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Taner Akçam : la mystification récompensée

Publié le | par Maxime Gauin | Nombre de visite 2431
Taner Akçam : la mystification récompensée

Sur les deux rives de l’Atlantique, les nationalistes arméniens se rengorgent parce que le sociologue allemand Taner Akçam après avoir publié The Young Turk’s Crime Against Humanity (2012), où il répète encore les mêmes accusations de « génocide arménien », a reçu pour ce livre le prix Albert-Hourani de l’Association pour les études sur le Proche- et Moyen-Orient aux États-Unis (Middle East Studies Association, MESA). Ce n’est pas la première fois que cette respectable institution se fourvoie. En 1998, elle avait fait un triomphe à Edward Said, un professeur de littérature égypto-américain, qui n’avait aucune formation d’historien, pour les vingt ans de son très mauvais livre Orientalism (traduction française : Orientalisme, Paris, Le Seuil, 1980). L’ouvrage, qui se voulait une analyse des travaux orientalistes (le nom donné aux études proche-orientales jusqu’aux années 1970) avait été démoli depuis bien longtemps, par des critiques qui avaient pointé d’énormes failles méthodologiques (réduire les études proche- et moyen-orientales aux études arabes, négliger les contributions allemandes et néerlandaises), des mensonges (par exemple des calomnies contre l’orientaliste français Sylvestre de Sacy), des déformations de sources, des omissions (aucune référence à beaucoup de spécialistes, Claude Cahen ou Vincent Monteil, notamment), des amalgames entre savants et écrivains de fiction, des interprétations délirantes, des erreurs grossières (E. Said plaçait la conquête musulmane de la Turquie avant celle de l’Afrique du nord, alors que c’est l’inverse) et un remarquable silence sur les propos violemment antimusulmans, voire antiarabes, de nombreux universitaires soviétiques [1]. Edward Said s’était distingué aussi en ralliant l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP) en 1977, donc en pleine période des attentats de l’OLP, mais avait claqué la porte en 1993, quand furent signés les accords d’Oslo, qui devaient mettre fin au conflit israélo-palestinien.

À quinze ans d’écart, il est frappant de relever le même travers : l’hommage à un non-spécialiste, non-historien (Taner Akçam n’a aucun diplôme en histoire), qui plie les faits à ses thèses et qui a été plusieurs fois dénoncé pour cela par des universitaires spécialisés. Le précédent livre de Taner Akçam, Un acte honteux, avait été soumis à des critiques dévastatrices [2] ; la première version, en turc, de The Young Turks’ Crime Against Humanity avait fait l’objet, dans une des principales revues américaines d’études proche- et moyen-orientales, d’une démolition en règle [3] ; dans l’article que j’avais coécrit pour l’European Journal of International Law, paru l’an dernier, il était bien précisé, références à l’appui, que M. Akçam, comme son maître Vahakn N. Dadrian, ont inversé le sens de leurs principales sources [4]. Le jury n’a donc aucune excuse.

Dans ce contexte, je vais développer huit points qui, s’ils sont très loin d’épuiser la question des malhonnêtetés contenues dans The Young Turk’s Crime Against Humanity, me semblent amplement suffisants pour comprendre que ni l’ouvrage, ni l’auteur d’une façon générale, ne sont crédibles.

1) Le télégramme de Talat en date du 29 août 1915

Taner Akçam affirme (pp. 203-204) que « la déclaration la plus claire, montrant que la politique du gouvernement [ottoman] vis-à-vis des Arméniens [pendant la Première Guerre mondiale] avait pour but leur annihilation se trouve dans un télégramme envoyé le 29 août 1915 par le ministre de l’Intérieur Talat Paşa à la province d’Ankara. […] Ce document à lui seul devrait mettre fin à de longs et inutiles débats sur cette question. »

Voici le texte intégral de ce document :

« La question arménienne qui se posait dans les provinces orientales est résolue. [Pour autant], il est inutile d’endommager l’image de notre nation et de notre gouvernement par des actes de cruautés qu’aucune nécessité ne justifie. En particulier, l’attaque récente qui a eu lieu contre des Arméniens près d’Ankara a causé beaucoup de regret au ministre, qui a constaté que l’évènement s’est produit suite à l’évidente incompétence des officiers chargés de superviser le transfert des Arméniens, et à l’audace de gendarmes et d’habitants de la région, qui ont agi en suivant leurs instincts bestiaux, violant et volant les Arméniens. Le transfert d’Arméniens, qui doit être appliqué dans l’ordre et avec prudence, ne doit jamais, à l’avenir être confié à des individus animés d’une hostilité fanatique, et les Arméniens — tant ceux qui sont transférés que les autres — doivent absolument être protégés contre toute agression, contre toute attaque. Dans les lieux où une telle protection ne pourrait pas être assurée, le transfert doit être reporté. À partir de maintenant, les officiers chargés [du transfert] seront tenus pour responsables, compte tenu de leur rang, de toute attaque qui se produirait, et renvoyés en cour martiale. Il est nécessaire de donner des ordres très stricts à cet égard, au personnel concerné [5]. »

La simple lecture montre que ce télégramme prouve très exactement l’inverse de ce que prétend M. Akçam.

