Turquie/Arménie/États-Unis/France
« Je montrerai l’exemple »
27 janvier 1973 : le retour du terrorisme arménien
« Jamais le meurtre ne sera à mes yeux un objet d’admiration et un argument de liberté ; je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu’un terroriste. »
François-René de Chateaudriand, Mémoires d’outre-tombe.
Il y a trente-huit ans, était perpétré le crime inaugural marquant le retour du terrorisme arménien, à la fin du XXe siècle : l’assassinat, par Gourgen Yanikian, de Mehmet Baydar, consul général de Turquie à Los Angeles, et de son adjoint Bahadır Demir.
Les racines du crime
Il ne saurait être question ici de retracer, de manière détaillée, l’histoire du terrorisme arménien ; un épais volume ne suffirait pas à épuiser le sujet. Toutefois, le double assassinat du 27 janvier 1973 ne se comprend guère sans l’arrière-plan historique, d’autant que le criminel, âgé de 77 ans au moment des faits, avait participé, même si ce fut de façon modeste, à certains évènements historiques importants.
Un terrorisme sans frontières et sans limites (1878-1916)
La violence nationaliste arménienne commence en 1862 par la révolte de Zeytun [1], mais elle ne devient terroriste (utilisation de l’assassinat, de la violence en général, pour impressionner l’opinion publique, faire peur) qu’en 1878, avec la fondation de la Société de la Croix noire, à Van, dans l’est de la Turquie. Ce groupe s’appelle ainsi parce qu’il pratique systématiquement l’assassinat contre les « traîtres », la personne assassinée étant marquée d’une croix noire, pour qu’il n’y ait aucun doute sur l’identité des assassins [2].
En 1885, un parti révolutionnaire, l’Armenakan, est fondé à Van et à Marseille, mais il utilise peu le terrorisme. Le Hintchak, fondé en 1887 par des extrémistes mêlant le marxisme et l’ultranationalisme, pratique beaucoup plus volontiers la terreur et l’inclut même dans son programme [3]. La Société de la Croix noire fusionne en 1890 avec divers groupes, implantés en Russie comme dans l’Empire ottoman, pour former la Fédération révolutionnaire arménienne-Dachnaktsoutioune (FRA). La pratique d’apposer une croix noire sur les victimes est maintenue.
Le Hintchak et la FRA sèment la terreur de trois manières :
— En tuant, de la façon la plus sadique et la plus outrageante possible, des civils turcs et kurdes, avec une nette préférence pour les femmes et les enfants, et cela dans le but (parfois atteint, parfois non) de susciter des représailles tout aussi sanglantes des proches des victimes [4]. Une variante fut la tentative d’assassinat contre le sultan Abdülhamid II (photo), en 1904 [5]
— En exterminant méthodiquement les notables arméniens fidèles à l’Empire ottoman, par exemple le chef de la police de Bitlis, abattu en 1898, et le maire de Van, Bedros Kapamaciyan (photo), assassiné le 12 décembre 1912 ; ou qui sont tout simplement hostiles aux méthodes révolutionnaires (notamment l’abbé d’Akdamar, Arsen Vartabed, tué et mis en pièces en 1904, et dont les restes furent jetés dans le lac de Van) et qui ne veulent pas donner d’argent à la FRA (comme le millionnaire Isaha Jamharian, assassiné à Moscou en 1902, ou le commerçant H. Tavshanjian, dont l’assassin, Bedros Hampartzoomian, a fini sur la chaise électrique de Sing Sing, à New York, en 1909) [6] ;
— En assassinant diverses personnalités turques (ou plus rarement russes) [7], soit en raisons des fonctions qu’elles exercent, soit par pur racisme, ce qui est notamment le cas pour le meurtre d’« Harry le Turk », homme d’affaires vivant aux États-Unis, et tué dans ce pays en 1896 [8].
Dès l’été 1914, les partis révolutionnaires croient leur heure arrivée, se mettent sans réserve au service de la Russie, et de façon plus symbolique de la France et du Royaume-Uni. Attentats (à Istanbul inclus, encore en 1916), insurrections, recrutements de volontaires [9], massacres de civils turcs, kurdes et juifs [10] se succèdent, alors que leurs organisateurs savent « parfaitement » qu’une telle trahison armée en pleine guerre ne peut qu’avoir des conséquences funestes sur la population arménienne ottomane [11].
Citoyen ottoman, Gourgen Yanikian, le futur assassin des deux consuls à Los Angeles, trahit dès 1914 et s’engage comme volontaire dans l’armée russe. Il est alors âgé de dix-neuf ans. Son parcours est peu connu, mais les unités de volontaires arméniens de l’armée russe sont célèbres pour leur cruauté contre les civils musulmans, cruauté partiellement reconnue par des officiers russes [12].
Fuite en avant (1918-1933)
L’effondrement de la Russie (1917) puis de l’éphémère République d’Arménie, créée en 1918, battue par les kémalistes dès l’automne 1920, ne met pas fin au terrorisme. Ne supportant pas la contradiction, la FRA fait assassiner, en 1918, Hampartzoum Arakelian, journaliste septuagénaire qui détestait leurs méthodes, et même le ministre du gouvernement arménien Kartchikian (Garjigian), accusé à tort de trahison, et peut-être bien coupable avant tout d’être indépendant d’esprit [13].
Fin 1920, la FRA crée un groupe terroriste spécialement chargé d’assassiner d’anciens dirigeants ottomans, ainsi que Mustafa Kemal (futur Atatürk). C’est l’opération « Némésis ». Kemal en réchappe, mais sont assassinés, notamment : Talat Pacha, ancien ministre de l’Intérieur (1913-1917) et chef du gouvernement (1917-1918), qui avait ordonné les mesures les plus sévères (jusqu’à la peine de mort) contre ceux qui profitèrent du déplacement forcé d’Arméniens pour détrousser, violer ou assassiner certaines de ces personnes déplacées ; Saïd Halim Pacha, ancien chef du gouvernement (1913-1917), qui avait obtenu un non-lieu du procureur britannique à Malte, après deux ans d’enquête approfondie (comme tous les autres dignitaires ottomans internés à Malte) ; Djémal Pacha, surnommé « le pacha de l’Arménie » par les Arméniens déplacés dont il avait eu la charge, en raison de son efficace politique protectrice ; peut-être aussi Enver Pacha, ancien ministre des Armées (1913-1918) [14]. De façon significative, S. Tehlirian (1897-1960 ; photo), l’assassin de Talat, tue aussi, à Istanbul, en mars 1920, Haroutioun Meguerditchian, Arménien fidèle à l’Empire ottoman, qui avait établi la liste de 235 suspects arrêtés le 24 avril 1915 [15].
