Lors du match du championnat NBA (Championnat professionnel de basket) à Los Angeles, opposant le « Clippers » de Los Angeles au « Suns » de Phoenix, la chanteuse turque Sinem Saniye devait interpréter quelques chansons. Mais dans l’agglomération qui compte plusieurs centaines de milliers d’Arméniens et de descendants d’Arméniens, encadrés par des structures associations violemment antiturques, les organisateurs auraient reçu des menaces et décidé d’annuler la prestation de S. Saniye. Dans une interview au journal turc « Aksam », la chanteuse, déçue, déclare « je pense que les activistes arméniens de la diaspora ont eu un rôle dans cette annulation ». Sinem Saniye qui vit depuis trois ans aux Etats-Unis affirme que c’est la première fois que son origine turque est venue influer sur sa carrière. « Je ne comprends pas, d’autant plus que l’un de mes meilleurs amis est arménien et un autre grec ! » dit S. Saniye, dépitée.
Les manifestations culturelles turques ont souvent été la cibles des nationalistes arméniens. Aux États-Unis, particulièrement en Californie. Des bombes ont explosé en avril 1976 et le 3 juin 1981, à la sortie de spectacles de danse turque ; il y a eu des attaques des menaces d’attentat en 1972, qui ont conduit à l’annulation d’un autre spectacle, et des agressions par des voyous de 1974 à 2000 (oui, 2000). La dernière était contre la Nuit turque, fête annuelle des étudiants turcs de l’université de Californie méridionale (University of South California). La fête fut annulée, la police s’avérant incapable de protéger les Turcs et leurs amis contre les voyous arméniens membres de l’Armenian Youth Federation (AYF), l’équivalent de la FRA Nor Seround en France ; branche jeunesse de la FRA Dachnaktsoutioune, le parti social-nationaliste arménien.
Trois consuls de Turquie à Los Angeles ont été assassinés, cas unique au monde : Mehmet Baydar et son adjoint Bahadır Demir, le 27 janvier 1973, par Gourgen Yanıkian (1895-1984), ancien volontaire de l’armée russe pendant la Première Guerre mondiale, condamné à perpétuité par la justice californienne ; Kemal Arıkan, le 28 janvier 1982, par les « Commandos des justiciers du génocide arménien », branche terroriste de la FRA-Dachnaktsoutioun. L’un des deux auteurs de l’assassinat de Kemal Arıkan, Hampig Sassounian, a été, lui aussi, condamné à perpétuité. Dans les écritures présentées pour l’audience d’application des peines, en août 2010 (où la demande de libération conditionnelle du terroriste fut rejetée), l’Assembly of Turkish American Associations (ATAA) et son avocat David Saltzman ont démontré, articles de la presse dachnak à l’appui, que non seulement la FRA Dachnaktsoutioune entretient la vénération d’Hampig Sassounian et d’autres terroristes parmi ses jeunes membres, mais en plus, a continué, dans les années 2000, d’apprendre le maniement des armes à feu à une partie d’entre eux.
Bonnie J. Kaslan, consul honoraire de Turquie en Californie et dirigeante de l’ATAA, vit sous la protection de la police depuis 1980. Elle a reçu d’innombrable menaces de mort sur son répondeur téléphonique et dans sa boîte aux lettres, ainsi qu’un colis que les spécialistes en explosifs ont détruit, au printemps 1985. Elle a été victime de tentatives d’agressions par des Arméniens jusqu’en avril 1999 inclus.
Mais au-delà de cette spécificité californienne, comment ne pas penser aux réactions hystériques contre la venue du Kybele à Marseille, en 2009, et au possible sabotage de ce navire ?