Les autorités turques et le chef emprisonné des terroristes kurdes Abdullah Öcalan se sont mis d’accord au cours de récentes discussions sur le principe d’un arrêt des attaques terroristes qui durent depuis 1984, ont rapporté mercredi les médias turcs.
Sans préciser leurs sources, la chaîne de télévision NTV et le quotidien Radikal, affirment que cet accord prévoit la suspension des attaques du "Parti des travailleurs du Kurdistan" (PKK, interdit) dès le mois de mars, en échange d’une réforme de l’Etat turc destinée à accroître les droits des Turcs d’origine kurde.
Les services du renseignement turcs, mandatés par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, mènent depuis la fin 2012 des négociations directes avec Abdullah Öcalan qui purge depuis 1999 une peine de prison à vie sur l’île d’Imrali (nord-ouest).
En vertu du projet d’accord révélé par NTV et Radikal, les terroristes du PKK, une fois suspendues leurs opérations militaires, quitteraient le territoire turc pour l’Irak, avant de déposer formellement les armes si les négociations ont suffisamment progressé.
Parallèlement, le gouvernement turc procéderait graduellement à la libération d’activistes kurdes liés au PKK, et engagerait une série de réformes en faveur des Kurdes.
Toujours selon ces deux médias, Abdullah Öcalan pourrait préciser publiquement ses intentions et sa vision d’une solution du conflit kurde dans des lettres adressées à l’opinion publique et à ses partisans.
Aucune confirmation officielle de ce projet d’accord n’a été obtenue auprès des autorités turques.
Au Niger où il se trouvait mercredi dans le cadre d’une tournée africaine, M. Erdogan a de son côté exhorté les terroristes du PKK à quitter le territoire turc.
“Nous l’avions déjà dit : les cadres de l’organisation séparatiste (PKK) doivent quitter la Turquie, et comment, en déposant les armes“, a déclaré M. Erdogan dont les propos ont été retransmis par les chaînes turques.
Interrogé mardi soir sur une chaîne de télévision turque, Ahmet Türk, député influent du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), mouvement politique kurde vitrine légale du PKK, s’est lui aussi refusé à commenter ces informations.
M. Türk a rencontré la semaine dernière le chef du PKK dans sa cellule.
Les discussions avec Abdullah Öcalan, qui suivent une précédente démarche qui a échoué avec le PKK en 2009, ont provoqué un vent d’optimisme prudent en Turquie où les combats entre l’armée et le PKK ont malgré tout continué.
“Nous poursuivrons notre lutte“ contre le PKK, a insisté mercredi M. Erdogan depuis le Niger.
Lundi soir, 14 terroristes et un soldat avaient été tués dans des combats près de la frontière irakienne (sud-est).
La principale formation de l’opposition turque, le Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche), a apporté son soutien au processus de paix. Le mouvement nationaliste MHP, troisième force au Parlement, a en revanche dénoncé les discussions.
Depuis 2002, les droits de la minorité kurde qui représente environ 15 à 20% des 75 millions d’habitants de la Turquie, ont déjà été sensiblement renforcés.
M. Erdogan a toutefois exposé le week-end dernier les “lignes rouges“ de son gouvernement sur les discussions en cours, excluant une remise en liberté ou un placement en résidence surveillée d’Abdullah Öcalan, ainsi qu’une amnistie générale des terroristes.
Les attaques du PKK ont fait 45.000 morts depuis 1984 et coûté des centaines de millions de dollars au trésor turc.