ALLOCUTION DE MME ZEYNEP NECİPOĞLU
PRESIDENTE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE FRANCO-TURQUE
Istanbul, le 29 décembre 2011
Chers Amis de la Presse,
Vous le savez certainement, les échanges commerciaux franco-turcs atteignent aujourd’hui un montant global record de l’ordre de 12 Milliards d’EURO. Ce chiffre est en partie généré par les filiales locales de sociétés françaises dont le nombre est passé de 15 à plus de 400 au cours des 25 dernières années et qui emploient aujourd’hui 100.000 salariés dans tous les secteurs de pointe de l’économie turque, de l’automobile à la grande distribution ou au secteur des services. La France est le 2ème investisseur en Turquie et cette dernière est la 3ème destination des exportations françaises hors pays de l’UE et Suisse.
Pour ce qui la concerne, notre Chambre de Commerce, qui a fêté en 2010 son 125ème anniversaire, compte aujourd’hui 420 membres, dont une grande partie sont des sociétés françaises.
Or, le rôle de notre Chambre est de représenter et de défendre les intérêts de ces sociétés qui sont les acteurs principaux des relations économiques et commerciales franco-turques.
C’est pour cela et en leur nom que nous avons voulu vous rencontrer ce matin pour vous faire part de notre préoccupation devant les événements qui se déroulent en France et pour vous informer de l’action que nous menons afin d’en limiter les dégâts.
On le sait, le 18 Janvier 2001, les membres de notre Chambre avaient eu la très vive déception de voir adopter par 28 députés français un Projet de Loi portant un jugement unilatéral sur des évènements qui sont intervenus 91 ans auparavant, sous l’Empire Ottoman et pendant la Première Guerre Mondiale, constituant un drame qui s’inscrit dans les pages les plus sombres de l’Humanité et qui, très certainement, relève de l’Histoire et des historiens et non pas de la Représentation Nationale d’un pays ami.
Après une première tentative avortée quelques mois avant les élections présidentielles françaises de 2007, une cinquantaine de députés de l’Assemblée Nationale Française sur un total de 577 élus, ont voté en première lecture, le 22 décembre dernier, une Proposition de Loi pénalisant la négation du « génocide arménien », qui, si elle est adoptée par le Senat, donnera une dimension pénale très lourde au texte de Loi de 2001, et qui interdira toute contestation portant sur la qualification des événements de 1915.
Ceci, alors qu’une initiative en 2007 du Premier Ministre, M. Recep Tayyip ERDOĞAN, soutenu par l’ensemble des membres de la Grande Assemblée Nationale de TURQUIE avait proposé au Président de la République d’ARMENIE de confier l’étude de cette question a une commission d’experts et d’historiens à choisir et à mettre en place par la TURQUIE et par l’ARMENIE, les seules parties directement concernées.
Vous le savez, cette Proposition de Loi française a soulevé en TURQUIE un mouvement de protestation sans précédent.
Nous le comprenons parfaitement et nous le regrettons vivement.
Nous nous associons à la tristesse de nos amis turcs, tout en étant conscients des dommages que pourrait provoquer cette Proposition de Loi si elle était adoptée.
Comme vous le savez, notre Chambre avait adressé le 17 décembre dernier au Président de la République Française une Lettre Ouverte (avec copie aux Présidents de l’Assemblée Nationale et du Sénat, ainsi qu’aux Présidents des quatre groupes parlementaires de l’Assemblée Nationale), afin d’attirer son attention sur les conséquences que cette mesure pourrait avoir sur les relations économiques bilatérales, sur le boycott qu’elle serait susceptible de déclencher vis a vis des produits et services français, et sur ses effets potentiels sur la francophonie, la francophilie, et l’attachement du peuple turc à la culture et aux valeurs françaises.
Notre Chambre a également été représentée par sa Présidente et son Vice-Président lors de réunions à Paris le 19 décembre, où ils accompagnaient les Présidents de TOBB, ITO et TÜSIAD afin de sensibiliser au plus haut niveau le réseau des CCI de France et la CCI de Paris sur les préjudices durables et irrémédiables encourus pour le commerce franco-turc, et donc pour nos membres.
Par cette action, notre Chambre a rempli son rôle, et elle continuera à le faire dans l’avenir, avec vigueur ....mais aussi avec espoir.
En effet, la proposition de loi que les députés français ont choisi d’approuver le 22 décembre n’est pas pour autant devenu une loi. Pour cela, en effet, elle lui faudra encore être avalisée par le Senat...
A notre niveau, nous allons donc engager une action déterminée auprès des Sénateurs afin de les sensibiliser aux dimensions que cette initiative parlementaire prend, vue de Turquie, et aux importants dommages qu’elle est susceptible de provoquer dans un pays où la francophilie et la francophonie restent fortes - aussi fortes qu’elles sont ignorées en France ! ! Vis à vis des membres de cette ’Chambre Haute’, connus pour leur pondération et leur indépendance d’esprit et dont beaucoup connaissent bien la Turquie, nous allons nous employer à faire valoir que cette proposition de loi est ressenti ici comme une véritable déclaration d’hostilité par les citoyens Turcs, et ceci pas simplement dans les sphères politiques et économiques.. Il s’agit bien ici, en effet, d’une mesure qui touche la société Turque toute entière, au plus profond d’elle-même, comme les Français de Turquie peuvent le constater au quotidien.
Notre Chambre veut exprimer ici son espoir de voir le monde politique français prendre la mesure réelle de la question et agir pour que la Proposition de Loi puisse être rejetée par le Sénat, comme ce fut le cas en Mai de cette année.
La Chambre de Commerce Franco-Turque suivra avec attention l’évolution de cette procédure et continuera d’intervenir afin d’empêcher toute atteinte à l’excellence des relations culturelles, économiques et humaines qui continuent d’exister entre la France et la TURQUIE, et au développement desquelles notre Chambre à l’ambition de continuer de contribuer, à son niveau.
Je vous remercie de votre attention.
Avec Yves-Marie LAOUËNAN, Vice-Président en ancien Président de notre Chambre de 2006 à 2008, nous sommes à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Voir également :
Loi de censure arménienne : Réaction de la Chambre de Commerce Française en Turquie
Allocution de la présidente de la Chambre de Commerce Franco-Turque
Pétition contre la loi de censure arménienne, initiative de la CCFT
APPEL AUX ELUS DE LA NATION FRANCAISE …
Le CCFT s’adresse aux sénateurs