Lobbying arménien & Education nationale
La semaine dernière, nous découvrions sur le site de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) un papier d’Aurélien Houssay, diplômé en Histoire, portant sur les manuels scolaires et la question arménienne.
Le texte, présenté sous la forme d’un fichier PDF est aujourd’hui retiré du site sans explication mais une référence subsiste dans le sommaire de la lettre d’information de l’IRIS n°439 du 17 octobre 2012.
Nous avons contacté M. Houssay qui nous a gentiment autorisé à publier une version plus complète de son article.
Un texte à lire et à faire lire, tout particulièrement aux jeunes collégiens et à leurs professeurs d’histoire qui seront confrontés, cette année, à la propagande que les officines arméniennes de France ont réussi à imposer dans les manuels scolaires.
MAJ 24/10/2012 15h24 : Nous avons pu nous procurer le fichier PDF original publié sur le site de l’IRIS puis retiré (censuré ?). Vous pouvez le télécharger ici.
Remarques sur le nouveau traitement pédagogique du « génocide arménien » dans les manuels scolaires de 3e de collège
La semaine dernière, nous découvrions sur le site de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) un papier d’Aurélien Houssay, diplômé en Histoire, portant sur les manuels scolaires et la question arménienne.
Le texte, présenté sous la forme d’un fichier PDF est aujourd’hui retiré du site sans explication mais une référence subsiste dans le sommaire de la lettre d’information de l’IRIS n°439 [1] du 17 octobre 2012.
Nous avons contacté M. Houssay qui nous a gentiment autorisé à publier une version plus complète de son article.
Un texte à lire, à faire lire, tout particulièrement aux jeunes collégiens et à leurs professeurs d’histoire qui seront confrontés, cette année, à la propagande que les officines arméniennes de France ont réussi à imposer dans les manuels scolaires.
Nous vous mettons également à disposition une version téléchargeable du texte au format PDF, plus facile à imrprimer.
MAJ 24/10/2012 15h24 : Nous avons pu nous procurer le fichier PDF original publié sur le site de l’IRIS puis retiré (censuré ?). Vous pouvez le télécharger ici.
Quelques remarques sur le nouveau traitement pédagogique du « génocide arménien » dans les manuels scolaires de 3e de collège
par Aurélien Houssay, diplômé en Histoire de l’Université Bordeaux III
Cette année, le programme d’histoire-géographie de 3e a fait l’objet d’innovations importantes qui ont à juste titre soulevé des inquiétudes et des critiques (d’aucuns ont parlé, par exemple, d’« escamotage » des chefs de l’armée française de 1914-18). Parmi ces innovations, il y a le choix significatif de réserver deux pages pleines au « génocide arménien » de 1915. Le manuel des éditions Hachette parle d’une « extermination systématique des Arméniens », celui d’Hatier du « premier génocide européen du XXe siècle », et enfin celui de Belin d’une « violence exterminatrice ».
C’est une approche partielle et partiale qui est ici imposée : les évènements sont coupés de leur cheminement chronologique et de leur espace géostratégique, selon une interprétation maximaliste et biaisée. Surtout, il n’est pas tenu compte de l’état actuel de l’historiographie, laquelle ne saurait se résumer à un affrontement binaire entre deux positions hermétiques. Evidemment, cette insertion a jeté l’émoi au sein de la diplomatie et de la diaspora turques : comment aurait-il pu en être autrement, face à un parti pris aussi flagrant ?
Titulaire d’un Master d’histoire contemporaine et connaisseur autodidacte de l’histoire turque, je livre ici mes observations personnelles sur cette affaire.
