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ÇANAKKALE & LA TENTATIVE RÉPUGNANTE D’EFFACEMENT D’ATATÜRK

Publié le | par Engin, Özcan Türk (Facebook) | Nombre de visite 336
ÇANAKKALE & LA TENTATIVE RÉPUGNANTE D'EFFACEMENT D'ATATÜRK

ÇANAKKALE & LA TENTATIVE RÉPUGNANTE D’EFFACEMENT D’ATATÜRK

A l’instar de chaque année le 18 mars, les Turcs vont commémorer demain la victoire navale de la bataille des Dardanelles (Çanakkale).
Grâce au stratagème d’un jeune colonel, Mustafa Kemal, -qui deviendra Atatürk-, l’armée turque est sortie vainqueur de cette terrible bataille où l’Empire ottoman était attaqué par 6 pays dont notamment la France, la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

La bataille des Dardanelles a marqué à jamais les esprits en Australie et en Nouvelle-Zélande qui célèbrent, chaque année, le débarquement du 25 avril nommé journée de l’ANZAC (Australian and New Zealand Army Corps). Cette journée de l’ANZAC est la commémoration militaire la plus importante dans ces 2 pays où elle surpasse même celle du 11 novembre !

En Turquie, cette bataille est restée gravée dans l’imaginaire collectif comme un des éléments fondateurs du pays car elle représente le symbole même de LA victoire des Turcs face à autant d’ennemis alliés. Les Turcs célèbrent cette victoire emblématique le 18 mars car c’est le jour où, grâce au génie militaire de Mustafa Kemal Atatürk, ils ont défait l’expédition navale franco-britannique organisée par Winston Churchill visant à mettre la main sur le détroit turc des Dardanelles.

Cette victoire est donc intimement liée à Mustafa Kemal. Peut-on concevoir la libération d’Orléans sans Jeanne d’Arc, la bataille d’Austerlitz sans Napoléon, la bataille de Verdun sans le maréchal Pétain ou l’Appel du 18 juin sans le général de Gaulle ? Pourtant, en Turquie, depuis une grande décennie, force est de constater des tentatives infâmes d’effacement d’Atatürk lors des célébrations de la grande victoire des Dardanelles. Ainsi, nombreux sont les dirigeants et élus politiques turcs à ignorer volontairement le rôle crucial de Mustafa Kemal. D’autre part, l’immense majorité des imams ne citent plus Atatürk, dans les mosquées, lors des prières communes à la mémoire des combattants turcs des Dardanelles. On laisse croire à une victoire mystique et confessionnelle en faisant fi de toute stratégie militaire et de toute tactique de commandement.

Je vous soumets ci-dessous une traduction d’un article du chroniquer Yılmaz Özdil qui dénonce cette inquiétante manœuvre réactionnaire contraire aux faits historiques.


TRADUCTION

On connait tous cette photographie très célèbre du caporal turc Seyit (Seyit Ali Çabuk) qui a transporté sur son dos un obus de 215 Kg ayant permis de couler un cuirassé anglais lors de la bataille des Dardanelles.

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Ce que l’on sait moins, c’est qu’à l’époque le chef d’Etat-Major des armées turques était le général allemand Liman von Sanders !
Il était loin d’être le seul étranger à commander les soldats turcs puisque :
 Notre commandant du génie était le général Erich Paul Weber,
 Notre commandant du renseignement était le général Perrinet von Thauvenay,
 Notre commandant d’escadre était le général Wilhelm Anton Souchon,
 Notre vice-chef d’État-Major était le général Bronsart von Schellendorf,
 Le commandant de nos détroits était le général Guido von Usedom,
 Le commandant de nos fortifications était le général Johannes Merten,
 Notre commandant inspecteur en chef était Bischof,
 Notre commandant de la logistique était Schlee,
 Nos commandants de divisions étaient Heuck, Nicolai, Sodenstern, Kannengiesser…

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Puisque les plus hauts titres avaient été confiés à des officiers étrangers, il ne restait plus que le titre de porteur d’obus de 215 kg à notre brave Seyit, la tête de Turc !

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En réalité, Seyit ne portait pas juste un obus mais le poids de l’imprévoyance d’individus incompétents, primitifs et peureux qui avaient non seulement trahi le peuple turc mais avaient lâchement confié son sort à des étrangers, au mépris de la raison, de la lucidité et de la clairvoyance.

*

Le fardeau sur le dos de Seyit était en fait celui d’esprits malades qui, tout en se prélassant nonchalamment dans leurs palais opulent, avaient jeté au feu, sans formation préalable, les enfants du peuple parce qu’ils avaient instrumentalisé la religion et la foi pour préserver leurs fauteuils cossus, parce qu’ils avaient abondamment menti et trompé, parce qu’ils s’étaient inféodés aux puissances étrangères, parce qu’ils étaient entrés en guerre à la demande des mêmes étrangers.
*

Demain, nous serons le 18 mars.
Les adorateurs de Sultan qui, il y a 100 ans, avaient confié le sort du peuple turc à des commandants étrangers, s’apprêtent à célébrer, sans aucune référence à Mustafa Kemal, la victoire des Dardanelles qui a été pourtant remportée grâce au colonel turc Mustafa Kemal qui deviendra Atatürk.

*
J’espère qu’un jour nous ne nous retrouverons plus à la place de Seyit entrain de transporter, sur notre dos, des obus… Ingratitude et obscurantisme quand vous nous tenez…

Yılmaz Özdil
17 mars 2015

©Traduit du turc par Özcan Türk

Source de l’article en turc : http://www.sozcu.com.tr/…/yazarl…/onbesliler-gidiyor-774061/


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