Le Monde a depuis longtemps habitué son lectorat aux articles turcophobes, il a continûment fait la preuve qu’il n’a tiré aucune leçon, ni du terrorisme arménien en général, ni de l’attentat d’Orly en particulier, mais là, il vient de se surpasser par le bref compte-rendu cinématographique signé par M. Mandelbaum : http://abonnes.lemonde.fr/cinema/article/2012/04/10/le-fils-du-marchand-d-olives-voyage-de-noces-en-pays-negationniste_1682679_3476.html

Il faut manifestement rappeler, une fois encore, que le négationnisme, comme nous l’indiquent le Petit Larousse, le Petit Robert, le dictionnaire Hachette et le dictionnaire intégré à l’Encyclopædia Universalis, ne concerne que certains crimes nazis, principalement les chambres à gaz. M. Mandelbaum, qui ne connaît rien à l’histoire turque et ottomane, réussit l’exploit de diffamer le peuple turc en bloc, de s’en prendre à un État qui a sauvé des dizaines de milliers de Juifs (peut-être plus de 100 000) pendant la Seconde Guerre mondiale (cf. Stanford J. Shaw, Turkey and the Holocaust, Londres-New York, MacMillan Press/New York University Press, 1993), mais aussi de mettre, indirectement, sur le même plan Robert Faurisson et des historiens aussi respectables que Bernard Lewis, Guenter Lewy, professeur honoraire à l’université du Massachusetts et Gilles Veinstein, professeur au Collège de France — nous nous limiterons délibérément à trois personnes de famille israélite. Dire que le sort des Arméniens ottomans en 1915-1916 ne relève pas du génocide, catégorie juridique précisément définie par la convention de Genève de 1948, c’est tout simplement se ranger aux conclusions de la plupart des spécialistes ; et dire qu’il y eut aussi des crimes de guerre contre les populations musulmanes (et juives) de l’Empire ottoman, par des Arméniens, des Cosaques et des Grecs, c’est un constat d’évidence (développé récemment, en utilisant surtout des sources françaises, russes, britanniques et américaines, dans un article pour l’International Review of Turkish Studies, publiée par l’université d’Utrecht, Pays-Bas).

Au lieu d’infliger un tel compte-rendu à ses lecteurs, Le Monde aurait pu nous parler de The Turkish Passport, remarquable film sur les diplomates turcs qui sauvèrent des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, désormais diffusé en France, malgré le désintérêt de beaucoup — trop — de cinémas.

Les articles de Le Monde ne font qu’une nouvelle fois inspirer l’indignation et le dégoût au sein des Français d’origine turque. L’affront est d’autant plus choquant qu’il survient dans une atmosphère délétère où les turcophobes de France, notamment les organisations ultra-nationalistes arméniennes et leurs "journaux", s’évertuent à lancer leurs appels à la haine contre les Turcs en propageant mensonges, désinformations et attaques racistes.