18 mai 2024

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100e anniverssaire de la république de Turquie

Il y a cent ans, le 24 juillet 1923, à Lausanne :

Source : Fédération des Associations Turques de Suisse Romande (FATSR)

Avant-propos

Ce 24 juillet, nous célébrerons le centenaire du Traité de Paix signé à Lausanne en 1923, la grande victoire diplomatique de la Turquie naissante, consécration de ses victoires militaires dans le cadre de sa guerre de libération de 1920, 1921 et 1922.
À l’occasion du centenaire, nous publions une version revue et augmentée d’un article précédemment paru, ce qui s’impose d’autant plus que le Musée Historique de Lausanne — qui, du 27 avril au 8 octobre 2023, dédie une funeste exposition au traité de paix — à tout cédé aux nationalistes arméniens, kurdes et grecs, au détriment de la majorité turque et du principe d’équité.



Histoire

La première victoire d’un État-nation contre les appétits impérialistes

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 944
La première victoire d'un État-nation contre les appétits impérialistes

Le long chemin vers la paix

Dans son édition du 25 juillet 1923, la Gazette de Lausanne écrit que les négociateurs turcs
ont toute sorte de bonnes raisons de regagner Constantinople et Angora avec un esprit satisfait. Ils ont bien mérité du Pacte national, de ceux qui le rédigèrent [en 1919] et de ceux qui l’appliquent. Le télégraphe transmet depuis plusieurs jours en Occident des fragments d’articles dithyrambiques publiés dans les journaux de langue turque. Cette allégresse est pleinement justifiée. La Paix de Lausanne met fin d’une manière très satisfaisante pour la Turquie à une longue période d’hostilités qui commencèrent mal mais qui finissent bien [1]. »

Le journaliste suisse Pierre Bernus (1881-1951), peu favorable aux Turcs, fait à sa façon un constat d’évidence dans le Journal des débats (Paris) du 26 juillet 1923, p. 1 :
Les Turcs ont obtenu des conditions de paix que le plus exalté d’entre eux ne pouvait envisager au lendemain de leur défaite [en 1918]. »

La fin de l’Empire ottoman ou le calvaire centenaire des Turcs

Ces commentaires montrent à quel point il est important de rappeler les faits, et de les resituer, au moins en quelques mots, dans le temps long.

Nous avons déjà évoqué la révolte grecque de 1821 et une partie des massacres de musulmans qui l’ont accompagnée : n’y revenons pas. Pendant et après la guerre de Crimée, qui oppose l’Empire ottoman, la France, le Royaume-Uni et le royaume de Piémont-Sardaigne à la Russie (1853-1856), les autorités russes accusent les Tatars de Crimée de collaboration avec l’ennemi turco-franco-anglo-sarde. Les accusations sont, pour l’essentiel, infondées, mais les vexations, menaces et brutalités qui les accompagnent provoquent l’exode d’environ 200 000 Tatars vers l’Empire ottoman, majoritairement entre 1860 et 1863 [2]. Les Tatars de Crimée sont, hélas, depuis 2014, revenus dans l’actualité internationale, pour des raisons similaires. La révolte bulgare de 1876 et la guerre russo-turque de 1877-1878 conduisent au massacre de plus de 260 000 (voire 300 000) Turcs et Pomaks de Bulgarie et à l’expulsion de plus de 500 000 autres [3]. Pendant les guerres balkaniques, plus de 400 000 autres musulmans sont expulsés, environ 1 450 000 civils de cette confession meurent, entre ceux qui sont massacrés et ceux qui périssent de malnutrition ou de maladie en fuyant la mort [4]. Parmi eux, figurent des Tatars de Crimée, qui avaient fui (ou dont les parents avaient fui) un demi-siècle plus tôt.

Les musulmans se retrouvent ainsi (comme pendant la révolte grecque) solidaires, dans le malheur des Juifs [5] et des catholiques. Un responsable de la mission catholique française note ainsi :

Le supérieur des pères Conventuels, accompagné du curé de Saint-Antoine, me faisant visite, m’apprennent qu’à Dédéagatch, les comités bulgares ont massacré 400 Turcs. Beaucoup de ces derniers s’étaient réfugiés chez les chrétiens, une dizaine chez le curé, qui est un Conventuel. En voulant protéger la vie des Turcs, les pères ont été fort malmenés. Le père me fait aussi part de ses inquiétudes au sujet de ses religieux enfermés dans Andrinople [Edirne]. […]

M. Cazot me fait part de ses inquiétudes pour l’avenir. Les Grecs [orthodoxes] ne peuvent supporter les uniates [Grecs et Bulgares catholiques], les Bulgares non plus. Avec eux, ce sera la ruine de la mission. Pour le moment, les Grecs et Bulgares se comportent en Macédoine comme des Barbares, y compris les chrétiens indigènes : massacres, vols, viols, incendie, tels sont les méfaits quotidiens à l’égard des Turcs [6]. »