Conjonctures politiques
Sachant que la décision de consacrer deux pages entières à cette question a pour origine la réforme de Xavier Darcos et Luc Chatel, il n’est pas exagéré d’y voir un rapport avec les tendances turcophobes qui se sont manifestées récemment au sein de la droite parlementaire française, à l’instigation ou avec l’encouragement de Nicolas Sarkozy. Les Turcs se sont vus stigmatiser par des discours répétés et sans mesure, les amalgamant à une altérité radicale, irrémédiable et menaçante (cf. les nombreuses déclarations de Sarkozy, la campagne des européennes de 2009, etc.). Cette turcophobie est au demeurant en rupture complète avec la politique suivie par Charles de Gaulle et Georges Pompidou (accord d’Ankara de 1963, protocole additionnel de 1972). Le mésusage du thème de la Turquie par Sarkozy (et une partie de son entourage, qu’on ne saurait d’ailleurs réduire à l’« aile droite » de l’UMP) a atteint son paroxysme avec le projet de loi mémorielle de l’hiver dernier. Un excès dommageable qui a suscité le mécontentement ou la circonspection de nombreuses figures de l’UMP, pour des raisons philosophiques et diplomatiques [2].
Il y a une fâcheuse propension dans le monde politique, à droite comme à gauche d’ailleurs, à schématiser l’histoire, à l’aborder exclusivement par le prisme de la repentance mémorielle (discours du Vel d’Hiv de 1995 et de 2012), de la condamnation unilatérale (les deux tentatives de répression législative de la « négation » ou « minimisation » du « génocide arménien ») ou de l’apologie (projet de loi sur le « rôle positif de la colonisation »).
Nicolas Sarkozy et François Hollande (par ignorance, paresse intellectuelle, cynisme et/ou clientélisme communautaire ?) se sont tous deux portés au secours du lobby arménien. Sarkozy a ainsi parlé du « génocide arménien, qui a fait 1 500 000 victimes » (entretien à Politique Internationale, n° 134, hiver 2012). Et Hollande, très proche de la FRA-Dachnak [3], n’a pas hésité à affirmer : « Les marches vers les déserts de Syrie et de Mésopotamie déciment plus d’un million et demi de personnes, soit les deux tiers de la population arménienne vivant dans l’empire ottoman » (discours à la cérémonie de commémoration du « 97e anniversaire du génocide arménien », 24 avril 2012). Cette version des faits est celle des nationalistes arméniens (CCAF, dachnaks, ex-ASALA), et non de l’ensemble des historiens (qu’ils soient étiquetés « négationnistes », terme parfaitement incongru et infamant à leur égard, ou non). Il est pour le moins troublant qu’elle soit relayée, et de cette manière-là (promotion de lois mémorielles), par les deux derniers présidents de la République française.
Usage douteux d’une citation de François Georgeon
Hachette, sous le titre « L’analyse d’un historien », a tronqué et reproduit incorrectement une citation de François Georgeon :
« Il s’agissait pour le ministre de l’Intérieur ottoman Talat Pacha de faire de l’Anatolie un espace homogène sur le plan ethnique et donc d’en chasser les Arméniens. Ils devaient être déportés vers les déserts de Mésopotamie. Mais déporter une population entière vers une région inhospitalière, c’est déjà organiser sa disparition. A quoi il convient d’ajouter les conditions inhumaines du transfert, les violences et les massacres locaux. » (la source : Les Collections de l’Histoire, n° 45, 2009)
Or, c’était un entretien, et M. Georgeon s’appuyait nommément sur le travail de Fuat Dündar (sur l’« ingénierie démographique »), et retenait le nombre total de 600.000-800.000 morts comme vraisemblable (nous y reviendrons) :
« Pour la politique envers les Arméniens, des historiens, comme Fuat Dündar, emploient le terme d’« ingénierie démographique ». Il s’agissait pour son artisan principal, Talat Pacha, de faire de l’Anatolie un espace ethniquement homogène, et donc d’en chasser les Arméniens : ils devaient être déportés vers les déserts de Mésopotamie. Mais déporter une population entière vers une région inhospitalière, c’était déjà organiser sa disparition. A quoi il convient d’ajouter les conditions inhumaines du transfert, les violences et les massacres locaux. Au total, ce sont probablement entre 600 000 et 800 000 Arméniens qui sont tombés victimes de ce crime de masse, qualifié à l’époque de massacre collectif et, par la suite, de génocide, à l’instar de la Shoah (cf. p. 58). » (« Chronique d’un effondrement », Les Collections de l’Histoire, n° 45, octobre 2009, p. 61)
