jeudi 23 mars 2023
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Nationalisme et turcophobie priment en Arménie

Publié le | par Turquie News | Nombre de visite 819
Nationalisme et turcophobie priment en Arménie

Turquie News vous soumet cette traduction d’un article de C. Cem Oguz publié dans le Turkish Daily News du 23 janvier 2008. Le journaliste revient sur le lobbying des ultra-nationalistes arméniens en vue de réecrire l’histoire du peuple turc tout en niant les responsabilités des milices arméniennes dans les événements de 1914-1922. Il analyse également la propagande négationniste de l’Etat arménien à propos de la destruction du peuple Azéri du Haut-Karabagh, propagande vastement relayée par les officines arménienne basées en Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis. Un bon résumé de la paranoïa anti-turque et de la turcophobie des groupes ultra-nationalistes arméniens de par le monde.


La frontière turco-arménienne

C. Cem OĞUZ / ccem@bilkent.edu.tr

Dans les relations turco-arméniennes, il est clair désormais que le mot, ou le concept, le plus utilisé est : “normalisation”. Ce que cela signifie principalement, c’est l’ouverture de la frontière turco-arménienne qui s’étend sur 325 kilomètres, et qu’Ankara a décidé de fermer en avril 1993 en réponse à l’ambivalence de l’Arménie à reconnaître sa frontière commune avec la Turquie, et en raison de l’agression directe de l’Azerbaïdjan par l’Arménie dans la région du Nagorno-Karabagh.

Pendant de nombreuses années, le gouvernement arménien a eu une marge de manoeuvre réduite pour faire pression sur la Turquie pour qu’elle ouvre sa frontière. Cependant, après que le Conseil de l’Union Européenne a accepté la candidature de la Turquie en 1999 et l’ouverture du processus des négociations avec la Turquie en 2005, les choses ont commencé à changer. Et depuis, les appels à Ankara pour qu’elle ouvre unilatéralement sa frontière ont dramatiquement augmenté. L’Union Européenne, en particulier, fait fréquemment écho à nos amis Arméniens en se référant à “la dernière frontière fermée en Europe”. D’une certaine façon, le gouvernement arménien a suivi avec succès les pas des Chypriotes grecs et il a “européanisé” le problème. Par exemple, le Ministre des Affaires étrangères arménien, Vartan Oskanian, dans un discours délivré devant la Commission des Affaires étrangères du Parlement européen en octobre, a décrit la fermeture de la frontière par la Turquie comme “une violation des critères de Copenhague”. Il est probable que la situation actuelle affecte de façon négative les relations entre l’Union Européenne et le Caucase.

Les objections aux arguments pro ouverture

De nombreuses personnes, pas uniquement en Europe, mais également aux États-Unis, qui soutiennent l’urgence de l’ouverture de la frontière par la Turquie, pensent, à la lumière des expériences européennes passées, que les frontières les plus stables sont celles qui sont ouvertes à des interactions frontalières intenses. L’ouverture de la frontière, disent-ils, créerait une interdépendance, et la connaissance de la culture de l’autre, qui en résulterait, finirait par aider les deux parties à mieux se comprendre. Ils avancent également comme argument que cela aiderait à créer un environnement dans lequel les deux parties pourront traiter les sujets sensibles de façon constructive, et qui graduellement mènerait à un processus efficace de normalisation.

Ceux qui vivent en Turquie, d’un autre côté, ajoutent que la fermeture de la frontière entrave non seulement les relations du pays avec l’Occident, mais complique aussi de façon destructive son accession à l’UE. Par conséquent, l’ouverture de la frontière est supposée bloquer la prolifération des résolutions émanant des parlements occidentaux en faveur de la reconnaissance des revendications de “génocide” arménien.

J’ai des objections à faire aux deux groupes, en particulier à ceux vivant en Turquie. Avant toute chose, s’attendre à ce que l’ouverture de la frontière par la Turquie empêcherait de telles résolutions sur le génocide n’est à peine plus que de l’auto déception, voire de la naïveté. Que la fermeture de la frontière affecte les relations de la Turquie avec l’Occident et complique son accession tellement souhaitée à l’UE, est vrai. Apparemment, cependant, ces intellectuels turcs qui émettent de telles inquiétudes semblent malheureusement avoir oublié que le sentiment d’appartenance du peuple turc n’est pas uniquement vers l’Occident. L’orientation occidentale de la Turquie est bien sûr de grande importance.

Mais l’identité turque comprend deux autres éléments de base, à savoir être turc et être musulman. Les engagements de la Turquie envers l’Occident ne devraient pas dévaluer ses engagements ni envers le monde turc ni envers le monde islamique. Comme je l’ai déjà dit par le passé, je soutiens de tout coeur l’accession de mon pays à l’Union Européenne, bien que j’aie quelques réserves qui me rendent sceptique. Et pourtant, ce pays ne devrait devenir membre de l’UE uniquement si ses “différences” sont acceptées. Pour être plus direct, je ne désire pas que la Turquie devienne le Faust de Goethe, vendant son âme à Méphistophélès. Sans compter que seule une telle Turquie pourrait contribuer au dialogue des civilisations et aiderait l’UE, stratégiquement parlant, à devenir un acteur mondial.

