Arménie : les multiples dangers d’un nationalisme à distance
Turquie News se fait un plaisir de publier ci-dessous le dernier article de Maxime Gauin, article qui a récemment été supprimé du site de l’Atlantico à la suite des pressions et menaces reçues de la part d’extrémistes issus de la diaspora arménienne en France.
Nous apprenons qu’@atlantico_fr est revenu à la raison en supprimant la tribune du négationniste Maxime Gauin. La propagande anti-arménienne de l’Azerbaïdjan n’a pas sa place en France.
— Comité de Défense de la Cause Arménienne - CDCA (@cdcaancfrance) October 27, 2021
Une fois de plus, Turquie News tient à rappeler aux extrémistes divers et terroristes intellectuels et en tous genres, qu’en France la liberté d’expression et la liberté de la presse ont une valeur constitutionnelle : elles sont consacrées par la Constitution du 4 octobre 1958 en son préambule. L’article 11 de la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dispose : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi . »
Rappelons-leur également les termes de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui ont pour objet la protection de la liberté de la presse : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».
Liberté d’opinion, liberté d’expression, et liberté de presse sont des libertés fondamentales. La Loi du 29 juillet 1881 donne toute liberté aux journalistes d’enquêter et de publier sur tous les sujets. La liberté de la presse n’est pas uniquement la liberté accordée aux journalistes de penser et d’exprimer leurs opinions, il convient de l’associer à un droit fondamental reconnu à tout citoyen : le droit à l’information.
« La liberté de la presse est l’une des principales libertés publiques. C’est une condition nécessaire à l’exercice de la démocratie. Elle participe du droit d’expression et de critique dont disposent tous les citoyens vivant dans les pays démocratiques. »
Ces principes, posés par le Conseil National des Droits de l’Homme, par les déclarations des droits de l’Homme et consacrés par la Constitution, sont donc protégés par la Loi.
Turquie News.
Qu’une diaspora veuille peser sur la politique de son pays d’origine (ou qu’elle considère comme tel) n’est pas original. La Tunisie est ainsi devenue, en 2011, le pays du monde où les expatriés et les binationaux de l’étranger sont, proportionnellement à la population, les plus représentés au Parlement. Quant à la diaspora sénégalaise en France, les candidats à la présidence de ce pays africain la considèrent, à tort ou à raison, comme pesant d’un poids décisif et leur représentation au Parlement a doublé en 2018.
Il existe cependant un cas tout à fait singulier : celui de la diaspora arménienne. L’impact symbolique et parfois pratique, sur la vie politique française, de ceux qui parlent en son nom est sans rapport avec le poids démographique (environ trois cents mille personnes, déduction faite de celles qui sont totalement assimilées) et plus encore avec la base militante des associations arméniennes en France : leurs journaux et même leurs sites Internet ferment les uns après les autres depuis 2009, faute de lecteurs ; la plupart de leurs manifestations à Paris, depuis 2007, n’ont pas pu rassembler plus de 300 participants. À la différence des diasporas précitées, la diaspora arménienne, en France comme sur le continent américain, est majoritairement constituée de personnes dont les ancêtres venaient de l’Empire ottoman ou de pays qui en sont issus — le Liban tout particulièrement — et qui n’ont donc ni la nationalité arménienne, ni même une connaissance approfondie de la situation de cette ancienne république soviétique.
Or, après avoir encouragé l’Arménie au pire, ceux qui parlent au nom de la diaspora arménienne se retrouvent, pour la plupart, dans une situation inédite de conflit avec le gouvernement d’Erevan issu des urnes, et tentent d’utiliser des élus français dans ce conflit, en pratiquant le chantage électoral (pour le moins). En 1992, l’Arménie a envahi son voisin l’Azerbaïdjan, s’emparant non seulement de l’ex-république autonome du Haut-Karabakh (peuplée en majorité d’Arméniens ethniques, citoyens azerbaïdjanais) mais aussi de sept autres districts, qui ne comptaient qu’1 % d’Arméniens au recensement soviétique de 1989 ; sur l’ensemble des territoires ainsi occupés, pris en bloc, comme dans certaines villes du Haut-Karabakh, les Arméniens étaient minoritaires, à la veille de l’invasion. La majorité azérie, et plus généralement musulmane, a été éliminée, par l’expulsion et le massacre. Quatre résolutions du conseil de sécurité de l’ONU, adoptées en 1993, ainsi qu’une résolution de l’Assemblée générale, votée en 2008, ont exigé le retrait immédiat des forces d’occupation, en vain. La Grande chambre de la Cour européenne a condamné l’Arménie, en 2015, pour l’expulsion d’une famille kurde azerbaïdjanaise.
Ceux qui parlent au nom de la diaspora arménienne ont soutenu les éléments les plus nationalistes de l’Arménie, les ont encouragés à l’intransigeance, et au mépris de toutes les décisions qui viennent d’être citées. La conséquence inévitable est arrivée : plus peuplé, plus riche, soutenu par la Turquie — mais aussi par Israël, l’Ukraine, la Géorgie et la Hongrie — l’Azerbaïdjan a reconquis, l’an dernier, son territoire internationalement reconnu comme tel. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinyan a pu ainsi mesurer l’ampleur de ses erreurs et de ses fautes, ainsi que de celles de ses prédécesseurs. Sur une ligne toute différente, il a gagné les élections législatives de juin dernier. Or, les associations d’Arméniens en France comme outre-Atlantique demeurent, pour la plupart, hostiles à M. Pachinyan, à cause de son évolution, et parlent de reprendre la guerre, ce qui serait catastrophique pour l’Arménie elle-même, mais pas pour leurs membres, qui parlent à leur aise depuis Paris, Lyon ou Marseille.
Ce ne serait qu’anecdotique sans l’extraordinaire agressivité de ce qu’il leur reste de militants et de sympathisants. Les dirigeants de TF1 et Liseron Boudoul, journaliste de cette chaîne, ont été menacés de mort l’an dernier, l’un des appels au meurtre proposant explicitement d’imiter l’assassin de Samuel Paty. Un reportage avait déplu. Des journalistes collaborant à Libération ont été aussi menacés d’attentats par des fanatiques qui parlent de reconstituer l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA), connue notamment pour l’attentat d’Orly (huit morts ; la bombe devait exploser en vol et tuer ainsi 117 personnes) : ces journalistes avaient parlé des néonazis engagés du côté arménien. Encore plus récemment, en avril dernier, le politiste Bruno Tertrais a été diffamé sur Facebook par Armen Ghazarian, responsable de l’association arménienne Yerkir, pour avoir osé dire certaines vérités sur le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Un commentateur a prôné le terrorisme homicide contre M. Tertrais. Il a fallu plusieurs jours, et l’affichage de ces horreurs, avec dénonciation à l’intéressé, pour que tout fût retiré. Cela ne devrait étonner personne, car des hommages aux terroristes kamikazes de Lisbonne (attentat-suicide de l’Armée révolutionnaire arménienne contre l’ambassade de Turquie au Portugal, en 1983) ont lieu chaque année, en toute impunité, sur le sol français.
Or, ceux qui organisent de tels hommages sont régulièrement reçus par des élus, locaux et nationaux, en France, aujourd’hui, comme s’ils représentaient autre chose qu’eux-mêmes. Ces réceptions nuisent à l’intérêt national français (perte de contrats) et à l’Arménie elle-même, qui a besoin de paix et de réconciliation.
Maxime Gauin.