Il poursuit en parlant des motifs de la déportation : « Il a aussi existé chez les dirigeants jeunes-turcs la peur d’une collusion entre Arméniens et Russes, alimentée par la défection de certains Arméniens passés du côté russe après la défaite de Sarikamich en janvier 1915 et la révolte de Van. Les Jeunes Turcs veulent neutraliser cette population et l’éloigner du théâtre des combats. Il s’agit de faire place nette pour des éléments plus fiables, au loyalisme plus assuré. »
La décision de déporter les populations arméniennes d’Anatolie orientale et centrale était donc à la fois réactive et disproportionnée, avec des préoccupations sécuritaires quant à la lutte déterminante qui était en train de se mener face aux armées de l’Entente (avancée russe et risque de débarquement anglo-français en Cilicie). Les désertions arméniennes pro-russes et les insurrections comme celles de Zeytun et Van sont des réalités ayant précédé la décision [4], et non des inventions de la propagande du gouvernement, ce qui infirme l’assertion suivante d’Hatier : « En 1915, le gouvernement turc décide de les exterminer en prétextant qu’ils pourraient aider les armées russes ».
Une remarque au passage : au cours du même conflit mondial, des dizaines de milliers de civils belges et français (dont des femmes, des enfants et des vieillards) ont été déportés par l’armée allemande (dès 1914) et des centaines de milliers de civils de diverses ethnies et confessions par l’armée russe (en 1914-1916) : la peur des indicateurs et des « francs-tireurs » a joué, alors qu’elle était nettement plus infondée que dans le cas ottoman [5].
Tout au long de cet entretien, M. Georgeon avait abordé des aspects qui ont été passés sous silence par les trois manuels :
– les reculs territoriaux et les projets de partage de l’Empire entre les grandes puissances via les nationalismes non-turcs (pp. 52-55) : les crises balkaniques et les guerres russo-turques successives conduisent à des pertes territoriales importantes, les grandes puissances (congrès de Berlin en 1878) ratifient ces reculs en jouant sur le principe des nationalités ;
– l’imbrication des différentes populations (rendant problématique le principe d’autodétermination) et le développement économique des communautés chrétiennes du temps des Tanzimat (pp. 55-56) : ajoutons que cette période de réformes en faveur de l’égalité entre les sujets ottomans [6] correspond aussi à la montée du nationalisme arménien, professé par des organisations pratiquant le terrorisme à partir de la fin du XIXe siècle (révoltes armées et prises d’otages) et revendiquant une « autonomie » de type bulgare sur des territoires où les Arméniens sont minoritaires [7] ;
– l’immigration massive des muhacir et ses conséquences sur l’aggravation des tensions intercommunautaires en Anatolie (pp. 56-57) : des historiens parlent de « purification ethnique » [8] pour désigner l’exode de millions de ces réfugiés musulmans des Balkans, de Crimée et du Caucase (plus de deux millions sous le seul règne d’Abdul-Hamid II [9]), 30-40 % de la population anatolienne était composée par eux et leurs descendants à la fin du XIXe siècle [10] ;
– l’ottomanisme (égalitaire et centraliste) des Jeunes-Turcs [11] et son heurt inéluctable avec les particularismes minoritaires (pp. 57-58) : voilà qui nuance fortement l’affirmation expéditive d’Hachette selon laquelle « le gouvernement ottoman est dirigé par des nationalistes turcs qui n’admettent pas la diversité culturelle de l’Empire », F. Georgeon avait expliqué ailleurs qu’en 1908 « les Jeunes-Turcs étaient partisans d’un Etat fort, centralisé, composé de citoyens égaux » et que « mieux vaut parler de patriotisme ottoman [plutôt que de nationalisme turc] » (« 1908 : la folle saison des Jeunes-Turcs », L’Histoire, n° 334, septembre 2008) ;
– les Guerres balkaniques de 1912-13 (pp. 58-59) : préméditées depuis 1909 par les Etats chrétiens-orthodoxes, elles aboutirent à la perte de la Macédoine ottomane et à l’exode de 300.000-400.000 musulmans en Anatolie [12], elles donnèrent lieu à une radicalisation du comportement des forces armées belligérantes vis-à-vis des populations civiles [13] ;
– le plan de réformes arméniennes de 1914, d’inspiration russe (p. 60) : sous la pression des grandes puissances, le gouvernement ottoman a dû accepter ce plan qui impliquait l’installation d’administrateurs étrangers dotés de pleins pouvoirs en Anatolie orientale, la guerre mondiale l’empêcha [14].
