(Photo : Le chef de la diplomatie danoise Per Stig Moeller (AP))
Le Danemark a tenu en échec le lobby arménien d’Europe en balayant d’un revers les demandes répétées des organisations nationalistes arméniennes de reconnaître, sur le plan politique, un "génocide" arménien en 1915. Le Danemark s’est en effet aligné sur la position de la majorité des turcologues occidentaux et des historiens spécialistes de l’Empire Ottoman qui récusent l’applicabilité du terme juridique de "génocide" aux événements de 1914-1922 survenus en Anatolie entre Turcs et Arméniens.
Dans une note écrite au Parlement publiée jeudi, le ministre danois des Affaires étrangères Per Stig Moeller, a indiqué que le Danemark ne reconnaît pas officiellement qu’un génocide a été commis en 1915 par l’Empire ottoman contre les Arméniens.
"Selon le gouvernement, il s’agit d’une question historique qu’on doit laisser aux historiens", a écrit M. Moeller dans une réponse à un membre de la commission parlementaire des Affaires étrangères qui l’avait questionné à ce sujet.
Morten Messerschmidt, du Parti du peuple danois (extrême droite), proche des milieux nationaklistes arméniens d’Europe, a demandé au ministre si "le Danemark a reconnu officiellement le "génocide" arménien".
"Il est regrettable que le gouvernement danois refuse de se joindre aux autres gouvernements qui ont reconnu ce génocide.", a déclaré M. Messerschmidt.
Lobbying arménien dans 20 pays
Le gouvernement danois ne compte pas suivre l’exemple d’une vingtaine de pays où le lobby et les organisations arméniens disposent de puissantes officines, dont la France, qui ont reconnu sur le plan politique et ont isncrit dans leur "histoire officielle" que les événements de 1915 constituaient un génocide. Ces reconnaissances politique, motivées par les pressions électorales subies par les élus européens, ouvraeint la voie à un déni total des victimes musulmanes (turques, kurdes, lazes...) de la même époque massacrés par les milices arméniennes de manière systématique en vue d’une purification éthnique de la région afin de négocier durant les traités de paix une Grande Arménie comprenant les régions peuplées de Musulmans d’Anatolie.
En France, en 2006, un collectif de 700 historiens de renom s’étaient opposés à cette reconnaissance politique et au fait que les politiciens se servent de la loi pour imposer une "histoire officielle" dictée par des groupes de pressions communautaires. Une proposition de loi visant à rendre passible de lourdes amandes et de peines de prison toute contestation de cette "histoire officielle" française avait provoqué une vive réaction de la communauté scientifique et des historiens français qui s’étaient indignés de la "démarche cilentéliste" des élus français. Pour leur part des juristes s’étaient dits choqués par l’ingérance de groupuscules nationalistes et de partis politiques arméniens basés en France dans le vote d’un loi de la République.
Les événements de 1914-1922
Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.
La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.