On comprend donc moins la raison existentielle qui a conduit à l’Empire ottoman à chercher un allié à Berlin : la Russie était la patronne de la ligue balkanique en 1912, des indépendantistes bulgares en 1876-1878 ; le Royaume-Uni se désintéressait des Turcs ; la France n’a pas réussi à faire changer d’avis, sur ce sujet, ses deux alliés. La lutte fut bien pour la survie. Le régime du tsar a mobilisé contre l’Empire ottoman, outre ses troupes régulières, les nationalistes arméniens de l’Empire ottoman. Ceux-ci se sont soulevés [7] et ont envoyé des volontaires à l’armée russe [8] sans même obtenir de promesses précises [9]. Pourtant, « dès le début des hostilités, les troupes russes pénètrent en territoire turc en se servant des détachements de volontaires arméniens comme éclaireurs [10] », recourant aux services, notamment l’ancien député au Parlement ottoman (1908-1912) Garéguine Pasdermadjian [11], dont chacun peut ainsi apprécier la conception toute personnelle de la gratitude. Dans le même temps, la Russie soulève aussi le nationalisme assyrien naissant, qu’elle a entièrement suscité [12]. À partir de 1914, et plus encore de 1916, elle provoque aussi des soulèvements grecs à Samsun, sur la mer Noire, tout en échouant largement à obtenir le même résultat à Trabzon [13]. Certaines amertumes exprimées à Lausanne en 1923, et plus encore aujourd’hui, se comprennent d’une autre manière en connaissant ces faits.

Fin 1918, l’Empire ottoman a certes tenu plus longtemps que l’Empire russe, mais il termine la guerre mondiale très affaibli. Les seules pertes militaires s’élèvent à plus de 460 000 hommes, sans compter les blessés [14]. Le nombre de civils musulmans massacrés par des Arméniens de l’armée russe et des insurgés arméniens armés par la Russie pour attaquer, en 1914-1915, derrière la ligne de front dépasse les 510 000 [15]. De fait, le commandement russe est de plus en plus déçu par les massacres et dévastations auxquelles ces unités se livrent, car ces crimes provoquent une résistance désespérée des musulmans, notamment kurdes [16].

Les enquêteurs diligentés en 1919 par le gouvernement américain, pour la partie la plus orientale de l’Anatolie, concluent de même :
Au début, nous accueillîmes ces récits avec un grand scepticisme, mais l’unanimité des témoins, le désir évident que ceux-ci avaient de parler de ce qu’ils avaient subi, la haine des Arméniens, et, surtout, les preuves matérielles nous ont convaincus de la véracité générale des faits suivants : premièrement, des Arméniens ont massacré des musulmans en grand nombre, avec bien des raffinements de cruauté ; et, deuxièmement, les Arméniens sont responsables du plus grand nombre de destructions dans les villes et les villages [17]. »

Autre témoin, le prisonnier de guerre français Francis Gutton note, à propos de « la Légion arménienne en pleine débâcle et se vengeant sur des innocents », que « vers dix heures du soir [le 21 avril 1918], nous arrivons dans les ruines du hameau de Sanssar Déré (le ruisseau des Martres). La seule maison restée à peu près debout est emplie de cadavres [18] ! »

Mais rien de tout cela n’émeut le musée historique de Lausanne et son directeur Laurent Golay, qui ne s’intéressent qu’aux affirmations des nationalistes arméniens, grecs et kurdes — ces derniers faisant preuve d’une extraordinaire capacité d’amnésie quant aux victimes kurdes de leurs amis arméniens.

Sèvres ou la tentative de dépecer complètement la Turquie ottomane

Pour sauver ce qui peut l’être, dès le printemps 1919, Mustafa Kemal (Atatürk) commence à unifier les mouvements opposés à une paix de démembrement ; en particulier aux ambitions territoriales des nationalistes grecs (une Grèce dédoublée par l’annexion de la Thrace orientale, d’Istanbul et du littoral égéen) et arméniens (une Arménie fantasmagorique qui s’étend du Karabakh dans le Caucase à Mersin sur la côte méditerranéenne).

Ce ne sont d’ailleurs pas que des ambitions. Par exemple, le 16 février 1919, « les légionnaires se répandent dans les rues [d’Iskenderun], et en un clin d’œil la ville est livrée à l’incendie, au pillage et au meurtre. Les quelques marins du Coutelas, appelés à terre, parviennent à désarmer les mutins malgré les difficultés et les dangers que présente une telle opération exécutée sur une foule en pleine révolte [19]. »

Le 27 juin 1919, le général Jules Hamelin, commandant des forces françaises au Proche-Orient de l’automne 1918 à l’automne 1919, transmettait un résumé de l’affaire qui avait conduit à la condamnation de dix-huit légionnaires arméniens (dont deux à mort, ces derniers ayant déposé un recours) et mettait en cause, notamment sur cette base, « l’action que les comités arméniens exercent, d’une façon néfaste, sur les légionnaires enrôlés sous notre drapeau ».
Il continue ainsi :
Il est incontestable que les comités arméniens ont eu leur heure d’utilité lorsqu’il s’agissait de déterminer le courant des engagements, mais actuellement leur influence est pernicieuse, parce qu’elle entretient l’agitation politique parmi les troupes, qu’elle incite à l’indiscipline [20]. »

La Légion arménienne (à ne pas confondre avec celle de l’armée russe, bien que les idées soient les mêmes) doit être dissoute par le gouvernement et le commandement français, en 1920, les condamnations et les radiations ne suffisant pas.

