La question arménienne dans les manuels scolaires ou comment la propagande et l’activisme communautariste se sont frayés un chemin jusqu’à l’éducation nationale

En France, les manuels d’histoire pour les collégiens et les lycéens vont subir dès cette année des transformations inquiétantes où le communautarisme le dispute à la propagande et au mensonge.
En effet, les programmes scolaires effacent des pans entiers de l’histoire de France – les Maréchaux Joffre ou Foch, Clovis, Saint Louis ou François Ier, mais aussi Henri IV, Louis XIV ou Napoléon ne sont plus étudiés dans les collèges français – au profit essentiellement d’une histoire totalement déformée du « génocide arménien. »
Pour comprendre les ressorts d’une telle transformation, il faut revenir un peu en arrière. La question arménienne en France est une question politique. A chaque élection présidentielle une loi est ainsi votée, soit pour statuer l’histoire et « reconnaître » un « génocide », soit pour en interdire l’étude.
Ainsi, fin 2011 l’ancien Président, Nicolas Sarkozy, en campagne et dépassé dans les sondages, introduit la question arménienne dans ses discours afin, d’une part, de récolter des voix communautaires et d’autre part de surfer de nouveau sur l’antipathie contre la Turquie qui lui avait si bien réussi en 2007.
Il utilise une députée de la majorité, Valérie Boyer, pour réintroduire à l’Assemblée une loi contre le « négationnisme » (sic). Il met alors toute son énergie afin de faire voter cette loi et la faire passer le plus rapidement possible au Sénat qui le valide – contrairement à 2011 où le même Sénat l’avait jugée irrecevable, n’étant pas de la compétence du politique de statuer sur l’histoire dans les démocraties.
Alors que les deux candidats du second tour de la présidentielle de 2012, François Hollande et Nicolas Sarkozy, n’arrêtent pas de louer et d’encenser les valeurs de la République et de pointer les dangers de la communautarisation dans la société française, le tout premier déplacement qu’ils font est d’essence communautarisme – ce qui annonce les renoncements à venir.
Le 24 avril 2012, ils se rendent donc de concert à l’invitation des activistes arméniens les plus fanatiques, Mourad Papazian à leur tête – celui-là même qui insulte les élus en les traitant de « salopards » lorsqu’ils ne votent pas comme il l’aurait voulu, et qui par ailleurs est vice-président d’un parti arménien, la FRA, qui sacralise le terrorisme – afin de leur promettre qu’ils auront ce qu’ils voudront – lois, arrangements – tout ce qu’ils veulent du moment que leurs voix se reportent sur leur nom.
Il faut dire que Mourad Papazian sait s’y prendre avec les politiques sensibles au communautarisme. Ainsi, en mars 2011 lors d’une manifestation devant le Sénat il déclare (1) : « on est là pour dire au Sénat de mettre cette loi [de pénalisation du « négationnisme turc »] à l’ordre du jour, parce que dans un an en France il y a une élection présidentielle et nous verrons qui sont nos amis et qui sont nos adversaires ».
Les « adversaires » dont parle, de manière hystérique, Mourad Papazian sont les Républicains, ceux qui ne confondent pas l’intérêt général avec leur intérêt personnel.
Ce sont donc des activistes communautaires, travaillant pour des intérêts étrangers, et des manœuvres électoralistes, nourrissant le communautarisme et affaiblissant la France, qui sont à la source de l’introduction dans les manuels scolaires de la question arménienne.
Il faut que chacun soit conscient de ces dérives contre la démocratie et la République et lutte contre afin que nos enfants, nos collégiens, nos lycéens ne soient pas les cibles et les otages d’activistes communautaires et de politiques qui, d’un côté, cherchent à leur imposer leur histoire particulière passée au filtre de la propagande et du mensonge, et de l’autre, ne fonctionnent que par clientélisme électoral.
Les pages sur la question arménienne
Les pages sur la question arménienne dans les manuels scolaires ressemblent aux intentions qui les ont portées, c’est-à-dire qu’elles sont manipulatrices et propagandistes.
Ainsi, dans les éditions « Hatier » et « Hachette » il est fait référence aux documents « Andonian. » Il est établi depuis 1983 que ces « documents » sont des faux. Leurs contenus sont à ce point falsifiés que le grand historien Bernard Lewis les compare aux Protocoles des Sages de Sion From Babel to Dragomans. Interpreting the Middle East, New York-Oxford, Oxford University Press, 2004, p. 389).
Cela suffit à montrer le degré de manipulation auquel les élèves vont être soumis. Si les pouvoirs publics n’agissent pas contre ces dangers, il faut que les parents d’élèves le fassent et exigent d’en connaître plus sur les ressorts politiciens et les contenus des manuels auxquels leurs enfants vont être confrontés.
Christopher Walker, partisan résolu de la qualification de « génocide arménien », est pourtant revenu sur ses premières idées concernant les « documents Andonian » et considère que « le doute doit demeurer (« the doubt must remain ») tant que ces documents, ou des documents similaires, n’auront pas été retrouvés et publiés dans une édition critique. » (Christopher Walker, « World War I and the Armenian Genocide », in Richard G. Hovannisian [dir.], The Armenian People From Ancient to Modern Time, New York, St Martin’s Press, 1997, p. 247.) Depuis quinze ans, un tel travail n’a jamais été entrepris.
