A l’issue du sommet informel de Lisbonne vendredi 19 octobre 2007, le président Sarkozy a déclaré à la presse :"Le Premier ministre portugais José Socrates, président en exercice de l’Union européenne a indiqué qu’au Conseil formel de décembre il proposerait la création d’un groupe des sages de 10 à 12 membres, qui réfléchira à l’avenir de l’Europe et à sa place dans la globalisation" puis il a ajouté : "il va de soi que, dans ces conditions, il n’y aura pas d’ouverture de nouveaux chapitres turcs au mois de novembre et que tout ceci est repoussé au mois de décembre".
La création d’un groupe de personnalités indépendantes pour réfléchir à l’avenir de l’UE [1] a été initialement proposé par le président français, opposé à l’adhésion de la Turquie à l’UE.
Il a ainsi confirmé établir un lien entre la création de ce comité des sages [2] et l’ouverture de nouveaux chapitres de négociation avec la Turquie.
Il a rappelé : "Vous savez que j’avais fait un paquet de ce groupe de sages, qui devrait voir le jour au mois de décembre prochain, et de l’ouverture de nouveaux chapitres compatibles avec l’association, s’agissant de la Turquie"...."J’ai bien indiqué qu’il ne s’agissait pas dans mon esprit de rouvrir les débats institutionnels qui ont été tranchés par l’adoption (dans la nuit de jeudi à vendredi) du traité simplifié". [3]
OLLI REHN DOUTE DE L’UTILITÉ DU COMITÉ DES SAGES Avant même d’exister le "comité des sages" soupçonné de blocage larvé par des dirigeants européens
Sur sa proposition de "comité des sages", des critiques ont été formulées jeudi par des dirigeants européens, en marge du sommet de Lisbonne. Comme le Premier ministre suédois, le commissaire européen à l’Elargissement, le Finlandais Olli Rehn, a mis en doute l’utilité de ce comité.
"Je ne suis pas sûr d’être convaincu de sa valeur ajoutée", a-t-il dit dans un discours à Berlin. "D’un autre côté, s’il est réellement composé d’hommes sages - et de femmes, comme il se doit - je suis sûr qu’ils verront que l’élargissement n’est pas le problème mais plutôt un élément essentiel de la solution de beaucoup de problèmes auxquels l’UE aura à faire face dans les prochaines décennies."
Et : "Je veux éviter que des personnalités du passé discutent de l’avenir de l’Europe"....."Il est impératif que ce groupe ne puisse pas servir de prétexte au blocage d’une partie des engagements pris sur l’élargissement." "Nous avons une obligation envers la Turquie et les pays de l’Ouest des Balkans de poursuivre le processus d’adhésion (à l’UE)".
Fredrik Reinfeldt Premier ministre suédois a quant à lui déclaré qu’il ne voulait pas qu’un groupe de "personnalités du passé" remette en cause les engagements de l’UE en matière d’élargissement et d’ouverture aux échanges extérieurs.
Nicolas Sarkozy propose à Ankara, en lieu et place d’une adhésion pure et simple, une association avec l’UE et un rôle de "pivot" dans une "Union méditerranéenne" qu’il appelle de ses voeux, mais qui n’existe pas. Et lors de la conférence des ambassadeurs de France, le 27 août à Paris, il avait déjà fait de la création d’un comité des sages une contrepartie à l’ouverture de nouveaux chapitres de négociation avec la Turquie, revendiquant ces dernières semaines le soutien de pays de l’UE à ce projet.
Avec un tel démarrage, ce soutien risque d’être léger.