Le 25 novembre 1920, le général Henri Gouraud, successeur du général Hamelin (et, en même temps, haut-commissaire à Beyrouth) justifie ainsi cette suppression :
Dans chaque circonstance, les Arméniens ont profité de ce qu’ils étaient armés pour se conduire à l’égard des Turcs précisément comme ils se plaignaient d’avoir été traités par eux, pillant et incendiant les villages, massacrant les musulmans désarmés. »

Note du général Henri Gouraud sur les exactions commises par les Arméniens le 25 novembre 1920
Note du général Henri Gouraud sur les exactions commises par les Arméniens 25 novembre 1920

Par contraste, tout au long de la lutte nationale, les Juifs se placent nettement du côté kémaliste [21], quand ils ne sont pas tout simplement engagés dans son armée [22]. L’antisémitisme grec [23] ne peut que les conforter dans ce choix.

Carte des revendications territoriales des Délégations arméniennes réunies 1919-1920
Carte des revendications territoriales des Délégations arméniennes réunies 1919-1920

Le traité de paix commence à être discuté à Paris en décembre 1919. Alexandre Millerand, qui a remplacé Georges Clemenceau comme président du Conseil (Premier ministre) français en janvier 1920, obtient certaines concessions en faveur des Turcs à la conférence de Londres en février 1920 (par exemple, Trabzon est laissé aux Turcs) [24] mais le Premier ministre britannique David Lloyd George fait du chantage à la livraison de charbon à la conférence de San Remo en avril 1920, où est rédigé l’essentiel du traité finalement signé à Sèvres, le 10 août 1920 [25], par les représentants d’un gouvernement ottoman alors dirigé par le Grand vizir (Premier ministre au sens occidental du terme) Damat Ferit Pacha, complètement discrédité, qui n’exerce plus d’autorité que dans l’agglomération d’Istanbul (et encore, seulement grâce aux baïonnettes et aux canons britanniques), qui est dépourvu même des formes constitutionnelles, puisque le Parlement ottoman a été dissous en avril 1920 (ce qui est autorisé par la Constitution) mais sans convoquer de nouvelles élections (ce qui ne l’est pas).

Traité de Sèvres, la carte des zones d'influence
Traité de Sèvres carte des zones d’influence

Pour bien comprendre à quel point les clauses territoriales étaient iniques, voici quelques chiffres : le recensement ottoman, à la veille de la Première Guerre mondiale, estimait à 57% la proportion de musulmans (Turcs et Pomaks, essentiellement) dans la province d’Edirne (Andrinople) [26], attribuée à Athènes par le traité de Sèvres (traité qui ne sera, in fine, ratifié par aucun parlement, sauf celui de la Grèce). La commission d’enquête franco-anglo-américano-italienne de 1919 avait conclu que la province d’Izmir était nettement à majorité turque, et que dans la ville même, les Turcs étaient les plus nombreux [27].

Toujours en 1919, le haut-commissariat britannique à Istanbul estimait qu’en 1914, la population musulmane (Turcs et Lazes, principalement) représentait 70% de la population totale dans la province de Trabzon (Trébizonde) [28]. Enfin, à aucun moment de la guerre d’indépendance turque le nationalisme kurde ne dépasse pas quelques cercles de grands notables, majoritairement stambouliotes : l’ancrage populaire est, à l’époque, nul. La révolte de tribale de Koçgiri (janvier-avril 1921), qui d’ailleurs est le fait de Zazas plutôt que de Kurdes, est un phénomène marginal ; il y est mis fin, sans difficulté, avec dix mille hommes tout au plus ; le chef de rebelles revendique d’avoir levé 6 185 hommes [29] — nombre dérisoire par rapport aux Kurdes combattant dans les unités kémalistes. Encore en 1925, la grande révolte de Şey Sait se fait au nom de l’islamisme plutôt que de revendications véritablement kurdes.

Parmi les pionniers du nationalisme kurde, citons néanmoins Mevlanzande Rifat, qui accueille le Traité de Paix signé à Lausanne en publiant une brochure intitulée L’Empire ottoman et les sionistes. Les Juifs qui ont ruiné la Turquie, où il entend « démontrer » que le Comité Union et progrès, ainsi que le mouvement kémaliste, était aux mains de Juifs [30] ; et, faut-il le rappeler, Chérif Pacha, futur admirateur du régime de Vichy [31].

Les victoires militaires et diplomatiques d’Ankara

La France et l’Italie signent le traité de Sèvres — sans intention de l’appliquer — le gouvernement français sachant, par exemple, qu’aucune majorité au Parlement n’est prête à le ratifier [32]. Néanmoins, tout dépend de l’efficacité de la réaction turque. Ayant échoué à convaincre le gouvernement arménien qu’il était de son intérêt même de renoncer au traité de Sèvres et au contraire de s’entendre directement avec Ankara, le gouvernement de la Grande Assemblée nationale de Turquie riposte aux offensives de septembre 1920 — et aux massacres de musulmans en Arménie. L’armée arménienne est battue à plate couture en quelques semaines, sans difficulté [33]. L’Arménie renonce à Sèvres par le traité de Gümrü/Alexandropol, signé dans la nuit du 2 au 3 décembre 1920 (donc plus de trois jours avant que le président américain Woodrow Wilson n’annonce formellement l’arbitrage territorial pour lequel il avait reçu mandat par le traité de Sèvres !).
Aux conférences de Londres (février-mars 1921) et de Paris (juin 1921), le gouvernement britannique ne consent qu’à des modifications limitées du traité de paix avec les Turcs, modification de toute façon refusée par la Grèce. Les offensives grecques de janvier, avril et août-septembre 1921 sont repoussées. Pendant ce temps, les crimes des forces grecques et de leurs supplétifs arméniens se multiplient. Par exemple, le Suisse Maurice Gehri, représentant de la Croix-rouge internationale, indique que
La mission est arrivée à la conclusion que des éléments de l’armée grecque d’occupation poursuivaient depuis deux mois l’extermination de la population musulmane de la presqu’île [de Yalova] [34]. »

Plus à l’intérieur des terres, les missionnaires américaines Annie Allen et Florence Billings comptent centre trente villages dévastés après que des viols, des assassinats et autres crimes eurent été commis [35].

