Faisant allusion aux campagnes de propagande et d’intimidation des organisations ultra-nationalistes arménienne d’Europe et d’USA, le candidat à la présidence, le modéré Levon Ter-Petrosian a déclaré que l’Arménie ne devait pas s’appuyer sur des intermédiaires dans ses relations avec la Turquie.

Les agences de presse se sont fait l’écho du troisième meeting d’une partie de l’opposition samedi dernier, menée par l’ancien Président Lévon Ter-Petrossian, candidat à l’élection présidentielle (poussé à la démission par les ultra-nationalistes pour avoir désiré une réconciliation avec la Turquie et évoqué le fait que l’Arménie devait reconnaitre ses crimes contre le peuple azéri et envisager de libérer les terres que l’armée arménienne occupe depuis 1993 au Haut-Karabagh et au pourtour), qui a rassemblé environ 15 000 citoyens, selon Arminfo et l’AFP.

Durant son discours, Levon Ter Petrossian a balayé d’un revers les accusations lancées par les ultra-nationalistes et autorités arméniens sur une "posture pro-turque".

S’exprimant au sujet des relations arméno-turques et les campagnes de haine anti-turques menées par les organisations de lobbying arméniennes de par le monde, Ter-Petrosian a déclaré que l’Arménie ne devait pas s’appuyer sur un intermédiaire dans ses relations avec la Turquie.

Il a également exhorté le gouvernement arménien à ne pas s’immiscer dans le débat d’adhésion de la Turquie à l’UE. Le rôle des autorités arméniennes n’est pas d’empêcher l’adhésion de la Turquie à l’UE, elles doivent au contraire, presser Bruxelles à ne pas utiliser la carte arménienne dans ses relations avec la Turquie. En effet, plusieurs groupes politiques européens ont surfé sur la vague anti-turque insulflée par les groupes de pression arméniens en Europe afin d’entraver la candidature de la Turquie pour son adhésion à l’Union Européenne.

Ter-Petrossian a déclaré que les campagnes de lobbying menées par les ultra-nationalistes de la diaspora étaient intempestives, or les groupes de pression arméniens d’Europe et d’USA sont bien décidés à instrumentaliser l’histoire pour leurs desseins politiques et font régulièrement du chantage éléctoral auprès des élus locaux et nationaux afin de leur les inciter à prendre des positions ouvertement anti-turques non dénuées de préjugés et de racisme.

« A mon époque je ne posais pas la question de la reconnaissance du génocide en politique extérieure, car je considérais que cela était prématuré et dangereux pour notre pays », a-t-il déclaré.

« Au cours des 10 dernières années, l’Arménie a été presque totalement isolée et ses dirigeants ne proposent aucune recette pour sortir de cette situation ».

Levon Ter Petrossian a également vivement critiqué l’actuel, et très natonaliste, président Robert Kotcharian pour ses propos dignes du régime nazi consistant à invoquer une « incompatibilité génétique des Arméniens et des Azerbaïdjanais ».

Ter Petrossian a également critiqué le gouvernement actuel pour sa politique au Haut-Karabagh (territoire azerbaidjannais occupé par l’Arménie depuis 1993). En effet, les postes les plus importants en Arménie sont occupés par des "ressortissants" du Karabagh. Ceux-ci ont la mainmise sur les domaines économiques les plus rentables et favorisent ainsi les initiatives arméniennes en faveur de la colonisations des terres azéries envahies.

Ter Petrossian a ensuite continué ses critiques du pouvoir en affirmant que s’il était élu, il vendrait immédiatement le nouvel avion présidentiel acheté pour 45M de dollars pour verser l’argent au budget de l’Etat.

Il a poursuivi par une allusion à peine voilée aux campagnes de récolte d’argent des organisations nationalistes arméniennes d’Europe de l’Ouest et des Etats-Unis en faveur du gouvernement Kotcharian :
« Notre pays n’est pas en mesure de se permettre un tel luxe. Plutôt que de mendier à la diaspora arménienne de l’argent chaque année, les 45M de dollars pourraient être utilisés pour remettre à neuf 200 écoles ou l’ensemble du réseau routier au HK ».

Avec le Service de presse de l’Ambassade de France en Arménie