[Turquie News] - Même si les résultats sont encore partiels, dimanche 31 mars, à l’issue d’élections municipales pleines de suspense, le Parti de la justice et du développement (AKP) a perdu la main sur les plus grandes villes de la Turquie. La capitale Ankara ainsi Istanbul, le poumon économique et financier du pays. Depuis vingt-cinq ans, les deux plus grandes villes de Turquie étaient des fiefs imprenables de l’AKP.
Le dépouillement est presque terminé à Ankara, et selon l’agence de presse officielle Anadolu, le candidat de l’opposition, Mansur Yavas, avec près de 51% des voix, a battu nettement le représentant du parti au pouvoir, Mehmet Ozhaseki, qui a obtenu 47% des suffrages.
Les prix des produits alimentaires se sont mis à grimper, suscitant l’ire des ménagères. « L’oignon et l’aubergine sont devenus des produits de luxe que nous ne pouvons plus nous payer », soupire Ayse, une professeure de lycée rencontrée à Ankara sur l’un des stands aménagés par les municipalités pour vendre des légumes à bas prix subventionnés par l’Etat. Des queues interminables s’y forment, comme si le pays était confronté à une pénurie.
Le président turc s’est énormément investi dans la campagne de ce scrutin municipal, il a animé une centaine de meetings à travers le pays. Peut-être à tort car il doit maintenant assumer une défaite partielle. Recep Tayyip Erdogan a d’ailleurs admis qu’il allait devoir "corriger des faiblesses". L’économie a été clairement son talon d’Achille : la Turquie est confrontée à une hausse du chômage, une inflation record et une récession qu’elle ne connaissait plus depuis une dizaine d’années.
Pour une fois, les sondages n’ont pas menti. Voici des mois qu’ils annonçaient que l’AKP allait perdre plusieurs grandes villes dont Ankara, Adana, Antalya, Mersin, qui étaient jusqu’alors sous le contrôle du parti au pouvoir. Et c’est ce qui s’est passé.