La France, dirigée par Aristide Briand de janvier 1921 à janvier 1922, signe une paix locale avec les Turcs en mars 1921, dont les termes doivent être changés en octobre de la même année, après un vote négatif de la Grande Assemblée nationale de Turquie (qui accepte, en revanche, le second texte) [36]. Paris reconnaît le gouvernement d’Ankara et lui livre des armes (y compris des avions) et des munitions [37], qui viennent s’ajouter à celles livrées clandestinement par l’Italie depuis l’été 1919, et par la Russie soviétique depuis 1920.
Devant les victoires militaires et diplomatiques d’Ankara, mais aussi devant l’insistance manifestée par Raymond Poincaré (président du Conseil de 1922 à 1924) à considérer le traité de Sèvres — censé être l’aboutissement de la fameuse question d’Orient — comme nul et non avenu, le gouvernement britannique accepte (de mauvais gré) à la conférence de Paris, en mars 1922, de ne plus tenir le texte signé le 10 août 1920 comme base de discussion. La souveraineté turque est reconnue sur l’ensemble de l’Anatolie, mais Lord Curzon, ministre britannique des Affaires étrangères, refuse de céder sur la Thrace orientale et les Détroits [38]. La débâcle grecque d’août-septembre 1922 l’oblige à plus d’humilité, mais il faut une nouvelle et très ferme insistance de Poincaré pour que Lord Curzon accepte de promettre que les Turcs auront, quoi qu’il advienne, la Thrace orientale [39].

La victoire, cela dit, est chèrement acquise. L’armée grecque (et ses volontaires arméniens [40]) systématise sa politique de la terre brûlée commencée en 1921. Les Suisses Rodolphe Haccius et Henri Cuénod, délégués du Comité de la Croix-rouge et de l’Union internationale de secours aux enfants, rapportent ainsi :
Tous deux nous avons assisté depuis 1918 à beaucoup de calamités, mais nous n’avons jamais eu à nous occuper d’une mission plus pénible que ce pèlerinage à travers les ruines, ni connu de plus triste spectacle que l’aspect des habitants dont la physionomie traduisait l’épouvante et la stupeur [41]. »

Le prêtre et député français Émile Wetterlé note quant à lui, après s’être rendu sur place :
Voilà ce que les Grecs ont fait partout. Pour le simple plaisir de satisfaire leur basse vengeance, ils ont tout détruit, aussi bien ce qui appartenait aux chrétiens de la région, que ce qui était propriété des Turcs. Ils ont transformé sauvagement en un désert un pays d’une grande richesse. Ces prétendus civilisés ont été plus barbares que les hordes de Tamerlan. Ajoutez à cela le vol organisé, et les massacres et le tableau sera complet [42]. »

La Conférence de Lausanne et ses complexités

Voilà dans quelles conditions la conférence de Lausanne s’ouvre en novembre 1922.
La partie territoriale est la moins difficile. Par le traité de Gümrü/Alexandropol (décembre 1920), le dernier gouvernement arménien dirigé par la très nationaliste Fédération révolutionnaire arménienne (FRA) a, sous l’empire de la nécessité (une défaite militaire totale) répudié le traité de Sèvres et renoncé à toute revendication territoriale contre la Turquie. Les dispositions de ce traité ont ensuite été confirmées par le traité de Kars en octobre 1921, c’est-à-dire avant la création de l’URSS (décembre 1922), et donc à un moment où l’Arménie, la Géorgie et l’Azerbaïdjan (cosignataires du traité de Kars avec la Turquie kémaliste et la Russie soviétique) sont des Républiques encore nominalement indépendantes. De même, l’accord d’Ankara a fixé la frontière avec la Syrie.

Le projet de « Foyer national arménien » (territoire autonome), prévu à la conférence de Londres en février-mars 1921 est vidé de sa substance dès la conférence de Paris l’année suivante, ce qui est fort logique, après les défaites grecques de 1921, le traité de Kars, l’accord d’Ankara [43]. Le « Foyer national » est volontairement omis à la nouvelle conférence de Paris (septembre 1922), sur les propositions d’armistice devant être présentées à la Turquie, puis il est complètement abandonné en janvier 1923 [44]. Il est donc particulièrement peu pertinent, pour le Musée historique Lausanne, de s’attarder à ce point sur la question arménienne, déjà largement réglée, en pratique et en droit, avant l’ouverture de la conférence de Lausanne, laquelle a surtout consacré le fait existant.

Si le musée voulait à toute force évoquer ce sujet, il eût été plus logique de parler de la tentative, par la FRA, d’assassiner Ismet (Inönü) Pacha, le négociateur en chef de la délégation turque, en mai 1923, (comme cela sera d’ailleurs, à nouveau, le cas huit ans plus tard : lors de sa visite officielle à Athènes en octobre 1931, le même Ismet Inönü, devenu Premier ministre, est visé par un complot terroriste arménien comme l’attestent les archives de la direction de la sûreté générale française). La police suisse montre alors une efficacité [45] qui eût été la bienvenue en 1981, lors de l’assassinat de Mehmet Savaş Yergüz, secrétaire du Consulat de Turquie, en plein centre de Genève par l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA).

