Tansu Peker (tansupeker @ lactuel.be)
Dans une interview récente qu’il a donnée à une agence d’information, Umit Ozdag, Président de l’Institut de la Turquie du 21ème Siècle, a affirmé : « Le terrorisme arménien et celui du PKK ont toujours été interconnectés ». Ozdag ayant analysé les allégations sur la probable implantation des terroristes du PKK en Arménie ou bien dans le Nagorny Karabakh qui est sous l’occupation a ainsi ajouté :
« Depuis longtemps l’Arménie a des liens avec l’organisation terroriste PKK. L’organisation terroriste PKK tient en réserve l’Arménie afin de s’en servir en cas de difficulté. Quant au gouvernement arménien, celui-ci a permis au PKK, organisation terroriste, d’agir dans ses territoires puisque cette attitude faisait partie de sa politique d’hostilité contre la Turquie. Par conséquent, il n’est pas surprenant que le PKK qui est chassé tout d’abord de la Syrie et qui, ensuite, est presque chassé de l’Irak suite aux pressions exercées par la Turquie choisisse l’Arménie comme zone de repli pour une certaine période et souhaite y implanter une partie de ses militants. »
Est-ce que l’Arménie prendra-t-elle un tel risque en permettant l’installation des protagonistes du PKK dans ses propres territoires ? Selon Ozdag, il n’y a aucune raison pour que l’Arménie ne prenne pas une fois de plus ce risque puisqu’elle l’avait déjà pris dans le passé. En conséquence, l’Arménie est l’enfant gâté de l’occident.
De fait, jusqu’à présent les membres du PKK vivant en Arménie ont pu librement organiser des réunions et des manifestations sans moindre hésitation. Les membres du PKK qui bénéficient du statut de refugié dans ce pays-là ont organisé des manifestations contre la Turquie lors du jugement de leur leader Ocalan. Bien que les personnes, institutions et organisations qui s’opposent au pouvoir arménien subissent des pressions et des tentatives de répression graves, les Kurdes vivant dans ce pays bénéficient pourtant d’une radio qui diffuse en langue kurde ; de plus, le quotidien « Ria Taza » en kurde est subventionné par le gouvernement arménien ; ces faits attirent l’attention.
La coopération entre l’Arménie et le PKK est désormais de plus en plus évoquée notamment après les opérations menées par la Turquie dans le nord de l’Irak contre les terroristes kurdes. En fait, la coopération entre l’organisation terroriste ASALA et le PKK n’est pas récente. Cette coopération entre les organisations terroristes arméniennes et le PKK a commencé dans les années 1980. Grâce aux documents qui ont été saisis, on est au courant du fait que les militants de l’ASALA, organisation terroriste, et ceux du PKK recevaient tous ensemble une formation dans les camps de Bekaa et de Zeli au Liban. Cependant, les efforts destinées à s’implanter à Nagorny Karabakh déployés par le PKK qui est en quête de nouveaux endroits afin d’éviter les opérations de la Turquie sont à l’origine de l’évocation de ce phénomène de nouveau.
