Guerre en Ukraine : vers des pourparlers directs entre Kiev et Moscou en Turquie
Si la Russie refuse un cessez-le-feu immédiat, elle se dit prête à des négociations directes avec l’Ukraine dès cette semaine en Turquie. Le président turc Erdogan parle « d’un tournant historique » dans le conflit et Volodymyr Zelensky y voit « un signe positif ».
Après l’échec des négociations sous la pression des Etats-Unis, c’est peut-être un tournant dans la guerre en Ukraine. Ce week-end, présents à Kiev avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le président français, Emmanuel Macron, le chancelier allemand, Friedrich Merz, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, et son homologue polonais, Donald Tusk, ont adressé samedi un ultimatum à Moscou, de concert avec les Etats-Unis, pour accepter un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi la Russie s’exposerait à de nouvelles « sanctions massives ». Et ce dimanche, le dirigeant russe Vladimir Poutine s’est dit prêt à des discussions « directes » avec Kiev.
« La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable […]. Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré le président russe, précisant qu’il s’entretiendrait dans les heures qui viennent avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier a d’ailleurs parlé au téléphone avec Emmanuel Macron ce dimanche, en lui disant être prêt à accueillir les pourparlers. Pour le dirigeant turc, il s’agit d’« un tournant historique » pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Trump salue Poutine
Il est vrai que, jusqu’à présent, le Kremlin s’était contenté de décréter unilatéralement deux courtes trêves, en avril et en mai, qui ont mené à une baisse des frappes sans être totalement respectées par les deux camps.
Le chemin vers la paix risque toutefois d’être encore très long. Vladimir Poutine n’a « pas exclu » que l’idée d’un cessez-le-feu soit discutée lors de pourparlers avec Kiev, mais il a souligné que ces discussions devraient porter sur « les causes profondes du conflit » - qu’il a qualifié de « guerre » bien que ce terme soit rejeté par les autorités russes - « dans une perspective historique ». Clairement, en proposant l’ouverture de négociations alors que les bombardements continuent sur le terrain, Poutine essaie de forcer la main de l’Ukraine et des Européens.
A Moscou, Poutine se pose en « barrière contre le nazisme »
Sans surprise, le toujours très optimiste Donald Trump s’est félicité des propos du Russe. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, le président américain a salué la proposition de Vladimir Poutine, la présentant comme un élément positif pour mettre fin à la guerre. « Un grand jour pour la Russie et l’Ukraine ! » a écrit le chef de la Maison-Blanche.
La prudence s’impose
De son côté, Volodymyr Zelensky a réagi sur les réseaux sociaux en indiquant qu’il attendait « de la Russie qu’elle confirme un cessez-le-feu, complet, durable et fiable, à partir de demain 12 mai, et l’Ukraine est prête à la rencontrer ». Le président ukrainien a également déclaré qu’il voyait « un signe positif que les Russes ont finalement commencé à envisager de mettre fin à la guerre ».
Mais « la toute première étape pour vraiment mettre fin à toute guerre est un cessez-le-feu », a-t-il rappelé alors que Moscou a envoyé, dimanche, une nouvelle salve de drones sur l’Ukraine.
Sur X, l’ex-Twitter, Emmanuel Macron a insisté sur le fait qu’on « ne discute pas si, dans le même temps, les populations sont bombardées. On ne négocie pas quand les armes parlent. Il faut un cessez-le-feu maintenant pour que des discussions s’engagent ».
La prudence s’impose donc car Vladimir Poutine a cherché jusqu’ici à gagner du temps en négociant