Cette manipulation des propos tenus par l’historien est bien méprisante pour l’intelligence des lecteurs, puisqu’il n’est pas très compliqué de vérifier soi-même à la source.
Par ailleurs, dans un encadré anonyme accompagnant l’interview de F. Georgeon (avec pour titre « La tragédie arménienne », pp. 58-59), étaient évoqués les chiffrages du nombre de morts arméniens par E. J. Zürcher et F. Dündar (bien inférieurs au 1,2 million de morts avancé par deux des manuels), ainsi que le caractère graduel de la décision de déportation et « la constitution de milices arméniennes qui, avec les Russes, ravagent des villages musulmans et tuent leurs habitants ». La conclusion était une mise en garde contre les « polémiques haineuses et la caricature » (avertissement apparemment sans effet).
Le « télégramme » de Talat Pacha
Hatier utilise le « fameux » pseudo-télégramme de Talat Pacha en guise de preuve tangible du « génocide ». Cet ordre d’extermination attribué au ministre de l’Intérieur ottoman est issu des « documents Andonian » : des historiens très différents les uns des autres mettent en doute ou contestent formellement leur authenticité [15].
Prétendre que ce document est avéré n’est pas le plus sûr moyen de familiariser les jeunes générations (souvent impressionnées par les théories conspirationnistes circulant sur Internet) avec les habitudes de recul critique, de recoupement des informations.
Plus largement, la question du degré de responsabilité du gouvernement ottoman dans les massacres d’Arméniens est au coeur du débat historiographique. Des historiens turcs (Kâmuran Gürün fut un des pionniers) ont exhumé des documents des archives ottomanes, qui peuvent et doivent être discutés mais qu’on ne saurait balayer d’un revers de main (sous le prétexte fallacieux de « lutter » contre le « négationnisme ») : il s’agit d’instructions confidentielles du ministère de l’Intérieur sur la sauvegarde de la vie et des biens des déplacés [16], de la condamnation de nombreux fonctionnaires ottomans pour des infractions (plus ou moins graves) à l’égard d’Arméniens [17], de rapports sur les attaques de bandes de brigands (kurdes, circassiens, arabes) contre les convois [18].
Entre parenthèses, il y a une tendance dans les propagandes anti-turques à vouloir absolument incriminer le pouvoir central ottoman ou turc pour le déclenchement de chaque incident violent frappant des non-musulmans (alors que les choses sont assurément beaucoup plus complexes) : que ce soient les massacres dits « hamidiens » de 1895-96 [19], le pogrom d’Adana de 1909 [20], ou bien encore les émeutes d’Istanbul en 1955 [21].
A l’origine d’une partie des violences subies par les Arméniens pendant la Première Guerre mondiale, la souffrance des muhacir a pesé de tout son poids [22]. En outre, les tueries ne furent pas à sens unique, et des sources diverses attestent des massacres de grande ampleur perpétrés par les miliciens arméniens et les volontaires arméniens de l’armée russe (mais aussi les Cosaques) [23]. Cette vérité a été rappelée par des turcologues français éminents [24].
Parler d’« extermination systématique » revient à nier le fait que de nombreux Arméniens ont été exemptés de déportation : ceux d’Edirne, Istanbul, Izmir, Aydin et Alep, des familles de commerçants, d’artisans et de soldats, des catholiques et protestants, enfin des Arméniens récemment convertis à l’islam [25].