2) Deux autres télégrammes de Talat (Diyarbakır 1915)

Taner Akçam a inversé de la même manière (p. 210) le sens télégramme envoyé par le ministre de l’Intérieur Talat au docteur Reșit, alors préfet de Diyarbakır, le 22 juillet 1915. M. Akçam prétend que dans ce télégramme, Talat « déclara très franchement que la politique d’annihilation devait être limitée aux Arméniens, et ne devait pas inclure les autres chrétiens. » Pourtant, rien, ni dans le passage cité par M. Akçam ni dans le reste du télégramme n’autorise à parler d’une quelconque « politique d’annihilation » qui aurait « très franchement » exposée. Au contraire, ce télégramme nous dit :

« En conséquence, il est de la plus haute importance de renforcer vigoureusement la sécurité publique aux limites de la province [de Diyarbakır], en particulier sur la route empruntée par les convois d’Arméniens, et d’éviter tout retard dans le transport militaire. Les résultats des mesures prises devront être rapportés [6]. »

De même, M. Akçam traduit de façon délibérément incorrecte (p. 208) un télégramme envoyé par le même ministre au même préfet, dix jours plus tôt (souligné par moi) :

« au cours de ces derniers jours, des massacres d’Arméniens, ainsi que d’autres chrétiens, sans distinction d’appartenance à une église plutôt qu’à une autre, ont été organisés dans la province [de Diyarbakır] […] et à Mardin, l’évêque arménien, et quelque sept cents autres personnes, ont été expulsés de la ville puis égorgés comme des moutons par des personnes arrivant de de Diyarbakır. »

Le télégramme dit en réalité (souligné par moi) :

« Selon des informations reçues récemment, des massacres ont été commis dans la province [de Diyarbakır], et contre les chrétiens en général, sans qu’il fût fait aucune différence selon leur appartenance à une église plutôt qu’à une autre. En particulier, grâce à des personnes envoyées récemment de Diyarbakır, nous avons appris qu’à Mardin, sept cents personnes en tout, des Arméniens et d’autres chrétiens, y compris l’évêque, ont été expulsés de leur domicile et tués, en les décapitant comme des moutons [7]. »

L’inversion du sens du télégramme envoyé le 22 juillet 1915 et la déformation de celui daté du 12 juillet ont le même but : faire passer Talat pour responsable des massacres commis dans province de Diyarbakır durant l’été 1915, alors qu’il s’y était opposé depuis le début (voir aussi le point 8).

3) La lettre de Talat au grand vizir Sait Halim Paşa (26 mai 1915)

M. Akçam soutient que « la longue lettre de Talat Paşa du 26 mai 1915 » constitue « la réfutation la plus claire possible de la version officielle turque, laquelle insiste pour dire que les politiques concernant les Arméniens furent le résultat des exigences de la guerre. » En réalité, prétend M. Akçam, la vraie motivation, c’était d’en finir avec le plan de réforme signé en févier 1914 (mais pas encore ratifié quand la Première Guerre mondiale éclata) ; la lettre de Talat prouverait cela. Pour ce faire, Taner Akçam procède à une coupe savamment sélective en citant le document (pp. 132-133 et 136-137).

Voici ce que dit en réalité la lettre (passages soulignés par moi) :

« Comme Votre Excellence le sait déjà, certains pays n’ont pas ménagé leurs efforts pour réaliser leurs aspirations expansionnistes et pour s’en prendre à l’intégrité territoriale de l’Empire ottoman et au sultanat, en s’activant pour semer la discorde et l’hostilité réciproque entre les sujets ottomans.

Les aspirations séparatistes, qui ont été suscitées par des promesses et des menaces que des individus eux-mêmes trompés avaient faites aux sujets arméniens, perdurent par divers moyens. Les manifestations de ces aspirations séparatistes, qui ont été observées ici et là sous la forme d’attaques contre les forces de l’ordre et des soulèvements armés, suscitent la haine de la part des sujets loyaux à l’Empire, ce qui conduit ses derniers à agir pour la protection de l’existence même de l’État. Il peut en résulter un certain nombre d’évènements contrariants, qui ne sont pas désirables pour l’État. Bien que des résultats concrets aient été obtenus par les voies politiques, par les larges réformes mises en œuvre, des pays étrangers parviennent encore à tromper [des Arméniens].

Par ailleurs, les questions relatives aux réformes locales devraient être considérées comme étant nos problèmes intérieurs, or elles sont discutées dans des réunions internationales, comme s’il s’agissait de problèmes de politique étrangère. Il est ainsi procédé pour obtenir des concessions locales et s’assurer la création de structures administratives particulières, sous contrôle étranger. Toutefois, puisqu’il était considéré qu’en s’engageant dans cette voie, l’influence et l’oppression étrangères allaient diminuer, il semble impératif de trouver une solution radicale dès que possible pour ce problème compliqué, qui constitue l’une des questions les plus vitales de l’Empire ottoman.

Malheureusement, alors que les moyens de parvenir à une solution commençaient à être mis en œuvre, certains des Arméniens vivant près du champ de bataille se sont récemment lancés dans des activités qui ont pour but de créer des difficultés à notre armée dans son combat pour la protection des frontières ottomanes contre l’ennemi. Ces Arméniens essaient d’entraver les opérations de l’armée, le transfert de matériel et de munitions. Ils agissent de conserve avec l’ennemi, ils nous combattent dans les rangs des armées ennemies. À l’intérieur du pays, ils osent attaquer les forces militaires et les civils innocents, assassiner, piller dans les villes et les bourgades, aider les marines militaires adverses et l’informer sur la localisation de nos points fortifiés.

