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Le président turc Abdullah Gül en France

Publié le | par TN-pige | Nombre de visite 326
Le président turc Abdullah Gül en France

Par Jean-Louis de la VAISSIERE (AFP)

PARIS — Le président turc Abdullah Gül commence mercredi à Paris une visite de trois jours, rendue délicate par les prises de positions de son homologue Nicolas Sarkozy qui, en deux ans, a fait de la France le chef de file des opposants à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

Cette opposition française suscite l’incompréhension et l’irritation des dirigeants turcs, issus du parti AKP, islamo-conservateur.

"Depuis quatre ou cinq ans, une vraie dégradation est constatée, les ressorts sont cassés, les amabilités n’y changeront rien", estime Didier Billion de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS).

L’expert parle de "schizophrénie" pour Paris qui organise les manifestations de la "Saison de la Turquie en France" et "ne cesse d’envoyer des piques à la Turquie". C’est à l’occasion de cette saison culturelle qu’Abdullah Gül, très proche du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, est reçu en France.

Avec Nicolas Sarkozy, il inaugurera vendredi "De Byzance à Istanbul : un port pour deux continents", une exposition au Grand Palais, avant des entretiens politiques. Le président turc, attendu dans l’après-midi, doit également s’entretenir avec le Premier ministre François Fillon et les milieux d’affaires français.

Abdullah Gül plaidera, sans surprise, pour la candidature turque à l’UE en réaffirmant que l’issue des négociations Turquie-UE entamées en 2005 doit rester ouverte.

"Notre priorité est de mettre en pratique les acquis communautaires en Turquie. C’est là-dessus que nous sommes focalisés", a-t-il déclaré à l’AFP, avant son départ d’Ankara.

Les dirigeants français disent vouloir l’association "la plus étroite" entre Ankara et l’UE, sans aller jusqu’à l’adhésion. Sans préciser les contours de ce partenariat.

Dans un rapport en septembre, la "commission indépendante sur la Turquie" présidée par l’ex-président finlandais Martti Ahtisaari a reproché à Paris la rupture de ses engagements qui, selon elle, ralentit les réformes en Turquie.

Egemen Bagis, ministre turc des Affaires européennes, a prévenu du danger de radicalisation islamiste : "en écartant la Turquie, les pays de l’UE prendraient le risque de construire un mur de discrimination avec le monde islamique", a-t-il dit au journal français La Croix.

Selon le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, une grande majorité des Européens pensent comme la France sans le dire. Et dans une nouvelle coalition avec les libéraux du FDP, la chancelière allemande Angela Merkel pourrait se montrer encore plus ferme.

Mais la France apprécie aussi le rôle régional modérateur de la Turquie, vis-à-vis de l’Iran, de la Syrie, ou dans le conflit israélo-palestinien.

Paris salue les progrès sur la question kurde, l’engagement turc en Afghanistan ainsi que la normalisation en cours avec l’Arménie. Le "génocide" arménien en 1916, reconnu en 2001 par le Parlement français, est un autre sujet brûlant entre Paris et Ankara.

Les dirigeants français se sont dits choqués en revanche par la résistance opposée au printemps par la Turquie à la nomination à la tête de l’Otan de l’ex-Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, au prétexte qu’il n’avait pas condamné la publication de caricatures de Mahomet dans son pays.

Les investissements économiques français en Turquie se ressentent déjà fortement des frictions entre les deux pays. "Depuis 2005, ça va de mal en pis, les firmes françaises voient des appels d’offre leur passer sous le nez", relève Didier Billion.

Gaz de France a été par exemple exclu du projet de gazoduc euro-turc Nabucco, alors que la sécurité de l’approvionnement énergétique est un des arguments clés des partisans de l’adhésion.

AFP.


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