LES FAITS
Après l’avoir promis pendant des mois, le Gouvernement turc a enfin rendu publique son « ouverture démocratique » visant à répondre aux revendications des 12 millions de Kurdes de Turquie et mettre un terme à un conflit de vingt-cinq ans avec le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui a fait plus de 45 000 morts. Parmi les mesures principales figurent le droit d’utiliser la langue kurde pendant les campagnes électorales, la levée des restrictions sur son usage dans les médias, le retour à leur appellation d’origine des villages dont le nom a été turquifié. La création d’un comité chargé d’instruire les plaintes contre les atteintes aux droits de l’homme a également été annoncée.
LES COMMENTAIRES
Lorsque le ministre de l’Intérieur, vendredi dernier, a présenté son plan, les médias annonçaient à l’unisson un jour « historique » pour la Turquie. Une fois son contenu connu, seule la presse conservatrice gardait un optimisme intact. Le quotidien Today’s Zaman a salué une « étape déterminante dans l’histoire de la République ». Mais de nombreux commentateurs politiques ont fait part de leur déception. Pour Mehmet Ali Birand, directeur de l’information de la chaîne CNN Türk, le gouvernement court le risque de passer à côté de « l’opportunité » de résoudre le problème kurde : « Les pas de l’AKP (Parti de la justice et du développement ; actuellement au pouvoir, ndlr) sont insuffisants et faibles. » De son côté, Rusen Çakir, éditorialiste au journal Vatan, estime qu’aucune solution concrète qui permettrait de désarmer le PKK n’a été proposée.
À SUIVRE
Pour que la guérilla kurde descende des montagnes du nord de l’Irak où elle est retranchée, Ankara ne pourra pas faire l’économie d’une amnistie. Il s’agit d’une des demandes clés des rebelles. Mais l’AKP est confronté à une forte opposition des partis nationalistes qui l’accusent de faire le jeu des terroristes et de mettre en danger l’unité nationale. Surtout, la marge de manœuvre du premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, est sérieusement limitée par l’état-major. Ces derniers jours, l’armée turque multiplie d’ailleurs les opérations militaires contre le PKK dans l’est du pays et dans les montagnes irakiennes.
Source "Hebdo" du 18 novembre 2009