Considérant sans doute qu’elle n’a pas encore fait couler assez de sang, la FRA assassine, ou tente d’assassiner, plusieurs Arméniens de la diaspora qui s’opposent à son hégémonie, l’affaire la plus connue étant le meurtre de l’archevêque Léon Tourian, poignardé à New York le 24 décembre 1933, pendant qu’il servait la messe ; le crime avait été précédé d’une véritable campagne d’appel (à peine implicite) à l’assassinat, notamment par le journal dachnak Haïrenik. Les deux assassins sont condamnés à mort (peine commuée en prison à vie par le gouverneur de New York), leurs complices à des peines allant de dix à vingt ans de prison [16]. Kemal Atatürk est l’objet de plusieurs tentatives d’assassinats, dans les années 1920, par la FRA ; les terroristes sont arrêtés, condamnés à mort et pendus [17].
La FRA est discréditée par l’assassinat de Tourian, et par l’alliance avec le Troisième Reich [18] ; les autres grandes organisations arméniennes (hors de Turquie) sont discréditées, elles, par leur ardent soutien à Staline, notamment en 1945-1948 [19].
Vers le retour de la violence (1965-1972)
Au début du printemps 1965, commence la première grande campagne sur le « génocide arménien ». Non contents d’utiliser une qualification inappropriée (tout le monde peut se tromper), les principaux organisateurs de cette campagne, en Arménie soviétique comme en diaspora, affichent d’emblée des intentions très agressives : la « reconnaissance » du « génocide » n’a de sens que si elle est la première étape vers la conquête d’un quart du territoire turc, notamment les régions de Kars, Trabzon, Van, Bitlis et Erzurum, ce qui implique tout simplement une guerre sans merci, et une vaste purification ethnique ; refaire, mais cette fois en réussissant, ce qui avait été tenté en 1914-1918. Le monument sur le « génocide » construit à Erevan en 1967 comporte douze pierres, représentant — ce sont les responsables qui le disent — les douze provinces à annexer. Soit dit en passant, le monument de Marseille, inauguré en 2006, est bâti sur ce modèle.
Sans surprise, l’accusation de génocide s’accompagne d’un racisme antiturc peu ou pas dissimulé. Haigazn K. Kazarian, vétéran du nationalisme, publie en 1968, à Beyrouth, en arménien, un livre intitulé Le Turc génocidaire (pas moins). Partiellement traduit en anglais dans les années 1970, sous la forme d’articles dans l’Armenian Review (revue intellectuelle de la FRA aux États-Unis, ce livre est très largement utilisé, ensuite, par des auteurs tels que V. N. Dadrian et Yves Ternon.
Dès 1965-1968, se forment des groupes arméniens réclamant le retour au terrorisme [20]. En 1971, une tendance dure de la FRA crée, au Liban, un groupe qui échappe bien vite au contrôle du parti, et devient l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA). En réaction, le XXe congrès de la FRA décide de créer son propre groupe terroriste, les « Commandos des justiciers du génocide arménien » (plus tard appelés « Armée révolutionnaire arménienne »), directement subordonnés au Bureau mondial du parti [21].
La violence commence à bouillonner, en ce début des années 1970, tout particulièrement en Californie, où se trouve la plus importante communauté arménienne du monde occidental. Le 24 avril 1972, une bande de voyous arméniens dévisse puis détruit la plaque du consulat de Turquie à Los Angeles et prend à partie le consul. Au cours de l’année universitaire 1972-1973, des étudiants arméno et gréco-américains perturbent les cours de Stanford J. Shaw, professeur d’histoire turque à l’université de Californie-Los Angeles, juif et marié à une Turque — mais qui n’a encore rien publié, à l’époque sur la question arménienne. Le 29 octobre 1972, toujours en Californie, un spectacle de danse turque est annulé, des Arméniens ayant menacé de faire sauter la salle ; le 4 novembre, une réunion du club Turco-Américain au Belair Hotel de Los Angeles est attaqué par une bande de fanatiques arméniens [22].
L’embuscade
Un vieil homme observe tout cela depuis sa retraite. Né en décembre 1895, Gourgen Yanikian est, on l’a vu plus haut, d’origine ottomane ; il a trahi l’Empire ottoman en s’engageant dans l’armée russe. Il a ensuite vécu en Russie et en Iran, avant de s’installer aux États-Unis, en 1946, d’abord à New York, puis en Californie. Il y publie quelques livres, à compte d’auteur, qui ne rencontrent pas un grand succès ; il tente, en vain, d’obtenir les 1,5 millions de dollars que lui doit, selon lui, l’Iran [23].
Comme tant d’autres terroristes, Yanikian est un raté : sans enfant, sans activité enthousiasmante, il vit dans un appartement « minable [24] ». Il s’aigrit, et décide, en avril 1972, de « faire quelque chose » : assassiner le consul général de Turquie à Los Angeles, avec son adjoint si possible. Il commence par rédiger un « manifeste » de 119 pages sur le « génocide arménien ». Cela terminé, en août 1972, il commence une correspondance avec Mehmet Baydar. Lâche et hypocrite, Gourgen Yanikian prétend être un Iranien du nom de Gourg Yaniki. Il dit posséder une peinture italienne qui avait appartenu à l’Empire ottoman ; il souhaiterait l’offrir à la République de Turquie. En octobre 1972, il rencontre Bahadır Demir, l’adjoint de Mehmet Baydar, et lui montre une photographie représentant cette peinture. En décembre, rendez-vous est pris dans un hôtel de Santa Barbara. Les diplomates turcs en poste aux États-Unis commencent à prendre des précautions : le consul à Chicago a demandé la permission de posséder une arme ; Mehmet Baydar a demandé la protection de la police californienne, pour une réception qui doit avoir lieu juste après le rendez-vous avec Yanikian. Mais la fourberie du criminel joue parfaitement : aucun des deux consuls ne se méfie [25].
