La croissance turque a atteint 7,3 % l’an dernier. Mais le déficit du compte courant et le niveau élevé de l’inflation inquiètent.
C’est un résultat que le président Recep Tayyip Erdogan ne manquera pas de brandir comme un trophée. La Turquie a enregistré l’an dernier un taux de croissance de 7,4 %, selon les statistiques officielles publiées jeudi.
Une performance nettement supérieure à celle de 2016 (3,2 %), marquée par le coup d’Etat manqué contre le chef de l’Etat , des purges massives et une série d’attentats, qui avaient notamment provoqué une chute des revenus du tourisme (-30 %).
Lors du dernier trimestre, le PIB de la Turquie a crû de 7,3 % - le taux de croissance le plus élevé parmi les pays du G20. Entre juillet et septembre, la croissance avait même bondi de 11,3 % sur un an grâce à un effet de rattrapage, selon des chiffres révisés à la hausse.
Comparable à la Chine et à l’Inde
« La croissance à 7,4 % place la Turquie bien au-dessus des croissances européennes, et, je suppose, dans la même stratosphère que la Chine et l’Inde », analyse l’économiste Timothy Ash, cité par l’AFP. A titre de comparaison, la Chine et l’Inde ont enregistré des taux de croissance de 6,9 % et 7,1 % l’an dernier, selon les données officielles.
La longévité politique de Recep Tayyip Erdogan, qui a fêté ses quinze ans au pouvoir en mars, a longtemps reposé sur ses succès économiques. Sa dérive autoritaire lui a cependant aliéné une partie de la population, a ralenti les réformes structurelles et a refroidi les ardeurs des investisseurs étrangers ces dernières années.
Pour soutenir la croissance après le référendum constitutionnel d’avril 2016 , Recep Tayyip Erdogan a mis en place, ces derniers mois, une politique de relance budgétaire en étendant substantiellement son fonds de garantie du crédit bancaire et en augmentant les salaires. Il a également poursuivi la politique de grands travaux.
Résultat : la consommation intérieure (+7,4 %) a tiré la croissance. Le secteur des services (+10,7 %), l’industrie manufacturière (+9,2 %) et le BTP (+8,9 %) ont été les autres moteurs de l’activité.
Ralentissement en vue
Mais le tableau général n’est pas rose pour autant. L’inflation est deux fois plus élevée que l’objectif cible de la banque centrale (10,26 % en février).
La monnaie turque s’est par ailleurs nettement dépréciée par rapport au dollar en 2017. « La combinaison d’une croissance forte et déséquilibrée et d’une inflation élevée [...] alimentera les craintes d’une surchauffe de l’économie turque », avertit le cabinet Capital Economics.
Le FMI s’est également (5,5 % à ce jour), qui pourrait continuer à se creuser en raison de la forte demande intérieure et de la hausse des prix du pétrole.
Face à ces risques, un ralentissement de l’économie turque est à prévoir. La banque américaine Goldman Sachs table ainsi sur un taux de croissance de 4 % en 2018 .
Adrien Lelièvre
Source : Les Echos
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