Carte de la Turquie en 1940 avec le Sandjak d Alexandrette Hatay en turc rattaché à la jeune république le 23 juin 1939
Carte de la Turquie en 1940 avec le Sandjak d Alexandrette Hatay en turc rattaché à la jeune république le 23 juin 1939

Alors que les sympathisants du mouvement terroriste kurde PKK demandent ni plus ni moins que la dénonciation du Traité de Paix de Lausanne, il est important de rappeler que le territoire autonome kurde prévu par le traité de Sèvres avait été abandonné dès la conférence de Londres, en février-mars 1921 ; aucune délégation ne vient à Lausanne le revendiquer face à Ismet (Inönü), dont, soit dit en passant, le père était kurde.

Pour tout le reste, les négociations sont âpres. En Italie, ce ne sont plus des centristes qui sont au pouvoir ; ce n’est plus le turcophile comte Carlo Sforza qui est ministre des Affaires étrangères : il s’exile dès l’arrivée des fascistes au pouvoir, or Benito Mussolini se méfie d’emblée des Turcs — et manifeste d’entrée de jeu un intérêt pour le nationalisme arménien qui s’amplifie considérablement dans les années 1930, lorsque l’impérialisme fasciste s’affirme (conquête de l’Éthiopie puis de l’Albanie). Dans un des moments les plus mesquins et les plus bas de son exposition sur le Traité de Lausanne, le musée historique de cette ville ose parler du « fasciste suisse Arthur Fonjallaz », fondateur de l’association d’amitié avec la Turquie en 1922. En effet, il était alors membre de l’UDC et il n’est devenu fasciste que dix ans plus tard. Inversement, l’arménophilie fasciste, très réelle, n’intéresse pas ce musée !

Cela étant, plus pénible encore, pour les négociateurs turcs, que de faire face à la mauvaise volonté du nouveau gouvernement italien est la nécessité de discuter enfin de la dette ottomane et des capitulations, c’est-à-dire les avantages fiscaux et surtout judiciaires accordés aux étrangers à partir du XVIe siècle, et devenus, au XIXe, un instrument de la domination étrangère. Pour le Royaume-Uni, mais aussi pour la France dévastée par l’invasion allemande, la dette ne saurait être remboursée qu’en or. À force d’insistance, la délégation turque — soucieuse de ne pas faire les frais des fluctuations d’un cours du métal jaune alors contrôlé par l’Empire britannique — finit par obtenir de payer en monnaie de papier.

Quant aux capitulations, c’est encore plus délicat. Si la fin de l’exemption d’impôt ne soulève pas d’objections, l’instauration d’un régime transitoire, pour au moins cinq ans, avant de supprimer le statut juridique privilégié des étrangers est âprement défendu côté français [46], et l’inclusion d’un tel régime dans le projet du traité franco-anglo-italien provoque l’interruption de la conférence, en février 1923 [47]. Finalement, la délégation turque obtient la suppression totale des capitulations, sans régime transitoire, ce que même le Japon du Meiji n’avait pas pu obtenir. René Massigli, secrétaire général de la conférence de Lausanne (et plus tard ambassadeur de France à Ankara) observe qu’Ismet İnönü, chef de la délégation turque,
triomphait de ses adversaires “à l’usure”. Guidé par les instructions précises de Mustapha Kémal [Atatürk], il avait ainsi, au milieu de difficultés sans nombre, tracé droit son chemin : le 24 juillet 1923, la signature du traité de paix avait ajouté la consécration d’une victoire diplomatique aux victoires militaires de l’année précédente [48]. »

Seules victoires partielles : les réparations de la Grèce pour les destructions de 1921 et 1922 sont réduites à l’annexion du faubourg d’Edirne, Karaağaç, et à une reconnaissance morale ; et si Lord Curzon échoue à imposer un contrôle international des Détroits, il arrache une réduction de la présence militaire turque autour du Bosphore et des Dardanelles — mais ces dispositions sont supprimées par la convention de Montreux en 1936.

Une seule question est laissée en suspens : Mossoul, illégalement occupée par les troupes britanniques dans les semaines suivant l’armistice de Moudros [49], et dont le sort est confié à l’arbitrage de la Société des nations. Comme on pouvait s’y attendre, le 16 décembre 1925, sans avoir pris la peine de consulter les populations, la Société des Nations octroie à titre définitif la région de Mossoul à l’Irak et donc au Royaume-Uni, mais la Turquie obtient, par le traité d’Ankara du 5 juin 1926 (article 14), 10% des revenus tirés par le gouvernement irakien de l’exploitation des hydrocarbures exploités dans le nord du pays, et ce, pendant vingt-cinq ans.

Un accord signé en janvier 1923 puis annexé au traité prévoit des échanges de populations entre la Grèce et la Turquie. La plupart des Grecs d’Anatolie occidentale avaient déjà quitté ce territoire, emportés (au besoin contre leur gré) par l’armée hellénique et non turque, en août-septembre 1922 [50].