Yanikian ouvre à ses deux hôtes. Le dîner commence. Yanikian oriente la conversation vers l’histoire de la Turquie, puis vers la Première Guerre mondiale. Quand le sujet le plus sensible est abordé, Yanikian révèle qu’il est arménien, dit : « Je vais vous tuer », et prend le Lüger dissimulé dans un livre. Mehmet Baydar jette sa chaise sur le criminel, mais n’arrive pas à le désarmer. Yanikian tire neuf fois avec son Lüger, puis deux fois avec un Browning. Mehmet Baydar est tué ; Bahadır Demir meurt à l’hôpital, d’hémorragie, après plusieurs heures d’agonie, laissant une veuve enceinte de leur fils. Aux clients alertés par les coups de feu et les râles, Yanikian dit : « Appelez la police ; je viens de tuer deux hommes dans ma chambre [26]. »
Avec un courage et une persévérance remarquables, le procureur David D. Minier, approuvé par le président du tribunal John Westwick, s’oppose à ce que le tribunal devienne une tribune politique. Les accusations de « génocide » n’ont pas à être débattues ; le tribunal est là pour juger un double assassinat à motivation raciste, rien d’autre [27]. Le 2 juillet 1973, Gourgen Yanikian est condamné à perpétuité pour assassinats, la cour ayant validé le raisonnement du procureur. Le 22 mai 1974, la cour d’appel confirme le verdict.
Pendant son procès, Yanikian insiste, de façon systématique : « Je n’ai tué personne. J’ai seulement détruit deux diables » (sic). Il demande donc à ses avocats de plaider non coupable. Cette déshumanisation de la victime — le Turc par, définition, se trouve exclu de l’humanité — est un exemple, parmi tant d’autres, du très violent racisme antiturc qui caractérise, depuis l’origine le nationalisme arménien, qui s’y double fréquemment d’un antisémitisme non moins violent [28]. En 1918, Avetoun Pesak Hacobian, dans un ouvrage largement diffusé en Amérique du nord comme au Royaume-Uni affirme que « le massacre, l’outrage et la dévastation ont toujours plu au Turc [29] ». Mikael Varandian, idéologue de la Fédération révolutionnaire arménienne des années 1900 à sa mort, en 1934, est encore plus virulent :
« Le contraste est absolu entre l’élément arménien et son milieu ethnographique. Un petit fragment de race indo-européenne, placé entre des peuplades primitives et nomades appartenant à la race touranienne et professant une religion toute différente.
De là la grande tragédie de l’histoire arménienne. Les envahisseurs turcs, seldjoukides, mongols, osmanlis, se sont successivement établis
sur le sol arménien, en hordes guerrières, qui ne savaient manier que l’épée et le cheval ; ils ont campé durant des siècles en Arménie, comme des corps étrangers, incapables de produire, d’assimiler
et de gouverner, uniquement forts dans l’art de consommer, d’asservir et de détruire.
Le plus frappant exemple de cette mentalité de toute une race nous est donné par les Turcs ottomans, qui furent maîtres de la plus grande
partie de l’Arménie pendant six siècles [30]. »
J’arrête à cet endroit, mais il y a des pages entières de ce goût-là, rien que chez Varandian.
D’une façon significative, Gourgen Yanikian s’appuie beaucoup, dans son « manifeste » rédigé avant l’attentat comme lors de son procès sur les Mémoires de l’ambassadeur Morgenthau (Ambassador Morgenthau’s Story), qui ont en fait été écrits, en très grande partie, par le publiciste Burton Jesse Hendrick et des collaborateurs arméniens d’Henry Morgenthau — et dont la critique historique, entamée dès les années 1920, a été dévastatrice, démontrant les affabulations récurrentes de Morgenthau et ses nègres [31]. Ce livre regorge de propos racistes. Le chapitre XXII est entièrement consacré à la « démonstration » que les Turcs sont une race inférieure, naturellement portée au crime.
Bien avant l’assassinat perpétré par Yanikian, la conséquence logique de telles idées racistes était le crime, doublé de l’apologie de crime. Le lieutenant-colonel Twerbokhleboff, officier de l’armée russe, rapporte, entre autres horreurs, ces faits, particulièrement significatifs (passages soulignés par moi) :
« Le lieutenant colonel Griazriof revenu d’Ilidja le 26 février, trois semaines après les massacres, raconta avoir rencontré sur les routes conduisant aux villages un grand nombre de cadavres mutilés, sur lesquels, chaque passant arménien blasphémait et crachait. Dans la cour de la mosquée, large de 12 à 15 sagènes [25 à 30 mètres], on avait entassé des cadavres jusqu’à une hauteur de deux archines [1,4 mètres]. II y avait dans le tas des vieillards, des enfants, des hommes et des femmes de tout âge. Les cadavres des femmes portaient sur elles des signes manifestes de viol, et on avait introduit dans les organes génitaux de plusieurs d’entre elles dcs cartouches de fusil. Le lieutenant-colonel Griaznof fit venir dans cette cour quelques-unes des jeunes Arméniennes qui servaient de téléphonistes dans les rangs arméniens et, en guise de reproches, leur dit, en leur montrant
les cadavres, de se glorifier des exploits de leurs conationaux. Il croyait les toucher par ces paroles.
Quel ne fut pas son étonnement et son dégoût lorsqu’il vit au contraire ces jeunes filles rire de joie à ce spectacle [32] ! »
Il serait fort intéressant de savoir dans quelle unité Yanikian a combattu pendant la Première Guerre mondiale, où exactement cette unité a sévi, et si les officiers russes qui l’encadraient ont écrit des rapports de ce genre à son sujet.
