Turquie News vous propose de (re)découvrir la traduction d’un article de Hasan Kanbolat paru dans l’édition du 9 octobre 2007 du journal Zaman.

En vous souhaitant bonne lecture.


Par Hasan Kanbolat

Le lobby arménien n’a pas été satisfait des remarques du Président Bush, qui a employé les termes ‘massacres de masse’ et ‘déportation forcée’ au lieu du mot ‘génocide’ dans son rapport régulier du 24 avril relatif aux événements de 1915.

Le dossier arménien est de nouveau à l’ordre du jour, six mois après ces remarques.

Le projet de résolution (N°106) sur le "génocide arménien", avec la discussion lancée par la Présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, sera discuté et voté par la Commission des affaires étrangères de la Chambre des Représentants des Etats-Unis. Le Président de la Commission Tom Lantos décidera s’il y a lieu de faire voter la motion par la Chambre à la majorité simple. Le Démocrate de la Californie, Lantos, qui est connu pour son opposition à la motion, n’a pas beaucoup d’options. On s’attend à ce que l’avant-projet soit voté une semaine plus tard sur la base de la majorité simple. Le député AKP, Egemen Bağış, est à Washington du 7 au 11 octobre dans le but d’empêcher l’adoption du projet de résolution.

Le fait que l’avant-projet a été inscrit à l’ordre du jour aux fins de discussions, ne signifie pas nécessairement qu’il sera adopté. La Turquie cherchera des moyens pour ralentir le processus d’adoption de l’avant-projet. Le 25 septembre, huit anciens secrétaires d’état des USA (Madeleine Albright, James A. Baker III, Warren Christopher, Lawrence Eagleburger, Alexandre Haig, Henry Kissinger, Colin Powell et George P. Shultz) ont envoyé une lettre à Pelosi dans laquelle ils attirent l’attention sur le fait que les intérêts américains pourraient être torpillés si la motion est adoptée. En mars 2007, la secrétaire d’Etat actuelle Condoleezza Rice et le secrétaire à la Défense, Robert Gates, ont envoyé des lettres semblables à Pelosi.

Quel est le problème entre la Turquie et l’Arménie ? La frontière avec l’Arménie devrait-elle être ouverte ? Nous devrions chercher des réponses pour ces questions.

La longueur de la frontière Turco-Arménienne est de 325 kilomètres. Il y a deux passages actuellement fermés, le poste frontière d’Alican et le poste frontière ferroviaire d’Akyaka. Le poste d’Alican est situé dans le village d’Alican près d’Iğdır tandis que celui d’Akyaka est localisé à Akyaka près de Kars. A 36 km de Kars, ce poste est généralement connu comme « Porte Est », alors que les Arméniens l’appellent « Porte Akhourian ». En plus d’une voie ferrée, une route de village traverse le poste.

L’Union d’Européen regarde la fermeture de la frontière comme un obstacle avant l’intégration de l’Arménie à l’UE en raison de la forte influence de ce pays dans le contexte d’une Europe élargie. L’Arménie cherche actuellement des moyens d’augmenter la pression sur la Turquie, en affirmant que la situation actuelle inflige des dommages à l’économie du pays. Le Comité National Arménien de l’Amérique (ANCA) [Dirigée par la FRA Dashnaktsoutioun, NDLR] estime que l’embargo imposé à l’Arménie par la Turquie et l’Azerbaïdjan coûte à l’économie arménienne entre 570 et 720 millions de dollars chaque année. Si les frontières étaient ouvertes, les exportations de l’Arménie doubleraient et le produit national brut (PNB) passerait de 30 à 38 %. Selon des données de la Banque Mondiale, l’épargne arménienne atteindrait entre 6,4 et 8,4 millions dans les transports, 45 millions sur la consommation d’énergie, et les exportations augmenteraient de 268,9 à 342,4 millions. Les avantages cumulés seraient de l’ordre de 320 à 400 millions (toujours en dollars). Les Arméniens affirment que l’ouverture des postes frontières serait une défaite diplomatique pour l’Azerbaïdjan et l’Arménie remporterait un important succès dans le conflit du Haut-Karabakh. En outre, l’Arménie deviendrait un point de passage important dans les liaisons entre la Turquie, l’Azerbaïdjan et les pays asiatiques centraux. Grâce à l’utilisation des ports, des chemins de fer et des routes de la Mer Noire de la Turquie, la libre circulation des marchandises sera sécurisée et l’Arménie sera intégrée à l’économie européenne.