La conduite de tels éléments rebelles a rendu nécessaire leur retrait de la zone d’opérations militaires et l’évacuation des villages servant de bases opérationnelles et d’abris aux rebelles. Dans ce but, après des consultations au sein du gouvernement et avec ses représentants locaux, les commandants militaires ont commencé à évacuer rapidement des Arméniens. […]

Ces Arméniens sont réinstallés vers les zones désignées par le gouvernement. Considérant qu’il est nécessaire d’établir des règlements adéquats sur la mise en œuvre de cette mesure de déplacement, qui a été prise pour la protection des intérêts fondamentaux de l’État, il a été décidé de s’assurer du confort de ces sujets durant leur trajet vers les lieux qui leur sont assignés. Il faut s’assurer que ces sujets arrivent sur place, faciliter leur repos, protéger leurs vies, ainsi que leurs biens, durant le voyage. De même, il faut fournir de la nourriture et des abris pour les personnes déplacées jusqu’à leur réinstallation finale, distribuer des logements, des terres, à proportion de la situation de fortune qui était la leur initialement [8]. »

Le document, là encore, dit tout à fait le contraire de ce que M. Akçam prétend.

4) Les Mémoires d’Halil Menteşe

Taner Akçam soutient (p. 184) qu’« Halil Menteşe [président de la Chambre des députés] voyagea à Berlin pour discuter des déportations d’Arméniens avec le gouvernement allemand » et donne comme source les propres Mémoires de Menteşe. Celui qui vérifie aux pages indiquées peut constater que Menteşe explique l’inverse : a) il a été envoyé à Berlin pour discuter d’un tout autre sujet : l’approvisionnement de l’Empire ottoman en produits allemands via les Balkans ; b) Talat l’a maintenu, lui, Halil Menteşe, dans l’ignorance des discussions relatives aux Arméniens, en le laissant à Berlin ; c) « un matin » après son retour (la date n’est pas précisée, mais vu le contexte, ce doit être durant l’été 1915), Halil Menteşe a entendu Talat déplorer le sort tragique qui était celui de certains Arméniens déplacés depuis la province d’Erzurum [9]. Cette manipulation de source se trouvait déjà dans le livre précédent de M. Akçam, Un acte honteux (p. 167 de l’édition française ; p. 152 de la version en anglais). Elle a été dénoncée avec vigueur, en 2008, par Hilmar Kaiser, docteur en histoire et partisan de qualification de « génocide arménien », qui a qualifié de « totalement non universitaire » l’usage des sources turques par Taner Akçam [10]. Ce dernier préfère donc, décidément, parier sur l’ignorance du lecteur.

5) Faux et usage de faux

Taner Akçam s’appuie (p. 197) sur un faux document, les « Dix commandements » attribués au Comité Union et progrès (CUP, le parti au pouvoir dans l’Empire ottoman durant l’essentiel de la décennie 1908-1918). J’ai récemment expliqué sur ce site pourquoi ce texte est une fabrication maladroite, inutile d’y revenir.

Il se réfère aussi, et de façon répétée (pp. 136, 268, 272), à un recueil de documents fabriqués, puis publiés, par Aram Andonian en 1920 (pour les éditions française et anglaise) puis en 1921 (pour l’édition en arménien). Or, pendant des années, Taner Akçam lui-même a soutenu qu’« il y a de bonnes raisons de penser que ces documents sont des faux [11] ». Il a déjà été démontré, dans les années 1980, que ces documents ne sont effectivement que des faux, et j’ai moi-même repris la démonstration, en ajoutant de nouveaux arguments, en 2011 [12], puis dans ma conférence à la London School of Economics, en mars dernier.

Pour tenter de défendre « l’authenticité » des faux documents d’Andonian, M. Akçam parle (p. 136) d’une « lettre de Bahaeddine [Bahattin] Şakir » (dirigeant du Comité Union et progrès, CUP, au pouvoir dans l’Empire ottoman de 1908 à 1918) qui serait évoquée dans un livre du journaliste Ahmet Emin Yalman (1888-1972), ex-figure du CUP. Or, à la page indiquée, il n’est nullement question d’une « lettre », mais d’une rumeur, à propos de dirigeants du CUP qui ne sont même pas nommés [13].

6) La révolte de Zeytun en 1915 et les projets de débarquement en Cilicie

D’une façon générale, Taner Akçam n’offre à son lecteur qu’une présentation indigente et incorrecte des activités des organisations nationalistes-révolutionnaires arméniennes, activités qui ont commencé dès le XIXe siècle. Le problème sécuritaire en 1914-1915, qui est la raison majeure du déplacement forcé, M. Akçam s’emploie à le minimiser jusqu’à la l’absurde. Le sujet étant très vaste, c’est l’exemple de Zeytun (aujourd’hui Süleymanlı, dans le département de Maraş) et de la Cilicie qui va être étudié ici.

Zeytun avait un peuplement principalement arménien, cas exceptionnel en Anatolie. Elle fut le théâtre de la première insurrection véritablement nationaliste orchestrée par des Arméniens ottomans, en 1862, puis se souleva de nouveau en 1878 et 1895-1896 (230 soldats turcs, prisonniers, furent massacrés, avec mutilations, en 1895) [14]. Elle s’agita de nouveau, un peu en 1913 [15] et plus encore en août-septembre 1914 (donc au tout début de la Première Guerre mondiale, et avant l’entrée de l’Empire ottoman dans le conflit) ; mais surtout, en février-mars 1915, les insurgés prirent l’armurerie de la gendarmerie, coupèrent la ligne télégraphique, tuèrent des gendarmes et des civils turcs, ce qui provoqua une mesure de réinstallation locale, en avril 1915 (la décision d’un déplacement plus général n’a été prise qu’en mai) [16]. Le 15 février 1915, l’ambassadeur russe à Paris faisait valoir que « 15 000 Arméniens étaient disposés à attaquer les communications turques », selon les déclarations du représentant des insurgés de Zeytun auprès du commandement russe (c’est donc qu’ils étaient suffisamment organisés pour avoir un représentant à Saint-Pétersbourg) ; or Zeytun est « située sur la ligne des communications de l’armée [ottomane] d’Erzeroum », près de la frontière avec la Russie [17]. La ville était aussi bien située pour que des insurgés fondissent vers les côtes de Cilicie, en cas de débarquement anglo-français depuis Chypre (l’île étant administrée par les Britanniques depuis 1878). Le 17 avril 1915, répondant à une demande de précisions formulée par le gouvernement britannique, la diplomatie russe expliquait, d’après les informations fournies par les insurgés eux-mêmes :