Gourgen Yanikian, « héros du peuple arménien »
Quoi qu’il en soit, le crime de Yanikian soulève très vite un vif enthousiasme dans la communauté arméno-américaine. Bien entendu, certains Arméno-Américains déplorent l’assassinat, quelques autres le condamnent ; toutefois, ce ne sont que des individus isolés, à l’exception d’Edward Tashji (1932-2005 ; photo), qui est certes cadre d’une fédération d’associations, mais celle-ci est... turco-américaine (Federation of Turkish American Associations) [33]. Selon un auteur fort peu suspect d’animosité pour les Arméniens (il est lui-même d’ascendance arménienne), écrivant en 1982 dans une revue pleine de complaisance pour le nationalisme arménien, « L’écrasante majorité des Arméniens approuvent en janvier 1973 l’attentat perpétré en Californie [34] »
Peu après l’arrestation de Gourgen Yanikian, se crée un comité de soutien appelé les « Amis américains des martyrs arméniens » (textuel). Certains des fondateurs sont à l’origine de la construction du premier monument dédié au prétendu « génocide arménien » sur le territoire des États-Unis, inauguré à Montebello dès 1965 [35]. L’Armenian Mirror-Spectator (organe du parti Ramkavar) ouvre généreusement ses colonnes au comité de soutien, notamment dans l’édition du 24 mars 1973. Dans son édition du 24 avril 1973, Asbarez, journal publié par la FRA en Californie, appelle à la « guerre » contre les Turcs, une référence assez claire dans le contexte du procès Yanikian, d’autant que le même numéro publie aussi un appel aux dons, lancé par le comité de soutien. Asbarez est encore plus explicite dans son édition du 1er mai, qui appelle à s’inspirer des méthodes de la Ligue de défense juive, groupuscule interdit aux États-Unis pour usage du terrorisme, puis en Israël pour incitation à la haine et à la violence raciale. Deux semaines plus tard, Asbarez publie un nouvel appel aux dons pour la défense de Yanikian.
Au total, le comité collecte 50 000 dollars, provenant largement de petits dons (une dizaine de dollars). Mais Yanikian, pour des raisons difficiles à expliquer, demande que l’argent soit retourné aux donateurs [36]
Lors du procès, une foule d’Arméno-Américains se presse dans la salle d’audience pour célébrer le « héros ». Les Turco-Américains et leurs conjoints non-turcs sont bousculés et invectivés ; des bus remplis d’enfants arméno-américains de sept à treize ans sont affrétés, depuis Los Angeles vers Santa Barbara, pour montrer en exemple l’assassin Yanikian, héros dès lors qu’il a tué deux Turcs [37]. Néanmoins, avec un courage dont certains, à Paris et à Aix-en-Provence, auraient bien fait de s’inspirer, le président de la cour d’assises impose le silence au moment du verdict, indiquant que toute personne qui hurlerait ou menacerait serait aussitôt inculpée pour outrage à magistrat.
Le 31 janvier 1984, Gourgen Yanikian bénéfice d’une grâce médicale, accordée par le gouverneur de Californie, George Deukmedjian — qui n’a aucun lien avec les organisations nationalistes, mais reçoit de très fortes pressions communautaires. Le terroriste meurt trois semaines et demie plus tard, d’un arrêt cardiaque. Tout au long de ses onze ans d’incarcérations, Yanikian reçoit des lettres de félicitation et des cadeaux [38].
Dans sa nécrologie, l’Armenian Reporter (8 mars 1984, p. 1), indépendant des partis, et qui est probablement le journal arméno-américain le moins extrémiste, écrit que Yanikian « ouvrit une nouvelle ère du combat politique » et « changea le cours de l’histoire arménienne ». La position de l’Armenian Reporter est particulièrement éclairante. Après la boucherie de l’aéroport d’Ankara (9 touristes tués, dont un Américain et un Allemand, plus de soixante-dix blessés) et le démantèlement des cellules terroristes par le FBI aux États-Unis (automne 1982), le journal est tout à fait d’accord pour critiquer les attentats, y compris les assassinats de diplomates turcs, et même l’hystérie pro-terroriste de la FRA étasunienne ; mais sûrement pas pour rejeter le terrorisme en tant que tel. L’Armenian Reporter ne regrette pas d’avoir publié de véritables appels au meurtre [39], et récidive encore le 6 juin 1985, avec l’entretien de Patrick Devedjian, qui fait l’apologie du crime, et espère que le terrorisme continuera [40]
« Je montrerai l’exemple »
Dès qu’il prend la décision de devenir un assassin, Gourgen Yanikian se dit : « Je montrerai l’exemple. » Dans son esprit, le double assassinat de Santa Barbara n’est qu’une première étape ; le terrorisme doit se systématiser. Il est assez vite suivi. Dès le 4 avril 1973, la première bombe de l’ASALA (qui ne s’appelle pas encore ainsi) explose à Paris, sans faire de victimes ; le 26 octobre, la police de New York désamorce un autre engin explosif. Le sang recommence à couler à partir d’octobre 1975, avec l’assassinat, par les « Commandos des justiciers du génocide arménien » (CJGA, plus tard appelés Armée révolutionnaire arménienne, ARA), la branche terroriste de la FRA, de l’ambassadeur de Turquie à Vienne, Daniş Tunalıgil, puis de l’ambassadeur à Paris, Ismail Erez, et de son chauffeur, Talip Yener. L’ASALA tue à partir du 16 février 1976, date de l’assassinat d’Oktar Cirit, premier secrétaire de l’ambassade turque à Beyrouth. Au total, plus de soixante-dix morts (dont une trentaine de diplomates turcs, membres de leur famille, agents de sécurité, chauffeurs), plus de cinq cents blessés, dont certains deviennent infirmes à vie.
Contrairement à une légende tenace, la majorité des diplomates turcs ne sont pas assassinés par l’ASALA mais par les CJGA/ARA. Une autre légende — entretenue par les principaux intéressés eux-mêmes — veut que les CJGA/ARA se limitent aux attentats contre des cibles diplomatiques turques. Tout au contraire, ce sont les CJGA/ARA qui commettent le premier attentat aveugle du terrorisme arménien de cette période : la double explosion à l’aéroport Yesilköy et à la gare Sirkeci d’Istanbul, le 29 mai 1977 [41]. Ce n’est pas l’attentat d’Orly du 15 juillet 1983 qui dissuade les CJGA/ARA de continuer, même des tentatives d’attentats aveugles : le 3 septembre 1984, deux terroristes de l’ARA sont tués par leur propre bombe, mal manipulée, dans le parc de stationnement du palais de Topkapı, à Istanbul.
