ANKARA - Le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül, accuse l’Union européenne de se livrer à des "jeux mesquins" avec son pays et de manquer de clairvoyance.

La Turquie est entrée en 2005 dans le processus de négociation en vue de son entrée dans l’UE, mais sous la pression de la partie grecque de Chypre (membre de l’Union), les Vingt-Sept ont gelé les discussions sur huit des 35 chapitres.

L’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy en France a également tendu les rapports entre Ankara et l’UE, le président français étant hostile à l’entrée de la Turquie dans l’UE et ayant utilisé le thème durant sa campagne électorale. Selon lui, la Turquie appartient à "l’Asie mineure".

"L’UE s’est transformée en un groupe se livrant à des jeux mesquins. L’UE peut tenir sa porte fermée à la Turquie si elle le souhaite", a déclaré Gül à la télévision.

L’AKP, qui tient habituellement un discours très conciliant avec l’UE hausse dorénavant le ton à l’approche des élections législatives du 22 juillet et le scepticisme montant des citoyens turcs vis à vis de l’Union Européenne.

Selon le chef de la diplomatie d’Ankara, les Vingt-Sept doivent faire preuve de clairvoyance et reconnaître l’intérêt stratégique de l’adhésion de la Turquie même si la population de celui-ci est à majorité musulmane. En effet, la Turquie possède une croissance économique rapide et une population jeune.

"Développée, la Turquie deviendra très attractive. L’UE abandonnera alors ses jeux mesquins", a-t-il prédit.

Malgré les pressions de l’UE, la Turquie n’a pas ouvert ses ports et aéroports aux bateaux et avions chypriotes, estimant que les Vingt-Sept devaient d’abord lever l’embargo imposé à la République Turquie de Chypre du Nord, partie nord de l’île, qui a proclamé son indépendance en 1974 suite à l’intervention de l’armée turque sur l’île en réponse à une tentative de coup d’Etat des chypriotes grecs visant à purifier éthniquement l’île en exterminant la minorité turque de l’île et la rattacher à la Grèce.

Ankara n’entretient pas de relations diplomatiques avec le gouvernement chypriote grec de Nicosie, reconnu par la communauté internationale.

Le soutien populaire turc à l’adhésion a faibli, mais aussi du sentiment que l’UE ne souhaite pas vraiment accueillir la Turquie mais plus se servir des négociations pour obtenir des concessions sans contre-partie.

Selon un sondage publié dimanche par le journal Sabah, 39% des 18-22 ans sont opposés à l’adhésion de la Turquie. Un tiers des sondés estiment qu’Ankara ne sera jamais membre de l’UE.

Pour les prochaines législativesle Parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste, actuellement au pouvoir) est donné favori par les sondages. On prévoit également un bon résultat des partis républicains.

L’AKP a promis de faire les concessions nécessaire dans la perspective d’une adhésion à l’UE en cas de victoire électorale.

avec Reuters