Ankara a pourtant critiqué cette déclaration, accusant les Etats-Unis d’ingérence "aux motivations politiques" dans ses relations avec Erevan.

Quand il était candidat à la législature suprême, M. Obama avait à plusieurs reprises promis de qualifier cet épisode de génocide, mais depuis qu’il a prêté serment à la Maison Blanche en janvier 2009, il s’y est déjà refusé par deux fois, bien qu’il affirme ne pas avoir changé d’avis.

Certains historiens estiment que jusqu’à 1,5 million d’Arméniens ont été tués entre 1915 et 1917 par les Turcs de l’Empire ottoman. La Turquie affirme que ces massacres ne constituent pas un génocide, que leur bilan a été exagéré, et que ceux qui sont morts ont été victimes d’un conflit civil. Le 19 janvier 2008, le candidat Obama avait déclaré : "Je reconnaîtrai le génocide arménien."

Mais dans sa déclaration publiée samedi, le président Obama s’en tient à "un chapitre dévastateur de l’histoire du peuple arménien" et "l’une des pires atrocités du XXe siècle". "Nous devons en conserver vivante la mémoire en honneur à ceux qui ont été tués et de façon à ce que nous ne répétions pas les graves erreurs du passé", écrit-il.

Reconnaître le "génocide" risquerait de nuire aux efforts de Washington pour renforcer ses relations avec la Turquie, membre de l’OTAN et allié crucial des Etats-Unis dans la région. Barack Obama a cependant assuré samedi que son opinion sur le massacre des Arméniens n’avait pas varié depuis la campagne présidentielle.

"J’ai constamment exprimé ma vision personnelle de ce qui s’est passé en 1915 et ma vision de cette histoire n’a pas changé", a-t-il expliqué, jugeant qu’’’il est de notre intérêt à tous de veiller à ce que l’on parvienne à une reconnaissance complète, franche et juste des faits". Il a également salué "les Turcs qui ont sauvé des Arméniens en 1915", appelant Turcs et Arméniens à "admettre leur histoire commune et reconnaître leur humanité commune".

La Maison Blanche avait échoué en mars à empêcher la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants d’adopter une résolution qualifiant le massacre de génocide. En représailles, la Turquie avait momentanément rappelé son ambassadeur de Washington.

Ankara a de nouveau exprimé sa colère samedi. "Nous regrettons profondément cette déclaration (de M. Obama), qui reflète une perception politique incorrecte et partiale", a fait savoir le ministère turc des Affaires étrangères. "Les plus grands ennemis des faits historiques sont les souvenirs subjectifs", a-t-il poursuivi, estimant qu’’’aucun pays n’a le droit d’imposer ses souvenirs à un autre pays" et que "les pays tiers n’ont ni le droit, ni l’autorité de juger l’histoire des relations turco-arméniennes avec des motivations politiques".

Ankara et Erevan ont signé des accords de réconciliation prévoyant le rétablissement des relations diplomatiques et la réouverture de la frontière en octobre mais ces textes attendent toujours l’approbation des parlements. La Turquie a fermé sa frontière en 1993 pour protester contre l’occupation par des troupes arméniennes du Haut-Karabakh, enclave à majorité arménienne d’Azerbaïdjan.

Source : avec Caroline du Nord (AP)