19 avril 2024

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Regard sur

La turquie, un pays souvent décrié mais si attachant

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 241

J’ai parcouru, la dernière semaine de Mars, une petite partie de la Turquie : l’ancienne province de Lycie, région située au Sud, longtemps laissée à l’écart, isolée par les monts du Taurus (plus de 3000 m d’altitude). Bordée par la Méditerranée, sa côte déchiquetée entre Antalya et Fethiye est superbe, avec des criques aux eaux turquoises et de nombreuses ruines antiques, dont beaucoup sont encore en cours de fouilles.

J’ai découvert beaucoup de choses surprenantes et merveilleuses, comme la petite ville de Finike, connue sous l’Antiquité sous le nom de Phoenix, les ruines de l’ancienne Myre (Myra), ville importante pour les 1ers chrétiens et qui a été abandonnée au XII ème siècle. Puis, le petit village de pêcheurs de Kaleköy, site remarquable avec son superbe château byzantin, entouré d’une nécropole, qui surplombe le village et domine la péninsule rocheuse. Dans le minuscule port d’Uçagiz, j’ai pu m’embarquer sur un long et joli bateau à moteur pour voir une ville engloutie et ceci pour une somme dérisoire (6 livres turques = 3 €) mais vitale pour l’homme qui tenait la barre et sa famille (4 bouches à nourrir !). La submersion de ces villes (il en existe plusieurs dans la région, visibles car les fonds marins sont très clairs !) est la conséquence d’une élévation du niveau de la mer ou bien, plus vraisemblablement, d’un séisme. J’ai admiré ce marin qui quittait son poste de pilotage pour venir m’expliquer, tandis que je prenais des photos à l’avant, l’histoire de ce site et qui me parlait de son Père, de son Grand Père. Avant lui, ils avaient fait ce métier en alternance avec celui de pêcheur. J’ai vu sur son visage émacié et brûlé par le soleil, la fierté qu’il éprouvait de pouvoir me transmettre son histoire, celle établie à partir de la mémoire de ses ancêtres…Des choses que nous ne savons presque plus faire, nous, les occidentaux, faute sans doute de prendre le temps d’écouter les anciens. En Asie (c’est le Bosphore qui sépare les continents Europe et Asie), la notion du temps n’a rien à voir avec celle que nous nous représentons chez nous. On peut d’ailleurs se demander si le rythme effréné que nous connaissons généralement dans nos sociétés ne finira pas un jour par nous mener droit dans le mur ?

J’ai en pris «  plein les yeux » en allant voir Pamukkale (traduction : le château de Coton), situé à l’intérieur des terres à environ 180 km à l’Ouest d’Izmir (l’ancienne Smyrne), 2ième port du pays et 3ième ville de Turquie. Dégringolant d’une impressionnante falaise, des sources d’eau chaude (35°C) très calcaire ont fini par sculpter des plates-formes d’un blanc éclatant et des vasques ornées d’élégantes stalactites. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, les eaux de ce site ont des vertus thérapeutiques qui étaient déjà reconnues par les Romains et les Grecs. J’ai bénéficié d’un éclairage exceptionnel pour visiter et photographier un site naturel tout aussi remarquable : l’ancienne Hiérapolis, qui, fondée au II ème siècle av. J.C, fut durant 3 siècles l’un des centres de l’empire romain. La nécropole regroupe des centaines de tombes, toutes différentes, dont les pierres changent progressivement de couleur au fur et à mesure que le soleil décline…

Je pourrais vous parler aussi d’Ephèse (Ephesus), ancienne grande métropole de l’Antiquité à une soixantaine de km au Sud d’Izmir, site archéologique le plus ancien d’Asie Mineure, avec sa voie de marbre qui menait au port, comblé aujourd’hui par l’accumulation - au fil des siècles – de limon, la faisant tomber peu à peu dans une irréversible léthargie. Et puis, Pergé, qui se trouve à 20 km à l’Est d’Antalya avec son théâtre gréco-romain qui disposait de 17 000 places, son stade qui pouvait accueillir 12 000 spectateurs, son arc de triomphe romain à 2 étages décoré de statues de dieux ou de héros et enfin les ruines de grands thermes romains.
Mais difficile de décrire tous ces vestiges lorsqu’on n’est pas un spécialiste ou un passionné d’architecture. Heureusement, les photos réalisées sur ces sites, à une époque de l’année où les touristes ne les ont pas encore envahis, permettent de donner une toute autre dimension à l’oeuvre de ces habiles bâtisseurs.