« L’organisation des Hintchakistes [parti Hintchak, « Cloche », créé en 1887, à la fois marxiste et très nationaliste] compte beaucoup d’admirateurs à travers la Cilicie, mais particulièrement à Zeytun, où leur nombre s’élève à environ 3 000 ; il existe des comités à Adana, Adjin [Haçin], Sis, Furnuz, Marache [Maraş] et Alep. À la tête du mouvement, peuvent se placer ceux-là même qui dirigèrent l’insurrection de 1895 : Tohandjian, Enidunian, Surenian, Tchakiran, Iagubian et aussi Gasparian.

Le peuple de Zeytun affirme qu’il peut rassembler jusqu’à 15 000 combattants, et qu’ils seront en position de saisir un très grand nombre d’armes sans qu’il soit besoin pour cela d’une opération de débarquement à Alexandrette [İskenderun] ou dans ses environs [18]. »

Citant ce document, et se référant aussi au livre de souvenirs, très antiturc, du pasteur Abraham Hartunian, qui était de la région, l’historien canadien Gwynne Dyer concluait, dès 1973, qu’il « est prouvé sans équivoque », que « la communauté arménienne » de Zeytun a « planifié et exécuté une révolte contre les Turcs, en accord avec les Russes, dans le but de renverser l’État ottoman [19]. » Comme il a été vu juste avant, les insurgés s’étaient effectivement emparés d’un dépôt d’armes de la gendarmerie ottomane, preuve que ce qu’ils disaient aux Russes et aux Britanniques ne relevait pas de la simple bravade.

Taner Akçam fait l’impasse sur ce genre de sources, comme sur l’arrière-plan historique (les révoltes de 1862, 1878 et 1895-1896, l’activité du parti Hintchak) et le contexte géographique (la situation stratégique de la ville) pour tenter de présenter l’insurrection de Zeytun comme un évènement secondaire, sinon mineur, en tout cas peu menaçant. Mais encore une fois, il ne se contente pas d’éliminer l’essentiel de ce qui ne va pas dans son sens, il déforme le sens d’un document, en prétendant ceci (pp. 177-178) :

« Dans un rapport du commandement de la Quatrième armée ottomane, envoyé le 14 mars [1915], l’auteur déclare qu’il ne ‟retient pas la possibilité d’une insurrection arménienne générale” et déclare que ‟face à l’attitude d’opposition et de rébellion manifestée par certains déserteurs Arméniens à Zeytun, l’État a tenté de prendre des mesures [pour les punir].” Il rapporte l’attitude de la population locale comme suit : ‟Une grande part de nos compatriotes arméniens sont gravement affligés par ces actions commises simplement par une petite, faible, frange ; leur patriotisme est hors de doute.” En outre, le rapport nous informe que les déserteurs ‟ne furent pas capturés suite à leurs affrontements [armés avec les gendarmes], mais avec l’assistance de l’élite des habitants [arméniens] de Zeytun”, qui les ont remis de leur propre initiative. »

Cette description est entièrement incorrecte. D’abord, il ne s’agit pas d’un rapport « envoyé le 14 mars » 1915, mais d’une réponse (non datée) à un télégramme du 14 mars, réponse faite apparemment le lendemain ou le surlendemain. Ensuite, d’une façon beaucoup plus grave, M. Akçam a changé complètement le sens du texte, dans son résumé comme dans sa traduction de certains passages. Voici ce que dit en réalité la réponse (souligné par moi) :

« En ce qui concerne les évènements de Zeytun, je ne dispose, pour toute information, que de la mort au champ d’honneur de plusieurs gendarmes lors d’un affrontement qui éclata lorsqu’ils furent attaqués par plusieurs personnes. Je n’ai pas assez d’informations, ni sur l’identité des agresseurs, ni sur les causes qui ont conduit à ces évènements. Néanmoins, je suis tout à fait d’avis que les agresseurs qui ont voulu s’en prendre aux militaires et qui ont osé les mettre à mort doivent être punis des plus lourdes peines.

J’ai lu l’un des deux télégrammes envoyés par la population de Zeytun au patriarche arménien d’Istanbul au catéchuménat de Sis — télégramme qui m’a été montré par l’officier de la censure. D’après ce que j’ai compris de ce télégramme, du délégué arménien et des notables d’ici, les Arméniens sont très nerveux. Ils affirment que ces évènements sont dus à quelques personnes, et que la population arménienne était en fait vraiment loyale, fidèle au gouvernement. Je crois que punir les assassins et les agresseurs suffira, vu la délicatesse de la situation ; toutefois, nous devrions prétendre que nous croyons dans leur soi-disant sincérité.

Dans les circonstances présentes, l’attitude des notables et des dirigeants religieux arméniens à Maraş et Alep pourrait conduire à un malentendu : cela pourrait faire croire que les autorités [ottomanes] considèrent les Arméniens résidant à Zeytun comme complices, ce qui renforcerait le sentiment d’insécurité parmi les Arméniens, et provoquerait de la colère et de la haine parmi les musulmans. Arrivés à ce point, où le maire déclare qu’il les défendra quelles que soient les circonstances, qu’ils aient tort ou raison, tant qu’ils s’occupent de leurs problèmes, les Arméniens raisonnables comprendront combien la situation est délicate et apprécieront les raisons des bouleversements actuels ; en conséquence, je ne pense pas que les Arméniens se soulèveront. Cela dit, toutes ces remarques ne sont que mes vues personnelles, correctes ou incorrectes, comme je ne dispose pas d’enquêtes approfondies sur cette question [20]. »

Sur la pertinence des « vues personnelles » de cet officier, il faut se reporter à un autre rapport militaire, qui indique que la suppression de l’insurrection de Zeytun, en 1915, a coûté la vie à cinq cents soldats ottomans [21], ce qui montre la gravité de la révolte.