Il est vain de tracer une limite claire entre le terrorisme « ciblé » et « aveugle ». Dans la reconstruction mémorielle de certains vétérans du terrorisme arménien, cette tentative n’est pas seulement vaine, mais aussi empreinte d’un racisme à peine implicite : tuer des Turcs c’est bien ; tuer des Français, par exemple, ce n’est pas bien. En fait, le terrorisme arménien tue par goût de tuer, et peu lui importe, en général, les nationalités. Les CJGA/ARA et leurs défenseurs vipérins écrivant dans Haïastan ou l’Armenian Weekly n’ont jamais présenté un mot d’excuses pour la mort d’Antonio Torres, chauffeur espagnol de l’ambassade de Turquie à Madrid, de Slobodan Brajevic, policier yougoslave, de Claude Brunelle, agent de sécurité canadien qui sacrifia sa vie en défendant l’ambassade de Turquie à Ottawa. Les criminels qui ont tué ces personnes sont des héros pour la FRA, sans l’ombre d’une nuance, sans le début d’un regret. Vicken Hovsepian, empêché d’extrême justesse par le FBI de devenir le précurseur d’Oussama Ben Laden en matière de terrorisme aveugle [42], est aujourd’hui membre du bureau mondial de la FRA.
De même, la prétendue condamnation de l’attentat d’Orly par Jean-Marc Ara Toranian et ses ex-collaborateurs du journal Hay Baykar se trouve contredite par leurs propres déclarations des années 1980. Voici, en particulier, ce que dit l’éditorial d’Hay Baykar, daté du 11 mars 1985, commentant le verdict de l’attentat d’Orly :
« Un militant arménien [Varoujan Garbidjian] vient d’être condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Ainsi la montée de la répression anti-arménienne que nous dénonçons inlassablement depuis des mois aura atteint, le dimanche 3 mars, à 3 heures du matin, son point culminant.
[…]
Ce scénario s’est reproduit avec Soner Nayir, lui aussi désigné à la vindicte publique au moment de son arrestation comme l’auteur de l’attentat d’Orly [Et finalement condamné à quinze ans de prison pour complicité dans cet attentat.]. […]
Quant à Ohannès Semerci, simple porteur de valise, il aura lui aussi été sacrifié au nom à la fois que de la responsabilité collective, de la psychose antiterroriste gagnant actuellement le pays et sur l’autel du rapprochement franco-turc.
Ces trois condamnations constituent un nouveau coup porté à la cause arménienne. »
Ce qui est vitupéré, ce n’est pas l’attentat, c’est bien le verdict. C’est assez logique : dans l’édition du 24 novembre 1982, soit après l’attentat aveugle de l’aéroport d’Ankara (chaudement approuvé par Hay Baykar), était publié un article intitulé « Notre lutte et l’opinion publique » (p. 4). En substance, l’auteur recommande de ne pas se limiter aux assassinats de diplomates, et ne pas se soucier de l’opinion publique internationale. Les auteurs de l’attentat d’Orly n’ont fait que le prendre au mot.
M. Toranian considère comme un « honneur » d’avoir dirigé Hay Baykar. Le fait que M. Toranian ait présidé le Conseil de coordination des associations arméniennes de France de 2003 à 2007, et qu’il en soit co-président depuis juin 2010, se passe sans doute de commentaires.
L’attentat d’Orly est une conséquence logique du double assassinat commis par Gourgen Yanikian, et des idées racistes, violentes, qui sont à l’origine du terrorisme arménien. Ayant lu des centaines de pages sur le sujet, je n’ai jamais vu, ne serait-ce qu’une allusion, à une quelconque déclaration de Yanikian désapprouvant l’attentat d’Orly.
Toutefois, l’imitation la plus évidente, la plus directe, de Gourgen Yanikian est l’assassinat du successeur de Mehmet Baydar, Kemal Arıkan, par deux terroristes des CJGA, Hampig « Harry » Sassounian et un autre, inconnu jusqu’à ce jour. Hampig Sassounian « n’était pas le petit-fils de Yanikian par le sang, mais son héritier spirituel [43]. » Hampig Sassounian et son complice assassinent Kemal Arıkan le 28 janvier 1982, un jour après l’anniversaire du double assassinat de Santa Barbara. Arrêté le lendemain du crime, condamné à perpétuité en 1984, Hampig Sassounian est un véritable point de fixation pour son parti, la FRA, non seulement aux États-Unis, mais aussi en France. 250 000 dollars sont promptement collectés après son arrestation [44], et encore plus de 70 000, vingt ans après [45], pour obtenir une légère atténuation de sa peine (la possibilité de demander une libération conditionnelle après vingt-cinq ans de détention ; mais les deux demandes sont rejetées, en 2006 et 2010, comme la demande de grâce auprès du gouverneur Deukmejian, en 1990).
Sur les deux rives de l’Atlantique, l’assassin Sassounian est représenté comme un héros, un exemple, un martyr [46].
Comme Gourgen Yanikian, Hampig Sassounian est un criminel animé par le racisme, un racisme inculqué depuis l’enfance. Selon la propre déclaration d’un des frères du terroristes, dans la famille Sassounian, les Turcs sont considérés comme des animaux, et non comme des humains. L’un des autres frères, Harout, est l’auteur d’une tentative d’assassinat, le 6 octobre 1980, contre... Kemal Arıkan, ce qui lui a valu d’être condamné à six ans de prison. Dans sa première déclaration publique sur l’assassinat de Kemal Arıkan, le père des terroristes commence par dire : « Je suis heureux qu’un Turc ait été tué. »
Symboliquement, Gourgen Yanikian meurt le 26 février 1984, quelques semaines après que Hampig Sassounian eut été jugé coupable d’assassinat motivé par la nationalité de la victime.