Par ailleurs, contrairement à ce qui est prétendu dans ces nouveaux manuels, la plupart des Arméniens d’Istanbul (« Constantinople »), Izmir, Alep, Kastamonu et d’autres villes, ainsi que des milliers d’Arméniens catholiques, protestants, exerçant la profession d’artisans, employés de la Banque ottomane (à commencer par le directeur général adjoint Berç Keresteciyan, qui fut même promu directeur général pendant la guerre) ont été exemptés de déplacement forcé.
Dans leur volonté d’asseoir les événements dont furent victimes les Arméniens sur des considérations d’ordre racial, et ainsi coller la question arménienne à la Shoah, les rédacteurs des pages des manuels scolaires affirment que la guerre n’est pas un contexte mais un prétexte, la déportation de 1915 pour une « extermination systématique. »
Or, le contraire a 1000 fois été prouvé par d’éminents historiens spécialistes du Moyen-Orient et de l’ère Ottomane, parmi lesquels Gilles Veinstein, Bernard Lewis, Guenter Lewy, Stanford Jay Shaw, Justin Mc Carthy, Norman Stone.
Ces mêmes rédacteurs ne soufflent pas un mot sur les catégories géographiques (Izmir, Istanbul, Alep, mais aussi socio-professionnelles ou confessionnelles) d’Arméniens exemptés de déplacement. Ni sur les révoltes arméniennes de Van et Zeytun (Gilles Veinstein, « Trois questions sur un massacre », L’Histoire, n° 187, avril 1995, p. 40-41).
Ni même sur le rôle militaire décisif des détachements de volontaires arméniens au sein de l’armée russe en Anatolie orientale (Stéphane Yerasimos, « Caucase : la grande mêlée (1914-1921) », Hérodote, n° 54-55, 4e trimestre 1989, p. 155-159), et leurs crimes de guerre confirmés par les sources russes et britanniques elles-mêmes (Michael A. Reynolds, « Shattering Empires : The Clash and Collapse of the Ottoman and Russian Empires 1908-1918 », New York, Cambridge University Press, 2011, p. 157-158). Les massacres russes de civils lazes et adjars en Géorgie pendant la guerre (Antoine Constant, « L’Azerbaïdjan », Paris, Karthala, 2002, p. 286-287) et la déportation tsariste de plus d’un million d’Allemands ethniques et de Juifs (Nicolas Werth, « La société et la guerre dans les espaces russe et soviétique, 1914-1946 », Histoire, économie & société, 2004/2, 23e année, p. 194-195 ; Catherine Gousseff, « Les déplacements forcés des populations aux frontières russes occidentales (1914-1950) », in La Violence de guerre, 1914-1945. « Approches comparées des deux conflits mondiaux (ouv. col.) », Bruxelles, Complexe, 2002, p. 179-183.) remettent par ailleurs en perspective les évènements internes à l’Empire ottoman.
Les causes des massacres locaux inter-ethniques passent également à la trappe : les attaques de bandes kurdes ou arabes incontrôlées contre les déplacés (Yusuf Halaçoğlu, « Realities behind the Relocation », in Türkkaya Ataöv (dir)). Le massacre de dizaines de milliers de musulmans à Van par les insurgés arméniens, la diminution du nombre de musulmans, massacrés ou poussés à la fuite, dans les zones précédemment occupées par les troupes russes (Robert Mantran, « Histoire de la Turquie », Paris, PUF, 1988, p. 108-109) sont des réalités que pas même une phrase ne relève.
De même, pas un seul mot sur la situation générale de la population ottomane au cours de la guerre, faite d’épidémies foudroyantes et d’incurie. Au final, ce sont 2,5 millions de musulmans anatoliens qui ont perdu la vie au cours du conflit (Erik Jan Zürcher, « The Young Turk Legacy and Nation Building » : From the Ottoman Empire to Atatürk’s Turkey, p. 176, 139-140).
A contrario, les deux principales sources des pages insanes dans les manuels scolaires sur la question arménienne sont Yves Ternon historien sur le tard, chirurgien de profession, xénophobe convaincu, et Taner Akçam, militant d’extrême gauche, de formation en ressources humaines, qui n’hésite pas à mentir, tronquer les citations et les chiffres (2).
Ainsi, au vu de tous ces éléments, où les considérations électoralistes, communautaristes se mêlent à une déformation radicale de l’histoire, les mensonges, les « oublis », et la propagande, l’historien Bernard Lewis définissant les documents que vont lire les élèves comme étant dans l’esprit des Protocoles des Sages de Sion, ouvrage propagandiste s’il en est, nous appelons les pouvoirs publics à retirer les livres en question.
Nous en appelons également à la conscience des parents d’élèves pour qu’ils ne livrent pas leurs enfants, cibles et otages de considérations politiques, à la propagande haineuse à laquelle certains veulent les soumettre.
Auteur : Alliance Démocrate
(1) Voir la vidéo : Manifestation Arménienne devant le Sénat | 12 mars à Paris
(2) Lire entre autres analyses des mensonges de Taner Akçam :
Review Essay : A Scrutiny of Akc¸am’s Version of History and the Armenian Genocide
Kitap eleştirisi (Utanç verici bir eylem)
Review Essay : The Armenian Question
The Assembly of Turkish American Associations (Public Outreach Program)
Lire également :
L’Histoire de France sacrifiée sur l’autel du clientélisme arménien