Un changement de régime en Arménie est un must

J’entends ces intellectuels émettre des réserves quant aux engagements de la Turquie en Azerbaïdjan. Je les entends affirmer que la politique de la porte fermée de la Turquie a échoué à fournir des résultats concrets quant à la résolution du problème du Karabagh ou des territoires occupés par l’Arménie en Azerbaïdjan. Je les entends déclarer que les relations turco-azéries sont les bases des options de la politique turque. Il me faut leur rappeler cependant, les racines de l’impasse actuelle en ce qui concerne ces deux questions. Et c’est à cet égard que je ferai des objections aux nobles déclarations précédemment citées de nos amis occidentaux.

L’ouverture unilatérale de la frontière par la Turquie finira par mener à une situation semblable à celle de la petite île de Chypre, qui est principalement caractérisée par l’approche non conciliante du dirigeant chypriote grec Tassos Papadopoulos. Sans nul doute, de la même façon, cela renforcera l’opinion du régime arménien sur le fait qu’il n’y a pas besoin de faire de compromis avec la Turquie pour la normalisation des relations turco-arméniennes, ou pour trouver une solution pour le Karabagh ou pour les territoires azéris occupés par l’Arménie. À cet égard, toute la responsabilité en revient à l’UE et aux USA. Les cercles de l’Union Européenne ne devraient jamais oublier que ce n’est pas la fermeture de la frontière par la Turquie qui affecte les relations entre l’UE et le Caucase.

Malheureusement, c’est la politique irréaliste du régime arménien qui conduit le peuple arménien à cette isolation régionale, donnant l’impression d’être encouragée par l’UE et les USA. J’espère que le résultat de l’élection présidentielle en Arménie changera cette image.

“La responsabilité est le prix de la grandeur”, disait Winston Churchill. En tant que Turc, je sais quelles sont les responsabilités de la Turquie et je suis prêt à en accepter le poids. Par contre, je me demande vraiment si ceux qui, dans ces cercles occidentaux, ainsi que parmi mes chers compatriotes, exercent constamment des pressions sur la Turquie pour qu’elle ouvre ses frontières avec l’Arménie, ont déjà observé les conditions de vie misérables des réfugiés azéris chassés des terres occupées par l’Arménie.

Si c’est vraiment une question d’éthique, surtout pour ceux siégeant au Parlement européen et au Congrès américain, pourquoi ne montrent-ils pas la même sensibilité... Pourquoi n’aident-ils pas le public arménien à promouvoir des conditions grâce auxquelles il pourrait discuter de sujets tabous tels que “l’occupation” ou “la grande Arménie”... Pourquoi n’aident-ils pas aussi les intellectuels arméniens à amener le peuple arménien à voir son passé de façon moins déformée…

Comprenez-vous à présent pourquoi la frontière doit rester fermée ? Et soyez-en sûr, “ma Turquie” sera certainement d’une plus grande aide pour l’UE et l’Occident que celle présentée de façon univoque par mes chers compatriotes intellectuels mentionnés ci-dessus.


Haut-Karabagh

Le Haut-Karabagh est une région d’Azerbaïdjan envahie par l’armée arménienne au début des années 1990. L’agression arménienne s’est soldée par le massacre et la déportation de la totalité de la population azérie de la région et dans le cadre de la politique de purification éthnique planifiée et mise en oeuvre par l’Etat arménien.

Aujourd’hui, plus d’un million de réfugiés azérbaïdjanais vivent dans des conditions déplorables en attendant de pouvoir éventuellement récuperer leur biens spoliés par l’Etat arménien.

Les terres et maison laissées à l’abandon (quand elles n’ont pas été détruites par les pillonages des troupes arméniennes soutenues par des militaires russes) ont été "offertes" par l’Etat arménien aux colons installés pour "repeupler les territoires liberés"(sic) [1]

A plusieurs reprise, les instances internationales ont condamné ce véritable génocide du peuple azéri et enjoit l’Arménie de libérer les territoires qu’elle occupe illégalement. Le statut-quo étant à son avantage, l’Arménie ne montre aucune preuve de bonne volonté quant au sort du million de réfugiés azéris chassés de leurs terres et nie le Génocide Azéri.

Génocide Azéri

L’Arménie nie la mise à mort systématique de plusieurs dizaines de milliers et la déportation d’environ un million d’Azéris et profite de la présence de ses nombreuses officines implantées dans les pays d’Europe ou d’Amérique pour propager sa position négationniste concernant le Génocide Azéri.


Les événements de 1914-1922

Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.

La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.



[1Terme officiel arménien repris par les ultra-nationalistes arméniens pour qualifier les territoires occupés par les troupes d’Erevan


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