Inversement, Ismet (Inönü) indique :
Les Arméniens de Turquie peuvent vivre tranquilles dans le pays, les autres peuvent rentrer en toute quiétude. Par conséquent, il n’y a pas actuellement d’élément justifiant une nouvelle entrevue […] Les Arméniens peuvent profiter du départ des Grecs, prendre leur place dans le commerce, les Turcs les y aideront [51]. »

Les Délégations arméniennes réunies s’opposent à cette proposition de retour, et sont hélas encouragées dans cette obstination par la Ligue internationale philarménienne, codirigée par le pasteur suisse Antony Kraft-Bonnard [52]. Constatons, par contraste, que l’Arménien loyaliste (et kémaliste) Berç Keresteciyan reste directeur général de la Banque ottomane jusqu’en 1927, et termine sa vie publique comme député d’Afyon, de 1935 à 1946.

Ce n’est plus un accord bilatéral (Ankara 1921) ou un armistice (Moudania 1922) mais la paix définitive entre la Turquie et les Grandes puissances, la reconnaissance de jure du pays, d’Edirne à Kars. »

Prof. Dr. Maxime Gauin
Historien français, spécialiste de l’histoire ottomane tardive
(The Relations between the French Republic and the Armenian Committees, from 1918 to 1923, Middle East Technical University, 2020, p. 410)

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Lausanne, un traité de paix d’égal à égal

Tel est le chemin tortueux qui mena à la signature du traité de paix dont les Turcs ont tout lieu d’être comblés. C’est à Lausanne, en Suisse, le 24 juillet 1923, que les bases du nouvel Etat turc sont posées : la République de Turquie sera officiellement proclamée quelques mois plus tard, le 29 octobre 1923, jour de la Fête nationale.

Il est pertinent de noter que c’est le seul des traités d’après la Grande Guerre dans lequel les vainqueurs et le vaincu ont pu négocier d’égal à égal. Peut-être est-ce ce qui agace tant Laurent Golay, le directeur du Musée Historique Lausanne. Il a donné essentiellement la parole aux aigris les plus agressifs, jusqu’à reproduire une affiche de Libération arménienne, nom utilisé par la branche « politique » de l’ASALA en France entre 1976 et 1982 (le groupe s’est rebaptisé Mouvement national arménien pour l’ASALA cette année-là). C’est ce qui s’appelle placer la détestation des Turcs au-dessus de l’amour pour son pays, l’ASALA ayant frappé la Suisse à plusieurs reprises, notamment au palais de justice de Genève, à la gare Cornavin de cette même ville et à Lausanne même. C’était choisir la bassesse et le crime contre l’exactitude et la hauteur de vue — se faire le musée des erreurs et des horreurs !
En tout cas, ce traité d’égal à égal est une des raisons pour lesquelles la Turquie kémaliste est très tôt considérée comme une source d’inspiration par les indépendantistes indiens, tout particulièrement Gandhi et Nehru [53], ainsi que pour le fondateur de la Tunisie moderne, Habib Bourguiba [54], et bien d’autres encore.

C’est le premier exemple réussi d’une lutte anti-impérialiste — et, contrairement à certains autres exemples, ultérieurs, d’une lutte sans haine, comme en atteste la participation de spécialistes français, puis également britanniques et enfin allemands et autrichiens (très majoritairement des Juifs fuyant le nazisme) à l’ampleur des changements intervenus en Turquie sous Atatürk, puis sous Inönü, ou encore la naturalisation, dans les années 1930, de réfugiés russes et… arméniens qui avaient fui le stalinisme.
La question de l’impérialisme ne pose plus en 2023 dans les mêmes termes en 1923, mais elle se pose encore, comme en attestent, notamment, la tentative, par la Russie, d’envahir l’Ukraine, ou l’agressivité de l’actuel gouvernement chinois envers Taïwan, les Ouïghours, les Tibétains, Hong Kong, etc.

Au-delà de cette seule question, il y a la dignité et la respectabilité des nations. Le 10 novembre 1963, peu avant sa mort, John Kennedy déclare qu’« il n’y a certainement pas d’exemple plus réussi d’indépendance nationale que la naissance de la république turque et les profonds changements initiés depuis par la Turquie et Atatürk ».
En octobre 1968, Charles de Gaulle écrit sur le livre d’or du mausolée d’Atatürk : « De toutes les gloires, Atatürk a atteint la plus grande : celle du renouveau national. » De même, pour le célèbre anthropologue suisse [Eugène Pittard–> https://belleten.gov.tr/tam-metin-pdf/596/eng], « ce moment exceptionnel dans l’existence intellectuelle, sociale et politique de la Turquie demeurera toujours dans l’Histoire comme un des chapitres les plus saisissants. »

Je pense qu’il est inutile de comparer encore plus les dispositions du traité de paix de Lausanne avec celui de Sèvres. Cet accord éradique l’infâme tentative d’élimination du peuple turc que certains avaient planifié de ponctuer avec le traité de Sèvres. C’est là, un succès contractuel jamais obtenu dans l’histoire ottomane. »

Mustafa Kemal Atatürk (1881-193∞)
Tiré de son ouvrage « Nutuk » (Discours)

Pour rappel, à l’occasion de 75e anniversaire de la République de Turquie, l’Association Européenne des Anciens de Galatasaray (AEDAG), membre de notre fédération, avait publié une brochure commémorant la Conférence de paix de Lausanne. Dans le même état d’esprit, pour le centenaire du traité, la Fédération des Associations de Suisse Romande entend mettre sur pied, dès septembre, une série d’événements pour mettre en avant le message de paix qui émerge de ce traité.


