ATATÜRK par Ayten AKGÜRBÜZ

Une exposition itinérante propose de découvrir la vision ottomane du monde à travers des cartes du 17ième siècle. Si les cartes géographiques que l’on trouve en Europe, la place toujours au centre du monde, l’exposition a pour ambition de présenter une perspective ottomane.


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Comment les Ottomans voyaient le monde ?

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 441
Comment les Ottomans voyaient le monde ?

Organisée dans le cadre de la commémoration du 400e anniversaire de la naissance de Kâtip Çelebi et de la Saison turque en France, l’exposition « De Pîrî Reis à Kâtip Çelebi – Le monde vu par les Ottomans », s’est tenue du 7 au 11 décembre à la Maison de l’Unesco. L’inauguration s’est faite en présence de Gürcan Türkoglu, délégué Permanent de la Turquie auprès de l’UNESCO.
L’exposition a présenté 53 cartes, versions ottomanes des cartes dessinées par les géographes du monde musulman du 9ème au 15ème siècle. Les cartes qui vont de l’extrême orient à l’Australie, en passant par la découverte de l’Amérique et le pôle nord, permettent, selon Bekir Karliga, organisateur de l’exposition et président du comité turc de l’Alliance des Civilisations, de mieux connaître le monde ottoman du 17ième siècle, à travers des éléments concrets que sont les cartes géographiques. Pour Mustafa Kaçar, co-organisateur et historien à la faculté de Lettres et de l’Histoire de Sciences à l’université d’Istanbul, une carte ne représente pas qu’une façon de s’orienter dans l’espace mais offre une vision culturelle et politique du monde. Cette vision présente selon le professeur Karliga une alternative par rapport à celle que l’on peut avoir en Occident : « en reprenant l’héritage de Byzance, au centre de l’Empire romain d’Orient, les Sultans ottomans devinrent les sultans des musulmans et de Byzance.

Remettre en question l’eurocentrisme

L’exposition propose donc, d’après Bekir Karliga, une remise en question d’un certain « eurocentrisme » qui a tendance à tout voir à travers le prisme de l’occident. Ainsi, Mustafa Kaçar ajoute que l’Europe ne représente qu’un « voisin » pour les Ottomans, sans que l’on puisse instituer un quelconque rapport de supériorité. Pour l’historien, l’exposition permet également de lutter contre de nombreux préjugés dont est victime l’Empire ottoman, accusé d’être en retard sur son temps. Une partie des cartes sont tirées de l’œuvre Cihânnüma (Cosmorama) de Kâtip Çelebi. Pour Bekir Karliga cette œuvre a une importance capitale pour la connaissance du monde ottoman. « Alors que l’Empire vivait une période de difficultés, explique-t-il, Kâtip Çelebi a fait, à travers son ouvrage, des propositions pour essayer de nouvelles perspectives d’évolution. Il a ainsi étudié différents pays pour permettre de mieux les connaître ». Il précise que l’ouvrage a été traduit en anglais et que la traduction en français est en cours. « Il s’agira de montrer, ajoute-t-il, les efforts menés par un intellectuel ottoman pour connaître le monde ». L’exposition a déjà été présentée dans de nombreuses villes turques, comme Istanbul, Ankara et Mardin, aux Etats-Unis, au musée d’anthropologie de l’université San Bernardino, en Californie, et continuera de faire le tour du monde, aussi bien dans de nombreuses villes européennes qu’en extrême-orient.


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