Turquie : 24 des 26 élus indépendants sont du DTP/PKK

Les politiciens proches du PKK sont de retour au Parlement turc pour la première fois depuis 1991. « On a supprimé notre immunité voici quatorze ans pour nous exclure du Parlement et nous jeter en prison. Nous avons notre revanche », s’est félicité Ahmed Türk, le président du "parti pour une société démocratique" (DTP, branche politique du PKK) élu avec 23 de ses camarades en présentant des candidatures indépendantes.
Les premiers pas des députés proches du PKK ont pris fin sur un échec en 1994 quand leur immunité a été levée après la révélation de leurs liens avec l’organisation terroriste. Certains, dont la plus connue, Leyla Zana, lauréate du prix Sakharov de la paix du Conseil de l’Europe, se sont retrouvés en prison pour leurs activités illégales. D’autres ont choisi l’exil, parmi ceux là certains dirigent aujourd’hui le PKK à partir des officines légales de l’organisation basées notament en Europe.
Le DTP avait présenté soixante candidats aux élections sous l’étiquette "indépendant" afin de contourner la règle du seuil minimum de 10% des voix au plan national pour qu’un parti puisse entrer au Parlement.
Ces députés doivent pouvoir former un groupe dans le nouveau Parlement.
La future présence du DTP à Ankara est accueillie avec joie par les partisans de l’organisation terroriste kurde. « Ankara, nous arrivons », ont-ils scandé lors de rassemblements pour fêter la victoire de leurs membres aux élections.
Le PKK a augmenté ses opérations cette année, suscitant de vives réactions de la population. La société civile et le Permier ministre Erdogan demandent, sans succès, au DTP de condamner le PKK en tant que groupe terroriste.
La société turque souhaite également que les forces de l’ordre interviennent contre les bases d’entrainement militaire du PKK dans le nord de l’Irak alors que l’AKP y est réticent par peur de froisser les USA, un de ses principaux supporters du parti islamiste.
Parmi les candidats DTP élus figurent deux avocats du chef terroriste emprisonnée Abdullah Öcalan, dont Mme Tugluk fait office d’intermédiaire entre le chef du PKK et ses activistes.
Autre situation que l’on ne verrait pas en Europe : une activiste incarcérée à Istanbul et qui devait bientôt être jugé pour liens avec le terrorisme kurde a gagné un siège de député et donc de facto l’immunité.
Le PKK est inscrite sur la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne, des Etats-Unis et de la Turquie. Les attentats du groupe terroriste ont causé la mort de plus de 37.000 personnes depuis le début des violences en 1984.
Ci-dessous la liste des candidats indépendant élus au Parlement :
Circonscription | Nom(s) du(des) candidat(s) |
---|---|
Batman | Bengi Yıldız, Ayla Akad Ata |
Bitlis | Mehmet Nezir Karabaş |
Diyarbakır | Gültan Kışanak, Aysel Tuğluk, Selahattin Demirtaş, Akın Birdal |
Hakkári | Hetem İke, Sabahattin Suvağçı |
Iğdır | Pervin Buldan |
Istanbul | Ufuk Uras, Sebahat Tuncel |
Mardin | Ahmet Türk, Emine Ayna |
Muş | Sırrı Sakık, Nuri Yaman |
Rize | Mesut Yılmaz |
Siirt | Osman Özçelik |
Sivas | Muhsin Yazıcıoğlu |
Şanlıurfa | İbrahim Binici |
Şırnak | Hasip Kaplan, Sevahir Bayındır |
Tunceli | Şerafettin Halis, Kamer Genç |
Van | Fatma Kurtulan, Özdal Üçer |
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