoquant l’occupation de ce même territoire par l’armée française, ils ont, occulté des faits hélas on ne peut plus réels. L’objectif est clair : faire croire que, dans le conflit arméno-turc, il n’y eut de victimes que d’un seul côté, et de criminels que de l’autre. L’historien ne peut que réagir face à une telle propagande.
[2] Par exemple : http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=69439
[4] Rapport d’ensemble sur les opérations de la commission, mars 1922, pp. 3 et 4, Archives du ministère des Affaires étrangères (AMAE), P 17787.
[5] Il n’y avait pas d’ambassades des pays de l’Entente en Turquie, durant la guerre d’indépendance.
[6] Rapport du 25 février, National Archives and Record Administration, College Park, 867.01/103, cité dans Yücel Güçlü, Armenians and the Allies in Cilicia. 1914-1923, Salt Lake City, University of Utah Press, 2010, p. 153.
[7] Michel Paillarès, Le Kémalisme devant les Alliés, İstanbul-Paris, éditions du Bosphore, 1922, pp. 381 et 385.
[8] Télégramme d’Osmin Laporte à Raymond Poincaré, 1er mars 1922, AMAE, P 17787.
[9] Maxime Gauin, « How to Create a Problem of Refugees. The Evacuation of Cilicia by France and the Flow of Armenian Civilians (1921-1922) », Review of Armenian Studies, n° 25, 2012, pp. 67-90.
[10] Yücel Güçlü, Armenians and the…, pp. 151-152.
[11] Dzovinar Kévonian, Réfugiés et diplomatie humanitaire, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 58.
[12] Mutinerie au camp des réfugiés du Djébel Moussa, Service historique de la défense (SHD), Vincennes, 4 H 34, dossier 1, dossier 2. Voir aussi, dans le même carton, Punitions, juillet 1917-février 1919.
[13] Centre des archives diplomatiques de Nantes (CADN), 36 PO/1/9.
[14] Gustave Gautherot, La France en Syrie et en Cilicie, Courbevoie, Librairie indépendante, 1920, pp. 148-150.
[15] Lettre du général Hamelin au ministre de la Guerre, 15 février 1919, AMAE, P 1426.
[16] Télégrammes de l’amiral Cassard au ministre de la Marine, 18 février et 1er mars 1919 ; télégramme de F. Georges-Picot au ministère des Affaires étrangères, 19 février 1919, AMAE, P 1426 ; rapport du gouverneur militaire d’Alexandrette, 18 février 1919 ; rapport du lieutenant-colonel Romieu, 28 février 1919 ; télégrammes du général Hamelin au ministère de la Guerre, 21 et 27 février 1919, CADN, 1SL/1V/126 ; Gustave Gautherot, La France en…, pp. 153-166.
[17] Gustave Gautherot, La France en…, p. 136.
[18] Roger de Gontaut-Biron, Comment la France s’est installée en Syrie (1919-1920), Paris, Plon-Nourrit, 1922, pp. 54-55.
[19] Lettre du 27 juin 1919, AMAE, P 16672. Voir aussi copie de télégramme, colonel commandant troupes françaises Cilicie à Général commandant T.F.L. à Beyrouth, 29 mai 1919, SHD, 4 H 42, dossier 6.
[20] SHD, 4 H 42, dossier 6.
[21] Rapport du général Gouraud à Alexandre Millerand, président du Conseil, 21 juillet 1920, AMAE, P 16774 ; Mouchegh Séropian, Ma Protestation à M. Paul Deschanel, président de la République française, sans lieu, 1920, pp. 1-2 (introuvable au catalogue de la BNF ; le texte est dans AMAE, P 16678).
[22] Le chef de bataillon Beaujard commandant la Légion arménienne, à M. le général commandant la 1re brigade du Levant, 17 avril 1920 ; Rapport du capitaine Josse, 20 avril 1920 ; Avis du général Dufieux, n° 3382/1, 27 avril 1920, SHD, 4H 42, dossier 6.
[23] Télégramme du général Gouraud, 23 avril 1920, AMAE, P 17784.
[24] AMAE, P 1426.
[25] Note du colonel Brémond, 2 juillet 1920, CADN, 1SL/1V/139.
[26] Kâmuran Gürün, Le Dossier arménien, Paris, Triangle, 1984, pp. 336-337. Voir aussi Tommy Martin, compte-rendu à Monsieur le gouverneur du sandjak et de la ville d’Adana, 4 juillet 1920, CADN, 1SL/1V/139.
[27] Rapport du capitaine Chevillard au sujet de l’exécution d’Artine Hapoudjian, CADN, 1SL/1V/139.
[28] Robert F. Zeidner, The Tricolor over the Taurus, Ankara, TTK, 2005, p. 250 ; voir aussi Abdülgani Girici, 1920 Adana Ermeni Mezalimi Hâtıraları, Ankara, TTK, 2011.
[29] Paul Bernard, Six mois en Cilicie, Aix-en-Provence, éditions du Feu, 1929, pp. 63-65.
[30] CADN, 1SL/1V/139.
[31] Colonel Brémond, Note de service, 1er août 1920, CADN, 1 SL/1V/139.
[32] Note du contrôleur général de police d’Adana, Tommy Martin, au colonel Brémond, 22 juillet 1920, notes du commandant Tommy Martin au colonel Brémond, 1er août 1920, CADN, 1SL/1V/139 ; Édouard Brémond, La Cilicie en 1919-1920, Paris, Imprimerie nationale, 1920, p. 62 ; Paul Bernard, Six mois…, pp. 63, 71-72 et 85.