Le sort des déplacés fut variable, ce qui explique pourquoi des tenants « modérés » de la thèse du génocide, tels Ara Sarafian et Hilmar Kaiser (qui ont pu travailler sur les archives ottomanes dans les années 90), sont réticents à accepter cette notion d’« extermination systématique » pour le cas arménien : ils soulignent la situation moins funeste des déportés en Syrie occidentale, notamment du fait de la politique personnelle de Djemal Pacha [26] (membre du triumvirat jeune-turc, il avait ordonné la première déportation d’Arméniens, ceux de Dörtyol et Zeytun, en février 1915).
Les estimations du nombre de morts
Hachette et Hatier présentent uniquement le chiffre d’1,2 million de morts arméniens, à travers un même tableau détaillant des estimations : sur une population arménienne qui aurait été d’1,8 million en 1914, 1,2 million de morts, 600 000 survivants. De son côté, Belin mentionne brièvement que « le génocide fait de 600 000 à 1,5 million de victimes, selon les historiens » (ce qui laisse supposer qu’il y a bien une controverse profonde sur le sujet).
Et en effet, la fourchette de 500.000-800.000 décès (toutes causes confondues : massacres, morts dans les combats, épidémies, faim, etc.) fait l’objet, à l’heure actuelle, d’un relatif consensus chez les historiens qui réfutent la thèse du génocide et ceux qui en sont les partisans « modérés » [27]. A titre de comparaison, 2,5 millions de musulmans anatoliens ont péri au cours des mêmes années, notamment du fait des exactions adverses et des terribles épidémies, le taux de mortalité de l’ensemble de la population ottomane fut de 20 % et dans certaines provinces orientales de 50 % [28]. En somme, cette région du monde a été en proie à un dépeuplement considérable.
Une des difficultés provient du nombre hypothétique d’Arméniens vivant dans l’Empire ottoman en 1914. L’estimation secrète (n’ayant donc pas vocation à être publiée) du gouvernement ottoman était d’1,5 million (précisément le nombre de morts allégué par certains) [29].
Quant à la référence à Arnold J. Toynbee comme source historique dans Hachette : Toynbee lui-même a admis a posteriori que son Livre bleu relevait de la propagande de guerre britannique [30]. En outre, son évaluation chiffrée n’était pas 1,2 million de pertes arméniennes au total, mais plutôt 600.000, semble-t-il [31]. Par contre, lors de la guerre gréco-turque, il a fait un travail d’investigation en Anatolie, sur le terrain, décrivant minutieusement les crimes de guerre de l’armée grecque (The Western question in Greece and Turkey), ce qui au final est un témoignage circonstancié et accablant quant aux désastres humains (épuration ethnique concomitante à l’invasion de 1919) provoqués par le nationalisme grand-grec [32].
Conclusion
Pour toutes les raisons indiquées ci-dessus, il appert que ceux qui ont rédigé ces deux pages ont fait montre de manquements à la rigueur scientifique et à l’éthique, et ont cédé à l’« air du temps » (hypercritique manichéenne de la Turquie). Néanmoins, je fais confiance aux enseignants en poste pour atténuer les « dégâts », grâce à la marge de manoeuvre dont ils disposent, à leur curiosité et à leur esprit critique.
Consacrer une telle place à ce sujet délicat et douloureux, pourquoi pas, après tout. Mais encore fallait-il le faire avec sérieux et objectivité, c’est-à-dire en se basant sur le large éventail des thèses développées par les historiens compétents : lesquelles se contredisent souvent, mais se complètent et se rejoignent aussi sur des points cruciaux.