Visiter un pays, c’est aussi et surtout se mêler à sa population. C’est savoir se perdre dans les ruelles où les rayons du soleil ont du mal à pénétrer, c’est prendre le temps de flâner dans les quartiers déshérités et c’est parfois culpabiliser en observant ces femmes, ces enfants qui se contentent souvent d’un repas par jour. C’est ce que j’ai essayé de faire en grimpant sur les hauteurs de la vieille ville de Kusadasi, jusqu’à un promontoire où une statue de Mustafa Kumal Atatürk, d’une dizaine de mètres, a été érigée. J’ai regardé, comme le Père de la nation - toujours vénéré par les Turcs - le fait depuis des décennies, le port de commerce flanqué de ses grues métalliques prêtes à décharger des cargaisons en provenance de Russie ou d’Allemagne, le départ des bateaux de pêche sur lesquels les hommes d’équipage s’activent avant une longue nuit de labeur, les longues plages de sable pour bronzer des heures durant sans avoir à penser au lendemain, les immeubles modernes aux hautes façades couvertes de vitrages étincelants au soleil couchant…En redescendant vers les clameurs la ville, j’ai croisé du regard - dans une petite rue aux pavés disjoints - une maman avec un enfant dans ses bras. Je lui ai souri. J’ai compris qu’elle aimerait que je la photographie. Pas évident de faire en sorte que le bambin tourne la tête du bon côté ! J’ai fait 3 clichés et j’ai demandé à sa fille, qui observait la scène, de m’écrire son adresse. J’ai promis à la maman de lui envoyer la photo dès mon retour. Elle m’a fait un grand sourire. Un moment fort pour elle comme pour moi…Un petit morceau de bonheur si facile à donner qui lui réchauffera le coeur durablement lorsqu’elle pourra accrocher l’image dans son logement exiguë. Les Turcs adorent leurs enfants et c’est la seule richesse que possèdent les plus pauvres d’entre eux.

J’ai aimé ces contacts chaleureux avec les habitants, si démunis mais si accueillants, avec les enfants qui rient toujours aux éclats, jouant au ballon avec une vieille boîte ou bien sautant à la corde....

La Turquie est un pays jeune. Sur une population totale de plus de 77 millions d’habitants, plus de la moitié a moins de 27 ans. C’est cette jeunesse qui, demain, permettra à la Turquie de rattraper certains pays de la vieille Europe dont la plongée dans la spirale du déclin économique se révèle un peu plus chaque semaine. Mais tous ne bénéficieront du développement. Les hôtels 5 étoiles continuent à se construire sur la côte à un rythme effréné, les résidences de haut standing poussent comme des champignons, les propriétaires étalant sans état d’âme leur richesse : piscine, voiture de luxe et autres 4x4 aux chromes rutilants, garés derrière d’infranchissables portails métalliques…. Cette classe privilégiée pourra-t-elle indéfiniment narguer ceux qui ne sont pas nés sous une bonne étoile. Dans 5 ans, 10 ans peut être, il n’est pas impossible que, comme en Afrique et dans certains pays du golfe, le vent de la révolte souffle sur la Turquie.

Mais je n’ai vu qu’une parcelle de ce vaste territoire. Il me reste encore beaucoup à découvrir. Un Turc d’une cinquantaine d’années originaire d’Istanbul, qui parlait parfaitement le français, m’a dit : « Vous les Français, nous vous aimons bien car, contrairement à la plupart des autres touristes, vous vous intéressez aux vieilles pierres et à notre histoire ». Il a ajouté : « Si vous voulez voir vraiment ma ville natale, consacrez déjà au moins 5 jours à la visite de la vieille ville ».

Ma prochaine destination (en 2012 ?) sera donc Istanbul. Franchir le pont sur le Bosphore, lieu magique qui a alimenté durant des siècles l’imagination des écrivains européens, doit être un moment intense à vivre. Et puis peut être ferai-je la traversée de la Mer Noire pour atteindre Sébastopol où je sais que je serai très bien accueilli ?

Auteur : alioth

" Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts " Isaac Newton (1643-1727)

Source : Points Communs


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