France/Arménie/Azerbaïdjan
Haut-Karabakh : Lettre de protestation à Monsieur Guy Teissier, président de la commission des Forces armées
Publié le | par | Nombre de visite 1162 ,Nous reproduisons le courrier de protestation envoyé par Confluence France-Turquie au député Guy Teissier.
Nos lecteurs peuvent lui écrire à cette adresse électronique : gteissier@assemblee-nationale.fr ou mieux :
Mairie des 9e et 10e arrondissements
150 Boulevard Paul Claudel
13009 Marseille
Télécopie : 04 91 14 63 44
Il peuvent aussi écrire au président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer :
Assemblée nationale
126 rue de l’Université
75355 Paris 07 SP
Monsieur le président de la commission des Forces armées,
Vous vous êtes rendu dans la « République » autoproclamée du Haut-Karabakh, déclarant que « Venir en Arménie est un geste d’amitié. Arriver au Karabakh est un geste de solidarité » et que ce territoire ne serait devenu azéri que « à la suite d’un caprice d’un dictateur ».
Pour le Caucase comme pour l’Anatolie et toutes les autres parties du monde, l’histoire est d’abord l’affaire des historiens et non des élus. Le Karabakh était majoritairement azéri jusque vers 1918 ou 1920 ; c’est une campagne de purification ethnique particulièrement terrible qui a changé le rapport de force démographique. Ces pratiques dignes de Slobodan Milosevic ont aussi concerné l’Arménie, comme en attestent, notamment, un rapport du haut-commissaire français au Caucase, en date du 20 juillet 1920, évoquant 40 000 Turciques expulsés et 4 000 massacrés, sans distinction d’âge ni de sexe, pour la seule région d’Erevan (archives du ministère des Affaires étrangères, bobine P 16674) ; et les constatations de l’envoyé spécial du Temps au Caucase, qui comptait des dizaines de milliers de morts, dans les divers points de l’Arménie indépendante, et un nombre plus considérable encore de réfugiés (Pierre Loti, La Mort de notre chère France en Orient, Paris, Calmann-Lévy, 1920, p. 288). Le travail, si j’ose écrire, a été terminé pendant la guerre d’invasion de 1991-1994, quand toute la population azérie a été soit massacrée avec le plus grand sadisme, soit expulsée et spoliée.
Vous avez cosigné l’ultime proposition de loi visant à rétablir la peine de mort pour les terroristes. Il est donc extrêmement surprenant que vous affichiez votre « amitié » pour l’Arménie. Ce pays accepte sur son territoire les activités du PKK, groupe terroriste interdit en France et figurant sur la liste des organisations terroristes établie par l’Union européenne, les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Japon, et d’autres encore. Le ministère arménien de la Culture a soutenu matériellement la publication, en 2010, d’un livre à la gloire des quatre terroristes de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA) qui avaient attaqué, en 1981, le consulat général turc à Paris, tuant un garde et blessant sérieusement le consul. En 2001, Waroujan Garbidjian, condamné à perpétuité pour l’attentat d’Orly (huit morts, 90 blessés, dont une soixante hospitalisés, dont plusieurs estropiés à vie) avait été libéré après moins de dix-huit ans de réclusion, et expulsé vers l’Arménie, quoi qu’il fût alors de nationalité syrienne. Non seulement une foule l’accueillit à Erevan comme une vedette de la chanson populaire, mais encore le Premier ministre d’alors vint spécialement pour lui serrer la main ; le maire d’Erevan lui trouva un travail et un logement. Une telle attitude était parfaitement logique, dans la mesure où les services secrets arméniens ont organisé une campagne d’attentats terroristes antiazéris, dans le contexte de la guerre d’agression contre l’Azerbaïdjan.
Où est l’intérêt français ? À s’entendre avec un État producteur d’hydrocarbures, alternative hautement désirable aux importations russes, ou avec un État totalement insignifiant en matière économique ? Et où est le sens de la justice ? À soutenir l’agresseur ou l’agressé ? Le terrorisme ou les victimes du terrorisme ?
Veuillez recevoir, monsieur le président, l’expression de mes salutations attristées,
Maxime Gauin,
Chargé de recherches à l’International Strategic Research Organization (USAK-ISRO, Ankara),
Vice-président de l’association Confluence France-Turquie.
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Haut-Karabakh : territoire de l’Azerbaïdjan occupé par l’Arménie est à l’origine du conflit armé qui a opposé les deux anciennes républiques soviétiques du Caucase en 1991. Quelque 30.000 personnes ont péri et un million d’Azéris contraints au départ.
Un accord de cessez-le-feu a été signé en 1994 entre Erevan et Bakou, mais l’Arménie occupe toujours plusieurs régions d’Azerbaïdjan. La Turquie, principal allié de Bakou, a fermé sa frontière avec l’Arménie en 1993.
L’ONU a plusieurs fois condamné l’occupation du Haut-Karabakh par l’armée arménienne. En mars 2008, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution ne reconnaissant pas la République du Haut-Karabakh et exigeant le retrait immédiat des forces arméniennes des territoires occupés de l’Azerbaïdjan, tout en confirmant le droit de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh et les territoires attenants