La Turquie va fêter ses cent ans de sa République, dimanche 29 octobre.
Retour sur un siècle de démocratie commencé par son premier et grand président de la République, Mustafa Kemal Atatürk.
Le 29 octobre 1923, Mustafa Kemal Atatürk a proclamé la République turque, un État moderne et multiethnique situé entre l’Europe et l’Asie. De la fin de l’Empire ottoman au rôle géopolitique actuel de la Turquie, retour sur 100 ans d’histoire d’un pays aux multiples facettes.
Turquie : le pays va célébrer ses 100 ans de la République
Le 29 octobre 2023, il y a cent ans, la République turque a été proclamée. Celle-ci est née sur les cendres d’un gigantesque empire, l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale et qui, après la défaite, est démantelé par les Alliés, la France, le Royaume-Uni ou l’Italie. Une humiliation que les nationalistes n’ont pas acceptée. Un homme, Mustafa Kemal Atatürk, prend la tête de la révolte. En 1923, il devient le libérateur, le père des Turcs et la République est fondée.
Kemal de son surnom donné par son professeur, a fait entrer la Turquie dans la modernité. Il était tourné vers l’Occident, il a donné le droit de vote aux femmes et il prônait la laïcité à la turque, c’est le religieux soumis aux politiques. Il a été aussi un dirigeant autoritaire qui a transformé le pays à marche forcée en à peine dix ans. Les écoles coraniques ferment comme les tribunaux religieux. Dans la rue, le traditionnel fez ottoman est remplacé par le chapeau haut de forme. Le voile est interdit dans l’espace public.
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Ankara,
Depuis hier, l’Etat turc est devenu une république. Mustafa Kemal en est aujourd’hui élu président par les députés de la Grande Assemblée Nationale Turque (GANT), à l’unanimité. Il a nommé Isnet Premier ministre.
Ce dernier est occupé à former le premier cabinet du nouveau régime. Depuis sa jeunesse, Mustafa Kemal estime que le régime monarchique, teinté d’une aveugle soumission aux préceptes surannés de l’islam, est à l’origine de tous les retards qui on affaiblit l’empire dans tous les domaines politique, économique, social, scientifique et culturel.
À son avis, seul un régime républicain est capable de hisser la Turquie, dont certaines particularités ne se sont guère modifiées depuis le Moyen Âge, au niveau des États européens les plus civilisés.
Mais, pendant la guerre d’indépendance, il savait déjà que la majorité de ses plus proches compagnons ne le soutenaient de toutes leurs forces que parce qu’ils étaient persuadés qu’une fois le pays libéré, il allait le placer à nouveau sous l’autorité suprême du sultan. C’est la raison pour laquelle à ne leur confiait pas ses projets à long terme, qu’il gardait au fond de son cœur, comme un secret national".
Pendant la conférence de Lausanne, alors que les discussions évoluent favorablement pour la Turquie, il s’est mis à en parler à ses proches de plus en plus souvent. Dans son entourage, nul n’ignorait plus son projet. La presse locale feignait de ne pas être au courant. Il a déclaré, le , au correspondant allemand du Neue Freie Presse : « La nouvelle Constitution turque précise que la souveraineté appartient à la nation sans restriction. Les pouvoirs législatif et exécutif ne peuvent être exercés que par l’Assemblée élue par elle. Cela s’appelle un régime républicain et sera bientôt confirmé par une loi. »
Cette déclaration a fait l’effet d’une bombe à Ankara, où les députés les plus progressistes ne s’y attendaient pas. Mustafa Kemal a ainsi habilement provoqué une crise gouvernementale pour franchir le pas. Le système prévoyait que ce soit la GANT qui forme le gouvernement. Des élus n’arrivant pas à se mettre d’accord sur le choix de deux nouveaux ministres, Mustafa Kemal a demandé au cabinet d’Ali Fethi de présenter sa démission, ce qu’il fit. Comme il l’avait prévu, la GANT n’a pas réussi à former un nouveau gouvernement.
Avant-hier soir, il a réuni à son domicile quelques-uns de ses amis et leur a annoncé qu’il allait proclamer la république dès le lendemain. Hier, les membres du PRP qui avaient été convoqués en urgence ont approuvé le projet. Le soir, les députés conservateurs sont restés bouche bée en entendant un orateur de la GANT affirmer que la République turque ressemblerait, par son essence, à l’État qui avait été formé autrefois par Mahomet à Médine ! Le nouveau régime a été approuvé par la majorité des élus. L’événement est fêté dans le pays par 101 salves de canons.