Un Bilan économique à nuancer...

Depuis l’arrivé de l’AKP au pouvoir la Turquie a connu une croissance impressionnante, 9% en 2010 et une estimation faite par l’OCDE de 6,5% pour 2011, alors qu’elle était en faillite en 2001 sous Bülent Ecevit. Le premier ministre annonce avec orgueil que la Turquie n’aura plus aucune dette auprès du FMI d’ici 2 ans. Aujourd’hui les plans industriels de l’AKP apportent leurs fruits : un développement considérable des infrastructures notamment des routes, des aéroports, des écoles, des hôpitaux, des barrages... On peut aussi ajouter que le PIB par habitant est passé de 6 800$ à 12 300$ entre 2001 et 2010.
En bref, l’AKP a fait croitre son industrie et plus généralement son économie avec une Turquie qui fait désormais parti du G20 en se hissant a la 16ème place dans l’économie mondiale.

Or, plusieurs indices bruts assombrissent le tableau de « la croissance à la chinoise » de la Turquie comme le déficit commercial ou la hausse du taux de chômage. Ce bilan économique est nuancé par Sinan Ünal qui tire la sonnette d’alarme en pointant du doigts une balance commerciale trop déficitaire. Ce déficit commerciale , équivalent à 8% du PIB, s’explique par le fait que « la Turquie finance sa croissance par l’importation massive de capitaux étrangers » finançant à leur tour les investissements des entreprises, et par conséquent provoque un effet pervers chez les consommateurs qui « dépensent beaucoup et achètent surtout des produits étrangers » rendant ainsi la Turquie dépendante des investisseurs étrangers selon Deniz Ünal, économiste au PECII(Centre d’études prospectives et d’informations internationale). S’ajoute à cela un taux de chômage élevé qui est passé de 8 à 11,5% entre 2005 et 2010, et 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté(avec un revenu inférieur à 6000$/an) alors que fils du premier Ministre se permet d’acheter un yacht de 50 Millions de dollars (au frais de l’Etat bien sur).

...et une politique intérieure autoritaire et corrompue

Les inégalités scolaires ne cessent de se creuser en Turquie. En effet, l’enseignement publique ne suffisant plus aux élèves pour obtenir l’ÖSS(l’équivalent du BAC), ces derniers vont donc recourir à des centres d’études appelés « Dershane » coutant en moyenne 3000TL à l’année(soit 1400€ environ). En d’autres termes le privée est favorisé face un système scolaire médiocre. En effet depuis l’arrivé au pouvoir de l’AKP le nombre de ces fameux « Derhsane » a doublé ! On parle de système scolaire très inégalitaire dans la mesure où les pus aisées peuvent suivre un meilleur enseignement que les pauvres puisqu’ils ont les moyens de se payer des centres d’études(« Dershane ») à des prix exorbitants que ne peuvent pas se permettre les classes sociales les plus défavorisées.

Venons à la soif d’autorité de Recep Tayyip Erdogan. L’affaire Ergenekon est une très belle démonstration... Cessons de fermer les yeux sur cette affaire ! Des journalistes et des écrivains, qui dénoncent les liens du pouvoir en place avec la confrérie Fethullah Gulen ou son comportement abusif que ce soit dans le domaine politique ou économique, sont enfermés pour avoir détenus des bombes chez eux ou pour avoir comploté contre l’État ! C’est insensé, absurde, aberrant ! Comment un écrivain comme Nedim Sener, qui a reçu un prix par « l’Institut International de la Presse » pour son livre dénonçant la responsabilité du service de sécurité de Hrant Dink, peut il être un danger pour le gouvernement ? Cette affaire concernait seulement les personnes qui ont des liens avec des terroristes ou qui sont un danger pour l’Etat, aujourd’hui elle a pris une toute autre tournure en devenant l’instrument de l’AKP pour imposer sa censure auprès des universitaires, des journalistes, des associations...Ces éléments renvoient plus largement à la question de la démocratie en Turquie comme le pense d’ailleurs Kemal Kiliçdaroglu : « Si les domiciles et les bureaux des journalistes sont perquisitionnés tôt le matin sans raison concrète, cela montre que [l’état de] la démocratie en Turquie doit être remis(e) en cause ».

Même si la Turquie a toujours eu des affaires de corruptions elles n’ont jamais impliqué des sommes aussi importantes. Prenons l’exemple de l’affaire de détournements de fonds de l’association « Deniz Feneri », estimé par le juge Jürgen Müller comme étant un « crime contre la démocratie mais aussi contre la liberté de conscience », a été l’un des plus grand scandale financier concernant le détournement de millions d’euros au profit de l’AKP.

Malgré une avancée du pays, l’AKP a apporté beaucoup plus de peur que de de progrès...C’est un régime paradoxale, ils se disent « musulmans démocrates » alors qu’ils ne respectent pas les préceptes de l’Islam : un régime qui ment, qui censure, qui abuse de son pouvoir et qui vole.

Okan