Les coûteux voyages en Orient de Devedjian
Dubai, Abou Dhabi : des déplacements du président du conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian, et de sa directrice de cabinet intriguent la Cour des comptes. Qui s’interroge sur leur coût.
"Patrick Devedjian n’avait pas besoin de ça. Le brûlot politique à clefs écrit par sa directrice de cabinet du conseil général des Hauts-de-Seine, Marie-Célie Guillaume, lui a déjà valu un vote de défiance d’une bonne partie des élus UMP de sa majorité départementale. Et voilà que la Cour des comptes s’interroge sur ses voyages cinq étoiles à Dubai et à Abou Dhabi, au côté de sa désormais célèbre collaboratrice.
Dans son livre réquisitoire sur la Sarkozie des Hauts-de-Seine, Marie-Célie Guillaume dresse un portrait plus que flatteur de "l’Arménien", alias Patrick Devedjian, en chevalier blanc voulant "nettoyer les écuries d’Augias". "Ce que je crois, clame-t-il, c’est qu’on est élu pour servir. Que l’argent est dur à gagner pour le contribuable. Que chaque euro dépensé doit être utile. [...] Notre peuple attend de ses élus rigueur, sobriété et transparence." C’est bien dit, mais devant la fureur des élus de la majorité emmenés par Jean Sarkozy, Devedjian se voit aujourd’hui obligé de lâcher sa directrice de cabinet. La même qu’il a emmenée en Orient, à la surprise de la Cour des comptes.
Du 6 au 8 avril 2009, une délégation de l’Etablissement public d’aménagement de la Défense (Epad) se rend au Global City d’Abou Dhabi, un forum sur le thème de la ville durable et de l’attractivité des territoires. Devedjian, président de l’Epad, en est. Accompagné de Marie-Célie Guillaume, qui, elle, n’est pas employée par la structure. C’est pourtant l’Epad qui lui paie l’avion et deux nuitées à l’hôtel Emirates - un palais de marbre rose. Et comme Devedjian est alors ministre de la Relance, la classe affaires, initialement prévue, est jugée trop modeste pour eux : ils partent donc en première. Coût du changement de billet pour Devedjian ? 1349 euros - un mois de smic. Coût du billet de Marie-Célie Guillaume : 4108 euros.
Au total, l’Epad, qui n’est censé prendre en charge que les frais des membres de son conseil d’administration et de ses salariés, débourse, pour Marie-Célie Guillaume et l’agent de sécurité de Devedjian, environ 11 700 euros.
Octobre 2009, Salon Cityscape, à Dubai. Là encore, vol en première classe, deux nuits d’hôtel grand luxe. Au terme de ces deux voyages, l’Epad a payé, pour les frais de la directrice de cabinet et de l’agent de sécurité, environ 23 000 euros.
A l’époque, Patrick Devedjian était ministre
La Cour des comptes (qui enquête sur les finances 2006-2011 de l’Epad, de l’Epasa et de la fusion des deux) a prié l’Epad de se justifier sur ces prises en charge, sur les raisons du changement de billets d’avion et sur le choix des hôtels. Les nouveaux billets de première classe ont été émis "sur demande du cabinet [de M. Devedjian] et du fait de sa fonction ministérielle", a répondu l’Epad.
La Cour a aussi demandé si les frais liés au déplacement et à l’hébergement de la directrice de cabinet et de l’agent de sécurité ont été refacturés au conseil général. La réponse est non. "M. Devedjian est allé là-bas au titre de président de l’Epad et Marie-Célie Guillaume l’a accompagné car elle suivait au conseil général des Hauts-de-Seine les dossiers de l’Epad, répond le service de presse du conseil général, interrogé par L’Express. Quant à l’agent de sécurité, il suivait le ministre, c’est normal." "
Sources : Lexpress