Drancy : des familles turques traumatisées après leur agression ultra-violente le soir de France-Turquie
Drancy : des familles turques traumatisées après leur agression ultra-violente le soir de France-Turquie
Elles avaient été sauvagement attaquées à Drancy, sur fond de durcissement du conflit en Syrie.
Près d’un mois après leur agression par une cinquantaine d’individus à Drancy le soir du match de football France-Turquie au Stade de France, quatre familles d’origine turque restent profondément traumatisées.
L’un des hommes, sérieusement blessé là la tête, n’a toujours pas repris le travail. L’une des familles n’est toujours pas rentrée chez elle
« Ce n’était pas une bagarre mais bien une attaque, c’est même un attentat, lâche l’une des victimes. Nous n’avons pas été visés personnellement. Nos agresseurs en voulaient au peuple turc », est-elle persuadée, alors que le conflit en Syrie s’est récemment durci. « Nous ne sommes pas des militants. Nous sommes des chefs d’entreprise, nous travaillons tous. On n’a rien à voir avec ce qui se passe en Turquie. Notre priorité, c’est de vivre en paix ici. Eux n’ont qu’à aller faire la guerre là-bas contre l’Armée turque ! ».
« Pourquoi s’en prendre à des familles innocentes ? »
Plusieurs semaines après, ces familles vivent toujours dans la peur. « J’ai du mal à comprendre pourquoi ils s’en sont pris à des familles innocentes. Je suis plus français que turc, et j’ai aussi des origines Kurdes », confie cet homme de 39 ans, frappé à la tête avec une barre de fer. « C’est choquant de vivre ça en France. Nous ne sommes pas en Syrie. C’est un acte de barbarie. Mais je n’ai pas de haine », poursuit-il, désemparé, et convaincu qu’il s’agit d’une bande d’activistes ultra.
Le soir des faits, le 15 octobre à Saint-Denis, le match entre Français et Turcs se solde par un score nul, 1-1. La rencontre était à hauts risques en raison d’un contexte international tendu. Deux jours avant, la Turquie avait commencé à bombarder les positions terroristes en Syrie.
Ils tentent de dissimuler leurs maillots
Dans l’enceinte dionysienne, des dizaines de milliers de supporteurs de la sélection turque sont venus suivre la rencontre. Parmi eux, quatre familles et leurs sept enfants. Heureuses d’avoir vibré avec les dizaines de milliers de supporteurs turcs présents ce soir-là, elles regagnent ensuite, un peu avant la fin du match, le RER direction Drancy.
Vingt minutes plus tard, à 22 h 45, elles descendent en gare de Drancy.
Mais sur le parking, l’ambiance n’est plus la même.
Un attroupement d’une cinquantaine d’hommes s’agite. « On a vu brandir deux drapeaux, l’un rouge et jaune à l’effigie d’Öcalan, et celui de l’YPG (NDLR : l’organisation terroriste des Kurdes de Syrie) sur fond jaune », rapporte l’un des témoins.
Certains sont munis de batte de base-ball, comme on le distingue aussi sur une vidéo. Les familles ont un mauvais pressentiment et tentent de dissimuler leurs maillots de supporteurs de la Turquie sous leurs blousons.
« Ce que vous nous faites vivre en Syrie, on va vous faire la même chose »
Trop tard. L’un des membres de la bande repère le maillot rouge et blanc porté par l’un des pères de famille. Et il voit rouge. « Ce que vous nous faites vivre en Syrie, on va vous faire la même chose », lui aurait-il lancé.
« Un homme s’est approché de l’un des nôtres et lui a mis la main sur l’épaule, sans lui parler. Ça a été comme un signal. Puis il y a eu un bruit de pétard et ils ont commencé à nous frapper », raconte l’une des victimes qui requiert l’anonymat.
Source ; leparisien.fr