Mais une autre comparaison vient à l’esprit. À quelques mois près, Kemal Arıkan est mort au même âge que Hrant Dink, rédacteur en chef d’Agos assassiné à Istanbul. L’un comme l’autre ont été assassinés par un jeune fanatique, qui n’avait pas vingt ans au moment des faits. L’un comme l’autre étaient mariés et avaient des enfants. Mais si Hampig Sassounian a suscité l’appui inconditionnel de la FRA, au sein de laquelle ce fut une véritable émulation dans le soutien à l’assassin, aux États-Unis mais dans bien d’autres pays, par contre l’assassinat de Hrant Dink a suscité une réprobation unanime en Turquie, y compris dans la droite nationaliste (MHP). Hrant Dink, rédacteur en chef d’un hebdomadaire tirant à quelques milliers d’exemplaires, écrit dans des langues (le turc et l’arménien) que presque personne ne parle en Europe occidentale et en Amérique du nord (sauf les immigrés, certains de leurs descendants, et une poignée de spécialistes), a suscité bien plus de larmes (sincères ou pas) en Europe occidentale et en Amérique du nord que Kemal Arıkan, représentant d’un pays membre de l’OTAN, organisation à qui la Turquie fournit le deuxième contingent militaire en nombre d’hommes, après celui des États-Unis. Tout à leur communautarisme, M. Collomb, maire de Lyon, et M. Bret, maire de Villeurbanne, ont donné le nom de Hrant Dink à une rue, mais il ne saurait être question de donner le nom de victimes du terrorisme arménien (par exemple, les deux personnes tuées par l’ASALA au consulat de Lyon, le 5 août 1980) à quoi que ce soit dans l’agglomération lyonnaise, pas même les toilettes (à la turque) d’un bâtiment public.
La page n’est pas encore tournée
Ce n’est pas seulement parce que la majorité des assassins de l’ASALA et des CJGA/ARA n’ont jamais été arrêtés qu’il faut rappeler la monstruosité du terrorisme arménien. Ce n’est pas seulement parce que tant de politiciens et de journalistes, qui n’avaient pas une goutte de sang arménien dans les veines, ont tenté d’excuser l’inexcusable, comme certains l’avaient fait, à droite, en cherchant des circonstances atténuantes à l’Apartheid et au général Pinochet, ou à gauche, en usant de propos lénifiants sur l’URSS et la dictature castriste à Cuba.
Le terrorisme arménien est une histoire qui continue. Lorsque le congrès mondial de la FRA a décidé de suspendre les activités de la branche terroriste, il a aussi décidé que les spécialistes en explosifs ne seraient pas rendus à la vie civile, mais prêtés au PKK, un groupe terroriste kurde toujours en activité [47]. La FRA et les anciens de l’ASALA ne manquent aucune occasion de rappeler que l’époque des bombes, c’était à leurs yeux le bon temps ; Movsès Nissanian ayant déclaré, à son procès pour injure publique (envers moi) : « Quant à ces actes terroristes, je les réprouve », il s’est bien vite attiré une bordée d’invectives sur Internet. Les paroles peuvent se traduire en acte, comme l’ont montré Gourgen Yanikian, puis ses imitateurs. Savoir que l’amicale des anciens de l’ASALA en Arménie a fait taire un universitaire arméno-australien, Armen Gakavian, qui voulait lancer une pétition d’Arméniens s’excusant pour le terrorisme et les massacres de Turcs perpétrés par des volontaires arméniens de l’armée russe, est aussi inquiétant que de savoir qu’une plaque en l’honneur des « cinq de Lisbonne » — cinq minables assassins, auteurs d’un attentat suicide qui a coûté la vie à un policier portugais, Manuel Pacheco, et à l’épouse de l’ambassadeur de Turquie par intérim au Portugal, Cahide Mıhçıoğlu. Les menaces proférées par des dachnaks libanais de revenir au terrorisme, si les protocoles arméno-turcs entrent en application, sont d’autant moins à traiter par le mépris que la FRA est, au Liban, l’alliée du Hezbollah, lequel vient de renverser le gouvernement de Beyrouth, pour empêcher que le Tribunal spécial pour le Liban ne juge les suspects dans l’attentat qui coûta la vie, en 2005, à Rafic Hariri, Premier ministre libanais.
De toute façon, il n’est même pas besoin de s’intéresser aux alliances de nationalistes arméniens avec le PKK ou le Hezbollah pour trouver une continuité avec l’ASALA et les CJGA/ARA : l’Azerbaïdjan a été victime d’une campagne d’attentats, entre 1989 et 1994 (campagne complémentaire de l’agression militaire de 1991-1994, qui lui a volé presque 20 % de son territoire), et la vie politique de l’Arménie indépendante est régulièrement rythmée par des assassinats.
Gourgen Yanikian n’a pas ouvert une parenthèse qui se serait fermée dans les années 1980 ; c’était la période précédente, la suspension du terrorisme arménien, qui était une parenthèse — hélas.
Maxime Gauin, vice-président de Confluence France-Turquie.
[1] Louise Nalbandian, The Armenian Revolutionary Movement, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, 1963, pp. 67-74.
[2] Louise Nalbandian, op. cit., p. 84.
[3] Louise Nalbandian, op. cit., p. 110.
[4] R. des Coursons, La Rébellion arménienne, son origine, son but, Paris, Librairie du service central de presse, 1895 ; William Leonard Langer, The Diplomacy of Imperialism, New York, Alfred A. Knopf, deuxième édition augmentée, 1951, pp. 157-160 et 349-350 ; Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, The Armenian Rebellion at Van, Salt Lake City, University of Utah Press, 2006, pp. 41-129 ; Pierre Loti, Les Alliés qu’il nous faudrait, Paris, Calmann-Lévy, 1919, pp. 120-121 ; Louise Nalbandian, op. cit., p. 110 ; İnayetullah Cemal Özkaya, Le Peuple arménien et les tentatives de réduire le peuple turc en servitude, Istanbul, 1971, pp. 69-175 et 199-219 ; Robert F. Zeidner, The Tricolor over the Taurus, Ankara, TTK, 2005, p. 45.