L’écrivain et journaliste Ayhan Bilgin relate ainsi cette vérité en se basant sur les dires des militants du PKK arrêtés :
Selon Ebubekir D. alias Mahir Serhat : « Une vingtaine de membres d’organisation se trouvant dans le camp de Zeli sont partis pour Erevan en Arménie. Je ne sais pas les pseudonymes de ceux qui sont partis. Mais j’ai entendu qu’ils allaient œuvrer pour établir des camps en Arménie. Deux Arméniens en provenance de l’Arménie sont arrivés dans le camp de Zeli pour y dispenser une formation de trois mois. Après la formation, ils sont rentrés en Arménie… »
Quant à Çetin C. alias Zefer Kocgiri, né en 1968, fils de I. E. et qui est aussi un militant du PKK, ce dernier a expliqué brièvement lors de son audition :
« L’Etat arménien nous donne un soutien en armes et en armements. A ma connaissance, il existe deux entrepôts d’armes et deux autres pour aliments dans la montagne de Tendurek et je peux les montrer. »
Firat T., fils de H., né en 1973, explique :
« Salih T. (alias Reçber), fils de mon oncle, que j’avais présenté aux membres du PKK en février 1993 agissait dans la campagne au nom du PKK. Salih T. me disait que comme nous étions d’origine arménienne, chaque acte commis par le PKK était en fait commis par les Arméniens et qu’à l’issu de cette lutte nous allions récupérer nos territoires de l’Etat turc… »
Hamit P. alias Tahsin disait : « Les relations entre l’Arménie et cette organisation sont bien étroites. A ma connaissance, quatre groupes, dont les effectifs variaient entre 6 à 10 personnes, auraient été envoyés en Arménie afin d’arranger les relations politiques avec l’Arménie, d’intensifier les activités de propagande et de fournir des armes et armements à l’organisation… »
Nizam, membre du PKK, expliquait : « Les autorités de la radio d’Erevan en Arménie sont fréquemment venus alors que j’étais à Bekaa et ils ont fait un reportage avec Abdullah Ocalan… »
Un ex-membre du PKK, dont le pseudonyme n’est pas cité ici puisqu’il s’est repenti, a ainsi précisé ses impressions :
« J’ai aperçu que l’objectif de l’organisation terroriste PKK n’était pas de sauver le peuple kurde au contraire de ce qui était indiqué dans ses propres journaux et revues. Parce qu’il y’avait trop d’Arméniens au sein de ladite organisation et ces derniers répétaient les proverbes arméniens et montraient les photos des Arméniens éminents. Par ailleurs, ils ne croyaient pas en Allah. C’est pour cette raison que je me suis enfui et je me suis repenti de tout ce que j’ai fait. »
Þemdin Sakýk, numéro deux du PKK, affirme :
« En 1992, une délégation du ministère arménien des Affaires étrangères est venue au Damas. Il y a eu des tractations afin de définir les frontières de l’Etat kurde. Les Arméniens ont objecté en affirmant que les villes telles que Erzurum, Van et Mus leur appartenaient… »
L’article d’Ayhan Bilgin se termine par cette phrase : « Et voilà l’Arménie est un tel pays avec lequel d’aucuns demandent à la Turquie de nouer de bonnes relations ».
Il existe encore de nombreuses informations émises dans la presse y compris les organes de presse kurde affirmant que le PKK entend de transférer ses camps se trouvant au nord de l’Irak vers le Haut-Karabagh comme une contre-mesure à l’opération de la Turquie, que l’Arménie aspirant de créer une zone de tampon entre l’Azerbaïdjan et le Haut-Karabagh pourrait installer les éléments de PKK dans les régions de Choucha, Lachine et Fouzouli. Mais Erivan n’a pas démenti ces informations, de plus, on n’a pas fait une déclaration avançant qu’il n’existe pas des camps de PKK en Arménie et que quiconque a des doutes vienne alors faire des recherches en Arménie et dans le Haut-Karabagh.
On comprend qu’en réservant ses revendications territoriales à l’égard de tous ses voisins et poursuivant son occupation dans la région du Haut-Karabagh de l’Azerbaïdjan, l’Arménie a maintenant ajouté le PKK à l’instabilité régionale qu’elle a créée. Il ne sera pas difficile d’estimer que ces politiques infondées et irrationnelles de l’Arménie qui ne servent pas aux intérêts de toute la région y compris elle-même, vont attirer les réactions des pays affectés le plus par la terreur et les inciteront de créer un terrain légitime pour prendre des mesures radicales. C’est le peuple arménien empêché par le pouvoir d’Erevan et la diaspora de voir les réalités, qui paie le coût de l’ignorance.
L’ A C T U E L
Tansu PEKER
tansupeker@lactuel.be