Suite à la guerre Arméno-Azérie qui dure depuis 1994, 40.000 personnes [Azéries, NDLR] du Haut-Karabakh — occupé par l’Arménie — et 700.000 personnes des sept autres provinces de l’Azerbaïdjan, ont dû quitter leur foyer. Par conséquent, en raison de l’invasion, 13% des azéris sont devenus des émigrants dans leur propre pays. C’est pour cette raison que la Turquie a fermé la frontière avec l’Arménie en avril 1993 et l’espace aérien en 1994. Cependant, la fermeture de la frontière entre la Turquie et l’Arménie n’est pas limitée à la question du Haut-Karabakh. L’Arménie affirme que les traités d’Alexandropol (Gumri) en 1920 et celui de Kars en 1921 qui ont délimité la frontière Arméno-Turque, sont sans effets. Dans la déclaration d’indépendance adoptée le 23 août 1990, l’Arménie a décrit la région anatolienne de la Turquie de l’Est, en tant qu’ « Arménie occidentale ». En outre, dans l’article 13 de la constitution arménienne qui décrit les armoiries, il y a le Mt Ararat (Ağrı), qui appartient indiscutablement à la Turquie.

En dépit de l’attitude hostile de l’Arménie, la Turquie est devenue le deuxième pays après les Etats-Unis à reconnaître son indépendance le 16 avril 1991. Après la reconnaissance, la Turquie a également accordé une aide humanitaire à ce pays, y compris de la nourriture et de l’électricité. Elle a également permis l’utilisation de son territoire par d’autres pays pour le passage de l’aide humanitaire. La Turquie a invité l’Arménie à se joindre à l’organisation de la coopération économique de la Mer Noire (BSEC) le 25 juin 1992 en tant que membre fondateur, et de nommer un représentant permanent affilié à l’Organisation, à Istanbul. On a permis aux lignes aériennes arméniennes d’avoir des vols Erevan-İstanbul et Erevan-Trabzon. La Turquie a également ouvert le couloir aérien H-50 pour les lignes internationales avec l’Arménie. Il y a des services réguliers d’autobus de la Mer Noire orientale à l’Arménie par la Géorgie, qui utilise le port de Trabzon pour l’export-import. Les restrictions à l’entrée en Turquie ont été levées par le régime de visa mis en place le 10 janvier 2002 et 100.000 ouvriers clandestins arméniens ont été autorisés de rester en Turquie. On permet aux citoyens arméniens de participer aux sports internationaux et aux événements culturels qui se tiennent en Turquie. Il y a des activités commerciales permanentes entre la Turquie et l’Arménie par l’Iran et la par Géorgie et environ 20 compagnies fondées par les hommes d’affaires turcs et arméniens fonctionnent actuellement. Selon des données officieuses, le volume d’échange bilatéral est passé de 30 à 200 millions de dollars ces dix dernières années.

En conclusion, l’intégration de l’Arménie avec l’Ouest et la démocratisation dépendent de ses relations régulières avec la Turquie démocratique. L’Arménie, qui occupe les territoires azéris depuis une décennie, rejette la plupart des décisions et des offres de paix des Nations Unies, du Conseil de l’Europe et de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Pour cette raison l’état de guerre avec l’Azerbaïdjan continue toujours. En termes légaux, l’Arménie est toujours un pays agresseur. Il n’y a aucune explication acceptable à l’occupation des territoires azéris en faisant référence à la situation du Haut-Karabakh, en dépit du fait que le cessez-le-feu a été respecté depuis beaucoup d’années. C’est pourquoi Arménie devrait admettre qu’il est temps pour elle de donner des réponses positives aux gestes de la Turquie. La prédominance de la démocratie et de la raison en Arménie seront le commencement de la résolution désirée.

HASAN KANBOLAT, Zaman

source : ZAMAN
traduction : Turquie News