L’histoire et l’importance géopolitique de Chypre
Chypre est la troisième plus grande île de la Méditerranée , après la Sicile et la Sardaigne. Il est cependant, une île divisée : depuis 1974, il y a deux États sur son territoire , l’un habité par les Turcs et l’autre partie par les Grecs. La capitale Nicosie (Lefkosa en turc) est également divisée en deux moitiés, séparées par une barrière de béton et de barbelés. À certains égards, la barrière sépare l’Occident, grec et chrétien, de l’Orient, turc et musulman.
D’où vient cette division ?
Chypre est géographiquement située en Asie, à 100 km des côtes du Moyen-Orient et à 70 km de la péninsule anatolienne de la Turquie. Au fil des siècles, le contrôle de Chypre a été contesté par de nombreux empires. En 1570, l’île a été conquise par l’Empire ottoman et depuis lors, elle est habitée par deux peuples car de nombreux Turcs s’y sont installés, se mêlant à la majorité de l’ethnie grecque.
Les années du Royaume-Uni
La domination turque a pris fin en 1878, lorsque suite à une défaite subie par l’empire ottoman face à l’empire russe. Les anglais vont intervenir pour demander au Russe de ce retirer. Un accord sera trouvé entre les trois parties et le traité de Berlin remplacera celui signé entre les empires ottoman et russe (traité de San stefano). Les turcs ottomans, pour remercier l’intervention des anglais, donnera au anglais l’administration de l’île et permettra au anglais de devenir une colonie du Royaume-Uni.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Empire britannique s’est effondré et on découvre dans les traités que l’île avait été oublié lors du traité de Lausanne et donc une lutte pour l’indépendance commence à Chypre.
C’est surtout la composante grecque qui le désirait, qui aspirait à l’ Enosis, c’est-à-dire à l’union avec la Grèce qu’un prêtre orthodoxe ultra-nationaliste le demanda. Les Turcs, en revanche, craignaient cette perspective et dans les années 1950 de violents affrontements eurent lieu entre les deux communautés, faisant de nombreuses victimes.
Chypre est son indépendance
Chypre a obtenu son indépendance en 1960 sous le nom de République de Chypre et avec une Constitution qui permettait aux deux groupes ethniques d’être représentés au sein du gouvernement. Un traité international a également été stipulé en vertu duquel le Royaume-Uni, la Grèce et la Turquie ont agi en tant que garants du statu quo, avec le droit d’intervenir militairement en cas de remise en cause de l’équilibre. Le Royaume-Uni conserva deux bases militaires, celles d’ Akrotiri et de Dhekelia , sur le territoire chypriote.
Au moment de l’indépendance, les Grecs plus nombreux, vis-à-vis des Turcs. Les deux communautés sont entrées en conflit dès 1963 et, après quelques années d’affrontements, en 1974, après une crise mondiale. Le gouvernement turc de l’époque représenté par Bulent Ecevit, ordonna l’intervention militaire.
Rappel : il y a eu une confrontation des Grecques, qui était gouvernée par la dictature des colonels, a organisé un coup d’État à Chypre, avec la perspective d’obtenir l’Enosis ; La Turquie, faisant appel au traité de 1960, envahit l’île et en occupa la partie nord-est.
La ligne verte
Pendant les opérations militaires ou immédiatement après leur fin, la population a été largement redistribuée sur une base ethnique : les Turcs qui vivaient dans la partie grecque se sont déplacés vers la partie nord-est ; les Grecs ont quitté la zone occupée par la Turquie et se sont réfugiés dans la partie sud de l’île.
Chypre était divisée par la ligne verte, qui sépare encore aujourd’hui les Grecs des Turcs ou, si l’on veut, l’Occident de l’Orient. Les deux parties sont séparées par la zone tampon, une bande intermédiaire sous contrôle de l’ONU.
Globalement, la partie grecque occupe environ 59 % du territoire ; la turque 36% ; les 5% restants sont occupés par les deux bases britanniques et la zone tampon.
La capitale est également divisée : une barrière sépare Nicosie, la partie grecque, qui compte environ 55 000 habitants, la partie turque, qui compte 61 000 habitants.
Après la division
Au fil des années, diverses négociations ont été menées pour réunifier l’île ou trouver une solution stable, mais toutes les tentatives ont échoué. En 1983, la République turque de Chypre du Nord est proclamée dans la partie habitée par les Turcs, un État reconnu uniquement par la Turquie et doté d’un statut géopolitique qui lui est propre. En 2004, la République de Chypre a rejoint l’Union européenne et en 2008, elle a adopté l’euro ; la RTCN continue d’utiliser la livre turque et ne reconnaît pas le droit de l’UE .
Dans les deux États, à côté des drapeaux nationaux, ceux de leurs "mères patries" respectives sont agités. Les deux États sont également divisés par la langue (grec et turc) et par la religion : dans la République de Chypre, le christianisme orthodoxe prédomine et l’Église compte parmi les partisans de l’ Enosis, la religion dominante est l’islam, bien que pratiquée sous une forme douce (pas de voile, pas d’interdiction d’alcool, etc.).
La question chypriote aujourd’hui
Mais pourquoi est-il si difficile de trouver une solution ?
Tout d’abord, la question chypriote s’inscrit dans un affrontement entre Grecs et Turcs pour le contrôle de la Méditerranée orientale qui dure depuis des siècles.
Un équilibre précaire
Pour ces raisons, le sort de Chypre est aujourd’hui incertain. Il n’y a pas unanimité de vues parmi les habitants : les uns aspirent à l’ Enosis ; d’autres veulent la réunification, avec la création d’un Etat fédéral ; d’autres encore préféreraient la séparation définitive des deux États.
De plus, l’avenir de l’île ne peut être décidé uniquement par les Chypriotes, mais requiert le consentement de la Grèce et de la Turquie, dont les aspirations sont opposées, ainsi que celui d’ autres puissances, principalement comme le Royaume-Uni.
Aujourd’hui, Chypre compte environ 896 000 habitants dans la partie grecque (73%) et 326 000 dans la partie turque (26%). Depuis plusieurs années, les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs ont trouvé une sorte d’équilibre et les affrontements armés ont pris fin depuis des années.
De plus, depuis 2003, il est possible de franchir la ligne verte, sur laquelle s’ouvrent aujourd’hui sept points de passage, dont deux à Nicosie.
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