Un homme qui avait été condamné en juin pour avoir brûlé un Coran devant le consulat de Turquie à Londres a été innocenté en appel vendredi par la justice. Hamit Coskun, un ressortissant turc de 51 ans, avait été, en première instance, reconnu coupable de trouble à l’ordre public avec la circonstance aggravante d’incitation à la haine religieuse.
Le 13 février, cet homme résidant dans les Midlands (centre de l’Angleterre) s’était rendu aux abords du consulat de Turquie à Londres où il avait mis le feu à un exemplaire du Coran, tout en criant « Fuck islam » ou encore « l’islam est la religion du terrorisme ». Vendredi, un juge de la Cour criminelle de Southwark à Londres a annulé sa condamnation à une amende de 240 livres (284 euros), invoquant la liberté d’expression et l’absence de loi contre le blasphème au Royaume-Uni.
« Brûler un Coran est peut-être un acte que de nombreux musulmans trouvent profondément choquant et offensant. Le droit pénal, cependant, ne vise pas à éviter que les gens soient offensés, même gravement. Le droit à la liberté d’expression, s’il est un droit valable, doit inclure le droit d’exprimer des opinions qui offensent, choquent ou dérangent », a fait valoir le juge Joel Bennathan en rendant sa décision.
Poursuivi pour trouble à l’ordre public
Lors du premier procès, le procureur avait insisté sur le fait que le prévenu n’était pas poursuivi pour avoir brûlé le Coran, mais pour avoir causé un trouble à l’ordre public. Mais le juge a estimé vendredi ne pas avoir été convaincu que « le comportement de l’accusé avait été cause de désordre, où qu’il se trouvait à portée de voix ou visible d’une personne susceptible d’avoir été harcelée, inquiétée ou bouleversée » par son acte.
« Je suis venu en Angleterre, après avoir été persécuté en Turquie, pour pouvoir parler librement des dangers de l’islam radical. Je suis rassuré car (...) je serai désormais libre de sensibiliser le public britannique à mes convictions », a déclaré Hamit Coskun, à l’issue du procès. Il était soutenu dans son appel par deux associations qui défendent la liberté d’expression, la Free Speech Union (FSU) et la National Secular Society. La FSU s’est félicitée pour une décision qui envoie le message que « les manifestations antireligieuses, même si elles offensent les croyants, doivent être acceptées ».