Toujours pour minimiser le problème sécuritaire posé par les mouvements insurrectionnels arméniens en 1914-1915, M. Akçam prétend, à propos des propositions de Boghos Nubar d’abord, de la Fédération révolutionnaire arménienne ensuite, pour un débarquement depuis Chypre [22], que « la Grande-Bretagne n’a pas pris ces propositions au sérieux et a vite abandonné l’idée de débarquer à İskenderun ou à proximité de cette ville » (p. 180). La rigueur de cette affirmation peut déjà se deviner en sachant que M. Akçam, en vingt ans de travail sur la question arménienne, n’a jamais mis les pieds aux archives britanniques ou françaises. Il existe des références très solides sur les bombardements et les opérations ponctuelles de débarquement sur les côtes de Cilicie par des navires de l’Entente, en particulier l’HMS Doris britannique, de décembre 1914 à mars 1915 [23]. Taner Akçam préfère les ignorer.

En se penchant de plus près, les archives nous apprennent que le refus britannique d’aider les insurgés de Zeytun, au début de 1915, était motivé par des raisons tenant à la géographie physique : l’acheminement d’armes depuis la côte jusqu’à une ville de l’intérieur, comme Zeytun, en plein territoire ennemi, était jugé trop compliqué [24]. Quant aux propositions pour un débarquement depuis Chypre, qui aurait été soutenu, non seulement par les guérilleros de Zeytun, mais aussi par d’autres, situés beaucoup plus près du littoral, elles ont été concurrencées (pour des raisons à la fois politiques et militaires, qui seraient trop longues à décrire ici) par le débarquement aux Dardanelles (Çanakkale) [25]. La qualité militaire des insurgés arméniens de la région n’était pas en cause. Plus important encore : vers la fin de l’été 1915, le War Office (ministère de la Guerre britannique) relança l’idée d’un débarquement en Cilicie [26]. À peu près au même moment, avait lieu la révolte arménienne de Musa Dağ [27]. Les projets de débarquement furent minutieusement étudiés par l’armée française au second semestre 1915, et abandonnés pour des raisons compliquées, mais qui ne remettaient nullement en cause l’efficacité militaire des insurgés arméniens [28]. Bref, il est tout simplement faux de prétendre, comme le fait Taner Akçam, que « la Grande-Bretagne n’a pas pris ces propositions au sérieux et a vite abandonné l’idée de débarquer à İskenderun ou à proximité de cette ville. »

7) L’arrivée des Arméniens déplacés dans les provinces arabes

Un des arguments majeurs de Taner Akçam consiste à voir une conséquence génocidaire dans le plafond de 10 % — dit-il — d’Arméniens dans les provinces arabes où ils étaient réinstallés. Pour cela, M. Akçam se livre à un développement assez complexe, consistant, en bref, à prétendre que plus d’un million d’Arméniens auraient été déplacés par l’armée ottomane, et qu’étant donné la population générale des provinces d’arrivée, seule une extermination massive pouvait faire respecter la règle des 10 %. Or, même un partisan de la qualification de « génocide arménien » a fait observer à M. Akçam, bien avant la parution en anglais de The Young Turks’ Crime Against Humanity, que la règle des 10 % ne s’appliquait qu’aux communes préexistantes et pas au niveau des provinces : outre la réinstallation dans des villes et des villages à majorité musulmane, étaient prévues des agglomérations nouvelles, à peuplement uniquement — ou principalement — arménien [29].

Par ailleurs, son estimation de plus d’un million d’Arméniens déplacés par l’armée ottomane vers les provinces arabes est fausse. Il prétend l’appuyer sur les chiffres publiés par le journaliste Murat Bardakçı, sur un livre de Johannes Lepsius et sur le Blue Book d’Arnold Toynbee et Lord Bryce. Passons sur les deux dernières références, qui relèvent de propagande antiturque [30], et qui ne s’appuient sur aucun document ottoman — relevons simplement que Toynbee, dans un sursaut d’honnêteté, en a toujours tenu, en 1916 comme ensuite, pour 600 000 morts parmi les Arméniens ottomans (sur une population qu’il estimait à 1 800 000 en 1914), contrairement à Taner Akçam, lequel s’abstient de souligner ce fait gênant pour lui. Quant aux chiffres de Murat Bardakçı, ils viennent d’un brouillon équivoque, rédigé, non pas par Talat, mais par un secrétaire [31]. Les documents définitifs, conservés aux archives ottomans, donnent un total de moins de 500 000 Arméniens déplacés par l’armée ottomane [32] — au terme, certes, d’un décompte partiel. Il semble que le chiffre de 924 158 corresponde au nombre d’Arméniens présents en 1914 et qui ne vivaient plus chez eux en 1916, et donc que ce total inclue, non seulement les Arméniens réinstallés à l’intérieur même de l’Anatolie (parfois dans les limites de leurs provinces d’origine) mais aussi ceux déplacés par l’armée russe. Or, Boghos Nubar décomptait entre 600 et 700 000 « déportés » (dont environ 300 000 morts) et Richard Hovannisian (dans un de ses livres les plus intéressants) décompte 300 000 Arméniens ottomans déplacés par l’armée russe (dont la moitié n’ont pas survécu) [33]. Il est donc vraisemblable que le nombre d’Arméniens ottomans déplacés en 1915-1916 tourne autour d’un million, mais un bon tiers le furent par les troupes du tzar, et non par les forces ottomanes.

