Turcophobie : les affiches nationalistes arméniennes à Marseille
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Le site de l’association communautaire arménienne ARAM [1] vient de mettre en ligne une partie des affiches de son fonds d’archives :
Première remarque : ce n’est qu’à partir des années 50-60 que ces affiches contiennent quelques passages en français, auparavant elles sont exclusivement en arménien. Les structures nationalistes arméniennes n’ont donc pas vraiment facilité l’intégration des Arméniens dans la société française.
A partir des années 70-80, des affiches entièrement en français font leur apparition. Le ton est brutal, outrancier, confus même.
Sur celle-ci, un amalgame est effectué entre les "Turcs" (non pas les "nationalistes turcs") et les "nazis" (non pas les "Allemands"). La "fameuse" citation apocryphe d’Hitler est utilisée sans vergogne, mais pourtant 1915 est jugé comme "plus odieux" que le génocide juif (ce qui rétrospectivement fait réfléchir sur la démarche comparatiste pseudo-historique en matière génocidaire). Quel n’est pas notre étonnement en lisant les chiffres fantaisistes qui sont présentés : 1,5 million d’Arméniens massacrés, 1,5 million d’Arméniens déportés, suggérant une estimation excessivement haute de la population arménienne ottomane (d’autant qu’il faudrait ajouter les non-déportés, comme les citadins d’Istanbul et d’Izmir).
Le "génocide arménien" est ici carrément désigné comme le "plus grand génocide contre l’humanité". Les pertes arméniennes sont cette fois majorées jusqu’à 2 millions, et le "génocide" n’est pas attribué au "nationalisme turc", ni au "gouvernement jeune-turc", ni même au "système ottoman", mais tout simplement à la "barbarie du peuple turc".
Ces affiches-là expriment un soutien absolu à Max Hraïr Kilndjian, décrit comme un "persécuté" politique (alors que, membre des CJGA, il était impliqué dans une tentative d’assassinat de l’ambassadeur turc en Suisse), et font donc éhontément l’apologie du terrorisme :
L’historien Jeremy Salt a démontré que la photographie de l’affiche de droite était une falsification
"En janvier 1982, le procès de M. Kilndjian aux assises d’Aix-en-Provence a été l’occasion pour ses avocats de faire le procès de la Turquie. Condamné à deux ans de prison pour complicité dans un acte terroriste, M. Kilndjian est libéré quelques jours après le verdict pour avoir déjà accompli vingt-quatre mois de détention préventive."
Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens, 1972-1998, Paris, PUF, 2002, p. 75
Lien/Source : Arménologie
Voir également :
– Marseille : les conséquences funestes du clientélisme et de l’instrumentalisation des communautés
– Les Arméniens d’Issy-les-Moulineaux : des décennies de communautarisme
– Les graves dissensions politiques au sein de la communauté arménienne dans la France de l’Entre-deux-guerres
– "Arménité", "cause arménienne", qu’est-ce que c’est ?
– Une question légitime à se poser : la violence terroriste est-elle consubstancielle au parti Dachnak ?
– Quelques figures de l’activisme/terrorisme arménien
– Le terrorisme arménien en France : images d’archives
[1] http://webaram.com//sites/webaram.com/files/ARM_ARAM_AFF_01/FR_ARAM_Affiches.html