Trois activistes kurdes, dont une cofondatrice du PKK, "sans doute exécutées" à Paris

Trois femmes kurdes ont été retrouvées mortes dans la nuit de mercredi 9 à jeudi 10 janvier, tuées chacune d’une balle dans la tête. L’une d’entre elles est l’une des fondatrices du "Parti travailleur du Kurdistan" (PKK), organisation séparatiste considérée comme terroriste par la communauté internationale et qui milite pour l’autonomie du Sud-Est de la Turquie.
Leurs corps ont été découverts peu avant 2 heures du matin, dans les locaux du centre d’information du Kurdistan à Paris, situé rue Lafayette, dans le 10e arrondissement de la capitale. Cette affaire intervient au lendemain d’un accord entre les autorités turques et le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, sur le principe d’un arrêt des attentats terroristes qui durent depuis 1984.
Que s’est-il passé ?
Les trois corps ont été découverts après que leurs amis, "inquiets de ne pas avoir de nouvelles", selon RTL, ont prévenu la police. Celle-ci est intervenue vers 1h45 dans l’établissement. Deux des femmes auraient été tuées d’une balle dans la nuque, la troisième présentant des blessures dans le ventre et au front, avance la fédération des Kurdes de France.
"Elles ont sans doute été exécutées", a déclaré le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, en déplacement mercredi matin à l’Institut kurde de Paris. "L’enquête devra éclaircir les circonstances exactes de ce drame", a précisé une source policière. Trois douilles ont été retrouvées sur place, rapporte Europe 1, qui signale qu’un voisin a entendu une détonation vers 18 heures. La brigade criminelle de la police judiciaire parisienne a été chargée de l’enquête.
Qui sont les victimes ?
D’après le réseau d’informations Actukurde.fr (pro-PKK) il s’agirait de "Sakine Cansiz, une des fondateurs du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) (...) et Leyla Soylemez, une jeune activiste". Le PKK est une organisation armée qui milite pour l’autonomie du Kurdistan, et dont le fondateur, Abdullah Ocalan, est emprisonné en Turquie.
Actukurde.fr précise que la troisième victime, Fidan Dogan, était représentante d’une autre organisation paravent du PKK, le Congrès National du Kurdistan (KNK), basée à Bruxelles. Elle tenait la permanence du centre d’information, selon les déclarations du responsable du centre Leon Edart. Ce dernier indique que les trois femmes étaient seules dans le bâtiment, mercredi à la mi-journée.
Quelles sont les réactions ?
Dès l’annonce de l’affaire, des centaines de nationalistes Kurdes et militants du PKK se sont rassemblés devant l’immeuble du 147 rue Lafayette, scandant "Elles ne sont pas mortes", "Nous sommes tous PKK !", "Turquie assassin, Hollande complice !"
Invité de France Info, jeudi matin, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a jugé "insupportable" cet assassinat avant de se rendre sur place.