Non content de présenter des calculs tendancieux, M. Akçam fait (pp. 269 et suivantes) comme si le manque de nourriture et de soins étaient généralisés, ce qui est faux. Il occulte les efforts importants de Cemal Paşa, numéro 3 du régime jeune-turc [34] — qui est remarquablement peu cité dans The Young Turks’ Crime Against Humanity —, l’approvisionnement en nourriture par les autorités ottomanes en Anatolie même [35], pour les Arméniens déplacés, ainsi que les déclarations du Comité américain pour l’aide aux Arméniens et aux Assyriens (ACASR), dont les représentants expliquaient, en juin 1916, qu’aux cours des derniers mois, l’aide arrivée des États-Unis étaient distribuée avec beaucoup plus de facilité qu’à l’automne 1915, et qu’en conséquence « la situation, en termes de vies humaines, n’est pas si sombre qu’il y paraît [36] ».

8) Les procès de 1915-1917 et le déni d’évidence

Dans le dernier chapitre son livre, Taner Akçam tente de répondre à certains arguments présentés contre la qualification de « génocide arménien », notamment par les historiens Yusuf Halaçoğlu, Guenter Lewy et Edward Erickson. Je ne prendrai ici qu’un exemple, (d’autres ayant déjà été traités par Erman Şahin) cité plus haut : la répression, par le gouvernement jeune-turc, des agissements criminels à l’encontre d’Arméniens déplacés (à ne pas confondre avec les procès de 1919-1920, durant l’occupation britannique d’İstanbul, qui furent des dénis de justice, à l’encontre de responsables jeunes-turcs).

Dans un style peu académique, Taner Akçam commence par s’en prendre (p. 384) à Kâmuran Gürün, qui s’appuyait, déjà dans les années 1980, sur une liste de personnes condamnées entre octobre 1915 et janvier 1917, à cause de ce qu’elles avaient fait à des Arméniens : la liste décomptait pas moins de 1 397 condamnations. Quels arguments M. Akçam présente-t-il contre ce document ? Aucun.

S’attaquant ensuite à Yusuf Halaçoğlu (pp. 385-387), M. Akçam prétend qu’il n’y eut que quelques cas de procédures, et uniquement pour vols ou corruption. Ce faisant, il se livre à une véritable falsification des arguments de M. Halaçoğlu, qui a utilisé plusieurs documents ottomans parfaitement explicites, montrant que, suite au travail de trois commissions d’enquêtes, formées en septembre 1915, il y eut, rien qu’entre février et mai 1916, soixante-sept condamnations à mort, 524 condamnations à une peine de prison et 68 à d’autres peines (travaux forcés, incarcération avec régime de forteresse…) [37]. M. Akçam ne répond rien là-dessus. Pire : il fait l’impasse sur un article de Yusuf Sarınay, ex-directeur des archives ottomanes, actuellement professeur à l’université TOBB d’Ankara, article paru en turc en 2006 puis en anglais en 2011, qui ajoute une série de précisions par rapport à ce qu’avait écrit M. Halaçoğlu, et s’appuie sur un plus grand nombre de documents. En particulier, M. Sarınay nous apprend que sur les soixante-sept condamnations à mort prononcées entre février et mai 1916, au moins douze étaient motivées par des faits de pillage et par des homicides volontaires (les noms des condamnés sont donnés, documents à l’appui) [38]. Un article du Washington Post, s’appuyant sur les déclarations du ministre de l’Intérieur Talat, indique que cinquante-et-un condamnés avaient déjà été exécutés au début de juin [39]. La très courte liste de condamnés à mort que donne M. Akçam (pp. 395-398) est donc plus qu’incomplète : mensongère par omission.

En développant ci-dessus quelques-unes des violations de l’éthique universitaire commises par Taner Akçam dans son livre The Young Turks’ Crime Against Humanity, je n’ai pas eu d’autre ambition que de donner au lecteur une idée de la méthode employée par cet auteur. Même en y ajoutant les critiques formulées contre lui Erman Şahin et qui ne sont pas reprises ici (sur le témoignage du sous-préfet Nusret Bey, par exemple), le relevé ne serait pas exhaustif. Toutefois, même si le décompte était ainsi complet, il serait suffisant pour interdire à Taner Akçam de recevoir quelque prix que ce soit par une association de chercheurs dignes de ce nom.


[1Notamment : Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, « Rencontres avec l’Islam — Un autodafé pour les orientalistes », Le Monde, 24 octobre 1980 ; Bernard Lewis, « The Question of Orientalism », et « Bernard Lewis Replies », New York Review of Books], 24 juin et 12 août 1982 (le premier de ces deux articles a été traduit en français dans Le Retour de l’Islam, Paris, Gallimard, 1985, ouvrage repris dans le recueil Islam, même éditeur, 2005). Voir aussi Joshua Muravchik, « Enough Said », World Affairs, mars-avril 2013 ; et Maxime Rodinson, La Fascination de l’Islam, Paris, Maspéro, 1980, p. 14.

[2Ferudun Ata, « An Evaluation of the Approach of the Researches Who Advocate Armenian Genocide to the Trials Relocation », dans Mustafa Aydın (dir.), The New Approaches to Turkish-Armenian Relations, İstanbul, Istanbul University Publications, 2008, pp. 551-562 et plus particulièrement p. 560 ; Yücel Güçlü, « Kitap Tanıtmalar », Belleten, LXXI-260, avril 2007, pp. 223-239 ; Erman Şahin, « A Scrutiny of Akçam’s Version of History and the Armenian Genocide », Journal of Muslim Minority Affairs, XXVIII-2, été 2008, pp. 303-319.