Télécharger les documents :
Lire également :
La question arménienne dans les manuels scolaires ou comment la propagande et l’activisme communautariste se sont frayés un chemin jusqu’à l’éducation nationale
L’Histoire de France sacrifiée sur l’autel du clientélisme arménien
[2] Parmi les « poids lourds » du gouvernement d’alors, citons les ministres Alain Juppé, Claude Guéant et Gérard Longuet ; au Parlement, Bernard Accoyer, Jacques Myard et Michel Diefenbacher, la grande majorité des députés ayant saisi le Conseil constitutionnel appartenaient à l’UMP et au Nouveau Centre ; même le conseiller présidentiel Henri Guaino avait exprimé les plus grandes réserves.
[3] Un parti membre de l’Internationale socialiste, mais issu d’une vieille tradition terroriste, avec encore une branche armée meurtrière dans les années 70-80, les CJGA ; il fut un temps interdit en Arménie même sous Levon Ter-Petrossian.
[4] Cf. par exemple Edward J. Erickson : « The Armenian Relocations and Ottoman National Security : Military Necessity or Excuse for Genocide ? », Middle East Critique, Vol. 20, Issue 3, septembre 2011 et « The Armenians and Ottoman Military Policy, 1915 », War in History, vol. 15, n° 2, 2008.
[5] John Horne et Alan Kramer, 1914. Les atrocités allemandes : La vérité sur les crimes de guerre en France et en Belgique, Paris, Tallandier, 2011 ; Eric Lohr, Nationalizing the Russian Empire : The Campaign against Enemy Aliens during World War I, Cambridge, Harvard University Press, 2003.
[6] Youssef Courbage et Philippe Fargues, Chrétiens et Juifs dans l’Islam arabe et turc, Paris, Payot & Rivages, 1996, pp. 213-214 ; François Georgeon, Abdülhamid II. Le sultan calife (1876-1909), Paris, Fayard, 2003, pp. 320-324.
[7] François Georgeon, « Le dernier sursaut (1878-1908) », in Robert Mantran (dir.), Histoire de l’Empire ottoman, Paris, Fayard, 1989, pp. 560-564 et Abdülhamid II..., pp. 286-298.
[8] Justin McCarthy, Death and Exile : The Ethnic Cleansing of Ottoman Muslims, 1821-1922, Princeton, Darwin Press, 1995 ; Georges Prévélakis, « Le processus de purification ethnique à travers le temps », Guerres mondiales et conflits contemporains, janvier 2005/217 et Géopolitique de la Grèce, Bruxelles, Complexe, 2006, p. 41.
[9] François Georgeon, Abdülhamid II..., pp. 317-320.
[10] Kemal H. Karpat, The Politicization of Islam : Reconstructing Identity, State, Faith, and Community in the Late Ottoman State, Oxford, Oxford University Press, 2001, p. 343.
[11] Sur les réformes des Jeunes-Turcs en matière militaire (intégration des non-musulmans dans l’armée ottomane en 1909, jusqu’aux rangs des officiers en 1912), on lira avec profit : Odile Moreau, L’Empire ottoman à l’âge des réformes. Les hommes et les idées du "Nouvel Ordre" militaire (1826-1914), Paris, Maisonneuve & Larose, 2007.
[12] Fuat Dündar, Crime of Numbers : The Role of Statistics in the Armenian Question (1878-1918), New Brunswick, Transaction Publishers, 2010, p. 44 ; Erik Jan Zürcher, Turkey : A Modern History, Londres-New York, I. B. Tauris, 2004, pp. 108-109 et « Greek and Turkish refugees and deportees 1912-1924 », Turkology Update Leiden Project Working Papers Archive, janvier 2003.
[13] Dzovinar Kévonian, Réfugiés et diplomatie humanitaire : Les acteurs européens et la scène proche-orientale pendant l’entre-deux-guerres, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, pp. 200-203.
[14] Fuat Dündar, « Génocide arménien : le scénario » (entretien avec François Georgeon), L’Histoire, n° 341, avril 2009, p. 10 ; Stéphane Yerasimos, « Comment furent tracées les frontières actuelles au Proche-Orient », Hérodote, n° 41, 2e trimestre 1986.
