Information citoyenne
Chers lecteurs, veuillez trouver ci-dessous, deux versions d’un courrier à adresser au Monde.
Suite à de récents articles du Monde sur la question arménienne, qui ne sont — hélas — pas à la hauteur de la réputation de ce quotidien, Turquie News invite ses lecteurs à envoyer l’un ou l’autre des courriers suivants à la rédaction.
Vous trouvez ci-dessous la version résumée du texte.
Vous pouvez également obtenir la version complète dans ce document word.
Les messages sont à adresser aux trois adresses suivante :
mediateur@lemonde.fr
courrier-des-lecteurs@lemonde.fr
fottorino@lemonde.fr
Désinformation & Turcophobie dans Le Monde : Turquie News vous invite à répondre

Courrier Le Monde - Ara Toranian :
Madame, monsieur,
Il est plaisant d’apprendre, dans Le Monde daté du 16, que M. Michel Marian « condamne le terrorisme arménien (1975-1985) ». Il n’en a pas toujours été ainsi, puisque le même homme qualifiait d’« âge d’or » une partie de cette période, dans un article publié par la revue Esprit (octobre-novembre 1994). Il est moins plaisant de lire les assertions de votre collaborateur Gaïdz Minassian sur le prétendu « tabou arménien », et sur la compétence supposée de « deux anciens militants d’extrême gauche », dont aucun n’est historien et n’a mené la moindre recherche sérieuse sur le sujet. Dès 1989, la Société d’histoire turque (TTK) avait invité de nombreux auteurs arméniens et proarméniens à son congrès de 1990. Un seul est finalement venu, Levon Marashlian, qui s’est dit agréablement surpris par la courtoisie de l’accueil. En 2006, un colloque contradictoire sur les évènements de 1915 eut lieu à Istanbul. En 2009, la TTK organisa un autre colloque contradictoire sur les évènements d’Adana en 1909. La même année, l’Arménie a enfin accepté la proposition turque, faite en 2005, d’une commission mixte d’historiens, qui aurait accès à tous les fonds d’archives. Pourquoi Le Monde n’a-t-il pas mentionné ces faits ?
Deux semaines plus tôt, Le Monde avait choisi d’ouvrir, une fois encore, ses colonnes à M. Ara Toranian, sans même présenter un point de vue turc, ou simplement modéré et raisonnable, en balance. M. Toranian fut porte-parole de deux groupes terroristes : l’ASALA, (1976-1983) ; puis l’ASALA-Mouvement révolutionnaire (1983-1985).
À l’époque où M. Toranian était porte-parole de l’ASALA, ce groupe a tué des diplomates turcs, et des membres de leur entourage. L’ASALA a également commis des attentats aveugles et meurtriers, contre des cibles turques ou supposées telles. Elle a tenté d’assassiner deux historiens américains, S. J. Shaw et E. K. Shaw, en octobre 1977. M. Toranian a lui-même pris la tête d’un commando armé, qui occupa quelques heures les locaux de la Turkish Airlines à Paris, le 11 juin 1981.
La tribune de M. Toranian est à la hauteur du personnage : c’est une attaque pleine de mauvaise foi contre la Turquie, et contre la réconciliation arméno-turque, cauchemar de M. Toranian.
Cet article commence par la phrase attribuée à Hitler, qui ne concerne pas les Juifs mais les Polonais, et qui est de toute manière un faux notoire. Il se gargarise des résolutions de « reconnaissance », souvent extorquées par le chantage électoral et la menace (notamment en France).
Tout à sa hâte de qualifier de « génocide » les massacres d’Arméniens, M. Toranian évite d’évoquer les massacres de Turcs et de Juifs par les nationalistes révolutionnaires arméniens.
M. Toranian nous parle des « bombardements contre les Kurdes ». Ce faisant, M. Toranian opère une confusion intolérable entre les Kurdes et le groupe terroriste PKK (mélange d’islamisme, de maoïsme et de nationalisme raciste). Environ 200 députés à la Grande Assemblée nationale turque sont des Kurdes, dont une vingtaine appartient à un parti spécifiquement kurde. Le PKK lança sa première grande offensive en 1984, quand le Premier ministre turc de l’époque, Turgut Özal, était un. Les publications dans les dialectes kurdes se multiplient depuis 1991, et une chaîne publique en kurde a commencé récemment à émettre.
M. Toranian évoque aussi « l’occupation de Chypre », oubliant, entre autres, que cette affaire a commencé avec le terrorisme grec-chypriote (EOKA, grande amie de l’ASALA), que l’opération militaire turque fut reconnue légale par la cour d’appel d’Athènes en 1974, et que le plan de paix de l’ONU fut approuvé par une large majorité de Chypriotes turcs en 2003, mais rejetée par une majorité de Chypriotes grecs.
M. Toranian voudrait faire pleurer le lecteur avec « le blocus impitoyable sur l’Arménie ». Le blocus est un acte de guerre ; fermer une frontière terrestre n’est pas un blocus. Des vols réguliers existent entre Istanbul et Erevan. Les exportations turques vers l’Arménie s’élevaient à 248 millions de dollars en 1999, et à 307,5 millions en 2003 ; les importations sont passées, entre ces deux dates, de 44 à 121,4 millions de dollars.
M. Toranian parle, sans rire, de « kémalo-fascisme », associant deux politiques antinomiques. Maurice Duverger a montré, depuis plus d’un demi-siècle, qu’aucun rapprochement sérieux ne pouvait être fait entre le kémalisme et les totalitarismes.
Il est déplorable que Le Monde laisse un ancien terroriste, non repenti, nuire ainsi à la bonne entente entre les peuples et à la tenue pacifique de manifestations culturelles en France.
Veuillez recevoir, madame, monsieur, l’expression de ma plus vive protestation.
Courrier Le Monde - Ara Toranian :