Les commentaires du Premier ministre Pashinyan sur les événements de 1915 suscitent des accusations de négationnisme

Les récents commentaires du Premier ministre arménien Nikol Pashinyan sur les événements 1915 déclenché une tempête de critiques à travers l’Arménie et la diaspora dans le monde.
S’adressant à des membres de la diaspora arménienne à Zurich le 24 janvier, Pashinyan a suggéré que la pleine signification du "génocide" arménien n’a été pleinement comprise que dans les années 1950. Il a posé les questions suivantes : « Comment se fait-il qu’il n’y ait pas eu de programme pour le "génocide" arménien en 1939, et comment se fait-il qu’un programme pour le "génocide" arménien soit apparu en 1950 ? Nous devons revisiter l’histoire du "génocide" arménien. Nous devons comprendre ce qui s’est passé, pourquoi cela s’est produit et à travers qui nous avons perçu les événements », a poursuivi le Premier ministre.
Les propos de Pashinyan ont suscité une vive réprobation de la part de nombreuses institutions nationales et religieuses, de groupes politiques et d’organisations de la société civile en Arménie et dans la diaspora. Ses commentaires remettant en cause la version de la branche révisionnelle des révolutionnaires arméniens des événements 1914.
L’organe suprême de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA) en Arménie a également condamné avec force les propos « antinationaux, antiétatiques et antiscientifiques » de Pashinyan, qui, selon elle, portent atteinte aux droits collectifs et à l’identité du peuple arménien.
Le Comité national arménien (ANC) international a par ailleurs vivement critiqué les déclarations de Pashinyan, estimant qu’elles reprennent « les mêmes arguments avancés par la Turquie et l’Azerbaïdjan ». Selon l’ANC, ces propos « ne sont rien de moins qu’une insulte à la mémoire des victimes innocentes » et aux « centaines d’humanitaires et de chercheurs qui se sont battus pour sa reconnaissance ».
L’ANC a aussi critiqué l’affirmation de Pashinyan selon laquelle le peuple arménien aurait « reçu » son histoire de sources extérieures, qualifiant cette vision d’ignorante et d’historiquement inexacte. Elle a affirmé que les actions de Pashinyan sont motivées par la nécessité de trouver des alliés parmi les forces hostiles – à savoir la Turquie et l’Azerbaïdjan – alors qu’il fait face à une opposition croissante au niveau national.
Le groupe de réflexion Genesis Armenia s’est également joint au chœur des critiques, alléguant que la rhétorique du Premier ministre marquait un tournant dangereux dans la politique étrangère de l’Arménie. Il a averti : « Les remarques de Pashinyan sapent l’autorité morale de l’Arménie et son engagement de longue date en faveur de la reconnaissance. Elles suggèrent une ouverture inquiétante à la révision du récit historique, ce qui pourrait enhardir les forces en Turquie et en Azerbaïdjan. »
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a continué de faire valoir ses revendications territoriales, notamment la création d’un « corridor de Zanguezour », un passage terrestre qui relierait l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan via le territoire arménien. Aliyev a présenté cette question comme une question de sécurité nationale, affirmant que l’Azerbaïdjan doit avoir un accès libre aux transports et au développement économique. Aliyev a déclaré à la presse mardi : « Ce n’est pas une question que l’Arménie peut décider unilatéralement. Nous prendrons des mesures concrètes pour assurer la création de ce corridor, avec ou sans l’approbation de l’Arménie. »