(Turquie News) - Bien qu’il ait fait le plein des voix de son parti, le ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gül n’a pas obtenu lundi au parlement la majorité des deux tiers requise pour être
élu président de la République dès le premier tour de scrutin.

Un second tour est prévu vendredi dans les mêmes conditions que le premier. Aussi s’attend-on à ce que cet ancien islamiste dont se méfient les républicains et les laïcs l’emporte au troisième tour prévu le 28 août. Il lui suffira alors de recueillir la majorité simple (que possède son parti, l’AKP).

En avril, l’opposition républicaine et laïque avait boycotté le scrutin, conduisant ainsi à son invalidation. Le camp pro-laïc craignait qu’A.Gul n’islamise le pays. La "crise" avait conduit à des législatives anticipées, remportées par le parti islamiste modéré AKP du 1er ministre R.T.Erdogan avec 47% des voix et 341 sièges sur 550 au nouveau Parlement.

L’accession de Gül à la tête de l’Etat - poste que n’a jamais occupé un ex-islamiste - parachèverait la
conquête par l’AKP des postes clés de la hiérarchie politique turque.

Gül a obtenu 341 voix lundi, seul son parti l’ayant soutenu. Le quorum a toutefois été atteint, ce qui a
permis de valider le scrutin malgré le boycott du Parti républicain du peuple (CHP, gauche laïque),
principale formation d’opposition.

Gül se dit "solidement attaché à la laïcité" mais ne parvient pas à se concilier les républicains et les laïcs, qui
accusent l’AKP de vouloir revenir sur la séparation de l’Etat et de la religion. Le fait est que l’AKP a profité de ses 4 années au pouvoir pour placer à différents niveaux de l’administration des islamistes potentiels.

L’épouse de Gül porte ostensiblement le foulard islamique, un symbole religieux considéré provocant par la société turque. Le port du foulard est interdit en Turquie dans les administrations et les universités et il est de règle que la première dame n’en porte pas non plus.

L’accession de M. Gül à la présidence laisserait beaucoup de libertés au prochain gouvernement, qui n’aurait plus à se soucier d’un éventuel véto présidentiel. L’actuel chef de l’Etat, Ahmet Necdet Sezer, a souvent usé du véto contre des propositions de loi controversées émanant de l’AKP.