[3Erman Şahin, « Review Essay : the Armenian Question », Middle East Policy, XVII-1, printemps 2010, pp. 144-163. Voir aussi la critique de Yusuf Halaçoğlu, en turc et en anglais : http://armenians-1915.blogspot.com/2010/03/3032-halacoglu-is-responding-to-taner.html

[4Maxime Gauin et Pulat Tacar, « State Identity, Continuity, and Responsibility : The Ottoman Empire, the Republic of Turkey and the Armenian Genocide : A Reply to Vahagn Avedian », European Journal of International Law, XXIII-3, août 2012, p. 829.

[5Hikmet Özdemir et Yusuf Sarınay, Turkish-Armenian Conflict Documents, Ankara, TBMM, 2007, p. 235 (ci-après, TACD).

[6Le télégramme est entièrement traduit dans Erman Şahin, « Review Essay… », pp. 154-155 (pp. 161-162 pour le texte en ottoman translittéré).

[7TACD, pp. 161.

[8TACD, pp. 52-59.

[9Halil Menteşe, Osmanlı Mebusan Meclisi Reisi. Halil Menteşe’nin Anıları, İstanbul, Hürriyet Vakfı Yayınları, 1986, pp. 213-216.

[10Entretien à l’Armenian Weekly, 8 mars 2008, http://khatchigmouradian.blogspot.com/2008/03/interview-with-hilmar-kaiser.html ; Hilmar Kaiser « A Deportation that Did Not Occur », The Armenian Weekly, numéro spécial, 26 avril 2008, pp. 17-18 ;

[11Taner Akçam, Türk Ulusual Kimliği ve Ermeni Sorunu, İstanbul, İletișim Yayınları, 2001, p. 119, n. 8 (1re édition, 1992).

[12Maxime Gauin, « Aram Andonian’s ‘Memoirs of Naim Bey’ and the Contemporary Attempts to Defend their ‘Authenticity’ », Review of Armenian Studies, n° 23, 2011, pp. 233-292. Traduction en turc : “Aram Andonyan’ın ‘Naim Bey’in Hatıraları’ ver “Hakikiliğini’ Savunmak için Yapılan Çağdaş Girişimler”, Ermeni Araştırmaları, n° 40, 2011, pp. 133-188.

[13Ahmet Emin Yalman, Turkey in the World War, New Haven-Londres, Yale University Press, 1930, p. 220.

[14Télégramme du consul Barnham, 3 février 1896 (depuis Zeytun), dans Muammer Demirel (éd.), British Documents on Armenians (1896-1918) (ci-après BDA), Ankara, Yeni Türkiye, 2002, pp. 100-101 ; Aghassi, Zeïtoun, depuis les origines jusqu’à l’insurrection de 1895, Paris, Mercure de France, 1897 ; Louise Nalbandian, The Armenian Revolutionary Movement, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, 1963, pp. 67-78.

[15Rapport du consul Fontana (Alep) au chargé d’affaires britannique, 21 octobre 1913, FO 371/1773/ 52128.

[16Yusuf Sarınay (éd.), Osmanlı Belgelerinde Ermeni İsyanları, Ankara, 2008, tome IV, pp. 105-108 et 113-115 ; Kâmuran Gürün, Le Dossier arménien, Paris, Triangle, 1984, pp. 315-316 ; Yusuf Halaçoğlu, Facts on the Relocation of Armenians, Ankara, TTK, 2002, pp. 47-48 et 58-59.

[17Document reproduit dans Arthur Beylerian (éd.), Les Grandes Puissances, l’Empire ottoman et les Arméniens dans les archives françaises (1914-1918), Paris, 1983, p. 7 ; et dans Hasan Dilan (éd.), Les Événements arméniens dans les documents diplomatiques français. 1914-1918, Ankara, TTK, 2005, tome I, p. 49. Une note d’un contenu équivalent fut présentée de lendemain au gouvernement britannique : The National Archives, Kew Gardens-Londres, FO 371/2484/22083.

[18FO 371/2484/22083/46942.

[19Gwynne Dyer, « Correspondence », Middle Eastern Studies, IX-3, 1973, pp. 383-384.

[20Armenian Activities in the Archive Documents, Ankara, ATASE, tome I, 2005, pp. 71-73.

[21Yücel Güçlü, The Holocaust and the Armenian Case in Comparative Perspective, Lanham-Boulder-New York-Toronto-Plymouth, University Press of America, 2012, pp. 23 et 56, n. 20.

[22Dépêche du ministre de France en Égypte au ministre des Affaires étrangères, 21 novembre 1914 (transmettant les propositions de Boghos Nubar), EADDF, tome I, p. 246 ; télégrammes du ministre britannique à Sofia, 3 et 6 mars 1915, mémorandum du Comité national de défense arménienne en Amérique, 8 avril 1915, BDA, pp. 667-671 ; dépêche du ministre de France à Sofia, 3 mars 1915, Les Grandes puissances…, pp. 12-13 ; Charles Dumesnil, Souvenirs de guerre d’un vieux croiseur (1914-1915) , Paris, Plon-Nourrit, 1922, pp. 108-109.