[5] Kapriel Serope Papazian, Patriotism Perverted, Boston, Baikar Press, 1934, p. 24 ; Mikael Varandian, Rapport présenté au congrès socialiste de Copenhague par le parti arménien « Daschnatkztoutioun », Genève, 1910, pp. 16-17.
[6] Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, op. cit., pp. 45, 90-91, 111-115, 121 et 164-166 ; Hasan Oktay, « On the Assassination of Van Mayor Kapamacıyan by the Tashnak Committee », Review of Armenian Studies, I-1, 2002 (traduction en français) ; Kapriel Serope Papazian, op. cit., pp. 13-18 et 68-69 ; « Assassin is Put to Death — Armenian Revolutionist Dies for the Murder of Countryman », The Fort Wayne Sentinel, 6 décembre 1909 ; voir aussi H. M. Knadjian, The Eternal Struggle, Fresno (Californie), Republican Printery, sans date, réimpressions 1994 et 2010.
[7] Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, op. cit., p. 115 ; Mikael Varandian, Rapport..., op. cit., pp. 9 et 15
[8] Kemal Çiçek, « The Turkish-Armenian Conflict in the United States and the Murder of Harry the Turk », Review of Armenian Studies, XI/XII-4, 2007.
[9] Edward J. Erickson, « The Armenians and Ottoman Military Policy », War in History, XV-2, printemps 2008 ; id., « Captain Larkin and the Turks : The Strategic Impact of the Operations of HMS Doris in Early 1915 », Middle Eastern Studies, XLVI-1, janvier 2010 pp. 151-162 ; Yücel Güçlü, Armenians and the Allies in Cilicia. 1914-1923, Salt Lake City, University of Utah Press, 2010, pp. 51-101 ; Hovannès Katchaznouni, The Armenian Revolutionary Federation Has Nothing to Do Anymore, New York, Armenian Information Service, 1955 (1re édition, Vienne, 1923) ; Maurice Larcher, La Guerre turque dans la guerre mondiale, Paris, Chiron, 1926, pp. 394-396 ; Guenter Lewy, The Armenian Massacres in Ottoman Turkey, Salt Lake City, University of Utah Press, 2005, pp. 100-109 ; Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, op. cit., pp. 176-232 ; İnayetullah Cemal Özkaya, op. cit., pp. 228-242.
[10] Hüseyin Çelik, « The 1915 Armenian Revolt in Van : Eyewitnesses Testimonies », dans Türkkaya Ataöv (dir.), The Armenians in the Late Ottoman Period, Ankara, TTK/TBMM, 2001, pp. 87-108 ; État-major général turc, Armenian Activities in the Archive Documents, Ankara, ATASE, tome I, 2005, pp. 65-70 ; Guenter Lewy, op. cit., pp. 97 et 116-121 ; Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, op. cit., pp. 233-257 et 279-281 ; Kara Schemsi, Turcs et Arméniens devant l’histoire, Genève, Imprimerie nationale, 1919, pp. 35-105.
[11] « Les Arméniens sont les victimes volontaires de leur sympathie envers les Alliés ; en refusant le pacte des Jeunes-Turcs, et connaissant à fond le caractère sanguinaire des janissaires [sic] turcs, ils savaient très bien à quoi ils exposaient les habitants inoffensifs des régions de l’Arménie sous domination turque, mais dans l’histoire d’un peuple, il y a des moments où il est impossible de s’arrêter à mi-chemin, où il devient nécessaire de sacrifier, au besoin, une partie de la génération actuelle [souligné par moi] pour la sauvegarde de l’avenir de la race. »
Aram Turabian, Les Volontaires arméniens sous les drapeaux français, Marseille, Imprimerie nouvelle, 1917, pp. 41-42.
« Imaginons que les Arméniens aient adopté une attitude exactement opposée à celle fut alors la leur ; en d’autres termes, imaginons qu’ils aient pris, en 1914, fait et cause pour les Allemands et les Turcs, exactement comme firent les Bulgares en 1915. Quel cours auraient pris les évènements au Proche Orient ? [...]
D’abord, ces horribles massacres d’Arméniens n’auraient pas eu lieu. Tout au contraire, les Allemands et les Turcs auraient tenté de gagner les sympathies des Arméniens par tous les moyens, jusqu’à la fin de la guerre. »
Garéguine Pasdermadjian, Why Armenia Should Be Free, Boston, Hairenik Press, 1918, p. 43.
« Les Arméniens confessent cette trahison sans plus tarder. [...] L’Arménien est un traître à la Turquie, parce qu’elle n’est pas sa mère, mais sa marâtre. »
Calkus, avocat arménien, Russfoje Slovo, 15 janvier 1915, cité dans Ernest Jack, The Rising Cresent, New York-Toronto, Farrar & Rinehart, 1944, p. 43.
[12] Congrès national turc, Documents relatifs aux atrocités commises par les Arméniens sur la population musulmane, Istanbul, Société anonyme de papeterie et d’imprimerie, 1919 ; Lieutenant-colonel Vladimir Nikolaevitch Twerdokhleboff, Notes d’un officier supérieur russe sur les atrocités d’Erzurum, Istanbul, 1919 ; Morgan Philips Price, War and Revolution in Asiatic Russia, Londres, George Allen & Unwin, 1918, pp. 140-141.
[13] Serge Afanasyan, L’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie, de l’indépendance à l’instauration du pouvoir soviétique. 1917-1923, Paris, L’Harmattan, 1981, p. 74 ; Kapriel Serope Papazian, op. cit., pp. 69-70.
[14] Michael M. Gunter, « Pursuing the Just Cause of their People ». A Study of Contemporary Armenian Terrorism, Westport-New York-Londres, Greenwood Press, 1986, pp. 29-30 ; Mim Kemal Öke, The Armenian Question (1914-1923), Ankara, TTK, 2001 ; Bilâl N. Şimşir, Şehit Diplomatlarımız (1973-1994), Ankara, Bilgi Yayınevi, 2000, tome I, pp. 46-57.
[15] Etruks Türker, « Assassination of Talat Pasha and Harootiun Mugerditchian », Review of Armenian Studies, III-1, 2003.
