Le vice-président de la Cour constitutionnelle, M. Ali Feyyaz Paksut a annoncé lundi que la Cour avait décidé d’accepter l’acte d’accusation du procureur-général de la Cour de cassation, M. Abdurrahman Yalçinkaya, demandant l’interdiction du parti au pouvoir de la Justice et du Développement, (AKP, conservateur) pour "activités anti-laïques".

"La Cour de cassation avait soumis un acte d’accusation demandant l’interdiction de l’AKP, et réclamant que 71 membres du parti, dont le Premier ministre M. Recep T. Erdogan et le chef de l’Etat, M. Abdullah Gul, ancien cadre de l’AKP, soient interdits de politique pendant cinq ans" a-t-il rappelé.

"En marge du chapitre concernant le président Gul, les magistrats ont voté à l’unanimité pour la recevabilité des chapitres concernant les autres membres du parti. Le chapitre concernant M. Gul a été accepté par 7 voix contre 4, (les voix de Hasim Kilic, président de la Cour, Sacit Adalý, Serdar Özgüldür et Serruh Kaleli)" a-t-il précisé.

La Cour constitutionnelle est composée de 11 membres.

Réunis à 10H00, (08H00 GMT) du matin, les magistrats on délibéré pendant 4 heures.

Dans son acte d’accusation, le procureur précise que "les mouvements de l’Islam politique ou issus du milieu intégriste, dont l’AKP, veulent parvenir à terme à instaurer un système fondé sur la charia, (Loi islamique) et à supprimer l’Etat de Droit".

Le procureur précise que "l’AKP se servira jusqu’au bout de la takiyya, (dissimulation), qui est un double langage consistant à dissimuler ses convictions jusqu’à ce que les objectifs d’un Etat théocratique soit atteint".

M. Yalçinkaya cite la récente tentative du pouvoir AKP de libéraliser le port du foulard ou du voile islamiques à l’Université ; libéralisation toujours suspendue suite à une décision de justice.

Il cite également "la volonté du parti au pouvoir d’avoir recours à des oulémas, (docteurs de la loi islamique) plutôt qu’à des juges pour trancher des questions de société".

La Commission européenne a laissé planer samedi la "menace" d’une nouvelle perturbation des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, au cas où l’AKP (favorable aux intérêts économiques européens en Turquie) serait interdit. La "menace" consiste en une suspension des pourparlers, ouverts officiellement en octobre 2005.