C’est sur le terrain politique que la Turquie a lancé un plan pour tenter de trouver une issue au terrorisme kurde du PKK. Boycotté depuis 2007 par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant de la vitrine politique du PKK, le DTP, Ahmet Türk, a été reçu mercredi 5 août à Ankara, par le premier ministre. A l’issue de la rencontre, Ahmet Türk s’est déclaré "plein d’espoir".
A l’approche du 25e anniversaire du déclenchement des actes de terrorisme, le leader emprisonné du PKK, Abdullah Ocalan, a précipité les événements en annonçant, par l’intermédiaire de ses avocats, son intention de publier, le 15 août, une "feuille de route" pour une "paix durable" avec la Turquie.
Le gouvernement a lancé une série de consultations à tous les niveaux de l’Etat. Les députés du DTP ont rencontré les dirigeants de la Tüsiad, l’association patronale. Puis l’Académie de police a organisé une conférence sans précédent sur "la question kurde".
C’est le signe qu’"un dialogue (...) est en cours", selon l’éditorialiste Mehmet Altan.
L’Etat turc a souvent refusé de négocier avec l’organisation terroriste et ignore systématiquement les "cessez-le-feu" décrétés par les chefs terroristes retranchés dans la montagne de Qandil, dans le nord de l’Irak. Mais ni la capture d’Abdullah Ocalan, en 1999, ni les opérations menées côté irakien par l’armée turque n’ont fait taire les armes. Depuis 2004, les attaques restent fréquents dans tout l’Est turc, comme cette semaine dans la province de Sirnak, où deux activistes ont été tués.
"MEILLEURE COMPRÉHENSION"
Le premier ministre évoque prudemment la "possibilité d’une meilleure compréhension à moyen et long terme". Les mesures évoquées dans l’entourage du gouvernement concernent d’abord les droits culturels des Kurdes de Turquie et vont dans le sens des réformes déjà amorcées ces dernières années.
La langue kurde pourrait être utilisée dans le système éducatif et les administrations.
Mais le point crucial est celui de l’amnistie pour les activistes du PKK. Dans la région kurde d’Irak voisine, plusieurs milliers de membres du PKK réfugiés attendent un geste pour rentrer au pays. Selon la presse, des officiels du ministère de l’intérieur doivent se rendre prochainement à Erbil, en Irak, pour évaluer les modalités d’une telle opération.
Si elle rencontre le soutien appuyé de Washington et de Massoud Barzani, le président du Kurdistan irakien, l’initiative du gouvernement est accueillie avec prudence dans le sud-est de la Turquie, où le PKK prétend avoir "5 millions de supporters". Car, dans le même temps, Turquie, Irak et Etats-Unis poursuivent leur coopération antiterroriste pour mettre un terme aux attentats.
Un parti séparatiste
Création Le "Parti des travailleurs du Kurdistan" (PKK) est une organisation marxiste-léniniste fondée en 1978 par Abdullah Ocalan. Le PKK est listé groupe terroriste par la communauté internationale.
Objectifs initiaux Obtenir, par les armes, l’autonomie de la région Sud-Est de la Turquie.
Lutte armée Les attaques du PKK ont fait plus de 45 000 morts. En 1984, Abdullah Ocalan fuit la Turquie. Il ne sera arrêté qu’en 1999 au Kenya.
Cessez-le-feu De sa prison, M. Ocalan a pu continuer à diriger l’organisation. Il décrète un arrêt des combats, plus tard rompu par les activistes refugiés dans la région autonome du Kurdistan irakien.