[16] Kapriel Serope Papazian, op. cit., pp. 61-65 ; Benjamin Alexander, « Contested Memories, Divided Diaspora : Armenian Americans, The Thousand-Day Republic, And The Polarized Response To An Archbishop’s Murder », Journal of American Ethnic History, XXVII-1, 2007.
[17] Bilâl N. Şimşir, op. cit., pp. 61-73.
[18] Jean-Pierre Alem, L’Arménie, Paris, Presses universitaires de France, « Que sais-je ? », 1959, pp. 95-97 ; John Roy Carlson (Arthur Derounian), « The Armenian Displaced Persons », Armenian Affairs Magazine, I-1, hiver 1949-1950 ; Dashnak Collaboration With the Nazi Regime, New York, Armenian Information Service, 1944 ; Ayhan Ozer, « The Armenian-Nazi Collaboration », The Turkish Times, 15 juillet 1996 ; Christopher Walker, Armenian. The Survival of a Nation, Londres-New York, Routledge, 1990, p. 357.
[19] Jean-Pierre Alem, op. cit., pp. 93-94 ; Sarkis Atamian, The Armenian Community, New York, Philosophical Library, 1955, pp. 313-321 et 405-412 ; Mustafa Sıtkı Bilgin, « Soviet-Armenian Collaboration Against Turkey in the post-Second World War Period, (1945-1947) », Review of Armenian Studies, II-5, 2003 ; Süleyman Seydi, « The Armenian Qestion in the Early Cold War : Repatriaton Scheme », id., I-3, 2003.
[20] Yves Ternon, La Cause arménienne, Paris, Le Seuil, 1983.
[21] Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens. 1972-1998, Paris, Presses universitaires de France, 2002, pp. 24-29 et 32-34.
[22] Bilâl Şimşir, op. cit., pp. 84 et 96.
[23] Michael Bobelian, Children of Armenia, New York, Simon & Chuster, 2009, pp. 142-143.
[24] Micahel Bobelian, op. cit., p. 143.
[25] Michael Bobelian, op. cit., pp. 144-146 ; Bilâl N. Şimşir, op. cit., pp. 83-85.
[26] Michael Bobelian, op. cit., pp. 147-148 ; Bilâl N. Şimşir, op. cit., pp. 86-87.
[27] Michael Bobelian, op. cit., pp. 154-155.
[28] Stanford Jay Shaw, « Christian Anti-Semitism in the Ottoman Empire », Belleten, LIV-911, 1991, pp. 1073-1149 ; id., The Jews of the Ottoman Empire and Turkish Republic, New York-Londres, New York University Press/MacMillan, 1992.
[29] Armenia and the War, New York, George H. Doran, 1918, p. 39.
[30] Mikaël Varandian, L’Arménie et la Question arménienne, Laval, Imprimerie moderne, 1917, pp. 23-24.
[31] H. E. Barnes, The Genesis of the World War, New York, Alfred A. Knopf, 1926, pp. 241-247 ; Ralph Elliot Cook, The United States and the Armenian Question, 1894-1924, Flechter School of Law and Diplomacy, 1957, p. 129 ; C. Hartley Grattan, Why We Fought, New York, The Vanguard Press, 1929, pp. 250-251 ; Guenter Lewy, op. cit., pp. 140-142 ; Heath Lowry, Les Dessous des Mémoires de l’ambassadeur Morgenthau, Istanbul, Les éditions Isis, 1991 ; George Abel Schreiner, The Craft Sinister, New York, G. Albert Geyer, 1920, pp. XXI et 126.
[32] Notes d’un officier supérieur russe..., op. cit., pp. 8-9.
[33] Sur la réaction d’Edward Tashji au double crime de Santa Barbara : Bilâl N. Şimşir, op. cit., pp. 97-98.
[34] Pierre Terzian, « La question arménienne aujourd’hui », Critique socialiste, n° 44, 1982.
[35] Michael Bobelian, op. cit., p. 149.
[36] Michael Bobelian, op. cit., p. 150.
[37] Déposition sous serment de Beliz Berkoz, 29 août 2000.
[38] ATAA, Armenian Atrocities and Terrorism, Washington, 1997.
[39] John D. Hagopian, « We Will Never Forget », The Armenian Reporter, 23 janvier 1982 ; « ASALA’s A. Yenikomshian Addresses New Year’s Message to Armenians », id., 26 janvier 1982.
[40] « Je ne considère pas que les Arméniens qui tuent des diplomates turcs soient des terroristes. Je les considère comme des activistes. [...] À l’issue de notre combat, il sera possible de libérer les terres arméniennes en Turquie et de les réunifier, indépendamment de l’Union soviétique, avec l’actuelle Arménie. |...] Dans l’histoire, les Turcs ont déjà perdu les trois quarts de leurs territoires. Ils accepteront par la force la naissance d’une nouvelle Arménie. [...] La frontière turque est très perméable [...] Cela pourrait permettre une alliance avec les Kurdes [du PKK]. »
[41] Yves Ternon, op. cit., p. 221 ; Armand Gaspard, Le Combat arménien, Lausanne, L’Âge d’homme, 1984, p. 75.
[42] Un groupe de terroristes des CJGA est arrêté par le FBI le 26 octobre 1982. Selon la police américaine, approuvée par la cour d’appel, l’attentat devait faire au moins cent morts, et plus probablement entre deux et trois mille. Jugé par un tribunal plus compréhensif que celui devant lequel a comparu Gourgen Yanikian, M. Hovsepian est condamné à six ans de prison, alors que le procureur avait requis vingt-cinq ans.
[43] Michael Bobelian, op. cit., p. 162.
[44] Michael M. Gunter, op. cit., pp. 70 et 74
[45] « More Than $70 000 Raised for Hampig Sassounian Defense Effort », Asbarez, 25 février 2002.
[46] ATAA, Statement in Opposition to Parole of Hampig “Harry” Sassounian (prisoner C-88440) et Report on Armenian Terrorism and JCAG Terrorist Hampig Sassounian, 2010 ; Discours de Mesrop Altounian au nom du bureau de la FRA Dashnaktsoutioun d’Arnouvile lors des commémorations du 24 avril 2009 ; Affiche de soutien en français.
[47] Gaïdz Minassian, op. cit., p. 109.