Les ambassadeurs des pays membres de l’UE s’inquiètent du soutien du DTP, parti pro-kurde en Turquie, à l’organisation terroriste PKK [1] . Ce dernier est considéré comme organisation terroriste par toute la communauté internationale. Il est responsable en Turquie de la mort de plus de 30 000 personnes. Son idéologie, d’abord emprunté au marxisme, a rapidement pris un virage ultranationaliste et xénophobe, elle se structure aujourd’hui pour l’essentiel autour de la haine anti-turque. Son fonctionnement est totalitaire [2], les liquidations internes sont monnaie courante. Ses attentats en Turquie ont pour cible aussi bien les civils que les militaires : ainsi en 25 ans, le PKK a assassiné 5219 civils, 4500 soldats, 1330 gardiens de village, 325 fonctionnaires et 123 professeurs. [3]. Durant la période estivale en Turquie, l’organisation terroriste prend systématiquement pour cible les lieux touristiques et les touristes eux-mêmes, dans la veine du terrorisme islamiste en Egypte, afin de nuire à l’économie turque. Il se finance par le trafic de drogue, le racket, des investissements immobiliers en Europe, et le soutien direct de la Grèce [4]. Récemment depuis le Nord irakien (région sous contrôle kurde et américain), où il possède des bases et une liberté d’action, le PKK s’est lancé dans une politique du pire, multipliant les attentats en Turquie [5].
Les déclarations de soutien du DTP en direction du PKK inquiètent donc légitimement la Turquie et l’UE, qui par la voix de ses ambassadeurs a demandé au parti pro-kurde de prendre ses distances avec l’organisation terroriste. Cette demande s’est heurtée à un refus catégorique du DTP. Au contraire ses prises de position claires en faveur du PKK se sont multipliées [6] :
14 septembre : Bengi Yildiz (député de la ville de Batman), assimilant le PKK à la population kurde de Turquie, déclarait : « on veut qu’on qualifie le PKK d’organisation terroriste, mais nous n’insulterons jamais notre peuple ».
10 octobre : Sabahat Tuncel (député d’Istanbul) : « que personne n’attende de nous de qualifier nos frères de terroristes. Il n y a pas un seul Kurde qui puisse faire cela. » Le même jour, Mehmet Emin Ekmen (député de la ville de Batman) renchérissait : « il est hors de question que nous qualifions nos enfants de terroristes ».
15 octobre : Sevahir Bayindir (député de Sirnak) et Hasip Kaplan (député de Sirnak), dans une conférence de presse commune, menaçaient les autorités turques « nous avons le PKK derrière nous ».
25 octobre : le président du DTP à l’Assemblée, Ahmet Türk, déclarait aux ambassadeurs de pays de l’UE, qu’il ne « qualifiera le PKK de terroriste » et qu’une telle démarche de leur part nuirait à la « cause kurde ».
Toutes ces affirmations montrent que le soutien du DTP au PKK, et leur alliance ne sont pas une politique isolée, mais largement courante et assumée d’ailleurs comme telle. Dans ces conditions, d’une part le souhait de l’UE de voir le parti pro-kurde DTP prendre ses distances avec l’organisation terroriste, risque de rester lettre morte, et d’autre part en s’assimilant au PKK, ce parti perd toute légitimité et représentativité auprès des Turcs d’origine kurde, qui pour leur grande majorité restent opposées au PKK et attachés à la Turquie.
[4] La Grèce finançait, jusqu’à récemment, le PKK à hauteur de plusieurs millions d’euros par an http://www.terrorwatch.ch/fr/pkk.php
[5] Uniquement pour le mois d’octobre, les actions terroristes du PKK ont causé la mort de 24 soldats, d’un civil et ont fait 28 blessés civils.
2 octobre : à Izmir l’explosion de deux bombes, dans un quartier marchant fait 1 mort et 11 blessés civils.
8 octobre : 13 soldats sont tués, dans la ville de Sirnak, à la suite d’une embuscade tendue par le PKK.
21 octobre : toujours à Sirnak,11 soldats sont tués, 17 blessés et 8 enlevés après une attaque du PKK aux armes lourdes. Le même jour une explosion fait 17 blessés civils lors d’un mariage.