COMITE DE COORDINATION DES ASSOCIATIONS FRANCO-TURQUES
13 CHEMIN DE LA FERME / 69120 VAULX-EN-VELIN

À juste titre et avec bon sens, le Conseil Régional d’Ile-de-France a choisi de promouvoir une « culture de la paix dans les zones de conflit », dans le cadre de ses relations internationales. On ne peut que s’en réjouir et soutenir ce choix fondamental.
En totale contradiction avec ce choix politique courageux, le Sénateur. Kaltenbach (maire de Clamart et vice-Président du Conseil Régional d’Ile-de-France) vient de déposer une proposition de loi « tendant à réprimer la négation du génocide arménien » : À l’évidence, M. Kaltenbach n’a pas mesuré toutes les conséquences de cette démarche.

Dans quel contexte international et avec quelles conséquences cette proposition de loi portera-t-elle ses effets ? La République d’Arménie et la République de Turquie sont engagées aujourd’hui dans une politique de rapprochement et d’apaisement de leurs relations mutuelles. Le tout se développe dans une région – le Caucase - encore en pleine effervescence ( Géorgie, Ossétie du Nord et du Sud, Nagorno-Karabagh, Arménie, Azerbaïdjan…) et où des grandes manœuvres s’organisent autour d’importants enjeux énergétiques, sous l’œil et l’influence d’une Russie toute proche.

Et c’est le moment que choisit M. Kaltenbach pour verser de l’huile sur le feu . Au moment même où Turcs et Arméniens considèrent avec attention la proposition de M. Alain Juppé, Ministre français des Affaires Étrangères, d’une commission d’historiens travaillant dans le calme et sans précipitation, le Sénateur Kaltenbach propose que la loi dise l’histoire et que tout débat, toute recherche contradictoire soit déclarée illégale.

Pour nous, Français d’origine turque et Turcs vivant en France, cette proposition du Sénateur Kaltenbach va à l’encontre des intérêts arméniens et turcs. Nous souhaitons que les gouvernements et les peuples d’Arménie et de Turquie préparent activement la solidarité, les échanges et les bonnes relations qui nous permettront de faire face ensemble aux problèmes de l’avenir.

Nous demandons à tous les membres du Sénat français de ne pas s’immiscer à contretemps dans une évolution positive en cours entre l’Arménie et la Turquie. Nous rappelons à ce sujet la position officielle du Royaume-Uni, exprimé par Lady Scott, sous-Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères : L’évidence n’est pas suffisamment établie pour nous convaincre que les évènements doivent être qualifiés de génocide selon les termes de la Convention des Nations Unies de 1948 sur le génocide qui, de toute façon, n’est pas d’application rétroactive. L’interprétation des évènements en Anatolie de l’est en 1915-1916 est encore le sujet d’un véritable débat entre historiens."

L’Arménie aussi bien que la Turquie seront plus reconnaissantes envers la France si celle-ci encourage et accompagne les efforts de réconciliation plutôt que de décider de Paris ce que fut leur douloureuse histoire et ce qui peut ou non en être dit.

Ramazan Aydin
Président