M. Reinfeldt qui a téléphoné samedi soir à M. Erdogan, "a fait part de sa tristesse et a affirmé que son gouvernement ne partageait absolument pas cette décision, une initiative dénuée de toute force exécutoire et motivée exclusivement par des calculs de politique intérieure", indiquent les services de M. Erdogan dans un communiqué.

Le Premier ministre suédois a également souligné, toujours selon Ankara, que son gouvernement était "prêt à faire le nécessaire pour que cette décision infondée n’assombrisse pas les relations bilatérales" et assuré qu’elle n’affaiblissait pas le soutien de la Suède à la Turquie dans son processus d’adhésion à l’Union européenne.

M. Erdogan a pour sa part "insisté avec force sur la déception" ressentie par la Turquie et, tout en reconnaissant que le gouvernement suédois était hostile au vote, l’a appelé à prendre "des mesures pour réparer" la situation, ajoute le communiqué.

La motion adoptée par le Parlement suédois affirme que "la Suède reconnaît le génocide de 1915 contre les Arméniens, les Assyriens, Syriaques et Chaldéens et les Grecs pontiques", en l’occurrence toutes les minorités chrétiennes vivant sur le territoire ottoman de l’époque.

Elle a provoqué la colère de la Turquie qui a rappelé pour consultations son ambassadeur à Stockholm.

Les massacres et déportations d’Arméniens dans l’Empire ottoman sont controversés. Selon les Arméniens, ils ont fait 1,5 million de morts, et de 250.000 à 500.000 selon la Turquie qui récuse la notion de "génocide" reconnue notamment par Paris, Ottawa et le Parlement européen.

Les événements de 1914-1922

Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.

La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.

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Avec AFP