[1Maurice Muret, « La paix de Lausanne », Gazette de Lausanne, 25 juillet 1923, p. 1.

[2Mara Kozelsky, « Casualties of Conflict : Crimean Tatars during the Crimean War », Slavic Review, LXVII-4, hiver 2008, pp. 866-891.

[3Justin McCarthy, Death and Exile. The Ethnic Cleansing of Ottoman Muslims, 1821-1922, Princeton, Darwin Press, 1995, pp. 59-108 ; William H. Holt, The Balkan Reconquista and Turkey’s Forgotten Refugee Crisis, Salt Lake City, University of Utah Press, 2019, pp. 105-213 (p. 157 sur les chiffres).

[4Justin McCarthy, Death and Exile…, p. 339.

[5Dotation Carnegie pour la paix internationale, Enquête dans les Balkans, Paris, Georges Crès & Cie, 1914, pp. 192 et 195-196.

[6Rinaldo Marmara (éd.), Témoignages lazaristes sur la guerre balkanique, İstanbul, Les éditions Isis, 2011, p. 49.

[7Maxime Gauin, « Uneven Repression : The Ottoman State and its Armenians », dans Edward J. Erickson (dir.), A Global History of Relocation in Counter-Insurgency Warfare, Londres-New York, Bloomsbury Academics, 2019, pp. 115-140 ; Justin McCarthy, Esat Arslan, Cemalettin Taşkıran et Ömer Turan, The Armenian Rebellion at Van, Salt Lake City, University of Utah Press, 2006, pp. 176-281.

[8Gabriel Korganoff (Gorganian), La Participation des Arméniens à la guerre mondiale sur le front du Caucase, Paris, Imprimerie Massis, 1927.

[9Kapriel Serope Papazian, Patriotism Perverted, Boston, Baikar Press, 1934, pp. 38-39.

[10Stéphane Yerasimos, « Caucase : la grande mêlée », Hérodote, n° 54-55, 4e trimestre 1989, p. 156.

[11Garéguine Pasdermajdian, Why Armenia Should be Free, Boston, Hairenik, 1918.

[13Stéphane Yerasimos, « La question du Pont-Euxin (1912-1923) », Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 153, janvier 1989, pp. 11-16.

[14Hikmet Özdemir, The Ottoman Army. Disease and Death on the Battlefield, Salt Lake City, University of Utah Press, 2008, p. 121.

[15Jeremy Salt, The Unmaking of the Middle East, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, 2008, p. 67.

[16Michael Reynolds, Shattering Empires. The Clash and Collapse of the Ottoman and Russian Empires, 1908-1918, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2011, pp. 156-158.

[17Emory H. Niles et Arthur E. Sutherland (membres de la commission Harbord, chargés des provinces les plus orientales de l’Anatolie), rapport au gouvernement fédéral américain, 1919, National Archives and Records Administration, College Park, Maryland, reproduit dans Justin McCarthy, « The Report of Niles and Sutherland—An American Investigation of Eastern Anatolia after World War I », dans XI. Türk Tarih Kongresi, Ankara, TTK, 1994, tome V, p. 1850.

[18Francis Gutton, Prisonnier de guerre chez les Turcs. Une captivité pas comme les autres. 1915-18, Paris, Bibliothèque du Comité d’histoire de la captivité, 1976, pp. 75-76.

[19Roger de Gontaut-Biron, Comment la France s’est installée en Syrie (1918-1919), Paris, Plon, 1922, p. 55.

[20Le général Hamelin, commandant les troupes françaises au Levant, à M. le ministre de la Guerre, section d’Afrique, 27 juin 1919, Archives du ministère des Affaires étrangères (AMAE), La Courneuve, microfilm P 16672.

[21Voir par exemple, Abraham Galanté, Histoire des Juifs d’Anatolie. Les Juifs d’Izmir (Smyrne), İstanbul, M. Babok, 1937, pp. 226-227.

[22Leyla Neyzi (éd.) Amele Tabury. The Military Journal of A Jewish Soldier in Turkey during The War of Independence, Istanbul, The Isis Press, 2005.

[23Henri Nahum (éd.), La Grande Guerre et la guerre gréco-turque vue par les instituteurs de l’Alliance israélite universelle d’İzmir, İstanbul, Les éditions Isis, 2003, pp. 44-51 et 54-55.

[24Berthelot’s proposal regarding the treaty of peace with Turkey, 11 January 1920, dans Tolga Başak (éd.), British Documents on the Armenian Question (1912-1923), Ankara, AVİM, 2018, p. 286 ; British Secretary’s Notes of a Conference of Foreign Secretaries and Ambassadors, 27 February 1920, dans Rohan Butler and J. P.-T. Bury (éd.), Documents on British Foreign Policy, 1st series, volume VII, Londres, Her Majesty’s Stationary Service, 1958, pp. 280-281.

[25Robert Zeidner, The Tricolor over the Taurus, Ankara, TTK, 2005, pp. 228-232.

[26Meir Zamir, « Population statistics of the Ottoman empire in 1914 and 1919 », Middle Eastern Studies, XVII-1, janvier 1981, p. 89.

[27Rapport de la commission interalliée d’enquête, reproduite dans Nihat Reşat (Belger), Les Grecs à Smyrne. Nouveaux témoignages sur leurs atrocités, Paris, Imprimerie Kossuth, 1920, p. 13.

