Turquie : Abdullah Gül en passe d’être élu président de la République
(ANKARA, Turquie News, mardi 28 août 2007) Tension autour des élections aujourd’hui. Alors que le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül devrait être élu président de la Turquie par le Parlement, mardi, les milieux républicains et laïcs veillent.
Troisième tour
C’est finalement au troisième tour de scrutin que se jouera l’élection présidentielle turque. Malgré de vives oppositions et de polémiques, Abdullah Gül devrait obtenir sans problème la majorité simple de 276 voix sur 550 requise pour être élu au troisième tour de scrutin. Son Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir, issue de la mouvance islamiste) détient 340 sièges après les élections générales du 22 juillet.
Gül avait obtenu respectivement 340 et 337 voix lors des deux premiers tours les 20 et 24 août, quand une majorité des deux tiers des voix, soit 367, était nécessaire.
C’est la deuxième fois qu’Abdullah Gül brigue ce poste, sa première candidature en avril ayant provoqué une crise qui avait poussé des millions de Turcs à manifester en faveur de la laïcité dans tout le pays.
Les républicains et les laïcs restent vigilants
Les milieux républicains et laïcs ont clairement déclaré qu’ils seraient très vigilants pendant le mandat de M. Gül. L’armée turque, garante de la laïcité de la République turque, a par ailleurs rappelé lundi, dans un communiqué publié à l’occasion du 30 août [1], qu’elle « ne fera aucune concession (...) de son devoir de protéger la République turque, un Etat de droit, laïque et social ». Car le respect de la laïcité en Turquie, valeur fondatrice de la république du pays, est un point de tension récurrent entre pro et anti-AKP.
Pour apaiser les esprits, le Parti de la justice et du développement a démenti vouloir remettre en cause la laïcité. Abdullah Gül a promis à plusieurs reprises de défendre le principe de la séparation de l’Etat et de la religion. Ses opposants restent cependant sceptiques. Ils estiment qu’un homme qui, par le passé, a brocardé l’occidentalisation de la Turquie et dont l’épouse porte le voile islamique, perçu par les tenants de la laïcité comme un symbole de l’islam politique, ne peut représenter la République. C’est pourtant ce qu’il devrait arriver, pour le plus grand bonheur de l’Union européenne et des Etats-Unis, les plus fervents supporters de l’AKP.
[1] Le 30 août est la journée de commémoration de la victoire décisive des Turcs durant la guerre grande d’indépendance qui les a opposés aux puissances européennes