Les Kurdes syriens coupables de crimes de guerre selon Amnesty international
L’ONG dénonce la destruction de villages destinée à nettoyer ethniquement les régions autonomes qu’administrent ces alliés de la coalition anti-Daech.
En Syrie, la démarcation entre le bien et le mal est une zone floue. Les Kurdes syriens, ennemis du régime de Bachar el-Assad, ennemis du groupe djihadiste État islamique, alliés des États-Unis, sont accusés, dans un rapport publié par Amnesty international (document en anglais), d’avoir commis des crimes de guerre.
Selon l’ONG, qui a recueilli les témoignages de réfugiés, les Kurdes sont responsables de déplacements de population forcés. Ils auraient volontairement et systématiquement détruit les maisons de plusieurs villages afin d’obliger leurs populations à fuir. En d’autres termes, ils sont accusés de pratiquer une forme de nettoyage dans le but de chasser les populations non-kurdes des régions qu’ils administrent, trois zones dans le nord du pays où vivent environ 2,5 millions de personnes (voir l’infographie ci-dessous). Parmi elles, outre les Kurdes, se trouvent des minorités syriaques et arméniennes, arabes et turkmènes. La plupart des victimes de ces déplacements sont issues de ces dernières, bien que des Kurdes aient été également touchés par des destructions de maisons.
Le droit humanitaire bafoué
Les déplacements de population et les destructions de propriétés privées ne peuvent être effectués que pour assurer la sécurité des civils concernés, ou pour satisfaire des objectifs militaires immédiats, ce qui n’est pas le cas dans les exemples présentés par l’ONG. « En démolissant délibérément les maisons des civils, et dans certains cas, en rasant ou brûlant le village entier, l’administration autonome kurde bafoue le droit international humanitaire, ces attaques sont équivalentes à des crimes de guerre », estime Lama Fakih, responsable des crises à Amnesty International.
L’ONG a visité et enquêté sur 14 villages pendant l’été 2015. Elle donne l’exemple de Husseiniya (voir ci-dessus), qui comptait 225 maisons en 2014 et dont seulement 14 sont encore debout en 2015, soit un taux de destruction de 93,8%. Entre temps, le village est passé du contrôle de l’État islamique aux mains des Kurdes. « Ils nous ont sortis de nos maisons et ont commencé à les brûler, ils ont apporté des bulldozers, ils ont détruit les maisons les unes après les autres jusqu’à ce que le village entier y passe », selon un témoignage issu du rapport. Aux dires des habitants, les soldats kurdes leur ont reproché d’avoir subi des pertes pendant les combats pour la reprise du village. Ils ont accusé les habitants d’être favorables à l’EI, ce que ces derniers nient farouchement.
« Menace terroriste »
Dans certains cas, pour achever de convaincre certains habitants récalcitrants, les Kurdes ont menacé de dénoncer le village aux forces de la coalition comme étant un repaire de terroristes afin que des bombes soient lâchées sur les constructions encore debout.
L’administration autonome a reconnu ces destructions, qu’elle justifie par « la menace terroriste ». « Il y a des terroristes qui sont à Raqqa, et leurs familles qui vivent ici, ils sont en contact, s’échangent des informations. Nous sommes obligés de les éloigner. Pas de les emprisonner, de les éloigner en dehors de cette zone. »
Source : avec LeFigaro