[28Meir Zamir, « Population statistics of… », p. 103.

[29Nuri Dersimi, Kurdistan Tarihinde Dersim, Alep, 1952, pp. 159-162. Remarquons que ce livre est écrit en… turc.

[32« La journée », La Croix, 27 juin 1920, p. 1.

[33Georges Labourel, « Impressions de Turquie — Le vrai péril », Le Gaulois, 20 décembre 1920, pp. 1-2.

[34Maurice Gehri, « Mission d’enquête en Anatolie », Revue internationale de la Croix-rouge, 15 juillet 1921, p. 723.

[35Inquiries in Anatolia, Lausanne, 1922, p. 23.

[36« L’accord franco-turc », L’Europe nouvelle, 5 novembre 1921, pp. 1437-1438.

[37M. Briand, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, à M. Barthou, ministre de la Guerre, 11 janvier 1922, dans Christian Blaecher (éd.), Documents diplomatiques français. 1922, volume I, Berne, Peter Lang, 2007, pp. 70-72 ; Stanford Jay Shaw, From Empire to Republic. The Turkish War of National Liberation, Ankara, Türk Tarih Kurumu, 2000, volume III-1, pp. 1434-1435.

[38Réunion des ministres des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, d’Italie et de France, à Paris, pour traiter de la question d’Orient — 2e séance, jeudi 23 mars 1922, pp. 2, 5-8, 12-17 and 20, AMAE, 118 PA-AP 62.

[39Jules Laroche, Au Quai d’Orsay avec Briand et Poincaré, Paris, Hachette 1957, pp. 159-162 ; Arthur Nicolson, Curzon : The Last Phase, 1919-1925, Londres, Constable & C°, 1934, pp. 272-274 ; Charles de Saint-Aulaire, La Confession d’un vieux diplomate, Paris, Flammarion, 1953, pp. 630-631.

[40Rapport du commandant de la 2e division de cavalerie, Ahmet Zeki, 8 septembre 1922, Askerî Tarih Belgeleri Dergisi, n° 121, décembre 2007, p. 82.

[41Rodolphe Haccius et Henri Cuénod, « Mission en Anatolie », Revue internationale de la Croix-rouge, novembre 1922, p. 970.

[42Émile Wetterlé, En Syrie avec le général Gouraud, Paris, Flammarion, 1924, p. 86.

[43Hovannes Katchaznouni, The Armenian Revolutionary Federation (Dashnagtzoutiun) has nothing to do Anymore, New York : Armenian Information Service, 1955, p. 13.

[44The Marquess Curzon of Keldeston (Lausanne) to Sir E. Crowe, 9 January 1923, dans W. N. Medlicott et Douglas Dakin (éd.), Documents on British…, 1st series, volume XVIII, pp. 435-436.

[45Paul Dumont, « İsmet İnönü et son temps dans les archives publiques françaises », dans Hâmit Batu and Jean-Louis Bacqué-Grammont (dir.), L’Empire ottoman, la République de Turquie et la France, Paris-Istanbul, ADET/Les éditions Isis, 1986, p. 466.

[46Maurice Honoré, « En Orient. Le désastre grec », La Nouvelle Revue, 1er octobre 1922, p. 201 ; Le président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, à MM. Camille Barrère et Maurice Bompard, ambassadeurs de France, ministres plénipotentiaires de la République française à la conférence de Lausanne, 22 novembre 1922, AMAE, 118 PA-AP 65.

[47M. Maurice Bompard, ambassadeur de France, délégué à la conférence de Lausanne, à Son Excellence M. Poincaré, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, 4 février 1923, dans Ministère des Affaires étrangères, Documents diplomatiques. Conférence de Lausanne, Paris, Imprimerie nationale, 1923, tome II, pp. 126-129.

[48René Massigli, La Turquie devant la guerre. Mission à Ankara, 1939-1940, Paris, Plon, 1964, p. 39.

[49La Question de Mossoul, de la signature du traité d’armistice de Moudros, (30 octobre 1918), au 1er mars 1925, İstanbul, Ahmed Ihsan, 1925.

[50Maxime Gauin, « Revisiting the Fire of Izmir », Journal of South Asian and Middle Eastern Studies, XLI-1, automne 2017, pp. 44-45.

[51Notes prises le 5 décembre 1922 par Alexandre Khatissian pendant la conférence de Lausanne, reproduites dans ses Mémoires : Éclosion et développement de la République arménienne, Athènes, Publications de la F.R.A. Dachnaktsoutioun, 1989 (1re édition, en arménien, 1930), p. 380.

[52La Ligue internationale philarménienne à Son Excellence le président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, 2 décembre 1922, Archives du ministère des Affaires étrangères, La Courneuve, microfilm P 16677 ; Lettre adressée par la Ligue internationale philarménienne aux représentants de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Italie à la conférence de Lausanne, 19 janvier 1923, reproduite dans Tolga Başak (éd.), British Documents on…, 2018, pp. 417-419.

[53Mohammad Sadiq, The Turkish Revolution and the Indian Freedom Movement, New Dehli, MacMillan Indian, 1983.

[54İpek Yezdani, « Atatürk was inspiration for founder of Tunisia, Habib Bourguiba : Safwan Masri », Hürriyet Daily News, 25 mars 2018.

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