[15] Bernard Lewis, From Babel to Dragomans : Interpreting the Middle East, Londres, Phoenix Paperbacks, 2005, p. 480 ; Gilles Veinstein, « Trois questions sur un massacre », L’Histoire, n° 187, avril 1995 ; Erik Jan Zürcher, Turkey..., pp. 115-116 ; Donald Bloxham, « Donald Bloxham replies », History Today, juillet 2005, Vol. 55, Issue 7.
[16] Kâmuran Gürün, Le Dossier arménien, Paris, Triangle, 1984 p. 255.
[17] Kâmuran Gürün, op. cit., pp. 258-260 ; Gilles Veinstein, op. cit.
[18] Yusuf Halaçoğlu, « Realities behind the Relocation », in Türkkaya Ataöv (dir.), The Armenians in the Late Ottoman Period, Ankara, TTK, 2001, pp. 109-142.
[19] François Georgeon, Abdülhamid II..., pp. 291-298.
[20] Erik Jan Zürcher, Turkey..., p. 99.
[21] Thierry Zarcone, La Turquie. De l’Empire ottoman à la République d’Atatürk, Paris, Gallimard, 2005, p. 100 ; Robert Mantran, Histoire d’Istanbul, Paris, Fayard, 1996, p. 333 ; Erik Jan Zürcher, Turkey..., pp. 230-231.
[22] Erik Jan Zürcher, Turkey..., p. 117 et « Young Turks, Ottoman Muslims and Turkish Nationalists : Identity politics, 1908-1938 », in Kemal H. Karpat (dir.), The Ottoman Past and Today’s Turkey, Leyde, Brill, 2000, pp. 159-161.
[23] Justin McCarthy, Death and Exile..., pp. 179-254 ; Michael A. Reynolds, Shattering Empires : The Clash and Collapse of the Ottoman and Russian Empires 1908-1918, New York, Cambridge University Press, 2011, pp. 140-158.
[24] Paul Dumont, « La mort d’un empire (1908-1923) », in Robert Mantran (dir.), Histoire de l’Empire ottoman, pp. 624-625 ; Jean-Paul Roux, Un choc de religions : la longue guerre de l’islam et de la chrétienté, 622-2007, Paris, Fayard, 2007, pp. 328-330 ; Thierry Zarcone, op. cit., pp. 42-43 ; par ailleurs, Julien Gautier, contributeur de la revue L’Histoire, reconnaît que « les milices arméniennes qui accompagnent les troupes russes massacrent des dizaines de milliers de villageois musulmans » (« Génocide arménien : ce qu’on sait vraiment », L’Histoire, n° 315, décembre 2006).
[25] Gilles Veinstein, op. cit. ; Fuat Dündar, « Génocide arménien : le scénario », op. cit., p. 18 et Crime of Numbers..., pp. 105-110.
[26] Ara Sarafian, entretien avec Vincent Lima, The Armenian Reporter, 2 juin 2008 ; Hilmar Kaiser, entretien avec Emine Kart, Today’s Zaman, 22 mars 2009.
[27] Justin McCarthy, « The Population of the Ottoman Armenians », in Türkkaya Ataöv (dir.), op. cit., pp. 77-78 ; Erik Jan Zürcher, Turkey..., p. 115 ; Fuat Dündar, « Génocide arménien : le scénario », op. cit., pp. 17-18 ; François Georgeon, Abdülhamid II..., pp. 439-440.
[28] Erik Jan Zürcher, Turkey..., pp. 163-164 et « Between Death and Desertion : the Experience of the Ottoman Soldier in World War I », Turcica, n° 28, 1996.
[29] Fuat Dündar, « Génocide arménien : le scénario », op. cit., pp. 10-11.
[30] Paul Dumont, op. cit., p. 624.
[31] Youssef Courbage et Philippe Fargues, op. cit., pp. 224-226.
[32] Jean-Pierre Derriennic, « La "Question d’Occident" 70 ans plus tard : à propos de la crise bosniaque », Commentaire, volume 17, n° 67, automne 1994 ; Justin McCarthy, Death and Exile..., pp. 277-278 et p. 320, n. 98.