Les Turcs seraient génétiquement conditionnés à commettre des génocides
Par Salih BABAYIGIT
Suite au vote de la loi sur la négation des génocides, certaines personnalités ont émis, de concert, des thèses qui viennent accréditer leur théorie. Les médias français, tout à leur habitude, n’ont pas manqué de les relayer.
Les derniers événements entre la France et la Turquie semblent avoir fourni aux partisans frénétiques du génocide, l’argument qui manquait à leur panoplie déjà très exhaustive. Ils accusent à présent la Turquie d’être agressive. Ce qui revient intrinsèquement à accuser son peuple de l’être aussi. Par cette ruse, ils émettent, sans honte ni gène, l’hypothèse farfelue et un brin raciste selon laquelle la Turquie aurait de fortes propensions « génétiques » (ils ne prononcent pas ce mot mais c’est comme si), à commettre des génocides ! Revenons à la source du problème. Ce qui est qualifié d’agressivité n’est rien de plus en réalité qu’une réaction pacifique sur le plan social et diplomatique. En définitive, rien de subversif. Tout est orchestré dans le cadre du respect des règles, des lois et de la morale : aucune violence physique ni d’insultes, pas de drapeau brulé ni de lieu quelconque saccagé. Tout au plus pouvons-nous exprimer des regrets par rapport au piratage du site de Valérie Boyer par des hackers turcs. Et pourtant ! Le caractère abusif de la terminologie véhiculée sur la Turquie depuis quelques jours n’a pas manqué d’indigner les franco-turcs. Ainsi parle-t-on volontiers de menaces, de chantages, d’agressivité, d’immixtion et d’atteinte à la souveraineté nationale, là où il n y’a, en vérité, qu’une réaction énergique et dénuée de toute forme de violence. Nous sommes tout de même loin d’une quelconque velléité de génocide !
Il convient aussi de s’interroger sur ce à quoi les détracteurs s’attendaient après le vote d’une loi s’inscrivant sur le droit fil d’une politique ouvertement hostile à la Turquie depuis plusieurs années. Peut-on qualifier de « disproportionnée » cette réaction face à une loi somme toute déraisonnée ? Comment ne pas exprimer sa colère en voyant un pays comme la France, longtemps érigé en modèle sous l’Empire et la République, bafouer ses relations historiques avec la Turquie à des fins électorales ?
Ceux, qui autrefois défendaient l’assassinat des diplomates turcs par l’Asala (armée secrète arménienne de libération de l’Arménie), ceux, qui menacent aujourd’hui les « négationnistes », ceux, qui demain, feront voter une loi massacrant la liberté de pensée, tous ceux-ci n’auront jamais vocation à donner aucune leçon, ni à émettre la moindre hypothèse hasardeuse visant qui que ce soit.