[23Edward J. Erickson, « Captain Larkin and the Turks. The Strategic Impact of the HMS Doris in Early 1915 », Middle Eastern Studies, XLVI-1, janvier 2010, pp. 151-162 ; État-major de l’armée, service historique, Les Armées françaises dans la Grande guerre, tome IX, 1er volume, Paris, Imprimerie nationale, 1936, p. 12 ; Yücel Güçlü, Armenians and the Allies in Cilicia (1914-1923), Salt Lake City, University of Utah Press, 2010, pp. 54-64 ; Stanford Jay Shaw, The Ottoman Empire in World War I, Ankara, TTK, 2008, tome II, pp. 878-881.

[24Lettre du Foreign Office à l’Army Council, 1er mars 1915, FO 371/2484/2283.

[25Lettre du ministre des Affaires étrangères au ministre de la Guerre, 28 avril 1915, Service historique de la défense, 7 N 2150 ; Note confidentielle complémentaire sur les questions soulevées par le forcement des Dardanelles, 5 mars 1915, EADDF, tome I, pp. 71-74 ; réponse du ministère français des Affaires étrangères à l’ambassadeur à Pétrograd, 25 mars 1915, communiquée au Foreign Office, FO 371/2484/35291 ; Christopher M. Bell, Churchill and Sea Power, Oxford-New York, Oxford University Press, 2013, pp. 59-75.

[26Communication du lieutenant de Saint-Quentin au ministère de la Guerre, 22 septembre 1915, Service historique de la défense (SHD), Vincennes, 7 N 2150 ; Yücel Güçlü, Armenians and the…, pp. 91-93.

[27Edward J. Erickson, « Bayonets on Musa Dagh », The Journal of Strategic Studies, XXVIII-3, juin 2005, pp. 529-548.

[28Nombreux documents à ce sujet dans SHD, 16 N 3198.

[29Fuat Dündar, « Taner Akçam’ın Son Kitabı Vesilesiyle %10 Katliam Sorunu : Ermeni Meselesi Hallolunmuş mudur ? », Toplumsal Tarih, juin 2008, pp. 181-183.

[30Justin McCarthy, “Wellington House and the Turks”, dans The Turks, Ankara, Yeni Türkiye, 2002, tome V, pp. 457-467 ; James Morgan Read, Atrocity Propaganda. 1914-1919, New Haven-Londres, Yale University Press/Oxford University Press, 1941, p. 221 ; Frank G. Weber, Eagles on the Crescent. Germany, Austria and the Diplomacy of the Turkish Alliance. 1914-1918, Ithaca (NY)-Londres, Cornell University Press, 1970, pp. 151 et 216.

[31Kemal Çiçek, “Talat Paşa’nın Evrak-ı Metrukesi : Belgeli, Yorumsuz Bir Kitabın Düşündürdükleri”, Uluslararası Hukuk ve Politika/Review of International Law & Politics, VI-22, 2010, pp. 153-162 ; Michael M. Gunter, Armenian History and the Question of Genocide, New York-Londres, Palgrave MacMillan, 2011, p. 114, pp. 55-56.

[32Yusuf Halaçoğlu, Facts on the Relocation of Armenians (1914-1918), Ankara, TTK, 2002, pp. 101-104.

[33Richard G. Hovannisian, Armenia on the Road to Independence, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, 1967, p. 67.

[34Sur ces efforts : Yücel Güçlü, The Holocaust and the…, pp. 68-79 ; Hilmar Kaiser, « Regional Resistance to Central Government Policies : Ahmed Djemal Pasha, the Governors of Aleppo and Armenian Deportees in the Spring and Summer of 1915 », Journal of Genocide Research, XII-3/4, 2010, pp. 173-218 ; Guenter Lewy, The Armenian Massacres in Ottoman Turkey, Salt Lake City, University of Utah Press, 2005, pp. 196-198 et 218-220 ; Hikmet Özdemir, Cemal Paşa ve Ermeniler Göçmenler, İstanbul, Remzi Kitabevi, 2009.

[35Entre autres : instructions transmises à la préfecture de Bursa, 28 mai 1915, dans Salâhi R. Sonyel (éd.), Le Déplacement des Arméniens : documents, Ankara, 1978, p. 9 ; télégramme du ministère de l’Intérieur à la préfecture de Konya, 29 mai 1915 ; règlements des 30 mai et 7 octobre 1915 ; télégramme de Talat au préfet d’Alep, 13 septembre 1915 ; à 19 préfets, 30 avril 1916, avec copie pour Enver ; au préfet de Samsun, 12 novembre 1916, TACD, pp. 71, 80-81, 263, 311-315, 443 et 481 ; Henry Riggs, Days of Tragedy in Armenia, Ann Harbord, Gomidas Institute, 1997, p. 158 (écrit en 1918).

[36Relief of Armenians. Hearings before the Committee on Foreing Affairs, Washinton, Government Printing Office, 1916, pp. 12-13.

[37Yusuf Halaçoğlu, The Story of 1915. What Happened to the Ottoman Armenians ?, Ankara, TTK, 2008, pp. 82-87 (version originale : Ermeni Tehciri, İstanbul, 2006).

[38Yusuf Sarınay, « The Relocation (tehcir) of Armenians and the Trials of 1915-16 », Middle East Critique, XX-3, automne 2011, pp. 299-315, http://www.scribd.com/fullscreen/93159908?access_key=key-1rc80q8km8056bwtfov6 Version originale : “Ermeni Tehciri ve Yargılamalar 1915-1916”, dans Hale Şıvgın (dir.), Türk-Ermeni İlişkilerinin Gelişimi ve 1915 Olayları Uluslararası Sempozyumu Bildirileri, Ankara, 2006, pp. 257-265.

[39« Turks Avenge Armenians — Fifty-one Muslim Soldiers are Shot for Mistreating Christians », The Washington Post, 4 juin 1916, p. A2.

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